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2 Octobre, 1813.

Paris, le ler Octobre.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de l'armée au 26 Septembre:

L'empereur a passé les journées du 19 et du 20 à Pirna. S. M. y a fait jeter un pont, et établir une tête de pont sur la rive droite.

Le 21, l'empereur est venu coucher à Dresde; et le 22, il s'est porté à Hartau: il a sur-le-champ fait déboucher au-delà de la forêt de Bischoffswerda, le 11e corps commandé par le duc de Tarente, le 5e corps commandé par le général Lauriston, et le se corps commandé par le général Souham.

L'armée ennemie de Silésie qui s'était portée: la droite commandée par Sacken sur Camenz, la gauche commandée par Langeron sur Neustadt aux débouchés de la Bohême, et le centre commandé par Yorck sur Bischoffswerda, se mit sur-le-champ en retraite de tous côtés. Le général Girard, commandant notre avant-garde, la poussa vivement et lui fit quelques prisonniers. L'ennemi fut mené battant jusqu'à la Sprée. Le général Lauriston entra dans Neustadt.

L'ennemi refusant ainsi la bataille, l'empereur est revenu le 24 à Dresde, et a ordonné au duc de Tarente de prendre la position sur les hauteurs de Weissig.

Le 8e corps, commandé par le prince Poniatowski, a repassé sur la rive gauche.

Le comte de Lobau avec le 1er corps occupe toujours Gieshubel.

Le maréchal Saint-Cyr occupe Pirna et la position de Borna. Le duc de Bellune occupe la position de Freyberg.

Le duc de Raguse, avec le 6e corps, et la cavalerie du général Latour-Maubourg, était au-delà de Grossenhayn. Il avait repoussé l'ennemi sur la rive droite, au-delà de Torgau, pour faciliter le passage d'un convoi de 20 inille quintaux de farine qui remontait l'Elbe sur des bateaux, et qui est arrivé à Dresde. Le duc de Padone est à Leipsick, le prince de la Moskowa entre Vittenberg et Torgau.

Le général comte Lefebvre-Desnouettes était, avec 4,000 chevaux, à la suite du transfuge Thielmann. Ce Thielmann est Saxon, et comblé des bienfaits du roi. Pour prix de tant de bienfaits, il s'est montré l'ennemi le plus irréconciliable de son foi et de son pays. A la tête de 3,000 coureurs, partie Prussiens, partie Cosaques et Autrichiens, il a pillé les haras du roi, levé partout des contributions à son profit, et traité ses compatriotes avec toute la haine d'un homme qui est tourmenté par le erime. Ce transfuge, décoré de l'uniforme de lieutenant-géné ral russe, s'était porté à Naumbourg, où il n'y avait ni com. mandant ni garnison, mais où il avait surpris trois ou quatre

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cents malades. Cependant le général Lefebvre-Desnouettes l'avait rencontré à Freyberg le 19, lui avait repris les trois a quatre cents malades que ce misérable avait arrachés de leurs lits, pour s'en faire un trophée, lui avait fait quelques centamés de prisonniers, pris quelques bagages, et repris quelques voitures dont il s'était emparé. Thielmann s'était alors réfugie sur Zeitz, où le colonel Munsdorff, partisan autrichien qui parcourait le pays, s'était réuni à lui: le général comte LefebvreDesnouettes les a attaqués le 24, à Altenbourg, les a rejetes en Bohème, leur a tué beaucoup de monde, entr'autres un prince de Hohenzollern et un colonel.

La marche de Thielmann avait apporté quelques retards dans les communications d'Erfurth et de Leipsick.

L'armée ennemie de Berlin paraissait faire des préparatifs pour jeter un pont à Dessau.

Le prince de Neuchâtel est malade d'une fièvre bilieuse; il garde le lit depuis plusieurs jours.

S. M. ne s'est jamais mieux portée.

4 Octobre, 1813.

Nuremberg, le 24 Septembre.

