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l'acte constitutionnel du sénat. Il lui contestait le droit de prononcer la déchéance de Napoléon, pour avoir motif de dire qu'il n'avait pas pu appeler Louis xvIII légitime souverain, avant la promulgation de cet acte. Ainsi les royalistes engageaient, dès son début, la restauration dans les fausses voies du droit divin. Ils dénaturaient les titres populaires de Louis XVIII, pour leur substituer je ne sais quelle doctrine nuageuse du xiv ou xv° siècle.

DERNIERS ACTES

DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

AVRIL 1814.

Le gouvernement provisoire, jusqu'à la dernière entrevue des maréchaux chez l'empereur de Russie, avait agi avec une extrême circonspection. Il ne voulait blesser aucune opinion, afin de se réserver toutes leurs forces. Louis XVIII était proclamé, et cependant la garde nationale, les troupes de ligne portaient encore la cocarde tricolore. Quelques royalistes avaient cousu la couleur blanche à leur chapeau, mais rien encore n'était décidé sur le drapeau. Les actes de l'autorité étaient intitulés au nom du gouvernement provisoire. M. de Talleyrand répondait, à toutes les impatiences des royalistes, qu'il fallait agir prudemment, pour ne pas compromettre le succès : il ajoutait qu'on n'aurait l'armée et les autorités consti

tuées que par d'habiles tempéramens. La seule démonstration permise était contre les insignes de Napoléon. On renversait sa statue, placée au haut de la colonne Vendôme, et le royaliste qui fit l'action d'éclat d'attacher la · corde au colosse de bronze, a fait inscrire son nom dans les fastes de la fidélité; les chiffres de l'empereur étaient effacés, mais rien n'indiquait encore un changement dans l'administration et la politique. Le gouvernement ordonnait au conseil d'état de reprendre ses fonctions, défendait d'afficher des placards dans les rues, confirmait les réglemens sur l'imprimerie et la librairie. M. de Fontanes était prié de continuer ses fonctions de grand-maître; seulement le mode d'éducation était changé ; les lycées prenaient le nom de colléges, et la cloche était substituée au tambour.

Enfin, le 9, un arrêté du gouvernement provisoire ordonna à M. le général Dessolle de faire prendre la cocarde blanche à la garde nationale de Paris. Cinq jours se passèrent encore avant que le pavillon et la cocarde royalistes fussent considérés comme le drapeau et la couleur de l'Etat. C'est à la suite d'une conférence fort longue et fort disputée que cette

résolution fut prise; les royalistes la regardèrent néanmoins comme un triomphe.

Mais alors Napoléon avait signé son acte d'abdication à Fontainebleau; la régence de Marie-Louise était dissoute; on avait vu toute cette cour exilée se dissiper après la soumission du corps du maréchal Marmont à Essone; un commissaire des alliés était venu chercher Marie-Louise et son fils; on n'avait plus songé qu'à s'adjuger de larges gratifications sur le trésor, qu'à dévorer les derniers débris de l'empire, qu'à adhérer aux actes du gouvernement provisoire.

Le prince archichancelier Cambacérès écrivait à M. de Talleyrand, le 7 avril, de Blois : << Les princes grands dignitaires étant sénateurs, je crois devoir, en tant que besoin serait, déclarer que j'adhère à tous les actes faits par le

sénat. >>

Le duc de Massa priait S. A. S. le prince de Bénévent de lui dire s'il le considérait encore comme président du corps législatif; en cette qualité, il adhérait, en tous les cas, aux actes du gouvernement provisoire.

Quant aux corps militaires, les adhésions arrivèrent successivement et dans cet ordre:

Le 6, le général Nansouty, le comte Lagrange; le 7, le duc de Reggio; le 8, le maréchal Jourdan, le comte Milhaud, le général comte de Valmy, le maréchal Mortier, le comte de Ségur; le 11, le maréchal Moncey, le prince Berthier; ce ne fut que le 14, après avoir terminé sa noble et dernière mission, que le maréchal duc de Tarente adhéra aux actes du gouvernement provisoire.

Après toutes ces adhésions, on se crut maître, et l'on frappa le grand coup précurseur de la restauration monarchique, telle que l'entendaient les émigrés. On arbora le drapeau sans tache, le panache blanc, toutes ces images que l'on devait relever avec les noms de Henri IV et de Louis XIV.

Le gouvernement provisoire avait agi avec habileté, de quelque manière qu'on le juge, soit qu'il ne jouât qu'une simple comédie politique, soit qu'il voulût atteindre le but d'une grande monarchie constitutionnelle. Comment aurait-il obtenu l'adhésion unanime de la France, s'il avait tout à coup jeté au milieu de cette population, qui ignorait jusqu'à l'existence des Bourbons, le nom de Louis XVIII et de l'émigration? Il prépara les esprits par une gradation

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