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CHAPITRE VII.

Retour de Napoléon.

Invasion de la

France et Campagne de 1814. Abdication de Napoléon et son Départ pour l'ile d'Elbe.

LA

rupture survenue entre la France et l'Autriche n'avait été portée à la connaissance des Français que par les hostilités; mais la tournure défavorable que les opérations militaires prirent pour Napoléon après l'attaque de Dresde, ayant paru nécessiter une nouvelle levée d'hommes, on assembla le sénat, et on lui communiqua les pièces relatives à la guerre contre l'Autriche et contre la Suède. « Cette » communication, déterminée par les lois de " l'État et la volonté du souverain, dit M. Cam. » bacérés, n'a été retardée que par des acci» dents imprévus. » On ne jugea pas à propos de spécifier ces accidents; et il est probable que si l'on différa si long-temps de faire entrevoir à la France les causes qui lui attiraient de nouveaux ennemis, c'est qu'on espérait parvenir, par des invasions en Bohème, à

détacher de la ligue européenne l'empereur d'Autriche, et qu'on se flattait d'annoncer àla fois au premier corps de l'État, la rupture et la réconciliation entre le beau-père et le gendre.

Parmi les prérogatives attachées à la régence déférée à Marie-Louise, était la faculté de présider le sénat. Cette princesse en usa le 7 octobre. Si l'on s'était persuadé qu'une démarche si extraordinaire produirait de l'enthousiasme, l'erreur fut complète. On plaignit Marie-Louise, et on blâma généralement le discours inconvenant qu'on lui fit prononcer.

« Sénateurs, dit-elle, les principales puis»sances de l'Europe révoltées des prétentions de » l'Angleterre, avaient, l'année dernière, réuni » leurs armées aux nôtres pour obtenir la paix » du monde et le rétablissement des droits de » tous les peuples. Aux premières chances de » la guerre, des passions assoupies se réveil» lèrent. L'Angleterre et la Russie ont entraîné » la Prusse et l'Autriche dans leur cause. Nos » ennemis veulent détruire nos alliés pour les » punir de leur fidélité. Ils veulent porter la » guerre au sein de notre belle patrie, pour se » venger des triomphes qui ont conduit nos » aigles victorieuses au milieu de leurs états. » Je connais mieux que personne ce que nos

» peuples auraient à redouter s'ils se laissaient » jamais vaincre. Avant de monter sur le trône » où m'ont appelée le choix de mon auguste » époux et la volonté de mon père, j'avais la » plus grande opinion du courage et de » l'énergie de ce grand peuple. Cette opinion » s'est accrue tous les jours par ce que j'ai vu » se passer sous mes yeux. Associée depuis » quatre ans aux pensées les plus intimes de » mon époux, je sais de quels sentiments il » serait agité sur un trône flétri et sous une » couronne sans gloire. »

Après un rapport fait par le ministre de la guerre, on lut un projet de sénatus-consulte qui avait pour objet de mettre deux cent quatre-vingt mille hommes à la disposition du gouvernement. On nomma une commission qui eut ordre de faire son rapport le surlendemain; puis Marie-Louise leva la séance et retourna aux Tuileries en grand cortège comme elle en était venue. Aucune demande faite par Napoléon n'ayant jamais été rejetée par le sénat, il est à peu près inutile de dire que la levée de deux cent quatre-vingt mille hommes fut

accordée.

La convocation du corps législatif n'était point dans les attributions de la régence, Napoléon la fit lui-même par un décret daté de

Gotha et du 25 octobre; mais comme l'as semblée ne devait s'ouvrir que le 2 décembre, et que les "circonstances exigeaient la plus grande activité dans ses préparatifs de guerre, il rendit, le 11 novembre, un décret par lequel il augmenta considérablement les impo

sitions.

Napoléon fut sans doute trop occupé, à son retour d'Allemagne, pour recevoir sur-lechamp, non les félicitations, mais les hom mages de son sénat. Cependant il fallut, de part et d'autre, se conformer à l'usage. Les compliments furent courts, le sujet prêtant

peu

à de longues harangues. Nous imiterons cette réserve, et nous nous bornerons à citer un seul passage du discours que M. le comte de Lacepède, le perpétuel orateur du sénat, adressa, le 12 novembre, à Napoléon :

«Votre Majesté, qui connaît mieux que » personne les besoins et les sentiments de ses », sujets, lui dit-il, sait que nous desirons la » paix. Cependant les peuples du continent en » ont un plus grand besoin que nous; et si, » malgré le vœu et l'intérêt de plus de cent » cinquante millions d'ames, nos ennemis, rè» fusant de traiter, voulaient, en nous impo »sant des conditions, nous prescrire une sorte

» de capitulation, leurs espérances fallacieuses » seraient déjouées..... SS

La réponse de Napoléon fut parfaitement analogue à ce discours, que nous nous abstiendrons de qualifier.

<< Toute l'Europe marchait avec nous il y a un san, dit-il; toute l'Europe marche aujourd'hui » contre nous : c'est que l'opinion du monde » est faite par la France ou par l'Angleterre. » Nous aurions donc tout à redouter sans l'é»nergie et la puissance de la nation.

» La postérité dira que si de grandes circonsstances se sont présentées, elles n'étaient pas » au-dessus de la France ni de moi. »

La France ne pouvait résister à toute l'Europe, que le despotisme, l'extravagance et l'ambition d'un seul homme avaient armée contre elle; et cet homme s'est réellement trouvé audessous des circonstances, puisqu'il a pu survivre à sa gloire.

Le sénat s'empressa de donner à Napoléon de nouvelles preuves de son dévouement, ou plutôt de son attachement à une cause qui, par les avantages qu'elle lui procurait, était la sienne propre. Les troupes revenues d'Allema gne, celles qui étaient restées en France, et les deux cent quatre-vingt mille hommes, dont la levée avait été ordonnée si récemment, n'étant

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