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livrée au pillage; après quoi on y mit le feu. L'armée était réduite à trente-mille hommes(1), épuisés de fatigue, minés par les privations, et la plupart portant en eux le germe d'une mort prochaine. Durant quatre mois, les mal

(1) Note officielle contenant le nombre de cadavres, d'hommes et de chevaux qui ont été brúlés en Russie, après la retraite des Français.

Dans le gouvernement de Minsk, jusqu'au hommes. chevaux. 15 janvier 1813.

Dans le même, il restait à brûler à la mème

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18,797 2,746

30,106 27,316

49,754 27,859

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Nota. La note officielle, insérée dans la gazette de Saint-Pétersbourg, ajoute que ce dénombrement est bien loin d'être complet, parce que les gouverneurs avaient déjà fait brûler un grand nombre de cadavres, avant de recevoir l'ordre de la cour d'en faire le dénombrement. Elle dit de plus, que les 30, 106 cadavres humains et les 27,316 cadavres de chevaux, qui restèrent à brûler dans le gouvernement de Minsk, avaient été trouvés, presque tous, sur la Bérézina. (Recueil des Pièces officielles publiées par M. Scholl, tom. 4, page 304.

heureux qui la composaient, errèrent encore de contrée en contrée, en butte aux outrages des habitants, qui leur témoignaient, sans ménagement, la haine qu'ils portaient à la nation française et à son indigne chef.

Les annales du monde ne contiennent pas, depuis les temps fabuleux jusqu'à nos jours, le tableau d'un désastre aussi épouvantable que celui dont nous venons de retraçer les horribles détails. L'expédition mémorable dont il est le résultat, fondée sur un faux calcul et conseillée par une ambition en délire, n'a pas, selon

les hommes versés dans l'art de la guerre, été conduite avec l'habileté qui avait signalé jusqu'alors les opérations militaires de Napoléon. On lui reproche principalement, comme général, d'avoir trop étendu sa ligne, et d'avoir négligé d'assurer ses derrières et ses flancs, avant de s'enfoncer dans un pays tel que la Russie, dont les habitants, quelque accueil qu'ils fassent aux étrangers, sont extrêmement attachés à leur religion, à leur prince, à l'honneur national et à leurs moeurs, et devaient, par conséquent, réunir tous leurs efforts contre l'ennemi. On prétend aussi que Napoléon n'a pas agi avec sa vigueur accoutumée à la bataille de la Moscowa ou de Borodino, et qu'il a commis une grande faute en te

nant sa garde dans l'inaction, ce qui a permis aux Russes de faire leur retraite en bon ordre. Mais le reproche qu'on adresse le plus généralement au chef de l'armée française, est le long séjour qu'il a fait à Moscou, après avoir reconnu qu'il lui serait impossible de s'y maintenir. Cette faute, toutefois ne nous paraît être que la suite à peu près inévitable des opérations précédentes. Après avoir passé Smolensk, il fallait livrer bataille aux Russes, pour les forcer à se soumettre aux conditions que voudrait leur imposer le vainqueur. La fermeté d'Alexandre, combinée avec le dévouement héroïque de ses sujets, ayant rendu nul ce moyen, il devint nécessaire d'en tenter un autre, et de s'emparer de Moscou, si toutefois l'occupation de cette capitale n'entrait pas dans le plan primitif de l'expédition (1). Napoléon étant allé chercher la paix si loin, devait ouvrir des négociations, de la durée desquelles il ne pouvait être entièrement le maître. Il ne s'agissait donc plus alors pour les Russes que de gagner du temps; ils l'ont senti; ils se sont conduits en conséquence, et leurs défaites sont devenues des victoires.

Il semble résulter de toutes ces considéra

(1) La chose nous paraît hors de doute. ( Voyez ci-devant, page 362.)

tions, que jamais Buonaparte n'aurait dû passer le Dniéper. C'était l'opinion et le vocu de son armée, qui, à ce qu'on assure, exprima quelque mécontentement de voir qu'il n'y avait aucun égard. Au premier coup-d'oeil, ce plan paraît plus sage que celui qui a été mis à exécution; mais peut-être n'était-il pas non plus sans inconvénient. Borner à la prise de Smolensk, qui eut lieu le 18 juillet, les opérations de la campagne de 1812, c'eût été donner aux Russes près de dix mois pour rassembler et organiser toutes les forces de leur vaste empire, dont une faible portion seulement était envahie. Durant ce long espace de temps, l'armée française aurait été obligée de demeurer stationnaire sur le Dniéper, en laissant derrière elle des alliés peu dévoués, au nombre desquels on peut compter les Lithuaniens, qui, avons-nous dit précédemment, ne se montrèrent pas fort empressés à échanger le gouvernement paternel d'Alexandre contre le despotisme de Napoléon, et dont le pays eût nécessairement eu beaucoup à souffrir par le séjour des Français. Les autres Polonais eux-mêmes étaient extrêmement refroidis à cette époque, par la crainte de voir Buonaparte placer sur sa tête la couronne de Pologne. Mais s'il n'avait pas à redouter un soulèvement de leur part, il pouvait n'en être

pas ainsi des peuples de l'Allemagne, qui ne supportaient qu'avec la plus vive impatience le joug de sa domination, et que le moindre espoir de succès aurait pu exciter à le secouer. L'Autriche et la Prusse, dont l'alliance n'était due qu'au danger de leur position, n'auraient pas manqué de favoriser les tentatives qui auraient eu pour objet de renverser la puissance de Buonaparte; et personne ne doutera que l'Angleterre n'eût fait les plus grands efforts pour provoquer une telle révolution. Ainsi les troupes françaises restées sur le Borysthène, auraient pu se voir enveloppées tout-à-coup ; et peut-être Napoléon, qui, en outre, avait à soutenir en Espagne une guerre ruineuse de tout point, n'aurait-il fait que succomber plus tôt. Si ces réflexions ont quelque justesse, c'est bien moins encore la manière dont il a conduit ses opérations en Russie, que l'expédition elle-même qui est à blâmer, puisque lé succès en devait dépendre de la terreur, ou plutôt de la volonté de l'ennemi.

L'histoire ne devant être fondée que sur la vérité, nous avons omis jusqu'ici de parler des rapports publiés par Buonaparte, qui l'a toujours respectée si peu. Cependant, comme il fallait des efforts prodigieux pour réparer, s'il était possible, les pertes de la grande armée, Buonap,

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