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ment et les délogea. Secondés par les Autrichiens, ils revinrent à la charge près du village de la Rothière; et, à leur tour, ils forcèrent les Français à se retirer sur Troyes. Blücher se porta sur la Marne vers la mi-février, et occupa Château-Thierry et la Ferté-sousJouarre. Ses troupes légères se montrèrent même aux portes de Meaux, tandis que la grande armée, commandée par les souverains en personne, s'avançait sur la Seine. Napoléon parut d'abord se retirer devant cette armée comme pour couvrir la capitale; mais, toutà-coup il se jeta sur la gauche, et fondit, le 13 février, avec la rapidité de l'éclair, sur un corps qui était posté à Champ-Aubert et formait la jonction entre les deux armées com→ binées. Ce corps fut culbuté dans deux affaires successives à Montmirail et à Château-Thierry. Dix mille prisonniers qui restèrent entre les mains des Français furent envoyés dans les provinces de l'ouest et traversèrent Paris, dont les habitants signalèrent envers eux leur humanité, au grand regret des agents d'un gouvernement, qui, pour rendre la guerre nationale, s'efforçait d'en accroître les horreurs. Le jour même de la bataille de Champ-Aubert, l'avant-garde russe entrait dans Soissons et le général comte de Bulow s'emparait de Laon.

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D'un autre côté, le corps du comte de Wittgenstein qui se portait vers la Seine, obligea Napoléon à retourner sur ses pas. Des combats sanglants eurent lieu à Montereau et à Nogent; et après y avoir fait de grandes pertes, la principale armée des alliés fut obligée de se retirer sur Troyes, puis d'évacuer cette ville.

Napoléon transporté de joies'écria (1):« Je suis » plus près de Vienne qu'ils ne sont de Paris'; et » j'irai bientôt me venger, dans Munich, de la » défection des Bavarois! » Ce fut alors que l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse et la Russie conclurent le traité de Chaumont, par lequel

(1) Rentré dans Troyes, Napoléon signala sa vengeance contre un habitant de cette ville, nommé M. de Gouault, qui avait commis la noble et généreuse imprudence de reprendre la croix de Saint-Louis. Traduit devant une commission militaire, il fut condamné à mort et fusillé le même jour, à onze heures du soir, malgré les vives sollicitations de plusieurs citoyens pour obtenir sa grâce. Son corps demeura exposé sur le lieu de l'exécution, toute la journée du lendemain. Un décret de proscription et de mort fut ensuite rendu contre tout français qui porterait les signes ou les décorations de l'ancien régime, et con're tous ceux qui accompagneraient les armées ennemies dans Invasion du territoire français.

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I paraît que, malgré cet acte de vengeance et ce décret, Napoléon craignit peu le rappel des Princes de la maison de Bourbon; et c'était ce qu'il pouvait y avoir de plus heureux pour la cause sacrée de la légitimité.

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elles s'engagèrent àne faire ni paix ni trève que d'un commun accord et contractèrent entre elles une alliance de vingt ans.

les

Au commencement du mois de mars, Napoléon se porta vers l'Aisne, et le 7 de ce mois il attaqua les hauteurs de Craone, que le maréchal Blücher occupait. Il s'en rendit maître, avantage qui fut plus que compensé pour alliés, par l'échec qu'il essuya deux jours après. Blücher, soutenu par les corps de Langeron et de Sacken, alla l'attendre dans la forte position de Laon. Napoléon, qui l'avait suivi, voulut faire gravir ses troupes contre la montagne isolée au haut de laquelle cette ville est située. Elles furent repoussées plusieurs fois avec une grande perte. Napoléon se retira en déclarant inattaquables les hauteurs de Laon. Pourquoi donc ne les avait-il pas fait garder?

Un congrès était assemblé depuis quelque

temps à Châtillon-sur-Seine. Les plénipotentiaires des puissances alliées avaient fait leurs propositions, qui n'ont pas été publiées officiellement, mais qu'on peut supposer n'avoir pas été plus avantageuses que les conditions du second traité de Paris. Elles ne furent point agréées par Napoléon, à qui l'on donna jusqu'au 15 mars pour fournir un contre- projet. Ce jour arrivé, le plénipotentiaire français, M. le

ducde Vicence, demanda, au nom de son maître, la ligue du Rhin, Anvers, Flessingue, Nimègue, et une partie de la ligne du Wahal. Napoléon réclamait aussi l'Italie supérieure, y compris Venise, pour Eugène de Beauharnais, son fiis adoptif. Il n'exigeait pas que la Hollande, qui venait de se détacher de l'empire français, lui fût rendue; mais il voulait que l'indépendance de ce pays fût purement nominale. Enfin, il fallait des indemnités pour ses frères Joseph et Jérôme, et pour le jeune Louis, son neveu, qu'il avait créé grand-duc de Berg. Cet ultimatum révolta les souverains alliés, qui prirent de nouveau l'engagement solennel de ne poser les armes que lorsqu'ils auraient atteint le grand objet de leur alliance. En conséquence, le congrès fut rompu.

On reproche assez généralement à Napoléon de n'avoir pas conclu la paix, soit à Prague, soit à Francfort ou Manheim, soit à Chátillon. Nous sommes loin de partager cette opinion, qui ne nous paraît fondée que sur la comparaison de l'état où l'ex-empereur est tombé, avec la puissance, qu'à ce qu'on suppose, il aurait pu conserver. Mais pour obtenir la paix à Prague, il fallait qu'il consentît au rétablissement de l'équilibre de l'Europe, tel au moins qu'il avait été fixé par le traité de CampoBuonap.

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Formio, c'est-à-dire qu'il renonçât aux villes anséatiques, à la Hollande, au protectorat de la confédération du Rhin, à l'Espagne, à la Lombardie vénitienne, aux provinces illyriennes, à la Dalmatie, etc. Etait-ce donc pour cela qu'il venait de remporter les victoires de Lutzen et de Bautzen ou Wurtzen? Souscrire

à de pareilles conditions, n'eût-ce pas été condamner lui-même son expédition de Russie, qui Jui aurait coûté de si grands sacrifices? Quand on en eût exigé aucun, pour lui accorder la paix, la France n'aurait-elle pas toujours eu le droit de lui reprocher une entreprise désastreuse dont il n'aurait retiré que de la honte? Qu'eût-ce donc été, si le démembrement de l'empire français en avait été la suite immédiate? Il était plus sensible qu'on ne le croit aux discours du public; et peut-être même l'était-il beaucoup trop. On doit convenir, cependant, que son autorité n'était fondée réellement que sur le prestige produit par des succès jusqu'alors inouïs, et par une sorte d'infaillibilité politique. C'était en sapper la base que de reconnaître formellement qu'il pouvait éprouver des revers, qu'il pouvait se tromper. Et ce système continental, qui, depuis si long-temps, était comme sa boussole! il fallait donc avouer que ce n'avait été qu'un prétexte pour enchaî

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