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la Westphalie, comme une amie, une alliée de la France qui ne voulait rien que la paix, qui ne désirait rien pour elle-même; il les engageait à ne pas faire des armemens inutiles, à ne pas donner à la France des secours qui seraient sans objet, puisqu'il ne s'agissait pas de se battre, mais de faire la paix, puisque l'Autriche aurait 150,000 hommes sous les armes pour les mettre daus la balance contre celui des deux partis qui voudrait continuer la guerre. Ces insinuations ne pouvaient imposer, un moment, qu'aux cabinets assez peu éclairés pour croire au désintéressement du cabinet autrichien.

Mais les batailles de Lutzen et de Wurschen, plus encore que les désastres de Novembre et de Décembre, étonnèrent ceux qui avaient si mal jugé des moyens de la France et si peu prévu les événemens; peut-être eussent-ils vou!u revenir sur leurs pas, mais le cabinet était engage; il s'efforça d'attribuer les nouvelles victoires à des causes indépendantes de la force des armées françaises; toutefois, sa marche devint incertaine, il avança les prétentions les plus contradictoires, il voulait être allié de la France en mettant en réserve toutes les clauses du traité de l'alliance, il voulait être médiateur et rester lié à nos ennemis.

On lui répondit: que l'Autriche était maîtresse de renoncer à l'alliance; que la France ne serait pas blessée, mais qu'elle ne voulait pas de ces moyens-termes, ressource commune de l'irrésolution et de la faiblesse. On accepta l'ouverture d'un congrès, quoique l'on prévit qu'il n'aurait pas de résultat prompt pour la guerre actuelle, mais comme moyen de tenir ouvertes des négociations qui conduiraient un jour à la paix.

Je n'exposerai point ici de quelle manière le cabinet de Vienne exerça la médiation de l'Autriche. Je ne m'appesantirai › pas davantage sur les détails du congrès de Prague, il n'a point existé. (Voyez la Notice D.)

Après les batailles de Lutzen et de Wurschen, la Russie et la Prusse auraient été sincèrement disposées à traiter, si elles n'avaient pas eu l'espérance d'entraîner l'Autriche dans leur querelle et de rejetter sur elle le fardeau de la guerre. Tel est le cercle vicieux dans lequel le cabinet de Vienne a placé l'Europe; il prétendait porter nos ennemis à la paix, et en se liant avec eux, en prenant sur lui-même la plus grande partie des chanches, des dangers, des sacrifices, il les encourageait à la guerre ; il croyait conduire les puissances, il était mené par elles; elles le poussaient à la guerre pour leur seul intérêt. La Russie avait espéré, en soulevant les peuples de la Vistule au Rhin, élever entr'elle et nous une barrière de désordre et d'anarchie: Cette tentative ayant été sans succès, un autre moyen s'est offert, elle l'a saisi, elle a précipité l'Autriche dans la guerre.

Le cabinet Autrichien pouvait penser sérieusement, après les fréquentes épreuves qu'il a faites de la puissance des armées françaises, à nous rejeter en quelques mois dans nos anciennes

Et S. M. l'empereur d'Autriche, etc., le prince Charles de Schwarzenberg, duc de Krumau, etc.;

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins-pouvoirs respectifs, sont convenus des articles suivans:

Art. 1er. Il y aura à perpétuité, amitié, union et alliance entre S. M. l'empereur des Français, etc. etc., et S. M. l'empereur d'Autriche, etc. En conséquence les hautes parties contractantes apporteront la plus grande attention à maintenir. la bonne intelligence si heureusement établie entr'elles, leurs états et sujets respectifs, à éviter tout ce qui pourrait l'altérer, et à se procurer en toute occasion leur utilité, honneur et avantages mutuels.

2. Les deux hautes parties contractantes se garantissent réciproquement l'intégrité de leurs territoires actuels.

3. Par une suite de cette garantie réciproque, les deux hautes parties contractantes travailleront toujours de concert aux mesures qui leur paraîtront les plus propres au maintien de la paix ; et dans le cas où les états de l'un ou de l'autre seraient menacés d'une invasion, elles emploieraient leurs bons offices les plus efficaces pour la prévenir.

Mais comme ces bons offices pourraient ne point avoir l'effet désiré, elles s'obligent à se secourir mutuellement, dans le cas où l'une ou l'autre viendrait à être attaquée ou menacée.

