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difficultés que le Saint Père lui opposait, l'em pereur finirait par séparer de l'église romaine, l'église gallicane. Napoléon lui-même vint à Fontainebleau, le 19 février, accompagné de Marie-Louise, son épouse. Sou arrivée y fut. dit-on, tout aussi imprévue que celle du pape, et il n'avait quitté Paris que sous prétexte de faire une partie de chasse. Quoiqu'excommunié par lui, il osa se présenter devant le Saint Père, et tenta de l'intimider par ses me-naces, tant contre l'église, que contre divers prélats qui, par leur fermeté, avaient encouru sa disgrâce. Ému de compassion pour eux, et surtout frappé des nouveaux dangers prêts à fondre sur la religion, le pape crut ne devoir pas rejeter absolument les voies de la conciliation. Alors Napoléon lui proposa un projet de concordat (1), qui fut accepté provisoirement, avec la réserve expresse qu'il ne serait

(1) Voici ce projet, qui est trop incomplet et trop peu précis, pour qu'il ait pu être le résultat d'une discussion contradictoire.

ART. 1r. Sa Sainteté exercera le pontificat en France et dans le royaume d'Italie de la même manière et avec les mêmes formes que ses prédécesseurs.

II. Les ambassadeurs, ministres, chargés d'affaires des puissances près du St.-Père, et les ambassadeurs, ministres ou chargés d'affaires que le pape pourrait avoir près des puissances

point porté à la connaissance du public, avant qu'il eût été examiné et discuté par un consistoire, et qu'il ne serait considéré que comme lés préliminaires d'une pacification entre l'église et l'empereur des Français. Napoléon pro

étrangères, jouiront des immunités et priviléges dont jouissent les membres du corps diplomatique.

III. Les domaines que le St. Père possédait, et qui ne sont pas alienés, seront cxempts de toute espèce d'impôt; ils seront administrés par ses agents du chargés d'affaires. Ceux qui seraient aliénés, seront remplacés jusqu'à la concurrence de deux millions de francs de revenu.

IV. Dans les six mois qui suivront la notification d'usage de la nomination par l'empereur aux archevêchés et évêchés de l'empire ét du royaume d'Italie, le pape donnera l'institution canonique, conformément aux concordats et en vertu du présent indult. L'information préalable sera faite par le métropolitain. Les six mois expires sans que le pape ait accordé l'institution, le métropolitain, et à sòu defaut, ou s'il s'agit du métropolitain, l'évêque le plus ancien de la province, procédera à l'institution de l'évêque nommé, de manière qu'un siége ne soit jamais vacant plus d'une année.

V. Le pape nommera, soit en France, soit dans le royaume d'Italie, à dix évêchés qui seront ultérieurement désignés de

concert.

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VI. Les six évêchés suburbicaires seront rétablis. Ils seront á la nomination du pape. Les biens actuellement existant seront restitués, et il sera pris des mesures pour les biens vendus. A la mort des évêques d'Anagni et de Rieti, leurs diocèses seront réunis auxdits six évêchés, conformément au concert qui aura lieu entre S. M. et le St. Père.

mit tout et ne tint rien. Le prétendu concordat fut communiqué au sénat et publié dans tous les journaux. Pour mieux faire croire à la réalité de cet acte, la liberté fut rendue à treize cardinaux exilés en différentes villes de France. Ils furent envoyés à Fontainebleau; mais on omit de lever le séquestre apposé sur leurs biens, et aucune somme ne fut affectée à leur entre

VII. A l'égard des évêques des états romains, absents de leurs diocèses par les circonstances, le St. Père pourra excercer en leur faveur son droit de donner des évêchés in partibus. Il leur. sera fait une pension égale au revenu dont ils jouissaient, et ils pourront être replacés aux siéges vacants, soit de l'empire, soit du royaume d'Italie.

VIII. S. M. et S. S. se concerteront en temps opportun sur la réduction à faire, s'il y a lieu, aux évêchés de la Toscane et du pays de Gênes, ainsi que pour les évêchés à établir en Hollande et dans les départements anséatiques.

IX. La propagande, la pénitencerie et les archives seront établies dans le lieu du séjour du St. Père.

X. S. M. rend ses bonnes grâces aux cardinaux, évêques, prêtres et laïques qui ont encouru sa disgrâce par suite des événements actuels.

XI. Le St. Père se porte aux dispositions ci-dessus, par considération pour l'état actuel de l'église, et dans la confiance que lui a inspirée S. M., qu'elle accordera sa puissante protection aux besoins si nombreux qu'a la religion dans le temps où nous vivons.

Signé NAPOLÉON, PIE VIL

Fontainebleau, le 25 janvier 1813.

tien. Le Saint Père, indigné qu'on eût violé la promesse qui lui avait été faite, adressa, par écrit, des reproches à Napoléon, et déclara nul l'arrangement fait avec lui. Eu même temps il protesta qu'il ne consentirait jamais à un concordat (1), à moins qu'il ne s'étendit à tous les points en litige, entre le Saint Siége et la France. Enfin il écrivit à tous les archevêques français, pour leur déclarer qu'il n'en avait été conclu aucun. Cette conduite suscita de nouvelles persécutions au Saint Père. Il fut gardé à vue par un gendarme; il ne lui fut plus permis de sortir du palais; et les cardinaux attachés à sa personne furent traités avec la dernière rigueur.

L'exposé de la situation de l'empire devait précéder naturellement les demandes d'argent que Napoléon se proposait de faire à ses peuples. D'après le tableau qui fut présenté par le comte de Montalivet, ministre de l'intérieur, tout prospérait, population, agriculture, manufactures, commerce, instruction publique,

(1) On rapporte que le cardinal Maury insista un jour auprès de Sa Sainteté, pour qu'elle exécutât les articles du prétendu concordat. Le cardinal de San Pietro, qui était présent, soutint l'opinion du St. Père, et s'attira ainsi la disgrâce de Napoléon qui l'éloigna de Fontainebleau.

marine même. Voici, selon le ministre, quelles étaient les causes de cette grande prospérité, qui, si elle était réelle, aurait disparu promptement. «Les nouveaux procédés dans l'agriculture, » dans l'industrie, dans les arts utiles, ne sont » plus repoussés, dit-il, par cela même qu'ils » sont nouveaux. Partout on tente des essais; » et ce que l'expérience démontre préférable » est substitué aux anciennes routines..... Ce

degré de prospérité est dû aux lois libérales » qui régissent ce grand empire, à la suppres»sion de la féodalité, des dîmes, des main> mortes, des ordres monastiques; suppression » qui a constitué ou affranchi un grand nom»bre de propriétés particulières, aujourd'hui » le patrimoine libre d'une multitude de fa» milles jadis prolétaires; il est dû à l'égalité » des partages, à la clarté et à la simplicité des » lois sur la propriété et sur les hypothèques, » à la promptitude avec laquelle sont jugés les » procès, dont le nombre décroît chaque jour. » C'est à ces mêmes causes (1) et à l'influence » de la vaccine, que l'on doit attribuer l'ac» croissement de la population. Et pourquoi ne

(1) Plusieurs de ces causes sont réelles; mais l'effet est plus que contre-balancé par la conscription.

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