Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

tout glorieux de leur conspiration permanente pendant quinze années contre la restauration! De plus, l'expérience a rendu douteux pour de bons esprits si des lois d'exception momentanées, légalement obtenues des chambres, ne sont pas quelquefois impérieuses, inévitables, pour rétablir l'ordre troublé. Et ce doute expliquera, s'il ne justifie point, la conduite des ministres de Louis XVIII jusqu'en 1821.

[ocr errors]

De là résultera peut-être pour beaucoup. d'hommes impartiaux la conviction que les ministres qui en présence de l'étranger deux fois dans notre capitale, en lutte avec le parti de la cour et de l'émigration, avec les fautes et les exigences du libéralisme, ont conduit le pays à l'état de prospérité matérielle où il se trouvait dans les premières années de la restauration, n'ont pas démérité de la France. Les noms de MM. de Richelieu, Dessolle, Saint-Cyr, Decazes, Pasquier, Laferronays, Molé, Mortemart, et Martignac, resteront, avec des nuances diverses, comme les types de ces systèmes de capacité, d'ordre, de modération, qui pouvaient sauver la dynastie, la liberté et la prospérite publique. On n'ose

pas le dire aujourd'hui tout haut, parce que des retentissemens de biographies et des jugemens d'esprit de parti restent encore, mais le temps arrive où toute justice sera rendue.

Qu'on ne cherche point dans cette histoire un libelle. La tempête a emporté une vieille et glorieuse dynastie; ce serait honte de l'insulter. Je ne prétends point à la vie malheureuse de quelques productions éphémères qui s'alimentent du scandale. Notre génération, parce qu'elle est forte, doit être généreuse. Grand Dieu! qui, dans cette tourmente de quarante années, n'a point commis de fautes! Qui a pu traverser des temps si agités sans déposer quelque empreinte de la fragilité humaine!

La restauration s'est accomplie en 1814; mais les tentatives faites pour l'amener remontent à l'origine même de la révolution. On ne pourra bien saisir l'esprit et le caractère de ce mouvement, qu'en suivant le fil de la grande intrigue, qui, depuis le 13 juillet 1789, a remué la France et l'Europe; car, chose étonnante, dans toutes les phases de sa fortune, la maison des Bourbons est demeurée avec ses grandeurs, ses préjugés et ses chimères!

Faut-il donc s'étonner si elle s'est brisée

contre les faits, et si la vieille couronne de saint Louis a disparu dans la tempête. Ce que les courtisans ont appelé la perpétuité monarchique est le plus invincible obstacle à toute conciliation. Qu'est-ce donc qu'une famille qui veut rester avec le caractère de huit siècles en présence d'une jeune et forte civilisation!

Puisse cet exemple profiter même aux hommes de la révolution! Pusise cette terrible chute d'une dynastie, arrêter les tentatives de tout gouvernement exclusif dans ses idées, et qui se croirait fort parce qu'il heurterait des opinions qui ne sont pas les siennes La restauration s'est long-temps maintenue à travers les vices de son origine, parce que jusques à ses derniers excès, elle fut modérée et conciliante. Si l'incapacité entraîne jamais l'impérieuse révolution de juillet dans les saturnales des représailles ; si nos petits hommes politiques font les affaires du pays avec les préjugés et la mauvaise humeur de leurs jours de disgrâce, qui sait ce que l'avenir réserve alors à notre génération!

LA VIEILLE MONARCHIE.

1787.

La monarchie tombait en poussière. Dans la marche confuse et désordonnée de l'autorité, il s'était formé une sorte d'anarchie organisée. Tout existait d'une vie factice : aucune institution ne pouvait justifier son droit, définir ses prérogatives : états-généraux, parlement, chambre des comptes, cour des aides, états de province, assemblées du clergé, tout cela marchait se heurtant dans d'interminables disputes. On invoquait sans cesse l'ancienne constitution; mais où était-elle? Depuis les Francs qui élevèrent Clovis sur le pavois, jusqu'à la monarchie absolue de Louis xiv, que de changemens, que de révolutions! A quel point voulait-on s'arrêter? Aux champs de mai, aux états de 1356, ou à la constitution de Richelieu, avec ses bastilles et ses prisons d'état?

Il n'y avait plus réellement que des pouvoirs d'habitude, dont les limites n'étaient ni définies, ni respectées. Un lit de justice proclamait la royauté absolue, une lettre de cachet exilait les magistrats. Princes du sang, cardinaux, ducs et pairs, tous n'avaient, pour se défendre des caprices du souverain', que l'étiquette de cour et quelques usages consacrés; la royauté en était-elle plus forte? Avec toutes ses idées de commandement, et sa haute pensée d'elle-même, elle obéissait à des préjugés, à des inspirations d'un favori, ou d'une maîtresse. Elle disait: Si veut le roi, si veut la loi, et chaque année le pouvoir absolu revenait sur lui-même, faisait une espèce d'acte de contrition devant l'opinion publique. Les remontrances qui avaient fait exiler un parlement devenaient, quelques années après, la base des ordonnances.

Toute la haute noblesse avait quitté la province pour Versailles; on ne disputait plus, comme sous la fronde, pour conserver son manoir fortifié, mais pour monter dans les carrosses du roi. Prodigue, dissolue, la haute noblesse s'était fait un besoin des générosités royales. Chaque année, le produit des fermes

« ZurückWeiter »