4. Le secours stipulé par l'article précédent sera composé de trente mille hommes, dont 24,000 d'infanterie et 6,000 de cavalerie, constamment entretenus au grand complet de guerre, et d'un attirail de soixante pièces de canon.

5. Ce secours sera fourni à la première réquisition de la partie attaquée ou menacée. Il se mettra en marche dans le plus court délai possible, et au plus tard avant l'expiration des deux mois qui suivront la demande qui en aura été faite.

6. Les deux hautes parties contractantes garantissent l'intégrité du territoire de la Porte Ottomane en Europe.

7. Elles reconnaissent et garantissent également les principes de la navigation des neutres, tels qu'ils ont été reconuus et consacrés par le traité d'Utrecht.

S. M. l'empereur d'Autriche renouvelle, autant que besoin est, l'engagement d'adhérer au systême prohibitif contre l'Angleterre pendant la présente guerre maritime.

8. Le présent traité d'alliance ne pourra être rendu public, ni communiqué à aucun cabinet, que de concert entre les deux hautes parties.

9. Il sera ratifié, et les ratifications en seront échangées à Vienne, dans un délai de quinze jours, ou plus tôt si faire se peut.

Fait et signé à Paris, le 14 Mars, 1812.

Articles séparés et sécrets.

Art. 1er. L'Autriche ne sera point tenue de fournir le secours stipulé par l'art. 4 du traité patent, dans les guerres que la France soutiendrait, ou contre l'Angleterre, ou au-delà des Pyrénées.

2. Si la guerre vient à éclater entre la France et la Russie, l'Autriche fournira ledit secours stipulé par les articles 4 et 5 du traité de ce jour. Les régimens qui doivent le former, seront dès à présent inis en marche et cantonnés de manière qu'à dater du 1er Mai, ils puissent, en moins de quinze jours, être réunis sur Lemberg.

Ledit corps de troupes sera pourvu d'un double approvisionnement de munitions d'artillerie, ainsi que des équipages militaires nécessaires au transport de vingt jours de vivres.

3. De son côté, S. M. l'empereur des Français fera toutes ses dispositions pour pouvoir opérer contre la Russie, à la même époque, avec toutes les forces disponibles.

4. Le corps de troupes fourni par S. M. l'empereur d'Autriche sera formé en trois divisions d'infanterie et une division de cavalerie, commandé par un général autrichien au choix de S. M. l'empereur d'Autriche.

Il agira sur la ligne qui lui sera prescrite par S. M. l'empereur des Français, et d'après ses ordres immédiats.

Il ne pourra toutefois être divisé; il formera toujours un corps distinct et séparé.

Il sera pourvu à sa subsistance en pays ennemi, suivant le même mode qui sera établi pour le corps de l'armée française, sans rien changer toutefois au régime et aux usages de détails établis par les réglemens militaires de l'Autriche pour la nourriture des troupes.

Les trophées et le butin qu'il aura faits sur l'ennemi lui appartiendront.

5. Dans le cas où, par suite de la guerre entre la France et la Russie; le royaume de Pologne viendrait à être rétabli, S. M. l'empereur des Français garantira spécialement, comme elle garantit dès à présent à l'Autriche, la possession de la Gallicie.

6. Si, le cas arrivant, il entre dans les convenances de l'em pereur d'Autriche de céder, pour être réunie au royaume de Pologne, une partie de la Gallicie en échange des provinces Illyriennes, S. M. l'empereur des Français s'engage, dès à présent, à consentir à cet échange. La partie de la Gallicie à céder sera déterminée d'après la base combinée de la population, de l'étendue, des revenus, de sorte que l'estimation des deux objets de l'échange ne soit pas réglée par l'étendue du territoire seulement, mais par sa valeur réelle.

7. Dans le cas d'une heureuse issue de la guerre, S. M. l'empereur des Français s'engage à procurer à S. M. l'emGGG

TOME V.

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pereur d'Autriche, des indemnités et aggrandissemens de territoire qui non-seulement compensent les sacrifices et charges de la coopération de Sadite Majesté dans la guerre, mais qui soient un monument de l'union intime et durable qui existe entre les deux souverains.

8. Si, en haine des liens et engagemens contractés par l'Au triche envers la France, l'Autriche était menacée par la Russie, S. M. l'empereur des Français regardera cette attaque comme dirigée contre lui-même, et commencera immédiatement des hostilités.

9. La Porte Ottomane sera invitée à accéder au traité d'alliance de ce jour.

10. Les articles ci-dessus resteront secrets entre les deux puis

sances.

