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bliques, le peu de communications qu'il a avec les deux autres consuls et les autorités du gouvernement, lui font encore quantité d'ennemis.

» Il est en France des personnes qui supposent à Bonaparte des intentions royalistes, et qu'il travaille intérieurement pour Votre Majesté; ce qui n'est assurément pas. On lui a fait à ce sujet des propositions malheureusement trop formelles et trop peu secrètes: ce qui l'a plutôt éloigné que rapproché de cette mesure. Du caractère dont il est, il ne veut aucun conseil qui lui ôte le mérite apparent d'être créateur de ce qui peut, suivant lui, le conduire à la gloire et à l'immortalité. »

UNION

DES RÉPUBLICAINS ET DES ROYALISTES.

MACHINE INFERNALE.

1801.

L'ORGANISATION administrative donnée à la France par la constitution consulaire, ramenait violemment la société dans les voies de l'ordre. Les deux partis extrêmes, les ardens amis de la république et les agens royalistes voyaient s'affaiblir leurs espérances, et tous reportaient leur haine sur le consul. Les révolutions créent des caractères fortement trempés, font surgir ces hommes doués d'âmes énergiques, auxquels les temps d'orage permettent de se développer. Rien de plus mâle, de plus romain que les figures d'Aréna, de . Cerrachi, de Topino Lebrun, de Metge, d'Hum

bert et de tous ces débris de la république expirante; en même temps, quels dévouemens fanatiques que ceux de Georges Cadoudal, Limolan, la Haye-Saint-Hilaire, et des agens armés du parti royaliste!

Lorsqu'au milieu de deux opinions passionnées naît un principe d'ordre, un gouvernement protecteur, les deux extrémités vaincues se rapprochent par une alliance naturelle. Si leurs sentimens politiques ne sont pas les mêmes, leurs desseins différent peu; car ils veulent également se débarrasser du principe qui les gêne, et du gouvernement qui les comprime.

Depuis l'institution du consulat, grand nombre d'hommes ardens s'étaient réunis à Paris, pour se débarrasser de Bonaparte. Déjà une tentative avait été faite par les républicains à l'Opéra. Quoiqu'elle n'eût pas réussi, on n'en fut pas découragé. Ce parti s'agitait en tout sens pour organiser le renversement du nouvel ordre politique. L'un d'eux, Chevalier, long-temps employé dans l'atelier des poudres de Meudon, sous le comité de salut public, conçut la première idée d'une machine destinée à faire périr Bonaparte. De concert avec le

nommé Veycer, il construisit une espèce de baril cerclé en fer et garni de clous, auquel il adapta une batterie qu'on pouvait faire partir à l'aide d'une ficelle. L'essai de cette machine produisit une détonation si effrayante, que les républicains y renoncèrent.

Mais les royalistes et les chouans ne se firent pas les mêmes scrupules. Georges Cadoudal était arrivé dans le Morbihan, et parcourait toute la Bretagne, avec la mission de réorganiser le parti royaliste; il s'était fait suivre de la plupart de ses officiers, Mercier dit la Vendée, de Bar, de Sol de Grisolle et Guillemot. Il avait envoyé ses agens à Paris, Limolan, Saint-Régent, Joyaux et Saint-Hilaire, pour y découvrir les moyens de faire périr le premier consul. Ayant eu connaissance des efforts du parti républicain, les agens de Georges résolurent de se servir de la machine infernale dans de sinistres desseins.

Les chouans s'étaient entendus à Paris avec tous les partisans de la cause royale, et ils assuraient partout qu'ils allaient faire un mouvement. Sur les indications données par SaintRégent, M. Michaud l'aîné, qu'il voyait beaucoup alors, rédigea une proclamation au nom

d'un gouvernement provisoire qui devait s'installer immédiatement après l'attentat. Nous ne croyons pas qu'il en connût l'atrocité. M. Michaud faisait sa partie dans une maison royaliste, lorsqu'il entendit la détonation effrayante de la machine, et quand on vint annoncer que coup était manqué, il se retira un moment sous un prétexte, et brûla, dans un lieu écarté, l'original de la proclamation.

le

Ce qu'il y avait d'habile dans la conjuration de la machine infernale, c'est que les royalistes voulaient en jeter l'odieux sur les jacobins,. et il y avait vraisemblance, car la première idée venait des républicains et des enragés. Cependant l'expérience du ministre de la police n'eut pas de peine à découvrir la métamorphose qu'avait subie le complot. Saint-Régent et Carbon furent convaincus et punis de mort; leur sang se mêla à celui des républicains ardens que le premier consul fit comprendre dans une proscription arbitraire.

Dès lors, à l'idée d'une restauration bourbonnienne vint se mêler un sanglant souvenir : quarante personnes étaient tombées victimes de cette machine infernale; un quartier entier de la capitale avait été ébranlé par l'explosion. Les

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