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jonction avec le duc de Trévise qui observait la droite de la Marne, et les corps de l'armée dite du Nord qui étaient à Châlons et à Reims.

Le 27, le général Sacken se porta sur Meaux, et se présenta au pont placé à la sortie de Meaux sur le chemin de Nangis qui avait été coupé. Il fut reçu avec de la mitraille. Quelques-uns de ses coureurs s'avancèrent jusqu'au pont de Lagny.

Cependant l'empereur partit de Troyes le 27, coucha le même jour au village de d'Herbisse, le 28, au château d'Esternay, et le 1er Mars à Jouarre.

L'armée de Silésie se trouvait ainsi fortement compromise. Elle n'eut d'autre parti à prendre que de passer la Marne. Elle jeta trois ponts et se porta sur l'Ourcq.

Le général Kleist passa l'Ourcq et se portait sur Meaux pár Varède. Le duc de Trévise le rencontra le 28 en position au village de Gué-à-Trême, sur la rive gauche de la Térouenne. Il l'aborda franchement. Le général Christiani, commandant une division de la vieille garde, s'est couvert de gloire. L'en nemi a été poussé l'épée dans les reios pendant plusieurs lieues. On lui a pris quelques centaines d'hommes et un grand nombre est resté sur le champ de bataille,

Dans le même tems, l'ennemi avait passé l'Ourcq à Lisy. Le duc de Raguse le rejeta sur l'autre rive.

Le mouvement de retraite de l'armée de Blucher fut prononcé.
Tout filait sur la Ferté-Milon et Soissons.

L'empereur partit de la Ferté-sous Jouarre le 3; son avant-
garde fut le même jour à Rocourt.

Les ducs de Raguse et de Trévise poussaient l'arrière-garde ennemie; ils l'attaquèrent vivement le 3 à Neuilly-Saint-Front. L'empereur arriva de bonne heure le 4 à Fismes. Ou fit des prisonniers et l'on prit beaucoup de voitures de bagages.

La ville de Soissons était armée de vingt pièces de canon et en état de se défendre. Le duc de Raguse et le duc de Trévise se portèrent sur cette ville pour y passer l'Aisne, tandis que T'empereur marchait sur Mezy. L'armée ennemie était dans la position la plus dangereuse; mais le général qui commandait à Soissons, par une lâcheté qu'on ne saurait définir, abaudonna la pláce le 3, à quatre heures après midi, par une capitulation soidisant honorable, en ce que l'ennemi lui permettait de sortir de la ville avec ses troupes et son artillerie, et se retira avec la garnison et son artillerie sur Villers-Cotterets. Au moment où l'armée ennemie se croyait perdue, elle apprit que le pont de Soissons lui appartenait et n'avait pas même été coupé. Le général qui commandait dans cette place et les membres du conseil de défense sont traduits à une commission d'enquête. Ils paraissent d'autant plus coupables que pendant toutes les journées du 2 et du 3, on avait entendu de la ville la canonnade de notre armée qui se rapprochait de Soissons, et qu'un bataillon

de la Vistule, qui était dans la place, et qui ne la quitta qu'en pleurant, donnait les plus grands témoignages d'intrépidité.

Le général Corbineau, aide-de-camp de l'empereur, et le général de cavalerie Laferrière s'étaient portés sur Reims, où ils entrèrent le 5 à quatre heures du matin, en tournant un corps ennemi de 4 bataillons qui couvraient la ville, et dont les troupes furent faites prisonnières. Tout ce qui se trouvait dans Reims fut pris.

Le 5, l'empereur coucha à Bery-au-Bac. Le général Nansouty passa de vive force le pont de Bery, init en déroute une division de cavalerie qui le couvrait, s'empara de ses deux pièces de canon, et prit 300 cavaliers, parmi lesquels s'est trouvé le colonel prince Gagarin qui commandait une brigade.

L'armée ennemie s'était divisée en deux parties. Les 8 divisions russes de Sacken et de Winzingerode avaient pris position sur les hauteurs de Craonne, et les corps prussiens sur les hauteurs de Laon.

L'empereur vint coucher le 6 à Corbeni. Les hauteurs de Craonne furent attaquées et enlevées par deux bataillons de la garde. L'officier d'ordonnance Caraman, jeune officier d'espérance, à la tête d'un bataillon, tourna la droite. Le prince de la Moskowa marcha sur la ferme d'Urtubre. L'ennemi se retira et prit position sur une hauteur qu'on reconnut le 7 à la pointe du jour. C'est ce qui donna lieu à la bataille de Craonne.

Cette position était très-belle, l'ennemi ayant sa droite et sa gauche appuyées à deux ravins et un troisième ravin devant lui. Il défendait le seul passage d'une centaine de toises de largeur qui joignait sa position au plateau de Craonne.

