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invitation. Déjà des sommes d'argent considérables et des effets de toute nature, tels que linge, matelats, couvertures, ont été portés aux chefs-lieux des mairies, s'il est possible de s'exprimer ainsi, avec une profusion charitable.

Tous les Parisiens s'empressent selon leurs moyens 'd'imiter de si touchans exemples, et nous nous faisons un devoir de mentionner les traits de bienfaisance et d'humanité qui signalent leur zèle.

20 Février, 1814.

Paris, le 19 Février.

L'empereur a fait marcher le 18 au matin sur les ponts de Bray et de Montereau. Le duc de Reggio s'est porté sur Provins. S. M. étant informée que le corps du général de Wrede et des Wurtembergeois était en position à Montereau, s'y est portée avec les corps du duc de Bellune et du général Gérard, la garde à pied et à cheval. De son côté, le général Pajol mar chait de Melun sur Montereau. L'ennemi a défendu la position. Il a été culbuté, et si vivement que la ville et les ponts sur l'Yonne et la Seine ont été enlevés de vive force; de sorte que ces ponts sont intacts, et nous les passons pour suivre l'ennemi. Nous avons dans ce moment environ 3000 prisonniers bavarois et wurtembergeois, dont un général, et cinq pièces de

canon.

21 Février, 1814. Paris, le 20 Février.

S. M. l'impératrice reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de la situation de l'armée au 19 Février :

Le duc de Raguse marchait sur Châlons lorsqu'il apprit qu'une coloune de la garde impériale russe, composée de deux divistons de grenadiers, se portait sur Montmirial. Il fit volteface, marcha à l'ennemi, lui prit 3000 hommes, le repoussa sur Sezanne d'où les mouvemens de l'empereur ont obligé ce corps à se porter à marches forcées sur Troyes.

Le comte Grouchy, avec la division d'infanterie du général Leval et trois divisions du 2e corps de cavalerie, passait à la Ferté-sous-Jouarre.

Les avant-postes du duc de Trévise étaient entrés à Soissons. Le 17, à la pointe du jour, l'empereur a marché de Guigues sur Nangis. Le combat de Nangis a été des plus brillans.

Le général en chef russe Wittgenstein était à Nangis avec trois divisions qui formaient son corps d'armée.

Le général Pahlen commandant les 3e et 14e divisions russes et beaucoup de cavalerie, était à Mormant.

Le général de division Gérard, officier de la plus haute espérance, déboucha au village de Mormant sur l'ennemi. Un bataillon du 32e régiment d'infanterie, toujours digne de son ancienne réputation, qui le fit distinguer, il y a vingt ans par l'empereur aux batailles de Castiglione, entra dans le village au pas de charge. Le comte de Valmy, à la tête des dragons du général Treilhard venant d'Espagne et qui arrivaient à l'armée, tourna le village par sa gauche. Le comte Milhaud, avec le 5e corps de cavalerie, le tourna par sa droite. Le comte Drouant s'avança avec de nombreuses batteries. Dans un instant tout fut décidé. Les carrés formés par les divisions russes furent enfoncés. Tout fut pris, généraux et officiers. Six mille prisonniers, dix mille fusils, seize pièces de canon et quarante caissons sont tombés en notre pouvoir. Le général Wittgenstein a manqué d'être pris. Il s'est sauvé en toute hâte sur Nogent. Il avait annoncé au sieur Billy, chez lequel il logeait à Provins, qu'il serait le 18 à Paris. En retournant, il ne s'arrêta qu'un quart-d'heure et eut la franchise de dire à son hôte: "J'ai été bien battu; deux de mes divisions ont été prises; dans deux heures vous verrez les Français."

Le comte de Valmy se porta sur Provins avec le duc de Reggio; le duc de Tarente sur Donnemarie.

Le duc de Bellune marcha sur Villeneuve-le-Comte. Le général Wrede, avec ses deux divisions bavaroises, y était en position. Le général Gérard les attaqua et les mit en déroute. Les 8 ou 10 mille hommes qui composaient le corps bavarois étaient perdus, si le général Lhéritier qui commande une division de dragons, avait chargé comme il le devait; mais ce général, qui s'est distingué dans tant d'occasions, a manqué celle qui s'offrait à lui. L'empereur lui en a fait témoigner son mécontentement. Il ne l'a pas fait traduire à un conseil d'enquête, certain que, comme à Hoff en Prusse et à Znaim en Moravie, où il commandait le 10e régiment de cuirassiers, il méritera des éloges et réparera sa faute.

S. M. a témoigné sa satisfaction au comte de Valmy, au général Treilhard et à sa division, au général Gérard et à son corps d'armée.

