Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

traiter avec Napoléon. Un français (le maréchal Bernadotte) avait, en conséquence, été appelé à la succession à la couronne de Suède, et tout alors parut annoncer que l'union la plus intime subsisterait entre les deux états. Mais, entêté d'un système absurde qui a causé sa ruine, Napoléon ne reconnaissait pour amis que ceux qui se pliaient à ses volontés. La Suède, quelque perte que son commerce dût en éprouver, fut donc forcée de déclarer la guerre à la Grande-Bretagne. Napoléon la requit ensuite de lui fournir un corps considérable de inatelots pour équiper la flotte de Brest; de mettre à la solde de la France un corps de troupes suédoises; d'établir un droit de cinquante pour cent sur les denrées coloniales, et de recevoir une troupe de douaniers français dans le port de Gothenbourg.

Toutes ces demandes étaient trop contraires, soit aux intérêts, soit aux lois du royaume,. pour être accordées; elles furent donc rejetées.

Napoléon avait aussi fait proposer, à la Suède, une alliance plus étroite avec la France. On y répondit d'une manière évasive. Une alliance entre la Suède, le Danemarck et le grand duché de Varsovie, sous la protection de l'empereur des Français, fut ensuite proposée. La cour de Stockholm n'ayant pas répondu assez affir

mativement, la première proposition fut renouvelée. Elle se fit verbalement; et cependant on demanda une réponse par écrit , que, selon toute apparence, on voulait montrer à la cour de Saint-Pétersbourg, afin de prouver que la Suède était entièrement dépendante du cabinet des Tuileries. On céda en partie, et l'on remit une note où l'on exprimait les dispositions de S. M. S. à établir des rapports plus intimes avec la France, dans l'espoir que les conditions en seraient compatibles avec la dignité et le véritable intérêt du royaume. L'ambassadeur de Buonaparte (Alquier) déclara sur-lechamp que cette réponse annonçait la résolution déjà prise par le gouvernement suédois, de demeurer indépendant de la politique continentale. On lui demanda ce que son maître exigeait de la Suède et ce que la Suède devait attendre de lui. L'ambassadeur fit cette réponse remarquable, qui prouve avec quelle hauteur Napoléon et ses agents traitaient les cours les mieux disposées en sa faveur; il dit : «Que l'empereur exigeait d'abord des faits » conformes à son système; après quoi, il était >possible qu'il fût question de ce que S. M. >> voudrait bien faire en faveur de la Suède. » Ce que Buonaparte voulut bien faire pour cette puissance, ce fut de permettre aux corsaires

français de courir sur les bâtiments suédois, dont un grand nombre furent saisis et comdamnés. Les matelots pris sur ces bâtiments furent traités comme prisonniers de guerre, puis envoyés dans les ports d'Anvers et de Toulon, pour servir sur les flottes françaises. Dans le même temps, l'Angleterre à qui, avonsnous dit, la Suède avait été forcée de déclarer la guerre, tenait envers elle une conduite tout opposée à celle de la France, et ce fut, pour Napoléon, un nouveau grief contre le gouvernement suédois.

La mésintelligence ne fit que s'accroître de jour en jour par différentes causes de la nature de celles qu'on vient de retracer. Enfin, le 12 janvier 1812, un corps de troupes françaises entra dans la Pomeranie suédoise. Cet acte d'hostilité porta la cour de Stockholm à se rapprocher de la Russie et de l'Angleterre. Elle conclut, avec la première de ces puissances, un traité par lequel elle s'engagea à fournir une armée de vingt-cinq ou trente mille hommes, pour opérer une descente sur les côtes d'Allemagne; et, de son côté, la Russie lui promit la Norwège. L'Angleterre, par un autre traité, confirma cette promesse, à laquelle elle ajouta la cession de l'île française de la Guadeloupe. La colère de Napoléon dut être ex

trême à la nouvelle de cet acte, qui semblait annoncer que désormais on pouvait le dépouiller impunément. Cependant il attendit quelques mois pour la faire éclater publiquement. Son sénat reudit, le 14 octobre, un décret portant qu'aucun traité de paix ne serait conclu entre l'empire français et la Suède, qu'au préaJable elle n'eût renoncé à la possession de la Guadeloupe (1), et qu'il était défendu, sous peine de déshonneur, à tout français, habitant de cette île, de prêter aucun serment au gouvernement suédois et d'accepter de lui aucun emploi. Il est vrai que, selon les anciens usages de l'Europe, on ne devait pas disposer d'une province conquise avant que l'ancien souverain l'eût cédée par un traité; mais Buonaparte avait lui-même donné tant de fois l'exemple d'une telle violation, qu'on crut pouvoir se la permettre à son égard. Au reste, le décret du sénat devait, en quelque sorte, avoir son exécution; mais c'était tout autrement qu'on ne l'avait conçu. La restitution de la Guadeloupe à la France, a été stipulée par le

(1) Par une convention signée à Abo, le 30 août 1812, le corps auxiliaire suédois fut porté à trente-cinq mille hommes. L'empereur Alexandre et le prince royal de Suède eurent à la même époque une entrevue dans cette ville.

traité de paix qui a suivi la restauration ; et elle en a été, de la sorte, un des premiers bienfaits.

Ce fut seulement vers la fin du mois de mai 1813, que le prince royal de Suède arriva à Stralsund, place que, par différents ouvrages, il mit à l'abri d'un coup de main. Après s'être occupé de l'organisation de son armée, il profita du loisir que lui laissa l'armistice, et alla visiter l'empereur Alexandre et le roi de Prusse, dont le quartier-général était à Reichenbach. On prétend qu'il les y affermit dans la résolution de ne pas signer la paix tant qu'il resterait un seul soldat français sur la rive droite du Rhin.

Le prince royal de Suède ne doit point être, à cet égard, accusé d'ingratitude, soit envers sa première patrie, soit envers Napoléon. I était à desirer, pour l'intérêt de la France elle-même, que son gouvernement fût forcé de renoncer à un système de conquêtes et d'envahissements, qui moissonnait, chaque année, la fleur de sa population, et qui lui attirait la haine de tous les peuples. Quant à Napoléon, il avait déclaré plusieurs fois que le maréchal Bernadotte ne lui était point redevable de son élévation. On prétend même qu'il a fait, comme s'il était mû par une sorte de pressentiment, tout ce qu'il a pu pour la prévenir.

1

« ZurückWeiter »