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du Roi, de MONSIEUR, et des alliés. Elles furent d'abord écoutées en silence; bientôt de nouvelles lectures furent suivies du cri de vive le Roi! poussé par un petit nombre de personnes, puis par un plus grand, et à la fin par la foule elle-même. Alors les royalistes se réunissent. Précédés de drapeaux blancs faits à la hâte, mais ornés du véritable écu de France, ils parcourent les boulevards, les rues et les places adjacentes, faisant retentir l'air de leurs acclamations, auxquelles, de toutes parts, les femmes répondent avec enthousiasme. Le tyran qui leur enlevait les objets de leurs plus chères affections, était abattu, et tout faisait présumer qu'il ne se relèverait jamais.

Ce fut au milieu de cette ivresse que les ínonarques alliés firent leur entrée dans Paris. A leur aspect, les transports redoublent; chacun cherche à contempler de plus près les libérateurs de l'Europe, devenus, comme par miracle, les libérateurs de la France. L'expression de la joie publique n'est interrompue que pour maudire celui qui a fait des Français abusés les instruments de son ambition et de ses fureurs. On en demande la déchéance, ou plutôt on la pronouce réellement, en confondant les cris de vive. Alexandre! vive Frédéric Guillaume! vive Louis XVIII! vivent les Bourbons! Des

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souverains légitimes ne pouvaient repousser un pareil voeu, un vou dont l'accomplissement devait concilier les intérêts de l'Europe entière. Il fut donc promptement exaucé. A peine entrés dans Paris, les souverains alliés déclarèrent qu'ils ne traiteront plus avec Napoléon Buonaparte, ni avec aucun membre de sa famille. Bientôt un gouvernement provisoire est institué par ce même sénat qui avait tant secondé la tyrannie, mais qui, en voyant la chute assurée, craignit de la partager, et se flatta même de transformer en une autorité réelle l'ombre de pouvoir dont il avait joui sous le prétendu gouvernement impérial.

Cependant Napoléon, rentré à Fontainebleau, n'avait pas encore perdu l'espérance. Il avait même résolu de conduire son armée jusqu'à Paris, et de livrer bataille sous les murs de cette capitale. La retraite du corps entier du maréchal Marmont, qui, le premier, écoutaut la voix de la patrie, donna son adhésion aux actes du gouvernement provisoire, ne le détourna pas de ce dessein. Il était même prêt à se mettre en marche, lorsqu'il apprit que sa déchéance avait été prononcée la veille, 3 avril, par le sénat. Aussitôt il exhale sa fureur par l'ordre du jour suivant :

« L'empereur remercie l'armée pour l'atta

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> chement qu'elle lui témoigne, et principale»ment parce qu'elle reconnaît que la France » est en lui, et non pas dans le peuple de la ca» pitale. Le soldat snit la fortune et l'infortune » de son général, son honneur et sa religion. » Le duc de Raguse (le maréchal Marmont) » n'a pas inspiré ces sentiments à ses compa»gnons d'armes; il est passé aux alliés. L'em» pereur ne peut approuver la condition sous » laquelle il a fait cette démarche; il ne peut » accepter la vie ni la liberté de la merci » d'un sujet. Le sénat s'est permis de disposer » du gouvernement français; il a oublié qu'il » doit à l'empereur le pouvoir dont il abuse » maintenant; que c'est lui qui a sauvé une » partie de ses membres de l'orage de la révo» lution, tiré de l'obscurité et protégé l'autre » contre la haine de la nation. Le sénat se » fonde sur les articles de la constitution pour » la renverser; il ne rougit pas de faire des re» proches à l'empereur; sans remarquer que, » comme le premier corps de l'État, il a prist » part à tous les événements. Il est allé si loin, » qu'il a osé accuser l'empereur d'avoir chan» gé des actes dans la publication (1). Le monde

(1) Le considérant du décret de déchéance portait entr'autres griefs, que des actes et rapports entendus par le sénat,

» entier sait qu'il n'avait pas besoin de tels ar»tifices: un signe de tête était un ordre pour » le sénat, qui, toujours, faisait plus qu'on ne » desirait de lui. L'empereur a toujours été » accessible aux sages remontrances de ses » ministres; et il attendait d'eux, dans cette » circonstance, la justification la plus indé» finie des mesures qu'il avait prises. Si l'en>thousiasme s'est mêlé dans les adresses et » discours publics, alors l'empereur a été trom» pé; mais ceux qui ont tenu ce langage doi» vent s'attribuer à eux-mêmes la suite funeste » de leurs flatteries. Le sénat ne rougit pas » de parler des libelles publiés contre les gou» vernements étrangers; il oublie qu'ils furent » rédigés dans son sein. Si long-temps que la » fortune s'est montrée fidèle à leur souverain, » ces hommes sont restés fidèles, et nulle » plainte n'a été entendue sur les abus du pou» voir. Si l'empereur avait méprisé les hommes, » comme on le lui a reproché, alors le monde » reconnaîtrait aujourd'hui qu'il a eu des rai» sons qui motivaient son mépris. Il tenait sa di» gnité de Dieu et de la nation (1); eux seuls

avaient subi des altérations dans la publication qui en avait été faite.

(1) Si Dieu a permis que Napoléon régnât sur la France,

» pouvaient l'en priver: il l'a toujours consi» dérée comme un fardeau'; et lorsqu'il l'ac» cepta, ce fut dans la conviction que lui seul » était à même de la porter dignement. Son » bonheur paraissait être sa destination. Au»jourd'hui, que la fortune s'est décidée contre » lui, la volonté de la nation seule pourrait le » persuader de rester plus long-temps sur le » trône. S'il se doit considérer comme le seul » obstacle à la paix, il fait volontiers ce der» nier sacrifice à la France: il a en conséquence » envoyé le prince de la Moskowa et les ducs » de Vicence et de Tarente à Paris, pour en» tamer des négociations. L'armée peut être » certaine que son honneur ne sera jamais en » contradiction avec le bonheur de la France.

Le motif pour lequel les négociateurs nommés par Napoléon avaient été envoyés à Paris, était la proposition qu'il faisait d'abdiquer en faveur de son fils. Elle fut rejetée, quoique, selon plusieurs rapports, on ait eu un moment l'inquiétude qu'elle ne fût acceptée. Enfiu, après beaucoup d'hésitation, Napoléon se vé

c'est qu'il ne la jugeait pas encore assez châtiée. Quant à la nation, il serait plus facile de prouver son opposition que son adhésion aux actes qui ont fait monter l'usurpateur sur le trône. Buonap. 39

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