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Le comte de Metternich, ministre de la puissance médiatrice, et les plénipotentiaires de la Russie et de la Prusse, arrivèrent à Prague le 12 juillet, époque fixée pour l'ouverture du congrès. Napoléon avait, on ne sait trop pourquoi, nommé deux plénipotentiaires; l'un était le comte de Narbonne, et l'autre, M. de Caulincourt, duc de Vicence. Le premier se rendit aussi à Prague le 12 juillet; mais il avait ordre de ne rien faire avant l'arrivée de son collègue, qui jouissait plus particulièrement de la confiance de Napoléon, près duquel il se trouvait encore. On l'attendit de jour en jour jusqu'au 21 juillet, qu'on apprit qu'une difficulté qui s'était présentée lors de la conclusion de l'armistice, et qui pouvait être levée sur le-champ par la médiation de l'Autriche, était alléguée pour justifier ce retard surprenant, auquel même on avait donné précédemment un motif encore plus étrange. Le duc de Bassano avait mandé, le 16 juillet, au comte de Metternich, que M. le duc de Vicence, ayant réuni provisoirement à son service de grand-écuyer celui de grand-maréchal du palais, les arrangements qu'il devait prendre au moment de son départ exigeaient qu'il fit encore quelque séjour à Dresde. Si l'excuse avait été réelle, des soins domestiques

l'auraient emporté sur des travaux dont la paix à rendre au continent de l'Europe était l'objet.

Seize jours après l'époque fixée pour l'ouverture du congrès, M. de Caulincourt arriva enfin à Prague (le 28 juillet ); mais ses instructions ne se trouvèrent pas suffisantes. Il en résulta un nouveau délai qui dura jusqu'au 6 du mois d'août, que les deux ministres de Napoléon remirent une note où ils disaient, que la convention du 30 juin, par laquelle la France avait accepté la médiation de l'Autriche, n'avait été signée qu'après qu'on était tombé d'accord des deux points suivants:

1o. Que le médiateur serait impartial, et qu'il n'aurait conclu ni ne concluerait aucune convention, même éventuelle, avec une puissance belligérante, pendant tout le temps que dureraient les négociations;

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2°. Que le médiateur ne se présenterait pas comme arbitre, mais comme conciliateur pour arranger les différends et rapprocher les parties. La note semblait annoncer aussi que forme des négociations avait été réglée d'avance par le comte de Metternich et le duc de Bassano, et qu'on avait jugé convenable de s'entendre, à cet égard, parce que la Russie avait donné à connaître qu'elle ne s'était posé de négocier que dans la vue de compro

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mettre l'Autriche et d'étendre les malheurs de la guerre. Les plénipotentiaires français prétendaient ensuite qu'on s'était arrêté à la forme des conférences. Ils demandaient que chaque jour on en tînt une ou deux, où l'on traiterait soit par des notes remises en séance, soit par des explications verbales: « Et si le plénipotentiaire » russe (1), disaient-ils en finissant, persistait » à vouloir négocier la paix sans parler, il en » serait le maître, et pourrait faire connaître, » par des notes, les intentions de sa cour. s Les plénipotentiaires de la Russie et de la

(1) Ce ministre était M. d'Anstett, qui avait déjà été grièvement insulté dans un journal français, semi-officiel, le Journal de l'empire (3 août 1813), où l'on avait inséré une prétendue lettre, datée des bains de Toeplitz, en Bohême. Nous ne répéterons pas les reproches qui lui étaient prodigués et dont le choix de l'empereur Alexandre l'avait disculpé d'avance. Cependant il en est un que nous ne pouvons passer sous silence. L'auteur de la lettre trouvait que M. d'Anstett, qui était fils d'un commis de l'intendance de Strasbourg, n'était pas d'une naissance assez relevée pour être le ministre plénipotentiaire d'un puissant souverain. Et quelle était donc l'origine de Napoléon Buonaparte, et de presque tous ceux qui composaient sa cour? La lettre finissait de la manière suivante : « Ici, comme ailleurs, >> on est bien convaincu que les hautes destinées de la France » sont indépendantes des hommes. Elles ont pour garanties le » génie de son empereur » (qui sans doute n'était pas un homme, mais un dieu). Quelle solide et noble base!

Prusse ne manquèrent pas de relever ce qu'une telle note contenait d'injurieux pour la puissance médiatrice, dont le ministre, de son côté, nia formellement les allégations des plénipotentiaires français. Il eût été, dit-il, contraire à la dignité de sa cour de prendre l'engagement d'être impartiale, comme celui de ne se lier, durant la négociation, par aucune convention, même éventuelle. Il ne convint pas non plus qu'il eût réglé, avec le duc de Bassano, la forme des conférences pour les négociations; et il soutint, non sans raison, que le droit de le faire ne pouvait appartenir à la puissance médiatrice et à l'une des parties, à l'exclusion des autres.

La 'discussion élevée sur ce sujet ayant conduit au 10 août, jour fixé pour l'expiration de l'armistice, les ministres de Russie et de Prusse déclarèrent ne pouvoir passer le terme, et le congrès fut dissous. Il est probable que, de part et d'autre, on n'avait voulu que gagner du temps; mais les cours alliées obtinrent un plus grand avantage, par la coopération de l'Autriche, qui, faisant cause commune avec elles, déclara la guerre à Napoléon (1).

(1) La cour de Vienne publia à cette époque (12 août 18:3),

On ne peut nier que, dans cette conjoncture importante, la cour de Vienne n'ait mis la plus grande habileté dans sa conduite. Par des négociations avec toutes les puissances, elle en

un manifeste composé par M. de Gentz, qui est à-la-fois un littérateur et un homme d'état, qualités que, de nos jours, on trouve rarement réunies. Napoléon a extrêmement tronqué ou plutôt entièrement dénaturé cet acte important, auquel il a donné le titre de déclaration. Les passages que nous allons extraire du manifeste véritable, indiqueront suffisamment les causes de cette altération. L'auteur, après avoir retracé les pertes que la guerre de 1809 a fait essuyer à l'Autriche, poursuit ainsi :

«La marche et les résultats de cette guerre avaient pleine>ment convaincu S. M. que, dans l'impossibilité évidente de » remédier immédiatement et radicalement à la détresse dans » laquelle se trouyait l'Europe, les efforts que les états ten» teraient isolément par les armes pour opérer leur salut, >> au lieu de mettre un terme aux calamités communes, ne » produiraient d'autre effet que d'user sans fruit les ressour>> ces qui restaient encore d'accélérer la chute de tout, et d'a» néantir même l'espérance d'un avenir plus heureux. » Guidée par cette conviction, S. M. reconnut qu'il était es»sentiellement nécessaire d'arrêter, au moins par une paix » assurée pour quelques années, le torrent jusqu'alors in>> dompté d'une puissance énorme qui prenait chaque jour des >> accroissements nouveaux. Dans la conjoncture » critique où se trouvait l'État, une paix de ce genre ne pou» vait être obtenue que par une résolution extraordinaire: » l'empereur le sentit; il prit cette résolution. S. M. donna

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