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devint en quelque sorte l'arbitre. L'offre de sa médiation dut flatter autant la Russie et la Prusse que choquer l'orgueil de Napoléon, qui, après les avantages qu'il venait de remporter,

» pour la monarchie, pour l'intérêt le plus sacré de l'humanité,

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pour écarter des maux incalculables, enfin pour gage d'un » meilleur ordre de chose, S. M. donna ce qui était le plus » cher à son cœur.» (Le traducteur dit, dans une note, que l'expression donne ne rend pas, dans toute sa force, le mot hingeben que porte l'original; que sacrifier serait trop fort, et que livrer approcherait peut-être du sens véritable.) « Ce >> fut dans ces sentiments élevés au-dessus des considérations >> ordinaires, ce fut en s'armant contre les fausses interpréta» tions du moment, qu'on serra un nœud qui, après les désas>> tres résultant d'une lutte inégale, devait relever la partie la >> plus faible, la partie souffrante, en lui inspirant la con» fiance de la sécurité, porter la partie la plus forte, la » partie victorieuse à la modération et à la justice, et préparer >> ainsi, des deux côtés à-la-fois, la voie au retour d'un équi» libre de forces, sans lequel l'union des états ne scrait qu'une » communauté de misères.

» L'empereur était d'autant plus fondé à concevoir de pa» reilles espérances, poursuit le manifeste, qu'à l'époque où » ce lien fut formé, l'empereur Napoléon avait atteint ce point » de sa carrière où l'affermissement de ce qu'on a acquis devient

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plus desirable que des efforts continuels pour acquérir en>> corr. Toute nouvelle extension de sa domination, qui déjà » passait toute mesure, était liée à un danger évident, non » seulement pour la France accablée sous le poids de ses con» quêtes, mais aussi pour l'intérêt bien entendu de Napoléon.

nedoutait plus de recouvrer son premier ascen dant, et fut peut-être charmé de s'attirer un nouvel ennemi, dans l'espoir de s'en appro prier les dépouilles; peut-être prononça-t-il,

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» Tout ce que cette domination gaguait en étendue, elle devait » nécessairement le perdre en solidité. Le lien formé avec la plus ancienne maison impériale de la chrétienté, donna, aux > yeux de la nation française et du monde entier, un tel degré » de solidité et de perfection à l'édifice de sa grandeur, que » des nouveaux projets d'agrandissement ne pouvaient doré>> navant que l'affaiblir et l'ébranler. Ce que la France, ce que » toute l'Europe, ce que tant de nations foulées et réduites au désespoir demandaient au ciel en suppliant, une saine poli»tique le prescrivait comme loi de sa propre conservation, au » monarque couvert des lauriers de la victoire. Il était permis d'espérer que des motifs si nombreux et si puissants se réu » niraient pour triompher d'une seule passion.

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........ Les peuples germaniques avaient à peine » eu le temps de respirer, après les ravages des deux derniè » res guerres, lorsque dans une heure fatale, l'empereur Na>> poléon résolut de réunir à cette masse de pays qu'il appelait

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l'empire français, une portion considérable de l'Allemagne » septentrionale, et de priver les anciennes villes libres de Hambourg, de Brême et de Lubeck, d'abord de leur exis»tence politique, et bientôt après de leur existence commer»ciale et des derniers moyens de subsistance qui leur restaient. >> Cet acte de violence s'exécuta sans aucun motif de droit, » même apparent, sans avis préalable, sans négociation avec >> un cabinet quelconque, et sous le prétexte arbitraire et fu» tile qu'il était commandé par la guerre contre l'Angleterre.

au fond de son coeur la dissolution de la monarchie autrichienne, comme il avait prononcé celle de la monarchie prussienne. L'alliance de famille qu'il avait contractée avec la

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» En même temps, on poursuivit avec une rigueur inexorable >> ce système cruel (le système continental), qui, aux dépens de l'indépendance, du bien-être des droits, de la dignité de tous » les états du continent, et par la violation de toutes les propriétés publiques et particulières, devait anéantir le com>> merce du monde, dans le vain espoir d'arracher un résultat » qui, si heureusement il n'eût pas été impossible, eût, pour de » longues années, plongé l'Europe dans la misère, la faiblesse » et la barbarie.