L'empereur a passé la nuit du 17 au 18 au château de Nangis. Le 18 à la pointe du jour, le général Château s'est porté sur Montereau. Le duc de Bellune devait y arriver le 17 au soir.' Il s'est arrêté à Salins; c'est une faute grave. L'occupation des ponts de Montereau aurait fait gagner à l'empereur un jour et permis de prendre l'armée autrichienne en flagrant délit.

Le général Château arriva devant Montereau à 10 heures du matin; mais dès 9 heures le général Bianchi, commandant le 1er corps autrichien, avait pris position avec deux divisions autrichiennes et la division wurtembergeoise, sur les hauteurs en avant de Montereau, couvrant les ponts et la ville. Le géM MM M

TOME V.

néral Château l'attaqua; n'étant pas soutenu par les autres divisions du corps d'armée, il fut repoussé. Le sieur Lecouteulx, qui avait été envoyé le matin en reconnaissance, ayant eu son cheval tué a été pris. C'est un intrépide jeune homme.

Le général Gérard soutint le combat pendant toute la matinée. L'empereur s'y porta au galop. A deux heures après-midi, if fit attaquer le plateau. Le général Pajol, qui marchait par la route de Melun, arriva sur ces entrefaites, exécuta une belle charge, culbuta l'ennemi et le jetta dans la Seine et dans l'Yonne, Les braves chasseurs du 7e débouchèrent sur les ponts, que la mitraille de plus de 60 pièces de cauon empècha de faire sauter, et nous obtinmes en même tems le double résultat de pouvoir passer les ponts au pas de charge, de prendre 4000 hommes, 4 drapeaux, 6 pièces de canon, et de tuer 4 à 5 mille hommes à l'ennemi.

Les escadrous de service de la garde débouchèrent dans la plaine. Le général Duhesme, officier d'uue rare intrépidité et d'une longue expérience, déboucha sur le chemin de Sens; l'ennemi fut poussé dans toutes les directions, et notre armée détila sur les ponts. La vieille garde n'eut qu'à se montrer: l'ardeur des troupes du général Gerard et du général Pajol l'empêcha de participer à l'affaire.

Les habitans de Montereau n'étaient pas restés oisifs. Des coups de fusil tirés des fenêtres augmentèrent les embarras de Feniemi. Les Autrichiens et les Wurtembergeois jettèrent leurs armes. Un général Wurtembergeois a été tué. Un général autrichien a été pris, ainsi que plusieurs colonels, parmi lesquels se trouve le colonel du régiment de Collorédo, pris avec son état-major et son drapeau.

Dans la même journée, les généraux Charpentier et Alix debouchèrent de Melun, traversèrent la forêt de Fontainebleau et en chassèrent les Cosaques et une brigade autrichienne. Le genéral Alix arriva à Moret.

Le duc de Tarente arriva devant Bray.

Le duc de Reggio poursuivit les partis ennemis de Provins sur Nogent.

Le général de brigade Montbrun, qui avait été chargé, avec 1800 hommes, de défendre Moret et la forêt de Fontainebleau, les avait abandonnés et s'était retiré sur Essonne. Cependant la forêt de Fontainebleau pouvait être disputée pied à pied. Le major-général a ordonné la suspension du général Montbrun et l'a envoyé devant un conseil d'enquête.

Une perte qui a sensiblement affecté l'empereur est celle da général Château. Ce jeune officier, qui donnait les plus grandes espérances, a été blessé mortellement sur le pont de Montereau, où il était avec les tirailleurs. S'il meurt, et le rapport des chirurgiens donne peu d'espoir, il mourra du moins accompagné des regrets de toute l'armée; mort digue d'envie, et bien pre

férable à l'existence pour tout militaire qui ne le conserverait qu'en survivant à sa réputation, et en étouffant les sentimens que doivent lui inspirer dans ces grandes circonstances la défense de la patrie et l'honneur du nom Français.

Le palais de Fontainebleau a été conservé. Le général autrichien Hardeck, qui est entré dans la ville, y avait placé des sentinelles pour le défendre des excès des Cosaques qui sont cependant parvenus à piller des portiers et à enlever des couvertures dans les écuries. Les habitaus ne se plaignent point des Autrichiens; mais de ces Tartares, monstres qui deshonorent le souverain qui les emploie et les armées qui les protègent. Ces brigands sout couverts d'or et de bijoux. On a trouvé jusqu'à huit et dix montres sur ceux que les soldats et les paysans ont tués: ce sout de véritables voleurs de grands chemins.