11. Ils auront la même force que s'ils étaient insérés dans le traité d'alliance, et ils seront ratifiés, et les ratifications échangées dans le même lieu et à la même époque que celles du dit traité.

Fait et signé à Paris, le 14 Mars, 1812.

N. 2.

Copie d'une lettre de M. le prince de Schwarzenberg à M. le comte de Neipperg, ministre d'Autriche à Stockholm.

Paris, le 14 Mars, 1812.

Je profite d'une occasion que m'offre M. le duc de Bassane pour vous informer, avant que vous ne puissiez en être instruit par notre ministère, que les nœuds d'amitié et de famille qui existent entre notre cour et celle de France, viennent d'être renforcés aujourd'hui par un lien qui devait en être une suite naturelle pour établir d'une manière solennelle des relations d'intimité et de confiance entre les deux empires. Ce grand événement politique acquiert un intérêt d'autant plus majeur dans un moment où une guerre dans le nord est près de s'allumer. Notre auguste maître ayant jugé de sa sagesse, et conforme à son systême, d'agir dans le plus parfait concert avec la France, après avoir épuisé vainement toutes les démarches tendantes à la conservation de la paix sur le Continent, auprès du cabinet de Saint-Pétersbourg, va se trouver dans le cas de jouer un rôle actif, dans une cause qui est devenue désormais la sienne.

Dans un état de choses où tous les moyens doivent être dirigés vers le but commun, vous ne pouvez servir plus essentiellement les intérêts de notre auguste maître, qu'en employant le crédit dont je sais que vous jouissez auprès du gouvernement où vous êtes accrédité, pour le lier à une cause à laquelle un souvenir récent et pénible, ainsi que la perspective favorable de l'effacer pour jamais en récuperant une portion aussi essen

tielle de la monarchie, que la Finlande, doit imprimer un caractère national tout particulier à la Suède.

Comme il serait possible que cette lettre vous trouvât sur le Continent, où je suppose que vous aviez le projet de vous rendre, je ne puis que vous recommander, de ne vous point désaisir dans aucun cas possible de ma lettre même, mais d'agir avec tout votre savoir-faire dans le sens de l'invitation qu'elle contient; car vis-à-vis d'un militaire éclairé, tel que vous, M. le comte, je n'entreprendrai pas d'énumérer les avantages impor tans qui résulteraient en faveur des armées alliées d'une divers sion dans l'extrémité du Nord, conduite par un capitaine habile et expérimenté.

B.

Pièces relatives au corps auxiliaire.

Le corps auxiliaire parvenu à Slonim, le 12 Novembre, 1812, changea tout-à-coup sa ligne d'opérations, revint sur le Bug et facilita ainsi l'arrivée de l'amiral Tchitschakoff à Minsk, 24 heures avant l'armée française. Depuis cette époque, le corps auxiliaire ne cessa plus d'être en rapports journaliers avec l'ennemi. Vers le commencement de Janvier, une entrevue fut proposée au prince de Schwarzenberg par le général Wassihzikow, aide-de-camp de l'empereur de Russie; elle fut acceptée et devait avoir lieu entre Ostrolenka et Tykocin: un accident em pêcha le général russe de s'y trouver. Il fut remplacé par le conseiller d'état d'Anstedt, le même qui a figuré depuis comme plénipotentiaire de Russie à Prague, et la conférence se tiut à Varsovie. Tout ce qui se passa, à dater de ce moment, entre le corps autrichien et le corps russe, fut la suite d'un concert parfait. Le corps autrichien se retirant de station en station, abandonna successivement à l'ennemi tout le territoire du duché de Varsovie, refusa de concourir aux opérations de l'armée française, tandis que le cabinet autrichien déclarait que ce corps ne cessait pas d'ètre aux ordres de l'empereur. (V. No. 1, dépêche communiquée par le comte de Bubna). I conelut sécrètement un armistice avec l'ennemi, le dissimula long-tems, et ne convint enfin de son existence qu'au moment où le général Frimont aunonça que l'armistice était rompu, fit connaître la résolution de rentrer sur le territoire autrichien, et la convention conclue avec la Saxe (V. N°. 2, le texte de cette convention) sans que le gouvernement français en eût aucune connaissance, pour renvoyer désarmé sur les derrières de l'armée française, le corps polonais, dont la présence dans une partie de la Pologne causait de vives inquiétudes à la Russie.

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