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quoiqu'il eût dit dans le 36. bulletin, daté de Borrowsk et du 23 octobre: « Les » habitants de la Russie ne reviennent pas » du temps qu'il fait depuis vingt jours. » C'est le soleil et les belles journées du voyage » de Fontainebleau. »

Le conseil d'état ne pouvait se dispenser non plus de présenter ses félicitations. Le discours de son orateur roula sur la conspiration et sur les malheurs de la grande armée. Nous n'en ferions aucune mention sans la réponse remarquable à laquelle il donna lieu : « C'est, dit » Napoléon, c'est à l'idéologie, à cette téné» breuse métaphysique, qui, en rassemblant » avec subtilité les causes premières, veut, sur » ces bases, fonder la législation des peuples, » au lieu d'approprier les lois à la connaissance » du coeur humain et aux leçons de l'histoire, » qu'il faut attribuer tous les malheurs qu'a » éprouvés notre belle France. Ces erreurs » devaient, et ont effectivement amené le ré» gime des hommes de sang (du nombre des

jour où il commença de se faire sentir, et où la neige tomba à gros flocons. Napoléon avait même été prévenu plutôt de son approche; car une lettre de Moscou, en date du 3 octobre, annonçait qu'on y avait déjà ressenti un froid de trois degrés. ( Voyez le Journal de l'empire, du 20 octobre 1812.)

» quels il était). En effet, qui a proclamé le » principe d'insurrection comme un devoir? » Qui a adulé le peuple, en le proclamant à » une souveraineté qu'il était incapable d'exer» cer? Qui a détruit la sainteté et le respect des »lois, en les faisant dépendre, non des prin»cipes sacrés de la justice et de la nature des » choses, mais seulement de la volonté d'une » assemblée, composée d'hommes étrangers à » la connaissance des lois civiles, criminelles, » administratives, politiques et militaires? » Lorsqu'on est appelé à régénérer un état, ce » sont des principes constamment opposés » qu'il faut suivre. L'histoire peint le cœur » humain: c'est dans l'histoire qu'il faut cher» cher les avantages et les inconvénients des » différentes législations. Voilà les principes » que le conseil d'état d'un grand empire ne » doit jamais perdre de vue. Il doit y joindre' » un courage à toute épreuve, et, à l'exemple » des présidents de Harlay et Molé, être prêt » à périr en défendant le souverain, le trône » et les lois. » Ces vérités étaient loin de rien perdre de leur force en passant par la bouché de Napoléon; et cependant l'époque n'était déjà plus éloignée où ceux auxquels il les avait adressées devaient avancer, en sa présence et de son propre avea, des maximes entièrement opposées!

Les menaces faites au magistrat qui n'avait pas su mourir pour le maintien de l'ordre de succession à la couronne impériale, ne tardèrent pas à se réaliser. Le 23 décembre, il fut destitué des fonctions de conseiller d'état et de préfet du département de la Seine. Napoléon avait associé son conseil à cet acte de rigueur. Toutes les sections en avaient été consultées, et chacune avait condamné, avec plus ou moins de force, M. Frochot, qui, libre alors de tout soin public, put se livrer entièrement à cette idéologie qui lui avait attiré une disgrâce si éclatante.

La France et l'Europe purent reconnaître, peu de temps après l'arrivée de Napoléon à Paris, que la ruine totale de son armée n'avait apporté aucun changement à ses desseins. Les journaux de Londres ayant avancé diverses: conjectures sur la conduite qu'il allait tenir, il fit, dans une note insérée au Moniteur, cette déclaration, dont l'événement a si bien démontré l'absurdité: «L'Espagne est à la dynas» tie française ; aucun effort humain ne peut » l'empêcher (1). » Buonaparte annonça en même temps, que si l'on voulait savoir quelles

(1) Il est bien connu que Buonaparte était l'auteur de la plupart des notes par lesquelles le Moniteur répondait aux allégations des journaux anglais, Nul autre que lui n'aurait basardé

seraient les conditions auxquelles il pourrait souscrire à une paix générale, il fallait lire la lettre que le duc de Bassano avait écrite au lord Castlereagh, avant l'ouverture de la campagne de 1812. C'était dire, de la manière la

les déclarations qu'elles contenaient souvent. C'était aussi quelquefois la seule manière dont il communiquât ce qu'il appelait sa pensée, aux peuples qu'il gouvernait, et rien ne prouve mieux peut-être à quel point il les méprisait.

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Aucune puissance ne s'éloignera de la France, portait » une autre note. Toutes seront sourdes à vos intrigues.. > Malheur à vous, si quelque cabinet faible écoutait vos conseils! » vous seriez cause encore de l'accroissement des forces de la » France. Voyez l'état de vos affaires, disait dans le même » temps Napoléon, elles vous crient: modération! modération! » modération! » A qui le conseil pouvait-il mieux convenir qu'à celui qui le donnait? Mais, à la vérité, personne n'aurait été moins en état d'en profiter.

Une quatrième note était ainsi conçue: «Les guerres d'Espagne » et du Nord seront menées de front. Trois cent mille hom» mes, tous français, seront réunis dans le courant de février, » à Hambourg, sur l'Elbe, sur le Rhin et sur l'Oder, indépen » damment de deux-cent mille hommes qui seront à la grande » armée; et la campagne prochaine va s'ouvrir avec une armée > française plus forte du double que dans la campagne passée. >> En même temps, l'armée française d'Espagne sera renfor» cée et maintenue à son complet de trois cent mille hommes. » Ces notes prouvent que celui qui les écrivait parlait sérieusement, lorsqu'il disait que tout ce qui couvrait le sol de la France était à lui.

plus positive, qu'il ne voulait point faire de sacrifice, et qu'il serait inutile de lui en demander aucun; mais il pouvait se rassurer à cet égard. Le ministère anglais, dont un membre avait déclaré, sans être désavoué par ses collègues, que la Grande-Bretagne faisait une guerre viagère à Buonaparte, n'était pas disposé à traiter avec lui dans l'état critique où ses affaires étaient réduites.

Pour calmer les esprits, Napoléon avait déclaré, à son retour de Moscou, qu'il ne ferait point de nouvelle demande d'hommes ni d'argent. Un événement dont nous allons rendre compte, lui fournit l'occasion de révoquer cette promesse, que jamais, sans doute, il ne s'était proposé de tenir.

L'arrière-garde du dixième corps de l'armée française, corps qui avait été employé au siége de Riga et était commandé par le maréchal Macdonald, était formé par dix mille hommes de troupes prussiennes, aux ordres du général d'York, qui, tandis que nos troupes faisaient retraite, conclut un arrangement particulier avec les Russes. Il fut convenu que les Prussiens se sépareraient des Français, qu'ils occuperaient les environs de Memel et garderaient une étroite neutralité, jusqu'à ce que l'empereur de Russie et le roi de Prusse eussent fait

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