Nous avons reçu par l'Erzgebirg saxon, des nouvelles assez détaillées de la Bohême. Nous allons en donner un résumé. L'armée autrichienne a bien de la peine à se refaire des pertes sanglantes qu'elle a essuyées devant Dresde; il paraît même impossible qu'elle se remette en ligne le reste de la campagne. Des corps entiers ont été écrasés, d'autres faits prisonniers; elle ne présente plus d'ensemble. Les régimens qui ont le plus souffert ont été renvoyés sur les derrières; on a fait venir, pour les remplacer, les garnisons de différentes places. Le grand quartier-général est à Toeplitz; le prince de Schwarzenberg s'y trouve de sa personne; l'empereur d'Autriche y vient souvent. On fatigue les troupes à force de manœuvres, parce qu'il y a beaucoup d'hommes de la landwehr. Un corps assez nombreux occupe le cercle de Saatz; ce corps a son quartier-général à Commotau.

L'armée russe et prussienne en Bohême est sous les ordres du général en chef Barclay de Tolly. Elle occupe la partie méridionale du cercle de Lentmeritz; son avant-garde est commandée par le général comte de Wittgenstein. Elle a manœuvré dans les montagnes, mais avec si peu de succès, que non-seule ment elle a perdu les défilés qui mènent en Saxe, et qui ont facilité l'attaque du mois d'Août, mais encore les défilés qui s'ouvrent sur la Bohême; de manière que les Français tiennent maintenant les alliés en échec, et pourront pénétrer dans ce royaume quand ils le jugeront convenable. Le prince de Wurtemberg,

qui commande le corps russe le plus avancé, a fait d'inutiles efforts pour reprendre les débouchés des montagnes; il a perdu beaucoup de monde, et n'a pu déloger les Français.

L'armée alliée de Silésie a suivi le mouvement fait par le corps du maréchal duc de Tarente dans la Haute-Lusace. Le quartier-général du général Blucher se trouvait dernièrement dans les environs de Gorlitz.

Une route militaire a été établie pour communiquer de Bohême en Silésie; elle passe par Koeniggratz sur les bords de l'Elbe.

Le nombre des agens anglais près de l'armée alliée augmenté tous les jours. Les Anglais ont une telle peur de voir la coalition se dissoudre, qu'ils emploient tous les moyens imaginables de séduction près des généraux, des ministres des puissances.

Les lettres du Haut-Palatinat n'apprennent rien de nouveau. On avait dit qu'un détachement autrichien était entré dans cette province; cela ne s'est pas confirmé ; il paraît même qu'il n'y a de ce côté que ce qu'il faut de troupes autrichiennes pour garder les frontières.

Du côté d'Egra, les Autrichiens n'ont pas fait non plus de mouvemens, et presque toute la principauté de Bareuth est restée parfaitement tranquille, et n'a pas été inquiétée. C'est par les frontières saxonnes du Vogtland qu'ils font des irruptions en Saxe, et qu'ils se portent vers la Saale. On assure que quelquesuns des détachemens ennemis qui s'étaient trop aventurés, ont été détruits.

Au surplus, toutes les nouvelles s'accordent à dire que la Bohême est excessivement malheureuse: elle est épuisée d'hommes, d'argent et de vivres; les Russes la traitent presqu'en pays ennemi; ce sont des hôtes fort incommodes et qu'on ne peut accoutumer à une sévère discipline. Leurs Cosaques surtout ne connaissent que le pillage.

5 Octobre, 1813.

(Gazette de France.)

Paris, le 4 Octobre.

Le sénat s'est assemblé aujourd'hui, 4 Octobre, à midi, sous la présidence de S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire, qui a été reçu suivant les formes d'usage.

S. A. S. ayant pris place, a ouvert la séance et a dit :

"Messieurs,

"J'apporte au sénat, d'après les ordres de S. M. l'empereur et roi, les pièces relatives à la guerre de l'Autriche et à celle de

la Suède.

"Cette communication, déterminée par les lois de l'état, et

par la volonté du souverain, n'a été retardée que par des acci dens imprévus.

"Des explications sur de si grands intérêts, n'ajouteraient rien à la conviction que vous puiserez dans la connaissance des faits, qui seuls instruisent, et que les raisonnemens ne suppléent pas.

"Il est cependant, Messieurs, une circonstance sur laquelle je m'arrête, et qui n'échappera ni à votre sagesse, ni aux regards de l'Europe.

"La continuation de la guerre est contraire au vœu de S. M. "Elle a tout fait pour empêcher la reprise des hostilités; et lors même que l'espérance d'un rapprochement était perdue, vous verrez que l'empereur a manifesté le désir qu'un congrès pût se réunir encore et travaillât sérieusement à concilier les in térêts des puissauces belligérantes."