L'empereur a rencontré dans sa marche les gardes nationales de Brest et de Poitou. Il les a passées en revue: "Montrez, leur a-t-il dit, de quoi sont capables les hommes de l'Ouest; ils furent de tout tems les fidèles défenseurs de leur pays, et les plus fermes appuis de la monarchie."

S. M. a passé la nuit du 19 au château de Surville, situé sur les hauteurs de Montereau.

Les habitans se plaignent beaucoup des vexations du prince royal de Wurtemberg.

Ainsi, l'armée de Schwarzenberg se trouve entamée par la défaite de Kleist, ce corps en ayant toujours fait partie; par la défaite de Wittgenstein; par celle du corps bavarois, de la division wurtembergeoise et du corps du général Bianchi.

L'empereur a accordé aux trois divisions de la vieille garde à cheval 500 décorations de la légion d'honneur. Il en a accordé également à la vieille garde à pied. Il en a donné 100 à la cavalerie du général Treilhard, et un pareil nombre à celle du général Milhaud.

On a recueilli une grande quantité de décorations de SaintGeorges, de Saint-Wladimir, de Sainte-Anne, prises sur les hommes qui couvrent les différens champs de bataille.

Notre perte dans les combats de Nangis et Montereau ne s'élève pas à plus de quatre cents hommes tués ou blessés, ce qui, quoique invraisemblable, est pourtant l'exacte vérité.

La ville d'Epernay ayant eu connaissance des succès de notre armée, a sonné le tocsin, barricadé ses rues, refusé le passage à une colonne de 2000 hommes et fait des prisonniers. Que cet exemple soit imité partout, et il est à présumer que bien peu d'hommes des armées ennemies repasseront le Rhin.

Les villes de Guise et de Saint-Quentin ont aussi fermé leurs portes et déclaré qu'elles ne les ouvriraient que s'il se présentait devant elles des forces suffisantes et de l'infanterie. Elles n'out pas fait comme Reims qui a eu la faiblesse d'ouvrir ses portes

à 150 Cosaques et qui, pendant huit jours les a complimentés et bien traités. Nos annales conserveront le souvenir des populations qui ont manqué à ce qu'elles devaient à elles-mêmes et à l'honneur. Elles exalteront au contraire celles qui, comme Lyon, Châlons-sur-Saône, Tournus, Sens, Saint-Jean-de-Losnes, Vitry, Châlons-sur-Marne, ont payé leurs dettes envers la patrie, et se sont souvenues de ce qu'exigeait la gloire du nom français. La Franche-Comté, les Vosges et l'Alsace ne l'oublieront pas au moment du mouvement rétrograde des alliés. Le duc de Castiglione, qui a réuni à Lyon une armée d'élite, marche pour fermer la retraite aux ennemis.

24 Février, 1814.

Paris, le 23 Février.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes sur la situation des armées au 21 Février:

Le baron Marulaz, commandant à Besançon, écrit ce qui suit:

"Le 31 Janvier, l'ennemi a fait une attaque du côté de Bréguille, dans la nuit; il a fait jouer sur la ville deux batteries d'obusiers et de canons, et il a tenté une attaque sur le fort de Chandone: il a partout été repoussé aux cris de Vive l'Empereur! Il a perdu plus de 1200 hommes. Quelque part que l'ennemi se présente, nous sommes en mesure de le bien rece

voir."

Tous les Cosaques qui s'étaient répandus jusqu'à Orléans, se reploient en toute hâte. Partout les paysans les poursuivent, en prennent et en tuent un grand nombre. A Nogent, ces Tartares, qui n'ont rien d'humain, ont incendié des granges auxquel les ils mettaient le feu à la main. Les habitans étant sortis pour venir l'éteindre, les Cosaques les ont chargés et ont rallumé le feu. Dans un village de l'Yonne, les Cosaques s'amusant à incendier une belle ferme, le tocsin sonna, et les habitans en jettèrent une trentaine dans les flammes.

L'empereur Alexandre a couché le 17 à Bray; il avait fait marquer son quartier-général pour le jour suivant à Fontainebleau. L'empereur d'Autriche n'a pas quitté Troyes.

L'empereur Napoléon a eu le 20 au soir son quartier-général à Nogent.

Toute l'armée ennemie se dirige sur Troyes.

Le général Gérard est arrivé avec son corps et la division de cavalerie du général Roussel à Sens; il a son avant-garde à Villeneuve-l'Archevêque. L'avant-garde du duc de Reggio est à moitié chemin de Nogent à Troyes, à Châtres et à Mesgrigny; celle du duc de Tarente est à Pavillon. Le duc de Raguse est à Sézanne, observant les mouvemens du général Witzingerode, qui, ayaut quitté Soissons, s'est porté par Reims sur Châlons,

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