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corps, formant le centre de l'armée, furent dirigés vers le Dniéper, l'ancien Borysthène, qui fut franchi dans la nuit du 13 au 14, sans aucune opposition. La cavalerie, soutenue par le troisième corps, s'avança sur le champ vers Krasnoi. Une forte division russe, postée en avant de cette ville, voulut arrêter la marche de l'avant garde française; mais on l'attaqua si vivement, qu'elle fut forcée de se replier sur Krasnoï, où elle se défendit encore. Plusieurs charges de cavalerie eurent lieu de part et d'autre. Les Russes se battirent avec acharnement, et ce ne fut qu'après avoir disputé long-temps le terrain, qu'ils se retirèrent, ce qu'ils firent avec ordre et sans avoir été enfoncés. L'armée française, après cette affaire, qui fut assez sérieuse, ne rencontra plus d'obstacles; et, le 16, elle arriva sur les hauteurs qui avoisinent Smolensk.

Cette ville, l'une des plus belles et des plus considérables de la Russie, était considérée comme le boulevard de Moscou. Elle était entourée d'une enceinte de murailles, hautes de vingt-cinq pieds, construites en briques, crénelées et flanquées de grosses tours. Trente mille hommes en composaient la garnison. Les forces principales de l'armée russe, placées sur la rive droite du fleuve, couronnaient les hauBuonap. 25

teurs qui dominent cette ville, avec laquelle elles entretenaient une communication facile, au moyen de plusieurs ponts.

L'armée française demeura en observation pendant la moitié de la journée du 17. NapoJéon reconnut la place ainsi que la position de l'ennemi, et fit toutes ses dispositions pour attaquer. Le but de ses manoeuvres était de cou

per la communication entre la ville et l'armée russe. Une canonnade terrible s'engagea d'une rive du fleuve à l'autre. Une batterie de soixante pièces de canons, dressée sur un plateau dont les Français s'étaient emparés, et d'où ils pouvaient battre le premier pont, vomissait perpétuellement une grêle de boulets contre les masses de troupes ennemies postées à l'opposite. Deux faubourgs retranchés, qui étaient à deux cents toises des remparts, furent attaqués avec une vivacité incroyable, et emportés à la bayonnette après une longue canonnade. Les assaillants dirigèrent ensuite tous leurs efforts contre le corps de la place. Des batteries de pièces d'un gros calibre, placées sur les points dominants, battirent les murs en brèche. Enfin des bombes et des obus, lancés dans la ville sans interruption, mirent le feu de toutes parts.

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Cependant des troupes fraîches étant venues,

de la rive droite du fleuve, renforcer celles qui défendaient la place, le combat se soutint opiniâtrément. Les Russes s'obstinaient à tenir dans une ville embrasée, sous le feu d'artillerie le plus meurtrier, et quoique les mineurs fussent déjà attachés aux remparts. Des tourbillons de flammes et de fumée s'élevaient du sein de la malheureuse Smolensk, spectacle qui fut plus effrayant encore lorsque la nuit fut venue. Le bruit du canon ne couvrait qu'imparfaitement le fracas épouvantable qu'occasionnait la chute des édifices. Enfin, à une heure après minuit, la garnison, reconnaissant l'impossibilité de se maintenir dans la place, passa le fleuve pour aller rejoindre son corps d'armée sur la rive droite, et brûla les ponts. Ce mouvement n'ayant point été aperçu, à deux heures on donna l'ordre de livrer l'assaut. Les soldats s'élancèrent sur les brèches; mais ils n'éprouvèrent aucune résistance, et entrèrent dans la ville. On n'y trouva pas un seul habitant, et les magasins immenses, qu'elle contenait quelques heures auparavant, étaient devenus la proie des flammes. Le carnage fut affreux: les Français eurent six mille hommes de tués et plus de dix mille blessés. La perte fut à peu près la même pour les Russes, qui firent leur retraite, sur la route de Moscou,

avec beaucoup d'ordre et de lenteur, emmenant avec eux' leurs blessés et leurs équipages. Ils prirent ensuite position sur les hauteurs de Valontina, qui commandaient la route, et aboutissaient, de chaque côté, à des bois. Il s'engagea une forte canonnade; et, après deux heures d'un combat indécis, deux divisions françaises recurent l'ordre de se porter, au pas de charge, sur le centre de la position de l'ennemi. Ce mouvement fut exécuté avec succès, et les hauafteurs furent enlevées, non sans un carnage

freux.

Après cette affaire, Napoléon reporta son quartier-général à Smolensk, ce qui fit croire qu'il voulait cesser la poursuite. Son armée, qui s'affaiblissait journellement par les combats et les maladies, se trouvait dans un pays désert et complètement ruiné. Il était impossible qu'elle s'y arrêtât long-temps, et il devenait urgent de prendre des mesures pour lui assurer des subsistances. On ne tarda à être détrompé sur les intentions qu'on prêtait de jours si gratuitement à Napoléon, qui, peu après le combat de Valontina, fit reprendre l'offensive et continuer la marche sur la route de Moscou.

pas

Jusqu'au 30 du mois d'août, il y eut plusieurs combats dont le succès fut toujours favo

rable à l'armée française, qui, ce jour même, entra dans Viasma, ville considérable et bien bâtie, à laquelle les Russes, comme ils le faisaient partout en se retirant, avaient mis le feu. On parvint cependant à arrêter l'incendie et à sauver quelques maisons.

Les Français, pressés par la famine, pour'suivaient leur marche avec la plus grande vitesse, et ne laissaient pas aux Russes un instant de repos. Le 4 septembre, une forte reconnaissance fut poussée en avant. Ayant rencontré des forces supérieures, elle se retira en désordre, et vint annoncer que l'ennemi, posté sur la Kologha, paraissait disposé à conserver sa position.

Le lendemain, à cinq heures du matin, toutes les colonnes de l'armée française s'ébranlèrent. Elles continuèrent leur marche jusqu'à deux heures après-midi, qu'on découvrit l'armée russe retranchée sur la rive gauche de la Kologha. Sa droite s'étendait vers la Moskowa, et sa gauche s'appuyait sur des hauteurs garnies de bois et défendues par des redoutes formidables.

Napoléon, ayant reconnu la position de l'ennemi, fit attaquer sur-le-champ un mamelon fortifié, qui fut enlevé au bout de deux heures d'un combat très vif. Toute la journée

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