S. A. S. ayant cessé de parler, un de MM. les secrétaires a donné lecture des pièces officielles ci-après.

Après cette communication, le sénat, sur la proposition de S. Exc. M. le comte de Lacépède, président annuel, a délibéré de faire à S. M. l'empereur et roi, une adresse de remercîment, et a chargé le bureau de la rédiger.

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Votre Majesté, par un traité signé à Fontainebleau, le 31 Ŏctobre, 1807, avec S. M. le roi de Danemarck, a garanti à ce souverain l'intégrité et l'indépendance de ses états.

Quoique ces engagemens fussent connus de la Suède, elle offrit, en 1812, de faire cause commune avec la France, dans la guerre qui se préparait contre la Russie, si V. M. consentait à lui garantir l'acquisition de la Norwège qu'elle convoitait, sans autres droits, sans autres titres que sa convenance. V. M. regarda cette proposition comme un outrage. Aucune considération ne pouvait la porter à trahir les intérêts de son alliée.

La Suède fut chercher ailleurs un appui que V. M. refusait à son ambition. Elle se joignit à vos ennemis pour dépouiller votre allié; elle offrit à la Russie, pour prix des bons offices ou de l'emploi des forces qui devaient lui assurer l'acquisition de la Norwége, de prendre part à la guerre contre la France. Un article spécial du traité signé à Pétersbourg, le 24 Mars, 1812, détermina que, dans le cas où le Danemarck consentirait à la cession de la Norwége, il lui serait accordé des indemnités qui ne pourraient être prises que sur le territoire français.

Ces engagemens sans exemple dans les annales des peuples sont devenus communs à l'Angleterre, et, par une transaction

du 3 Mai dernier, cette puissance a accédé aux conventions déjà existantes entre la Russie et la Suède, et a garanti la réunion de la Norwége aux états de S. M. Suédoise, comme partie intégrante de son royaume.

Par ces deux traités, la Suède s'est mise en état de guerre contre V. M.

Mais déjà depuis long-tems, elle avait violé le traité de paix du 6 Janvier, 1810. Mettant en oubli les conditions généreuses que V. M. lui avait accordées, méconnaissant l'obligation qu'elle avait contractée, pour prix de la restitution de la Pomeranie suédoise, de fermer les ports au commerce anglais, elle les lui avait ouverts dès la même année; ils devinrent de véritables colonies anglaises. Des consuls britanniques y avaient leur résidence, et quoique la Suède eût déclaré la guerre à l'Angleterre, les flottes et les convois de cette puissance entraient librement et séjournaient dans ses rades. Les denrées coloniales et les marchandises anglaises s'accumulaient dans les ports, pour être transportées en Pomeranie, et de là inonder le Continent.

Ce n'était point assez pour la Suède: elle en vint à des voies de fait contre les sujets de V. M.; ils furent assassinés dans le port de Stralsund, sans qu'il fût possible d'obtenir une réparation suffisante de cet attentat. Des bâtimens portant le pavillon de V. M. furent maltraités en pleine mer par des vaisseaux de la marine de Suède. L'un d'eux, le Mercure, attaqué de vive force dans le Sund, par le brick de guerre le Venta-Litle, fut conduit dans un port suédois, où son équipage fut jeté dans les fers.

Toutes les représentations du gouvernement de V. M. ayant été inutiles, elle ordonna que la Pomeranie füt occupée jusqu'au moment où la Suède aurait donné les satisfactions qu'elle devait à la dignité de votre couronne. V. M. regrettait d'user de rigueur envers une nation qu'elle estime, et qui, pendant près de deux cents ans, avait suivi le systême de la France.

Ces dispositions, Sire, qui n'avaient eu pour objet que de rappeler à de plus justes sentimens un ami qui méconnaissait ses obligations, se trouvèrent frapper un ennemi déjà engagé contre nous. C'est en exécution de ces engagemens dont je viens de mettre les principales stipulations sous les yeux de V. M., que les troupes suédoises, au commencement de cette campagne, ont osé envahir le territoire français.

V. M., par un nouveau traité avec le Danemarck, resserrant les liens qui l'attachaient à cette puissance, et s'unissant plus étroitement à sa cause, a pris l'engagement réciproque de déclarer la guerre à la Suède.

Je propose à V. M. de faire publier l'état de guerre entre la France et la Suède, et d'ordonner en même tems que le traité du 10 Juillet dernier, conclu entre la France et le Danemarck,

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