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» pendra de moi pour seconder vos résolutions, » je le ferai. » Il recommanda ensuite l'unanimité, de façon à faire juger qu'elle n'existait pas parmi les Polonais, du moins quant au point que probablement il avait le plus à coeur. Il dit aussi qu'il avait garanti à l'empereur d'Autriche l'intégrité de ses états. Sa mauvaise foi paraît ici à découvert; car dans le traité d'alliance, prétendue défensive, qu'il venait de conclure avec ce monarque, il y avait des articles secrets par lesquels il s'engageait à lui rendre les provinces Illyriennes en échange de la plus grande partie de la Gallicie. Il est donc vraisemblable que Napoléon ne s'était proposé de rétablir le royaume de Pologne, que pour en joindre la couronne à celles dont sa tête était déjà surchargée, et qu'il fut piqué qu'on ne la lui eût pas offerte. Il lui eût été facile d'obte nir l'adhésion de son allié le roi de Saxe, qui, probablement n'aurait pas été disposé à la lui refuser, et à qui le duché de Varsovie était plutôt onéreux qu'utile; mais il paraît qu'un grand nombre de Polonais voulaient bien de Napoléon pour libérateur et pour appui, et non pour maître. Dans le fait, leur caractère et le sien étaient trop incompatibles pour que la bonne intelligence eût pu subsister long-temps entr'eux. Cet esprit d'indépendance qui, en Pologne,

a été si souvent poussé jusqu'à la licence, n'aurait pu plier sous un despotisme extravagant et fréquemment voisin de la tyrannie.

Ce fut à Ostrownovo, à six lieues de Vitepsk, que le premier combat remarquable fut livré. Le 26 juillet, on rencontra l'ennemi qui était en position devant cette ville. On l'attaqua vivement, et, malgré tous ses efforts pour résister à l'impétuosité des troupes françaises, il fut culbuté en peu de temps; mais il fit sa retraite avec beaucoup d'ordre, et on ne put lui enlever ni artillerie ni équipages. Le lendemain, on l'atteignit encore. Il était posté à une lieue d'Ostrownovo, entre des bois qui rendaient l'attaque très difficile. Cependant, après une défense opiniâtre, il fut forcé de céder le terrain. On le poursuivit très vivement, et, le 28 juillet, l'armée française, après une affaire peu sérieuse, entra dans Vitepsk, où le quartier-général s'établi. Presque tous les habitants s'étaient enfuis, emportant avec eux autant de vivres qu'ils l'avaient pu; et les Russes, en se retirant, avaient brûlé tous les magasins. Aussi la disette commença - t - elle déjà à se faire sentir.

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La Lithuanie se trouvait alors entièrement conquise; l'aile droite de l'armée était entrée à Mohilow, et la gauche s'étendait jusqu'à Riga.

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Poursuivis dans toutes les directions, les Russes avaient été rejetés jusqu'au-delà de la Dwina, d'un côté, et du Dniéper de l'autre. Cependant, quoique battus et forcés partout, ils étaient parvenus à se concentrer sans avoir perdu ni artillerie, ni équipages; partout ils brûlaient les magasins, coupaient les ponts, ruinaient le pays, et mettaient tout en œuvre pour ralentir les progrès de l'ennemi.

L'armée française, qui avait besoin de repos après une marche de quatre-vingts lieues, durant laquelle elle avait manqué de beaucoup de choses, fit quelque séjour à Vitepsk, où F'on s'occupa avec activité à pourvoir à ses besoins. Les forces principales des Russes étaient réunies sur la rive droite du Dniéper, et couvraient Smolensk. Le comte Barclay de Tolly, qui commandait leur armée, fut remplacé à cette époque par le prince Koutouzoff, qui arrivait de l'armée de Turquie. Ce général était âgé de soixante-quinze ans, et jouissait d'une haute réputation militaire parmi ses compatrioles, Il conservait tout le feu de la jeunesse, et était doué d'une grande présence d'esprit. Koutouzoff apportait la ratification du traité de paix qu'il venait de conclure avec la PorteOttomane, et qui permettait d'employer, contre l'armée française, les troupes qui avaient.com

battu les Turcs. Enfin un corps nombreux, qui était aux ordres du comte de Wittgenstein, couvrait le chemin de Saint-Pétersbourg.

Indépendamment de ces forces régulières, les Russes organisaient une insurrection générale, et annonçaient qu'ils étaient déterminés à faire les plus grands sacrifices pour arrêter l'invasion. L'empereur Alexandre, afin de ranimer l'esprit de ses troupes, qu'une retraite si prompte avait découragées, fit répandre le bruit qu'elle entrait dans le plan qui avait été conçu pour la délivrance du pays, et déclara qu'il était, plus que jamais, déterminé à le suivre (1). Les habitants furent sommés en même temps d'abandonner leurs maisons, et

(1) La proclamation qui fut faite à cette occasion finissait par le passage suivant, qu'un caractère antique et religieux rend des plus remarquables :

« Noblesse russe, c'est toi qui, dans tous les temps, a sauvé » la patrię! Saint synode et clergé, ce sont vos ferventes » prières qui ont aussi, dans tous les temps, fait descendre sur la » Russie les bénédictions du Ciel! Et toi, nation russe, illus» tre descendance des valeureux Slaves, souvent tu as fait » trembler les tigres et les loups prêts à te dévorer! aujour» d'hui que vous vous réunissez tous, la croix du Sauveur dans » le cœur et le glaive à la main, aucune force humaine ne pourra » vous résister. »

de tout détruire à la première apparition des Français. Des officiers furent envoyés en différentes provinces pour enlever les subsistances qui excéderaient les besoins du moment. Toutes · les récoltes sur pied devaient être sacrifiées, ainsi que les magasins particuliers de marchandises et de provisions, que le gouvernement promettait de rembourser ; et les magistrats étaient responsables de l'exécution de ces mesures rigoureuses. Enfin les Russes ne négligeaient rien non plus pour débaucher les Allemands et autres étrangers qui servaient dans l'armée française; et, en peu de temps, ils en comptèrent un grand nombre dans leurs

rangs. Le 12 août, le comte de Wittgenstein attaqua, en avant de Polosk, le deuxième corps de l'armée française, qui était commandé par le maréchal duc de Reggio. Le combat se soutint avec acharnement durant trois jours, au bout desquels les Russes furent enfin obligés de céder le terrain.

Le 8, dix mille hommes de cavalerie russe tombèrent sur le village d'Inkonovo, où se trouvait une partie du troisième corps de la cavalerie française, qui fut forcé de se retirer avec précipitation. Cette attaque inopinée porta Napoléon à lever ses quartiers pour marcher à l'ennemi. Deux jours après, tous les

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