Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

était exécuté sur tout le front de l'armée com binée. L'action fut vivement disputée. Miloradowitch réussit à maintenir son poste; mais Barclay de Tolly et d'York, à la droite, et Blücher et Wittgenstein à la gauche, perdirent du terrain. Ils se retirèrent dans une position retranchée, près de Wurtzen et à une lieue de Bautzen; et Miloradowitch se vit forcé de suivre leur mouvement.

Les Français commencèrent l'attaque, le 21, à la pointe du jour. Macdonald et Oudinot eurent l'ordre de presser vivement la gauche des alliés, afin qu'ils ne pussent la dégarnir pour soutenir leur aile droite contre laquelle Napoléon avait résolu de diriger tous ses efforts.

Marmont engagea une vive canonnade contre le centre, qui était couvert par des retranchements. Ney, en même temps, attaqua l'aile gauche et s'empara du village de Preilitz. Soult, avec la réserve de l'armée, infanterie et cavalerie, attendait dans un bas fond, hors de la vue des alliés, qu'il fût temps de se porter vers le point le plus convenable pour décider l'action. Il commença son mouvement à une heure de l'après-midi. Ney avait été assailli par les corps de réserve des alliés et obligé d'aban. donner Preilitz. Ce succès momentané, mais brillant, fut dù à Blücher, qui, à son tour, se

vit forcé par la garde et les corps de réserve commandés par Soult, de se replier sur Wurtzen, ce qu'il fit dans le plus bel ordre. Barclay de Tolly, attaqué de nouveau par Ney, s'était porté sur la droite de ce village et avait occupé un mamelon qui le sépare de Rackel. Napoléon, maître des hauteurs de Kreckwitz, dominait le centre et la gauche des alliés, dont, en même temps, la droite était débordée par le mouvement de ses corps de réserve. Dans cette position critique, Wittgenstein ordonna la retraite vers les cinq heures. Ses colonnes se dirigèrent du côté de Weissemberg, et les corps de Kleist et de Miloradowitch firent l'arrière-garde.

Les Français couchèrent sur le champ de bataille; et le lendemain, 22, à quatre heures du matin, Napoléon mit de nouveau son armée en mouvement. Les alliés avaient quitté Weissemberg à minuit et marché du côté de Gorlitz. Leur arrière-garde fut atteinte par les troupes légères des Français, aux environs de Reichenbach. Miloradowitch prit position sur les hauteurs qui avoisinent cette ville. La cavalerie des deux armées en vint aux mains dans la plaine de Reichenbach; et les Français, soutenus par une artillerie légère très nombreuse, eurent encore l'avantage. Les alliés se retirèrent sur Gorlitz,

1

où ils firent halte sans être serrés de trop prés. Buonaparte, jugeant qu'il était trop tard pour attaquer cette place, fit bivouaquer son armée à portée de canon des ennemis. Il évalua la perte qu'elle fit, dans les journées des 20, 21 et 22, à douze mille hommes, tués ou blessés ; et l'on peut, sans craindre d'exagérer, la porter au double. Quant à celle des alliés, il est très probable qu'elle fut au moins égale à la perte des Français; mais Napoléon en fit particulièrement une qui aurait été très sensible pour un homme moins habitué à sacrifier à son ambition des générations entières et ses plus intimes amis. Duroc, son grand maréchal du palais, était sur une éminence, lorsqu'un des derniers boulets de l'ennemi lui enleva les entrailles. Il est vraisemblable qu'il ne put proférer un seul mot, et le bulletin n'en rapporte pas moins ses adieux à Napoléon, qui, pour réponse, lui aurait dit : « Duroc, il est une » autre vie! c'est-là que vous irez m'attendre, » et que nous nous retrouverons un jour.— » Oui, Sire, aurait repris le moribond; mais ce » sera dans trente ans, quand vous aurez » triomphé de vos ennemis et réalisé toutes les » espérances de notre patrie. » Nous nous abstiendrons de tout commentaire sur ce dialogue, dont le ridicule a été senti généralement;

te qui n'a pas empêché que les flatteurs de Napoléon n'en aient fait le texte de divers discours prononcés soit dans les sanctuaires, soit dans les chaires pontificales, soit auprès des tombeaux (1). Si Buonaparte était pénétré de cette grande vérité qu'il y a si mal exprimée, sa conduite ne l'avait guère prouvée jusqu'alors. Quoi qu'il en soit, le boulet qui a tué Duroc lui a peut-être rendu le plus signalé service : aucune tache, du moins, ne souille sa mémoire.

Le 23 mai, les alliés continuèrent leur retraite vers Schweidnitz, faiblement poursuivis par l'armée française, dont l'avant-garde fut attaquée, le 27, par l'arrière-garde de Blücher, qui lui fit de trois à quatre cents prisonniers et lui enleva onze pièces de canon. Napoléon ayant envoyé des renforts, l'ennemi poursuivit sa retraite. Le 29, les deux armées étaient aux environs de Jawer, lorsque le comte de Schouwaloff, aide-de-camp de l'empereur de Russie, et le général prussien de Kleist, se présentèrent aux avant-postes pour parlementer. Le duc de

(1) Voyez le discours de M. le comte de Lacepède en présentant, au clergé de Sainte-Geneviève, le corps du sénateur Jacqueminot.

Buonap.

33

[ocr errors]

Vicence fut envoyé pour conférer avec eux; et, le 4 juin, on signa un armistice qui devait durer jusqu'au 20 juillet suivant. Napoléon était alors sur le point de voir s'accroître le nombre de ses ennemis; et comme il avait résolu de ne céder sur aucun point, il avait besoin de quelque temps pour recevoir des renforts qui le missent en état de soutenir une lutte moins inégale.

« ZurückWeiter »