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le maréchal Ney. Jugeant qu'il fallait opposer l'audace à l'audace, Napoléon se met alors à la tête de sa garde; et, soutenu par une batterie de quatre-vingts pièces de canons, il arrête la marche victorieuse des ennemis. Dès que le général Bertrand avait paru, le maréchal Marmont avait appuyé sur le centre, et le maréchal Macdonald avait aussi manoeuvré par sa droite. Ces mouvements concentriques des deux ailes de l'armée française ôtèrent aux alliés tout espoir de se maintenir contre des forces si nombreuses, et leur retraite fut résolue. Les deux armées s'étaient battues avec fureur; mais les Français remportèrent complètement la victoire. Ils l'achetèrent par la perte de quinze mille hommes qui furent mis hors de combat (1). Celle des alliés fut au moins de vingt mille hommes. On trouva, parmi les morts, le prince de Hesse-Hombourg, que le prince de Neufchâtel fit enterrer à Pégau avec tous les honneurs dus à son rang. Le général Blücher fut blessé. Le vieux guerrier, quoique baigné dans son sang, ne voulut pas quitter son poste, et se fit panser sur le champ de bataille

même.

On reproche deux fautes capitales au comte

(1) Le bulletin français n'en avoua que dix mille.

de Wittgenstein. La première, fut de n'avoir pas attendu l'armée française dans les vastes plaines de Leipsick, où sa belle cavalerie lui aurait rendu de si grands services, tandis qu'il la fit écraser, sans aucune utilité, dans un terrain coupé où elle ne pouvait se défendre. La seconde faute est d'avoir laissé, à Zeist, le corps de Miloradowitch, qui aurait pu l'aider à frapper un grand coup lorsque le centre de l'armée française plia. Quant à Napoléon, on ne peut, dit-on, lui adresser qu'un seul reproche, c'est d'avoir, contre sa coutume, affaibli son centre par une trop grande extension de sa gauche; mais son champ de bataille avait été parfaitement choisi.

Le vainqueur ne négligea pas de célébrer son triomphe. Il adressa le 3'mai, à son armée, une proclamation remplie d'exagération, d'emphase et de mensonges : « Soldats, dit-il, » je suis content de vous! Vous avez rem» pli mon attente! Vous avez suppléé à tout » par votre bonne volonté et par votre bra» voure...... Vous avez ajouté un non» veau lustre à la gloire de mes aigles; vous » avez montré tout ce dont est capable le sang » français. La bataille de Lutzen sera mise au» dessus des batailles d'Austerlitz, d'Jéna, de » Friedland et de la Moscowa (c'était toujours la

» dernière victoire qu'il remportait qui était la » plus éclatante). Dans la campagne passée, » l'ennemi n'a trouvé de refuge contre nos ar » mes qu'en suivant la méthode féroce des bar» bares ses ancêtres. Des armées de Tartares » ont incendié ses villages, ses villes, la sainte » Moscou elle-même! Aujourd'hui, ils arri» vaient dans nos contrées, précédés de tout » ce que l'Allemagne, la France et l'Italie ont » de mauvais sujets et de déserteurs,pour y prê» cher la révolte, l'anarchie, la guerre civile » et le meurtre. Ils se sont faits les apôtres de » tous les crimes. C'est un incendie moral qu'ils » voulaient allumer entre la Vistule et le Rhin, » pour, selon l'usage des gouvernements des» potiques, mettre des déserts entre nous et > eux. Les insensés! Ils connaissaient peu l'at»tachement à leurs souverains, la sagesse, » l'esprit d'ordre et le bon sens des Allemands: » ils connaissaient peu la puissance et la bra»voure des Français!

» Dans une scule journée, vous avez déjoué » tous ces complots parricides.... Nous rejet»terons ces Tartares dans leurs affreux cli» mats qu'ils ne doivent plus franchir. Qu'ils » restent dans leurs déserts glacés, séjour d'es» clavage, de barbarie et de corruption, où » l'homme est ravalé à l'égal de la brute. Vous

» avez bien mérité de l'Europe civilisée (qui » s'est donc montrée bien peu reconnaissante). » Soldats! l'Italie, la France, l'Allemagne, » vous rendent des actions de grâces!»

L'allégresse fut extrême parmi les partisans de Napoléon, à la nouvelle de la victoire qu'il avait remportée dans les champs de Lutzen. On chanta le Te Deum dans toutes les églises de France, d'après l'invitation que MarieLouise en fit, en sa qualité de régente. Ellemême se rendit, dans toute la pompe de la souveraine puissance, à la métropole de Paris. Elle fut reçue par le cardinal Maury, qui venait de publier un mandement, où, déserteur de la cause de l'humanité (1), il n'avait pas eu honte de faire le panégyrique du plus sanguinaire de tous les hommes. « J'irai bientôt me » mettre à la tête de mes troupes et confondre » les promesses fallacieuses de nos ennemis,» avait dit Napoléon, dans sa réponse à l'adresse que lui avait présentée le corps législatif. L'orateur profanant de la manière la plus scandaleuse, la chaire de vérité, choisit ce texte et s'écria: « A peine la campagne est ouverte, et

(1) M. l'abbé Maury a dû sa première célébrité à son panégyrique de Saint-Vincent de Paule. Personne n'ignore que ce saint a été un des plus grands bienfaiteurs de l'humanité.

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la

» déjà l'oracle se trouve accompli! Les pre » miers jours des hostilités ont acquitté cet er»gagement imposant du génie. Soutenu par » protection éprouvée du ciel et animé par le » noble sentiment de sa force, notre auguste » monarque présentait dès-lors ses espérances ss à la nation, sous une garantie de vingt années » de triomphes, dont l'éclat efface toutes les ré» putations de l'histoire... Une campagne qui » s'ouvre sous de si brillants auspices, semble » devoir achever de nous manifester, dans toute » leur étendue, les desseins de la Providence » sur les magnifiques destinées de l'empereur. » Puissances ennemies de la France! vous aviez » dénombré nos légions; vous aviez calculé » toutes les armes qui les composent; mais vous » aviez oublié d'apprécier aussi le génie ex»traordinaire de leur chef, dont les sublimes » conceptions savent en balancer l'action, en » concerter l'ensemble, en suppléer les moyens » et en doubler la force. Vous lui supposiez » des soldats sans expérience, et vous osiez » mépriser leur jeune bravoure, qui n'avait pas » encore vu l'effroyable feu des combats. » Mais vous ne songiez pas que le regard et la » renommée du grand homme qui les com» mande, en feraient devant vous des héros. » Vous l'avez cru loin de son armée; et son

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