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ver que la mésintelligence survenue entre les deux cours impériales de France et de Russie, éclaterait bientôt par des hostilités. Le sénat ayant été assemblé, on lui communiqua un rapport fait à l'empereur par le duc de Bassano, ministre des relations extérieures, rapport hypocrite et mensonger, où l'on vantait les prétendus avantages du système continental, et les heureux effets que, disait-on, il avait déjà produits. « Pour maintenir, sans at» teinte, ce grand système, poursuivait le mi»nistre, il est nécessaire que Votre Majesté » emploie les moyens puissants qui appar>> tiennent à son empire, et trouve dans ses su»jels cette assistance qu'elle ne leur deman» da jamais en vain. Il faut que toutes les for» ces disponibles de la France puissent se por-. » ter partout où le pavillon anglais et les au» tres pavillons dénationalisés ou convoyés » les bâtiments de guerre de l'Angleterre, vou» draient aborder. »

par

Le rapport finissait ainsi : « La paix, Sire, » que Votre Majesté, au milieu de sa toute» puissance, a si souvent offerte à ses enne» mis, couronnera vos glorieux travaux, » l'Angleterre, exilée du continent avec per❝ sévérance, et séparée de tous les états dont

si

» elle a violé l'indépendance, consent à ren» trer enfin dans les principes qui fondent la » société européenne, à reconnaître la loi des » nations, à respecter les droits consacrés par » le traité d'Utrecht.

» En attendant, le peuple Français doit res » ter armé. L'honneur le commande, l'intérêt, » les droits, l'indépendance des peuples enga »gés dans la même cause, et un oracle plus » sûr encore, souvent émané de la bouche » même de Votre Majesté, en font une loi im»périeuse et sacrée. »

Le ministre de la guerre, à la suite d'un rapport également adressé à l'empereur et lu au sénat, proposa l'organisation de la garde nationale, en la divisant en premier et second bans et en arrière-ban. Le premier devait se composer des hommes de vingt à vingt-six ans, qui n'avaient point été appelés à l'armée. Tous les hommes valides, depuis l'âge de vingt-six ans jusqu'à celui de quarante, devaient former le second ban, et tous ceux de quarante ans à soixante, l'arrière-ban. Le premier ban ne devait point sortir du territoire de l'empire. Il était exclusivement destiné à la garde des frontières, à la police intérieure et à la con servation des grands dépôts maritimes, arse

naux et places fortes. Enfin cent cohortes (1) de ce ban devaient être mises à la disposition du ministre de la guerre. Le projet de sénatus-consulte fut renvoyé à une commission spéciale, dont le rapport fut fait dans la séance du 13 mars, par le comte de Lacépède. Le discours que le sénateur-naturaliste prononça à cette occasion, est trop remarquable pour que nous n'en citions pas quelques passages, qui, d'ailleurs, serviront à démontrer à quel point on a poussé la flatterie envers Napoléon, et sous quelles couleurs on présentait les mesures les plus désastreuses.

Après avoir rappelé les dispositions du projet, le rapporteur dit : « Voilà ce que le hé»ros croit devoir faire pour rendre les fron>>tières inviolables, pour tranquilliser les es» prits les plus prompts à concevoir des alarmes, » pour garantir la sécurité publique de toutes >> les atteintés du faux zèle, de l'impéritie » ou d'une malveillance perfide.

» Voici ce que fait le père de ses sujets, pour » que ce grand bienfait exige le moins de sa» crifices. Les cohortes du premier ban, se » renouvelant par sixième chaque année, les

(1) Chaque cohorte devait être composée de onze cent vingt hommes,

» jeunes Français qui en feront partie, con> naîtront l'époque précise à laquelle, rendus » sous le toit paternel et à leurs affections » à leurs travaux, à leurs habitudes, ils joui»ront du prix de leur dévouement.

» Parvenus à l'âge où l'ardeur est réunie à » la force, ils trouveront, dans leurs exercices » militaires, des jeux salutaires et des délasse»ments, plutôt que des devoirs sévères et des » occupations pénibles. La surveillance, la di»rection, l'administration de leurs cohortes » porteront l'empreinte de l'attention pater» nelle de l'empereur pour les braves aux» quels il confiera la garde du territoire de » l'empire et de ses propriétés les plus pré» cieuses. Ils ne seront étrangers à aucun des » avantages dont jouissent les anciennes pha» langes de Napoléon ; et la défense expresse » que leur fait le sénatus-consulte, de quitter » les rivages et de franchir les frontières qu'ils » doivent garder, sera, pour leur courage, un » frein que ne pourra briser l'impétuosité fran»çaise.»

Il suffira de peu de mots pour répondre à ce discours, dont l'absurdité n'est pas ce qu'il y a de plus choquant. Le sénat s'est empressé de lever la défense formelle qu'il avait faite aux cent cohortes, de sortir de France, et les in

fortunés qui les composaient, sont morts sur un sol étranger, pour une querelle étrangère aux intérêts de leur patrie, qui bientôt devait avoir un si grand besoin de leurs services. Il est même plus que probable que Napoléon, par un motif que nous expliquerons plus loin, les a sacrifiés à sa vengeance. D'après ce qu'on vient de dire, on pourrait se dispenser d'ajouter que le sénatus-consulte devint loi de l'État.

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Cependant on gardait encore, soit en France, soit en Russie, les dehors de la bonne intelligence. L'empereur Alexandre avait toujours son ambassadeur à Paris, où se trouvait aussi le comte de Tchernitcheff son aide-decamp, qui toutefois, étant parvenu à se proà prix d'argent, l'état de situation de tous les corps qui composaient l'armée d'Allemagne, s'empressa de partir. Une lettre qu'il eut l'imprudence de laisser sous un tapis de son appartement, fit découvrir le coupable. C'était un commis des bureaux de la guerre, nommé Michel, qui bientôt paya de sa tête, son infidélité, dont, au surplus, il paraît qu'il faisait un métier lucratif depuis neuf ans. L'ordre d'arrêter M. de Tchernitcheff fut transmis par le télégraphe; mais cet officier avait fait une telle diligence, qu'il était hors de toute atteinte, lorsque la dépêche parvint Виопар.

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