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her l'Europe. Quel triomphe n'eût-ce pas été pour l'Angleterre, et quelle humiliation pour Napoléon, qui ne se croyait pas encore réduit à la subir?

Quant au reproche d'avoir refusé de traiter de la paix à Francfort, on peut répondre que rien ne prouve qu'on y ait posé réellement les bases d'une pacification. Il est probable que les alliés n'étaient pas disposés à perdre le fruit des avantages qu'ils venaient d'obtenir dans les plaines de Leipsick, et ils s'y fussent exposés en laissant respirer Napoléon. Ils devaient done poursuivre les opérations militaires, et il était alors impossible de défendre contre eux les départements de la rive gauche du Rhin. Ce fleuve une fois franchi par les alliés, rien n'était plus contraire à leurs intérêts les plus chers, que de le laisser pour limite à la France; et Napoléon ne pouvait y renoncer, même à l'époque du congrès de Châtillon. Il était impossible qu'il consentît à la réduction du territoire français, tel qu'il était lorsque le gouvernement avait été remis entre ses mains, ou plutôt qu'il s'en était emparé (1). Quel déchaînement une

(1) Si l'on objectait que S. M. a consenti à cette réduction, par le traité du 30 mai 1814, nous répondrions que sa position à, l'égard des Français, n'était pas la même que celle de

telle cession n'aurait-elle pas occasionné contre lui? Et qu'on ne dise pas qu'il aurait pureprendre un jour ce qu'on lui aurait enlevé. Leurs longs malheurs avaient prouvé aux principales puissances de l'Europe, qu'il n'y avait que leur union qui pût les soustraire à une ruine to tale. En conséquence, aucun espoir de rompre leur ligue ne pouvait rester à Napoléon. Sa plus grande faute, en politique, est donc de n'avoir pas su s'arrêter. Voilà ce qu'on doit lui reprocher sans cesse, et sa chute nous paraît en avoir été la suite inévitable.

Pour donner le change sur le revers qu'il venait d'essuyer devant Laon, Napoléon se porta rapidement vers Reims, dont les Russes s'étaient emparés. Arrivé devant cette ville, il se poste sur une hauteur, et ordonne les dispositions nécessaires pour une attaque générale. Un sourire cruel s'échappe alors de ses lèvres : « Dans une heure, dit-il, les dames de » Reims auront grand'peur. » Il se rendit maître de la ville; mais son aile gauche venait d'essuyer un grand échec à Bar-sur-Aube, et avait étéobligée de se replier en désordre sur Troyes.

Napoléon. Il suffira d'un mot pour le prouver. Le Roi n'avait point de reproche à se faire. Il pouvait donc céder à la loi impérieuse de la nécessité; et l'on doit même considérer comme conquis par lui, tout ce qu'on a recouvré de l'ancienne France®

Sa cause parut alors entièrement désespérée. On prétend qu'il songeait, depuis quelques jours, à se porter vers la Meuse, et à se renforcer par les garnisons de l'Alsace et de lå Lorraine, pour revenir tomber sur les derrières de l'armée autrichienne. Au commencement de ce mouvement, il écrivit à MarieLouise qu'il avait perdu l'espoir de couvrir Paris, et qu'il ne lui restait plus d'autre ressource que de chercher à attirer l'ennemi après lui, en s'éloignant de cette capitale. Cette dépêche fut interceptée par le maréchal Blücher; et aussitôt, loin de songer à le suivre, toute la grande armée des alliés, par un mouvement rapide, se porta sur Paris. Napoléon n'avait laissé, pour leur en barrer le chemin, que les deux divisions commandées par les maréchaux Mortier et Marmont, qui, réunies, ne s'élevaient pas à plus de douze mille hommes. Elles furent forcées au combat de Fère-Champenoise, et rejetées jusque sous les murs de la capitale. Toute l'armée combinée les suivant de près, y arriva elle-même le 29 mars, et tout se disposa pour livrer bataille le lendemain.

Comme on n'avait pu dissimuler entièrement aux Parisiens la marche de l'armée ennemie, on leur avait annoncé que ce n'était qu'une colonne égarée qui s'était portée vers Meaux. Cependant, le 27, on vit, avec terreur,

partir Marie-Louise et son fils. Napoléon avait envoyé, la veille, l'ordre de leur départ : « J'aimerais mieux, avait-il dit, les savoir au » fond de la Seine, que de les voir conduits à » Vienne en triomphe. » Cependant un ordre du jour de Joseph, son frère, qu'il avait créé son lieutenant - général, déclarait qu'il n'y avait rien à craindre, que Napoléon accourait au secours de la capitale, et que, quant à lui, il restait à Paris. Par bonheur, ce ne devait pas être pour long-temps.

Paris n'avait pour sa défense que les corps des maréchaux Marmont et Mortier, quelques régiments de vétérans, et sept à huit mille hommes de la garde nationale. Ces forces réunies composaient une armée qui n'allait guère que de vingt-six à vingt-huit mille hommes, parmi lesquels il n'y en avait que de dix-huit à vingt mille d'aguerris. Joseph en avait le commandement suprême. Les troupes françaises prirent une position défensive, le 29. Leur droite occupa les hauteurs de Belleville, de Mesnil-Montant et la butte Saint-Chaumont, et elle s'appuya sur Vincennes. Le centre fut porté entre le canal de l'Ourcq et Montmartre. La gauche s'étendit de Mousseaux à Neuilly.

Le 30 mars, entre trois et quatre heures du matin, le rappel des tambours tira de leur sommeil les citoyens, dont un grand nombre ne s'étaient pas attendus à ce réveil. La garde

nationale, quoiqu'irritée du départ de MarieLouise et de celui de tous les membres du gouvernement, qui s'étaient empressés de mettre aussi leurs personnes et leurs richesses à couvert, se rendit à ses postes avec célérité. Nombre de compagnies furent tirées hors des barrières; mais les généraux eurent la sagesse de ne les placer qu'en seconde ligne (1), uniquement pour présenter à l'ennemi l'apparence de colonnes plus fortes qu'elles ne l'étaient réelle

ment.

Ce fut contre l'aile droite des Français que l'ennemi dirigea l'attaque la plus vive. La défense fut opiniâtre; mais il fallut céder à la supériorité du nombre; et les positions que cette aile occupait furent abandonnées dans le cours de la matinée..

L'attaque du centre avait été confiée au feld-maréchal Blücher, qui, n'ayant reçu les ordres que fort tard, ne se mit en mouvement qu'à onze heures et qu'après avoir chargé le comte de Langeron de prendre ou bloquer Saint-Denis, de déloger d'Aubervilliers les troupes françaises qui occupaient ce village, et enfin de se porter par Clichy sur Montmartre. Blücher surmonta tous les obstacles. Il marchait vers les barrières, lorsque des par

(1) La garde nationale fournit cependant beaucoup de volontaires qui firent le service de tirailleurs.

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