Le duc de Bellune se porta, avec deux divisions de la jeune garde, à l'abbaye de Vaucler, où l'ennemi avait mis le feu. Il l'en chassa et passa le défilé que l'ennemi défendait avec 60 pièces de canon. Le général Drouot le franchit avec plusieurs batteries. Au même instant, le prince de la Moskowa passait le ravin de gauche et débouchait sur la droite de l'ennemi. Pendant une heure, la canonnade fut très-forte. Le général Grouchy, avec sa cavalerie, déboucha. Le général Nansouty, avec deux divisions de cavalerie, passa le ravin sur la droite de l'ennemi. Une fois le défilé franchi et l'ennemi forcé dans sa position, il fut poursuivi pendant quatre lieues et canonné par 80 pièces de canon à mitraille, ce qui lui a causé une très-grande perte. Le plateau par lequel il se retirait ayant toujours des ravins à droite et à gauche, la cavalerie ne put le déborder et l'entamer. L'empereur porta son quartier-général à Bray.

Le lendemain, 8, nous avons poursuivi l'ennemi jusqu'au-delà du défilé d'Urcel, et le jour même nous sommes entrés à Soissons, où il a laissé un équipage de pont..

La bataille de Craonne est extrêmement glorieuse pour nos armes. L'ennemi y a perdu 6 généraux; il évalue sa perte

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de 5 à 6000 hommes. La nôtre a été de 800 hommes tués ou blessés.

Le duc de Bellune a été blessé d'une balle. Le général Grouchy, ainsi que le général Laferrière, officier de cavalerie d'une grande distinction, ont également été blessés en débouchant à la tête de leurs troupes.

Le général Belliard a pris le commandement de la cavalerie. Le résultat de toutes ces opérations est une perte pour l'ennemi de 10 à 12,000 hommes, et d'une trentaine de pièces de

canon,

L'intention de l'empereur est de manoeuvrer avec l'armée sur P'Aisue.

14 Mars, 1814.

Paris, le 13 Mars.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles sui、 vantes de la situation des armées au 12 Mars:

Le lendemain de la bataille de Craonne (le 8), l'ennemi fut poursuivi par le prince de la Moskowa jusqu'au village d'Etouvelle. Le général Woronzow avec 7 à 8000 hommes gardait cette position qui était très-difficile à aborder, parce que la route qui y conduit, chemine, pendant une lieue, entre deux marais impraticables.

Le baron Gourgault, premier officier d'ordonnance de S. M., et officier d'un mérite distingué, partit à 11 heures du soir de Chavignon avec deux bataillons de la vieille garde, tourna la position et se porta par Challe vois sur Chivi. Il arriva à une heure du matin sur l'ennemi qu'il aborda à la bayonnette. Russes furent réveillés par les cris de Vive l'Empereur! et poursuivis jusqu'à Laon. Le prince de la Moskowa déboucha par le défilé.

Les

Le lendemain 9, à la pointe du jour, on reconnut l'ennemi e qui s'était réuni aux corps prussiens. La position qu'il occupait était telle qu'on la jugea inattaquable. On prit position.

Le duc de Raguse, qui avait couché le 8 à Corbeni, parut à deux heures après midi à Veslud, culbuta l'avant-garde ennemie, attaquale village d'Athies qu'il euleva, et eut des succès pendant toute la journée. A six heures et demie i prit posi'ion. A sept heures, l'ennemi fit un houra de cavalerie à une lieue sur les derrières où le duc de Raguse avait un parc de réserve. Le duc de Raguse s'y porta vivement, mais ennemi avait eu le tems d'enlever dans ce parc quinze pièces de cauou. Une grande partie du personnel s'était sauvée.

Le même jour, le général Charpentier, avec sa division de la jeune garde, enleva le village de Clacy. Le lendemain, l'ennemi attaqua sept fois ce village et sept fois il fut repoussé. Le

TOME V.

Oooo

général Charpentier fit 400 prisonniers. L'ennemi laissa les avenues couvertes de ses morts. Le quartier-général de l'em

pereur a été le 9 et le 10 à Chavignon.

Le duc

S. M. jugeant qu'il était impossible d'attaquer les hauteurs de Laon, a porté le 11 son quartier-général à Soissons. de Raguse a occupé le même jour Bery-au-Bac.

Le général Corbineau se louait à Reims du bon esprit des habitans.

Le 7, à onze heures du matin, le général Saint-Priest, commandant une division russe, s'est présenté devant la ville de Reims et l'a sommée de se rendre. Le général Corbineau lui a répondu avec du canon. Le général Defrance arrivait alors avec sa division de gardes d'honneur. Il fit une belle charge et chassa l'ennemi. Le général Saint-Priest a fait mettre le feu à deux grandes manufactures, et à 50 maisons de la ville qui se trouvent hors de son enceinte, conduite digne d'un transfuge; de tous les tems les transfuges furent les plus cruels ennemis de - leur patrie.