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» Le décret qui établissait sur les côtes de l'Allemagne une >> nouvelle domination française, était par lui-même assez in» quiétant pour les puissances voisines; mais il le fut surtout, » parce qu'on le regardait avec raison comme le présage de » dangers futurs bien plus éminents. Ce décret renversait un » système établi par la force elle-même, violé, à la vérité, » dans plus d'une occasion; mais que l'on proclamait cepen» dant comme toujours subsistant, le système des soi-disant >> limites naturelles de la France..... L'empereur Napoléon, >> par cet acte arbitraire et sans exemple, anéantit même ses >> propres créations. Ni les états de la confédération du Rhin, »ni le royaume de Westphalie, ni quelqu'autre territoire que » ce fût, ne se vit à l'abri de cette marche usurpatrice... » La nouvelle ligne des frontières traversa les pays et les ri» vières, enleva aux provinces du centre et du sud de l'Alle>> magne toute communication avec la mer du nord, passa » l'Elbe, sépara le Danemarck de l'Allemagne, se fixa même

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....

maison d'Autriche, ne l'aurait pas arrêté. II avait cru faire assez pour elle en lui laissant un peu de repos; mais il s'en dédommageait en la

» sur la Baltique, et parut tendre à rejoindre la ligne des for» teresses prussiennes sur l'Oder, que la France occupait

>> encore. »

Après avoir retracé les inquiétudes que la réunion des villes anséatiques causait à la Russie, à la Prusse et même à l'Autriche, le manifeste rappelle les impuissants efforts que fit la cour de Vienne pour opérer une conciliation. « Aucune pré» veyance humaine ne pouvait deviner, poursuivait-on, que le >> mauvais succès de ces démarches bienveillantes devait deve»nir plus funeste à l'empereur Napoléon qu'à ses ennemis. » Ainsi le voulait le grand ordonnateur de l'univers. »

que

La guerre étant devenue inévitable, il ne resta à l'Autriche, dans la position où elle était réduite, d'autre parti à prendre d'entrer en lice comme alliée de la France. En signant le traité du 4 mars 1812, elle se proposa deux buts, l'un de perenoncer à aucun moyen par lequel elle pourrait, tôt ou tard, influer sur le rétablissement de la paix; l'autre, de se mettre en mesure au-dedans et au-dehors, d'agir d'une manière indépendante, si l'impossibilité d'amener la paix, ou si les événements de la guerre exigeaient des démarches décisives.

« La campagne de 1812 prouve, par un exemple mémora» ble, comment une entreprise commencée avec des forces » gigantesques, peut échouer entre les mains d'un général du premier ordre, lorsque, plein de confiance dans ses grands >> talents militaires, il veut franchir les bornes de la nature et >> heurter tous les préceptes de la

>>

sagesse..

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tenant dans un état d'humiliation et de dépen dance, par la privation de ses provinces maritimes, qu'il aurait dû s'empresser de lui rendre à son retour de Moscou. Un mot qui lui échappa, peu de temps après son mariage, fit connaître ses dispositions à l'égard de l'illustre maison dans laquelle il venait d'entrer. On lui proposait de renvoyer à l'empereur François quelques objets d'art qu'il avait enlevés à Vienne: «Moi! répondit-il, je ne lui rendrais » pas une métairie (1). ».

de

Quant au congrès de Prague, nous tenterons prouver ailleurs que Napoléon ne pouvait y conclure la paix; mais, du moins, il n'aurait pas dû témoigner si ouvertement combien il était éloigné de la faire.

S'il était une puissance avec qui la France eût dû espérer de vivre en bonne intelligence, c'était sans contredit la Suède, qui, par sa position géographique, en était naturellement l'alliée. Une révolution s'y était opérée, parce que le magnanime Gustave avait refusé de

(1) Une très jeune orpheline le suppliait un jour de lui faire rendre les biens de ses parents dont il avait ordonné la saisie : «Je prends, je prends, répondit-il en s'éloignant, mais je ne >> rends pas. » L'homme qui ne rougissait pas de faire une telle réponse méritait bien d'être dépouillé de tout.

Buonap.

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