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lementaires, envoyés par le corps municipal, annoncèrent, aux avant-postes des alliés, que la ville demandait à capituler. L'empereur Alexandre et le roi de Prusse n'attendaient que ce signal pour arrêter l'effusion du sang. On convint donc facilement d'une suspension d'armes, pendant laquelle on régla les articles de la capitulation. Lorsqu'elle fut signée, les deux monarques, transportés d'une joie vive et pure, se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, en s'écriant: « La cause de l'humanité est ga» gnée (1)!

Cependant, M. de Langeron, qui n'était pas encore instruit de l'armistice, attaquait Montmartre. Son infanterie fut repoussée plusieurs fois. A la fin, elle escalada les hauteurs au pas de charge; elle en culbuta quelques compagnies de ligne soutenues par des gardes natio

(1) Ce ne fut pas toutefois le dernier sang versé dans cette guerre, sans parler de l'attaque de Sens, qui ne dut son salut qu'au dévouement courageux d'une dame de cette ville; le maréchal Soult, poursuivi par le duc de Wellington, livra, le 10 avril, sous les murs de Toulouse, une bataille qui coûta vingt mille hommes à l'humanité, sans qu'il pût en résulter aucun avantage pour l'un ou pour l'autre parti.

Le 11 janvier précédent, Napoléon avait conclu un traité de paix avec le roi d'Espagne, Ferdinand VII, qu'il avait fait aussitôt reconduire jusqu'à la frontière de ses états. Le 23 du même mois, le pape avait quitté Fontainebleau pour retourner en Italie.

nales et prit sept pièces de canon. Il n'y en avait pas davantage pour défendre ce poste important. «Quand les armées ennemies se» raient campées sur les hauteurs de Montmar» tre, pas un village des provinces réunies consti» tutionnellement à l'empire ne serait cédé, » avait dit Napoléon, il y avait un an, jour pour jour; et ce fut sur ces mêmes hauteurs que se termina cette bataille qui anéantit la puissance colossale qu'il avait mis quinze années à élever!

L'aile droite des Français fut à peine attaquée; on ne tira que deux ou trois coups de canon contre les postes qu'elle occupait.

La perte des alliés fut de sept à huit mille hommes, et celle des Français de trois à quatre mille, parmi lesquels on compta cinq cents hommes de la garde nationale : perte d'autant plus sensible qu'il y avait, dans ce nombre, des pères de famille. Quant au lieutenant-général de Napoléon, on sait qu'il ne fut pas trouvé parmi les morts ni les blessés. Malgré la promesse qu'il avait faite de rester à son poste, il s'était retiré vers les onze heures du matin; mais, du moins, il avait autorisé les généraux à capituler.

Il avait été stipulé que les corps des maréchaux Mortier et Marmont évacueraient Paris, le 31 mars, à sept heures du matin. Cependant

leur mouvement de retraite commença le 30, dans la soirée. Les troupes étaient tristes sans être découragées, et elles annonçaient des dispositions très peu favorables pour les Parisiens, qu'elles accusaient de ne les avoir pas soutenues. Il fut impossible de leur faire comprendre que si un plus grand nombre d'hommes n'avaient pas pris les armes, c'était parce qu'ils n'en avaient point.

Napoléon était à trois lieues en arrière de Doulevant, lorsqu'il apprit que les diverses armées alliées, après avoir fait leur jonction, marchaient sur Paris. Il quitta Doulevant le lendernain 29, et porta son quartier-général à Troyes, où il passa douze heures à attendre sa garde. Il en partit le 30, à neuf heures du matin, et il arriva à Fontainebleau à neuf heures du soir. De là il continua sa marche vers Essone. A onze heures, un général qui allait lui annoncer la capitulation de Paris, le rencontra à un relais de poste, dit la Cour de France. A cette nouvelle, Napoléon demeure quelques instants comme un homme frappé de la foudre. Revenu à lui, il dit qu'il aurait mieux aimé qu'on lui eût percé le coeur d'un coup de poignard. Il demanda si la garde nationale s'était bien battue. Le général lui répondit qu'elle n'avait pas tiré un coup de fusil, ce qui était

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d'une fausseté insigne. Ah! les lâches! s'écria Buonaparte; ils me le paieront. Il ajouta qu'il se reprochait deux grandes fautes: l'une, de n'avoir pas brûlé Berlin; l'autre, de n'avoir pas brûlé Vienne. Il passa le reste de la nuit à la Cour de France; et le 31, au matin, il reprit le chemin de Fontainebleau.

Nous n'entreprendrons pas de retracer, dans son ensemble, la situation de Paris dans la jour née du 30 mars : du mouvement et cette sorte d'agitation que produit l'inquiétude, tels en furent les principaux traits. Pour exciter le peuple à une défense opiniâtre et irréfléchie, la police avait fait afficher et distribuer un placard dont le titre était : Nous laisserons-nous piller? Nous laisserons-nous brûler? De bous citoyens prirent sur eux d'arrêter la distribution de cet écrit incendiaire. Des misérables parcouraient tous les quartiers, annonçant que l'ennemi était repoussé à plus d'une lieue; que Napoléon arrivait à la tête de quatre-vingt mille hommes; et que le roi de Prussé, ayant été fait prisonnier, entrait à l'heure même dans Paris. Ce dernier mensonge servit uniquement à faire connaître que les deux monarques alliés étaient à la tête des troupes qui attaquaient lá capitale.

Lorsque le bruit de l'artillerie et de la mous

queterie eut cessé, et qu'on eut vu rentrer les troupes en silence, les moins clairvoyants purent juger du résultat de la journée. Cette ville qui, depuis le temps de Charles VII, n'avait point vu pénétrer d'armée étrangère dans son enceinte, ne devait donc pas tarder à recevoir les guerriers de ces peuples auxquels Napoléon, dans sa fureur, avait prodigué l'injure, et qu'il avait qualifiés de barbares du Nord. L'inquiétude fut d'autant plus vive que, soit négligence, soit prudence, on ne fit pas connaître officiellement la capitulation. Sur les sept heures du soir, toutes les maisons se fermèrent hermétiquement: plus de lumières que celles qui servent à éclairer les rues, où l'on ne rencontrait que quelques citoyens effrayés, qui se demandaient les uns aux autres ce qui allait arriver. Enfin Paris offrait le même aspect de désolation et d'effroi que le jour où le plus épouvantable des crimes y fut commis.

Le 31 au matin, on vit continuer la fuite des agents du gouvernement, qui se retiraient vers Blois, où la régente s'était établie. Mais, entre huit et neuf heures, un autre spectacle vint étonner les uns et consoler les autres. Au milieu de groupes formés sur les boulevards du nord, des hommes dévoués à la juste cause, firent lecture, à haute voix, des proclamations

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