Soissons a beaucoup souffert: les habitans se sont conduits de la manière la plus honorable. Il n'est point d'éloges qu'ils ne donnent au régiment de la Vistule, qui formait leur garnison; il n'est pas d'éloges que le régiment de la Vistule ne fasse des habitans. S. M. a accordé à ce brave corps 30 décorations de la légion d'honneur.

Le plan de la campagne de l'ennemi paraît avoir été une espèce de houra général sur Paris. Négligeant toutes les places de Flandre, et n'observant Berg-op-Zoom et Anvers qu'avec des troupes inférieures en nombre de moitié aux garnisons de ces villes, l'ennemi a pénétré sur Avesnes. Négligeant les places des Ardennes, Mézières, Rocroi, Philippeville, Givet, Charlemont, Montmédy, Maestricht, Vanloo, Juliers, il a passé par des chemins impraticables pour arriver sur Avesnes et Rethel. Ces places communiquent ensemble, ne sont pas observées, et leurs garnisons inquiètent fortement les derrières de l'ennemi. Au même instant où le général Saint-Priest brûlait Reims, son frère était arrêté par les habitans et conduit prisonnier à Charlemont. Négligeant toutes les places de la Meuse, l'ennemi s'était avancé par Bar et par Saint-Dizier. La garnison de Verdun est venue jusqu'à Saint-Mihiel. Auprès de Bar, un général russe resté quelques momens, avec une quinzaine d'hommes, après le départ de sa troupe, a été tué, ainsi que son escorte, par les pay sans, en représailles des atrocités qu'il avait ordonnées. Metz pousse ses sorties jusqu'à Nancy. Strasbourg et les autres places de l'Alsace n'étant observées que par quelques partis, on y entre, on en sort librement, et les vivres y arrivent en abondance. Les troupes de la garnison de Mayence vont jusqu'à Spire. Les départemens s'étant empressés de completter les cadres des bataillons qui sont dans toutes ces places, où on les

a armés, équipés et exercés, on peut dire qu'il y a plusieurs armées sur les derrières de l'ennemi. Sa position ne peut que devenir tous les jours plus dangereuse. On voit, par les rapports qu'on a interceptés, que les régimens de Cosaques, dont la force était de 250 hommes, en ont perdu plus que 120, sans avoir été à aucune action, mais par la guerre que leur ont faite les paysans.

Le duc de Castiglione manœuvre sur le Rhône, dans le département de l'Ain et dans la Franche-Comté. Les généraux Desaix et Marchand ont chassé l'ennemi de la Savoie. Quinze mille hommes passent les Alpes pour venir renforcer le duc de Castiglione.

Le vice-roi a obtenu de grands succès à Borghetto et a repoussé l'ennemi sur l'Adige.

Le général Grenier, parti de Plaisance le 2 Mars, a battu l'ennemi sur Parme et l'a jeté au-delà du Taro.

Les troupes françaises qui occupaient Rome, Civita-Vecchia, la Toscane, entrent en Piémont pour passer les Alpes.

L'exaspération des populations entières s'accroît chaque jour dans la proportion des atrocités que commettent ces hordes plus barbares encore que leurs climats, qui déshonoreraient l'espèce humaine, et dont l'existence militaire a pour mobile, au lieu de l'honneur, le pillage et tous les crimes.

Les conférences de Lusigny, pour la suspension d'armes, ont échoué. On n'a pu s'arranger sur la ligne de démarcation. On était d'accord sur les points d'occupation au nord et à l'est: mais l'ennemi a voulu, non-seulement étendre sa ligne sur la Saône et le Rhône, mais eu envelopper la Savoie. On a répondu à cette injuste prétention en proposant d'adopter pour cette partie le statu quo, et de laisser le duc de Castiglione et le comte de Bubna se régler sur la ligne de leurs avant-postes. Cette proposition a été rejettée. Il a donc fallu renoncer à une suspension d'armes de quinze jours, qui offrait plus d'inconvéniens que d'avantages. L'empereur n'a pas cru d'ailleurs avoir le droit de remettre de nombreuses populations sous le joug de fer dont elles avaient été délivrées. Il n'a pu consentir à abondoaner nos communications avec l'Italie que l'ennemi avait essayé tant de fois et vainement d'intercepter, lorsque nos troupes n'étaient pas encore réunies.

Le tems a été constamment très-froid; les bivouacs sont fort durs dans cette saison, mais on en a ressenti également les souffrances de part et d'autre. Il paraît même que les maladies font des ravages dans l'armée ennemie, tandis qu'il y en a fort peu dans la nôtre.

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