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connaître leurs intentions. Le général d'York, en instruisant, par une lettre datée de Tauroggen, le 30 décembre, le maréchal Macdonald, de la résolution qu'il avait prise, disait qu'il ne lui avait plus été possible de continuer sa marché sans être entamé sur ses derrières et sur ses flancs; et il ajoutait, que s'étant trouvé dans l'alternative ou de perdre la plus grande partie de ses troupes et le maté riel qui en assurait les subsistances, ou de sauver le tout, il n'avait pas cru devoir hésiter. « Quel que soit le jugement que le monde por» tera de ma conduite (poursuivait-il), j'en suis » peu inquiet. Mon devoir envers mes troupes » et la réflexion la plus mûre me la dictent. Les » motifs les plus purs, quelles qu'en soient les » apparences, me guident.» La défection ne se borna pas au corps qui formait l'arrière-garde. Le général Massenbach, qui commandait un autre corps de troupes prussiennes, composé d'environ cinq mille hommes, suivit l'exemple que lui avait donné le général d'York, et s'empressa de repasser le Niémen pour se réunir à lui.

La conduite tenue par ces deux généraux a-t-elle été le résultat d'ordres secrets donnés par la cour de Berlin? C'est une question à laquelle il n'est pas encore possible de répondre, et que Buonap.

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l'avenir même ne parviendra peut-être pas à résoudre. Quoi qu'il en soit, les mesures que prit sa majesté prussienne semblèrent annoncer, jusqu'à un certain point, qu'elle restait fidèle à l'alliance contractée avec la France. Elle ordonna que les généraux d'York et Massenbach fussent traduits devant un conseil de guerre, s'il était possible de les saisir, et que le premier fût remplacé par le général Kleist. Le prince de Hatzfeld fut en même temps envoyé à Paris pour faire à Napoléon des protestations d'attachement et de zèle, à la sincérité desquelles il n'ajouta probablement que peu de foi.

A la nouvelle de la défection du contingent prussien, il se tint un conseil des ministres, où le duc de Bassaño fit un rapport rempli, selon l'usage, d'invectives contre l'Angleterre. Après avoir proposé une levée de trois cent cinquante mille hommes, M. le duc disait à son maitre : « Le peuple Français sentira la » force des circonstances. Il rendra un nouvel » hommage à cette vérité si souvent proclamée » par Votre Majesté, du haut de son trône, » qu'il n'est aucun repos pour l'Europe, tant » que l'Angleterre n'aura pas été forcée à con» clure la paix. »

Le sénat ayant été assemblé, lero janvier 1813,

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on lui communiqua le rapport du ministre des relations extérieures, et Napoléon eut recours à l'éloquence verbeuse du comte Regnault de Saint-Jean d'Angely, pour développer les motifs du projet de sénatus-consulte. L'auteur ne manqua pas non plus d'accuser l'Angleterre, et de vanter les efforts que, disait-il, Napoléon avait faits pour le maintien de la paix. Il n'eut pas honte d'en célébrer les succès dans la dernière campagne, et de qualifier de retraite glorieuse la plus épouvantable déroute. Enfin il poussa l'impudence jusqu'à dire, que si le 29. bulletin avait étonné la France, il l'avait aussi rassurée. Rassurée! et pourquoi? Était-ce pour avoir annoncé à la suite du tableau déchirant de toutes les pertes de l'armée française, que « l'empereur n'avait jamais joui » d'une meilleure santé ? » Non! l'existence de Napoléon ne pouvait rassurer la France; elle n'était utile qu'aux hommes qui comme l'orateur, étaient payés par de riches dotations et d'énormes gratifications, des basses flatteries qu'ils lui prodiguaient.

La défection du général d'York parut exciter toute l'indignation de M. le comte Regnault. Il s'oublia au point de dire que le nom de ce gé-> néral passerait, à l'avenir, pour une cruelle in

jure (1). Cet oracle s'est accompli comme tous ceux que Napoléon et ses ministres ont rendus tant de fois le contraire de ce qu'ils ont prédit, est arrivé. Le général d'York jouit de l'estime et de l'affection de son souverain ainsi que de la considération de ses concitoyens, qu'il a soustraits à un joug étranger; et M. Regnault est à jamais banni de sa patrie, qu'il a trahie en faveur de l'ennemi de l'hu

manité.

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Le projet de sénatus consulte fut renvoyé, pour la forme, à une commission qui le lendemain fit son rapport par l'organe du comte de Lacepède, dont le nom se retrouve toujours dans les actes les plus désastreux de ces temps. L'historien doit regretter que ce rapport n'ait pas été communiqué au public. Il serait piquant de le mettre en parallèle avec celui dans lequel le même orateur annonçait aux jeunes

(1) Il n'y a pas une seule municipalité de village qui n'ait fait parvenir au pied du trône de Napoléon, une adresse où les phrases de M. le comte Regnault étaient répétées et commentées de la manière la plus ridicule. La plupart des pièces de ce genre étaient fabriquées dans les ateliers du ministère de l'intérieur. Tout ce qui restait à faire aux municipaux qui les avaient reçues, était de les signer et de les renvoyer à Paris.

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Français des cent cohortes, qu'ils ne seraient occupés que de jeux militaires jusqu'à l'instant, peu éloigné, où ils rentreraient dans leurs foyers. Afin de ne pas mettre le sénat trop fortement en contradiction avec lui-même, on avait engagé les chefs de ces cohortes à solliciter, pour elles, la faveur de faire partie de l'armée en activité de service. Elle leur fut accordée sans peine; et les trois cent cinquante mille hommes demandés par le gouvernement, furent mis en même temps à la disposition du ministre de la guerre.

Les levées d'hommes ordonnées, il restait à pourvoir à l'équipement et à l'entretien des armées qui allaient être mises sur pied. Le pied. Le corps législatif, à qui le droit de voter les impôts était réservé, fut donc convoqué. Napoléon en fit l'ouverture en personne, le 14 février, et prononça, du haut de son trône, le discours sui

vant :

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« Messieurs les députés des départements au » corps législatif, la guerre rallumée dans le » nord de l'Europe, offrait une occasion favo » rable aux projets des Anglais sur la pénin» sule. Toutes leurs espérances ont été dé çues...... Leur armée a échoué devant la

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» citadelle de Burgos, et a dû, après avoir es

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