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LES ROYALISTES DANS LE SOULÈVEMENT

CONTRE LA CONVENTION.

1793.

LA constitution si épouvantablement énergique de 1793, les moyens terribles du comité de salut public, la journée du 31 mai et la proscription des Girondins, avaient produit en France une commotion violente. L'esprit de fédéralisme s'était partout étendu, en Normandie, à Lyon; dans le Midi, à Bordeaux, à Marseille, à Toulon. Le principe de ce mouvement n'avait rien d'abord de royaliste, c'était une résistance pure et simple à la tyrannie de la convention nationale, un appui offert aux députés proscrits et fuyant la mort.

Le parti de l'émigration manqua toujours à ses destinées, parce qu'en s'associant aux mécontens, quelles que fussent leurs couleurs, il voulut immédiatement leur imposer son esprit, sans

adopter aucune des conditions nouvelles de la société. La restauration, depuis 1789, unie aux Vendéens comme aux républicains ombrageux, s'est toujours présentée avec son drapeau blanc, sa monarchie de 1787, sans considérer si, par cette inflexibilité de son principe, elle n'éloignait pas d'elle des bras qui auraient pu la

seconder.

Comme on l'a dit, le mouvement fédératif n'eut rien de royaliste dans son origine; les armées départementales furent créées au profit de la Gironde, contre la constitution de 1793 et les clubs qui effrayaient la partie paisible de la population. A Marseille, à Toulon, à Bordeaux, à Lyon, ce fut d'abord une guerre entre les sections et les clubs à l'occasion de l'acceptation ou du refus de l'organisation révolutionnaire. Mais les royalistes étaient cachés derrière tous ces mouvemens, et lorsque la rupture fut complète entre la convention et les départemens soulevés, les royalistes arrivérent pour faire profiter de ces divisions, la cause qu'ils défendaient. A Marseille l'armée départementale se plaça sous le commandement de M. de Villeneuve émigré, si bien que Jorsque Rebecqui, proscrit, arriva dans sa ville

natale, la douleur qu'il éprouva de voir le parti royaliste triompher, le détermina au suicide. On trouva son corps à la mer. Cependant à Marseille on n'eut pas le temps de prendre les couleurs des Bourbons et de proclamer Louis XVII. Lorsque Carteaux arriva dans la ville, la lutte était encore dans toute sa force entre les sectionnaires et les clubistes. A Toulon les royalistes prirent en main toute la direction. Le drapeau blanc fut arboré et Louis xvii proclamé. Le parti, selon ses habitudes, s'allia à l'étranger, et Toulon devint la proie des Anglais et des Espagnols. MONSIEUR devait y établir le siége de son gouvernement. Sa prudence, les obstacles que nous aurons à raconter, et surtout les rapides succès de l'armée de Dugommier, empêchèrent l'arrivée du chef de la famille des Bourbons sur le territoire de la république. M. de Précy défendit Lyon au nom du régent. Les émigrés avaient depuis long-temps compté sur cette ville, et dans tous les plans d'invasion ou de contre-révolution, ils la faisaient entrer comme base de leurs opérations militaires, ou de leurs intrigues; dans la Normandie et la Gironde, les députés proscrits voyaient avec douleur quels desseins les roya

listes avaient cachés sous le prétexte de la résistance naturelle à la tyrannie de la convention. Partout la contre-révolution se montrait pour dominer le mouvement. Elle apportait ses signes décrépits, ses vieilles couleurs. Le parti de la Gironde fut repoussé comme la révolution même. L'émigration se montra telle qu'elle avait toujours été; aussi ses forces diminuèrent-elles, et la convention fut bientôt maîtresse d'une résistance qui se séparait de l'opinion et de la France.

La fédération départementale, bien secondée par les royalistes, qui se seraient rapprochés des Girondins par l'adoption de la constitution de 1791 et des couleurs nationales, toute la France se serait jointe à ce mouvement, parce que se débarrassant du joug de la convention, on ne sortait pas de la révolution de 1789 et des faits accomplis. Mais, au lieu de cela, que firent les royalistes? Ils vinrent avec la cocarde blanche et le drapeau de Condé. Aucune garantie ne fut promise, la contre-révolution voulut s'imposer pure et simple: elle repoussa les constitutionnels; elle leur demanda des repentirs, au lieu de leur faire des concessions; elle fut dès lors abandonnée. Elle offrit encore

l'holocauste de quelques milliers de victimes aux fureurs des Dubois - Crancé, des Collot d'Herbois et des Fréron! Puis il resta comme souvenir odieux pour la cause royale, qu'elle avait livré Toulon, ses arsenaux et notre marine aux Anglais!

Que fit plus tard la restauration? elle honora ces époques funèbres comme des souvenirs de gloire, et l'élévation de Louis xvii, qui se liait à une déplorable trahison, mérita à Toulon le titre de bonne ville.

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