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de l'école Polytechnique et de Charenton coùvrirent-ils la terre de cadavres russes et prussiens, vainement une poignée de soldats avaient vaillamment soutenu l'honneur et la gloire de la patrie. On apprit à quatre heures que le duc de Raguse, après une héroïque résistance *, avait conclu un armistice qui allait être suivi d'une capitulation. Le 30, à trois heures, le maréchal avait envoyé plusieurs officiers au prince de Schwartzemberg, pour lui faire connaître qu'il était prêt à entrer en arrangement. Un de ces officiers, conduit devant le général Barclay de Tolly, demanda une trève de deux heures. Le général français promettait d'évacuer tout le terrain qu'il occupait encore hors des barrières, et s'engageait, l'armistice expiré, à souscrire à la reddition de la capitale. Les alliés acceptèrent avec empressement les conditions proposées; la reddition de Paris était un point important de leurs opérations militaires; car ils venaient d'apprendre la marche précipitée de Napoléon par Troyes; avant quarantehuit heures il allait être sur leurs derrières,

* Il avait combattu comme un soldat; ses habits étaient criblés de balles; la défection du duc de Raguse ne fut point là.

avec une armée de 60,000 hommes, bouillante de courage et impatiente d'arracher Paris aux alliés ! D'un autre côté, la capitale, sous le point de vue politique, pouvait offrir des élémens pour affaiblir et diviser les forces de Napoléon, et servir les desseins des alliés, qui ne craignaient que lui dans cette guerre.

La capitulation de Paris ne fut pas l'œuvre exclusive du maréchal Marmont, sur lequel plus tard tout l'odieux en a été jeté. Elle lui fut commandée par le roi Joseph. Plusieurs notables allèrent, quelques momens après l'armistice, prendre des nouvelles chez le maréchal en son hôtel, rue de Paradis-Poissonnière : on y remarquait MM. Laffitte et Perregaux, qui parlèrent très-vivement pour la capitulation, comme d'une nécessité, afin de sauver les intérêts du commerce. Ils établirent fort nettement que les Parisiens étaient las de la lutte, et qu'il ne fallait pas exposer tant de grands intérêts aux chances du combat.

Pendant qu'on discutait à l'Hôtel-de-Ville, les conditions d'une capitulation, à la suite de l'armistice du duc de Raguse, les royalistes cherchaient à paralyser dans l'intérieur l'énergie nationale. M. de Fitz-James haran

gua un bataillon de gardes nationales qui voulaient franchir les barrières pour marcher à l'ennemi, et lui persuada que ce n'était pas là le devoir de la garde nationale. On empêchait la circulation des proclamations adressées au peuple; des agens cherchaient à comprimer l'élan des citoyens; mais pas un cri favorable aux Bourbons ne se faisait entendre.

Alors s'accomplissait la capitulation de Paris au quartier-général du duc de Raguse, entre le comte Orloff et Paar, aides-de-camp de l'empereur Alexandre et du prince Schwartzemberg, et les colonels Denys et Fabvier, attachés à l'état-major du maréchal.

Il fut convenu que les troupes françaises auraient la nuit entière pour se retirer avec leur matériel, et qu'à six heures du matin les troupes alliées prendraient possession de la capitale. On obtint, de plus, que les postes de l'intérieur seraient confiés à la garde nationale.

Ainsi, Paris sans gouvernement était livré à la discrétion des alliés; ainsi, les différens partis allaient dire leurs espérances devant l'étranger, maître de la capitale, et appelé en quelque sorte à décider de ses destinées politiques.

JOURNÉE DU 31 MARS.

1814.

Dès que la capitulation fut signée, M. de Talleyrand ouvrit directement des communications avec l'empereur Alexandre et les ministres des puissances alliées. Il répondit des autorités pour opérer un mouvement contre Napoléon; à son tour l'empereur Alexandre plaça la plus haute confiance en M. de Talleyrand, et pour en donner un gage officiel aux partis qui pou vaient se prononcer dans la capitale, il consentit à descendre dans l'hôtel du prince. Les appartemens qui donnent sur la place Louis xv, furent préparés afin de recevoir un hôte si important. Le 30 au soir, les principaux moteurs du mouvement sénatorial, MM. de Jaucourt, de Dalberg, l'abbé de Montesquiou, l'abbé de Pradt, le baron Louis se réunirent chez M. de Talleyrand; on discuta sur la situation; différentes questions furent posées : on examina la

régence de l'impératrice, les chances diverses que pouvait avoir cette combinaison, et l'appui qu'elle trouverait infailliblement dans l'empepereur François. Quand on en vint aux Bourbons, M. de Dalberg exposa la difficulté de concilier un système libéral avec les préjugés et les habitudes de légitimité absolue de la branche aînée des Bourbons. Le nom de M. le duc d'Orléans fut prononcé; mais M. de Talleyrand et l'abbé Louis se montrèrent les chauds partisans de la légitimité comme principe. Il fut décidé qu'on s'arrêterait définitive.ment au retour de Louis xvIII, avec une constitution libérale; cette délibération fut adoptée en termes généraux sans rien préciser; M. de Talleyrand se chargea d'agir en ce sens auprès des souverains alliés et du sénat qui n'étaient rien moins que décidés à prendre ce parti. La seule donnée qu'on eut encore, c'est que l'empereur Alexandre et ses alliés paraissaient hésiter à traiter désormais avec Napoléon. On n'ignorait pas la conversation du czar avec la princesse de Bade : « Si Napoléon netraite pas, et si nous passons le Rhin, avait-il dit, nous ne pourrons plus traiter avec lui, et nous le renverserons. » M. de Talleyrand savait que plusieurs éventua

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