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Les agens avaient composé d'avance leur

ministère.

Affaires étrangères, M. Henin, ancien premier commis; à l'intérieur, laisser M. Benezech; à la marine, M. de Fleurieu ; à la justice, M. Siméon ou Baresseux; aux finances, M. Bernignot de Grange, rue Saint-Florentin, ou M. BarbéMarbois, qui a des talens, de l'instruction, ancien intendant de Saint-Domingue, il passe pour avoir de la probité; à la police, laisser Cochon; on y mettra Portalis ou Siméon si Baresseux est à la justice. Cochon a voté la mort du roi; il effaroucherait les royalistes.

Le plan était suivi d'instructions de la main de M. de la Vauguyon; elles étaient ainsi conçues:

«< Parmi tous les moyens d'accroître le parti des agens du roi, il en est trois principaux : écarter efficacement de l'administration les régicides, leur chef et ceux des jacobins; travailler à assurer les succès des nouvelles élections; gagner et ramener le plus grand nombre des membres du parti connu aujourd'hui sous le nom de ventre. »

Tandis que les trois agens principaux se laissaient aller à leurs indiscrétions avec Malo: le baron de Poly, l'un d'entre eux, s'ouvrait avec

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non moins de naïveté à Ramel, commandant la garde du corps législatif. « Et quels sont vos moyens, lui dit celui-ci? Nos moyens sont et dans les secours de l'Angleterre et dans le mécontentement de la France. Le jour où Louis XVIII ou son lieutenant-général se montrera à Paris, à la tête des colonnes royales, commandées par MM. de Bouillé, le prince de Poix et Puisaye, 12,000 hommes doivent s'insurger dans le Jura, et Lyon levera l'étendard de la révolte. Quel serait le premier acte de Louis xvIII? — Une amnistie générale; mais le parlement qui s'installe prétend que le roi n'a pas le droit de faire grâce, et il ordonnera la prise de corps de MM. La Fayette, Mathieu Dumas, Menou, Lameth et d'Aiguillon. Nous amènerons La Fayette dans une cage de fer.-Mais ceux qui ont joué de grands rôles depuis le 10 août? Nous les enverrons aux galères. - Et quel emploi me réservez-vous donc ? Proclamer à Paris Louis xvIII. »

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Tel était le plan des agens de Louis xvi. Sans doute ce prince voyait mieux et plus loin que ses prétendus amis ; mais comment de telles idées pouvaient-elles s'accomplir? Des hommes. sages étaient choisis pour ministres; les agens

avouaient néanmoins que ce n'était qu'une concession temporaire, et qu'on reviendrait à l'ancien régime, tel qu'il existait en 1788, et quelle amnistie, grand Dieu! Exclure tous les patriotes, tous les constitutionnels, rétablir le parlement pour lui faire rejeter les pardons accordés par le Roi! N'avons-nous pas vu d'ailleurs comment la restauration a toujours entendu les amnisties? Témoin la loi de 1816 et le rapport de M. Corbière !

AVÈNEMENT OFFICIEL DE LOUIS XVIII.

CONSEIL DU ROI.

VERONNE. BLANCKEMBOURG.

1795.-1797.

LE 3 juin 1795, le jeune Louis XVII, comme on l'a dit, était mort au Temple. Dès que la nouvelle de cet événement funèbre fut parvenue au régent, il prit immédiatement le nom de Louis XVIII et le titre de roi de France et de Navarre. Ainsi tout s'était modifié dans la société, et la royauté se revêtait encore de la pourpre surannée des Valois et des Bourbons. En même temps le comte d'Artois eut le titre de MONSIEUR, et fut maintenu dans sa qualité de lieutenant-général du royaume.

La cour exilée devint fort active, et la correspondance du roi s'étendit à toutes les af

faires; il annonça son avènement à l'armée de Condé; il le notifia à tous les cabinets. Il n'y eut cependant que deux ou trois agens diplomatiques accrédités auprès du nouveau roi; Louis XVIII crut devoir adresser dans ces circonstances solennelles une proclamation aux Français ; c'était toujours le même langage de pardon d'un père et d'un maître. « Vous fûtes infidèles au dieu de vos pères, et ce dieu justement irrité vous à fait sentir tout le poids de sa colère. Vous fûtes rebelles à l'autorité qu'il avait établie pour vous gouverner, et un despotisme sanglant, une anarchie non moins cruelle se succédant tour à tour, vous ont sans cesse déchirés avec une fureur toujours croissante. Il faut revenir à cette religion sainte qui avait attiré sur la France les bénédictions du ciel. Il faut rétablir ce gouvernement qui fut pendant quatorze siècles la gloire de la France et les délices des Français, et qui avait fait de votre patrie le plus florissant des états et vous le plus heureux des peuples. Tous les Français qui, abjurant leurs opinions funestes, viendront se jeter au pied du trône, y seront reçus; ceux qui, dominés encore par un cruel entêtement, se hâteront de revenir à la raison

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