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raliser et épouser Me de Brignolles. A la fin de 1813, M. de Dalberg s'était retiré des affaires. Proche parent de M. Nesselrode, ami du comte de Stadion, alors à la tête du cabinet à Vienne, de M. de Metternich et du baron de Vincent, M. de Dalberg jouissait d'une certaine influence diplomatique. Le marquis de Jaucourt, l'un des membres de l'assemblée constituante, avait d'abord émigré; rentré en 1803, il avait présidé le tribunat jusqu'à ce que le premier consul l'eût appelé au sénat. Il avait conservé un peu de l'opposition qui distinguait la coterie de Mme de Staël. M. de Pradt, écrivain actif, infatigable, homme d'esprit, mais sans suite dans les résolutions et les idées, s'était joint au salon de M. de Talleyrand. Il avait alors passé d'une grande admiration pour l'empereur à de vifs mécontentemens. M. de Talleyrand l'accueillit, et, selon son habitude, sans s'ouvrir précisément à lui, partagea son désir pour un changement qui pût amener l'ordre et la paix en Europe *. Autour de ce groupe.

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'M. de Pradt recevait alors les journaux anglais auxquels on attachait beaucoup d'importance. L'empereur avait donné ordre qu'on les refusât à M. de Talleyrand, au ministère des affaires étrangères.

d'hommes capables venaient se placer une foule d'agens d'intrigues et d'activité : MM. Laborie, de Bourrienne, de Vitrolles, etc. Tous, sauf M. de Vitrolles, ne précisaient pas le but des efforts communs ; ils ne parlaient des Bourbons que comme d'une chose probable, d'une éventualité qui ne devait en écarter aucune

autre.

Il y avait une autre coterie dont le caractère bourbonnien était plus saillant. Avec les événemens malheureux dont la France avait été le théâtre, le comité royaliste de l'intérieur avait pris de nouvelles forces. Il s'était rapproché, par l'intermédiaire de l'abbé de Montesquiou, de M. de Talleyrand et des constitutionnels. M. de Montesquiou possédait à un haut degré un caractère de probité et de modération : membre et président de la constituante, il avait emporté l'estime et les suffrages de cette mémorable assemblée. Depuis, il avait été le correspondant de Louis xvIII à Paris. Il revenait de son exil, à Menton, lorsque le comité royaliste, ou, pour parler plus exactement, lorque quelques hommes résolurent de faire tourner les malheurs de la patrie au profit de la dynastie des Bourbons.

Les principaux membres de l'association royaliste étaient MM. de Montmorency, de Quinsonas, Clermont de Mont-Saint-Jean, Just de Noailles, Sosthène de La Rochefoucauld. Quelques uns ne s'étaient jamais attachés au gouvernement de Napoléon, quoiqu'ils comptassent un grand nombre de membres de leur famille dans la maison impériale; d'autres, par exemple, M. Sosthène de La Rochefoucauld, avaient sollicité et eu l'honneur d'être présentés chez S. M. l'empereur et roi; mais le temps des grandes solennités du mariage était passé! Vers le 30 février, MM. Mathieu et Adrien de Montmorency avaient reçu et propagé une proclamation de S. A. R. M. le comte d'Artois, datée de Vésoul; une presse clandestine en avait multiplié les exemplaires. En voici les

termes :

« Nous Charles-Philippe de France, fils de France, MONSIEUR, comte d'Artois, lieutenantgénéral du royaume, etc., à tous les Français, salut.

Français, le jour de votre délivrancé approche; le frère de votre roi est arrivé.

» Plus de tyran, plus de guerre, plus de conscription, plus de droits vexatoires. Qu'à

la voix de votre souverain, de votre père, vos malheurs soient effacés par l'espérance, vos erreurs par l'oubli, vos dissensions par l'union dont il veut être le gage.

>> Les promesses qu'il vous renouvelle solennellement aujourd'hui, il brûle de les accomplir, et de signaler par son amour et ses bienfaits le moment fortuné qui, en lui ramenant ses sujets, va lui rendre ses enfans. Vive le roi! Signé CHARLES-Philippe. »

A mesure que les alliés se rapprochaient de Paris, l'association royaliste prenait un caractère plus prononcé encore. Les salons du faubourg Saint-Germain s'emplissaient de gentilshommes en rapport avec les princes sur les frontières; on y discutait des projets de mouvemens à Paris, en faveur de la cause royale; mais on ne dissimulait pas que rien ne serait plus difficile que de faire triompher, sans la présence des alliés, une dynastie que personne ne connaissait plus. Il y avait dans la capitale une habitude d'obéissance à la famille impériale, et c'était une entreprise hasardeuse, que de substituer les fleurs de lis aux aigles d'Iéna et d'Austerlitz, qui ornaient le faîte des édifices, et le drapeau blanc au drapeau tricolore !

BATAILLE ET CAPITULATION DE PARIS.

EFFORTS DES ROYALISTES.

29 ET 30 MARS 1814.

TELLE était la situation de Paris, lorsque l'armée alliée, forte de 180,000 hommes, arriva aux environs de la capitale. La présence des ennemis dans les villages rapprochés de Paris, fut signalée aux habitans de la grande cité par un spectacle attendrissant.

Des familles entières, avec leurs enfans, leurs troupeaux, se présentaient aux barrières, et bientôt elles remplirent les boulevards, et cherchèrent un abri dans les cours où une généreuse hospitalité leur était offerte. Des convois de blessés sillonnaient les rues, et déjà leur multitude encombrait les hôpitaux; une sombre inquiétude s'était répandue parmi les familles opulentes; beaucoup quittaient la ville, et

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