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elles furent indiquées d'une manière assez exacte dans le vingt-neuvième bulletin. Les hommes sensibles en gémirent. Quant aux suppôts de Napoléon, ils n'en furent pas moins consternés que surpris. Ils ne pouvaient plus se dissimuler que le prestige qui avait fait croire à l'infaillibilité de leur héros, ne fût sur le point de se dissiper. Des hommes sensés, quoique sans doute en très petit nombre, avaient prévu le résultat de sa folle entreprise. Dès le mois de juillet, un écrivain spirituel, et connu par la relation d'un voyage qu'il a fait en Russie, avait prononcé cette terrible sentence : « Buonaparte perdra son armée, pour signer un décret à Moscou. » La prophétie s'est accomplie: plusieurs décrets, dits impériaux, sont datés de l'ancienne capitale des czars; et, à la honte éternelle de Napoléon, le plus remarquable de tous, est l'organisation de l'un des théâtres de Paris (1).

(1) Du Théâtre Français. (Voyez le Journal de l'Empire, du 16 janvier 1813.) Plusieurs acteurs et chanteurs restés à Moscou, furent réunis pour donner des spectacles et des concerts à Napoléon, dans ce même palais du Kremlin, dont il devait bientôt ordonner la destruction.

CHAPITRE IV.

Conspiration du général Mallet.

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de Buonaparte à Paris. - Défection des Troupes prussiennes aux ordres du général d'Yorck. - Levée de trois cent cinquante mille hommes. Entrevue du Pape et de Napoléon à Fontainebleau.

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Régence de Défection de la Prusse. Nouvelle levée d'hommes.

Marie-Louise.

1

L'ARMÉE française avait à peine quitté les ruines encore fumantes de Moscou, qu'une conspiration tramée dans l'ombre d'une prison, fut sur le point de renverser le gouvernement de Napoléon, dans le court espace de deux heures. Celui qui l'avait conçue, le général Mallet, après s'être concerté avec les généraux Lahorie et Guidal et avoir gagné plusieurs officiers, tant de la dixième cohorte du premier ban de la garde nationale, que de divers régiments de la garde de Paris, s'évada d'une maison de santé où il était détenu, et s'empara, dans la nuit du 22 au 23 octobre, de différents postes de la capitale. Sur les huit

heures du matin de ce dernier jour, Mallet se rendit chez le général Hullin, commandant de la place, et le somma de le suivre à la prison de l'Abbaye. Sur le refus de Hullin, il lui tira un coup de pistolet au de pistolet au visage, et sortit croyant l'avoir tué. Dans le même temps, Lahorie et Guidal con luisaient tranquillement à la Force, chacun dans une voiture de place, le duc de Rovigo et M. Pasquier, l'un ministre et l'autre préfet de police. Les conspirateurs avaient eu soin de répandre le bruit. que Buonaparte avait été tué par ses propres troupes, et ils avaient fabriqué un faux sénatus-consulte portant abolissement du gouvernement impérial. Munis de cette pièce, deux émissaires de Mallet allèrent trouver le préfet du département de la Seine, M. Erochot, et l'invitèrent à faire préparer à l'hôtelde-ville, une salle pour y tenir les séances d'un gouvernement provisoire. Il paraît que M. Frochot eut le malheur de ne pas se rappeler que la couronne impériale était alors héréditaire dans la famille de Napoléon; et il donna les ordres qui lui étaient demandés.

Mallet et ses amis avaient fait une grande faute en négligeant de s'assurer de la personne de M. le duc de Feltre, ministre de la guerre, et de céile de l'archi chancelier Cambacérés,

qui firent prendre les armes à la garde de Marie-Louise. On releva les postes occupés par les troupes que les conspirateurs avaient séduites, et eux-mêmes furent arrêtés et conduits en prison. On les jugea promptement; et le 29 octobre, on les fusilla au nombre de douze. Mallet, Lahorie et Guidal moururent avec un courage héroïque.

Aucun événement politique n'a peut-être jamais été appris avec une indifférence égale à celle que témoigna le public, lorsque le bruit de la mort de Buonaparte se répandit. L'imprudence de sa conduite frappait alors les esprits. les moins éclairés; et l'on pensait assez généralement qu'elle lui attirerait quelque catastrophe. On ne vit donc d'effrayés que les suppôts du gouvernement, et leur inquiétude fut une véritable jouissance pour ses nombreux ennemis.

Quoique l'entreprise du général Mallet ait été qualifiée d'équipée, par ceux qui avaient dû le plus en redouter le succès, il n'est pas improbable qu'elle eût pu réussir. Elle eût trouvé du moins de puissants coopérateurs dans les cent mille hommes du premier ban, qui, arrachés à leurs familles et à leurs travaux, par l'usurpateur, eussent concouru avec joie au renversement de son autorité. Les dé

sastres de la retraite de Moscou venant aussi à être connus sur les entrefaites, il n'eût pas été difficile d'exciter la haine publique, tant au dedans qu'au dehors, contre celui qui en était l'auteur, et qui, dès ce moment même, eût eu peut-être de la peine à trouver un asile en Europe.

Mais, que se proposait le général Mallet? Quel gouvernement eût-il institué, si l'autorité suprême avait été déposée momentanément entre ses mains? Selon toute apparence, ce sera toujours un mystère, quoique depuis la restauration on ait prétendu que Mallet avait le dessein de rétablir sur son trône le souverain légitime. La sagesse l'eût conseillé, sans doute; mais, dans le temps où nous vivons, ce n'est pas un motif suffisant pour juger qu'on l'eût fait. D'ailleurs on ne voit parmi les complices, ou, si l'on veut, les coopérateurs de Mallet, aucun des anciens et fidèles serviteurs du Roi, et l'on y compte, au contraire, des hommes bien connus par leur attachement aux principes du gouvernement républicain. S'il est donc quelque conjecture à former sur le résultat probable, qu'en cas de succès, aurait eu la conspiration, c'est qu'elle aurait produit le rétablissement de cette sorte de gouvernement, qui, ne pouvant se maintenir en France, n'y conduira jamais qu'au

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