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parte s'élança. On se rendit ensuite à Compiègne. Le 1er avril, la cour partit pour SaintCloud, où se fit l'acte civil; et, le lendemain, la bénédiction nuptiale fut donnée par le cardinal Fesch, dans une des salles du Louvre, transformée plutôt en salle de spectacle qu'en chapelle. Une foule de personnes des deux sexes, et d'un ordre au-dessus du commun, avaient sollicité et obtenu la faveur d'être admises dans la galerie que le cortége impérial devait traverser pour se rendre à l'autel. Les deux époux étaient suivis de tous les rois et reines éphémères de la famille Buonaparte, et même du prince Eugène, qu'on fit revenir une seconde fois d'Italie, pour être témoin d'une cérémonie à laquelle il ne pouvait assister qu'à regret. Cependant on avait acheté son inutile acquiescement par le titre de prince de Venise et l'expectative du grand duché de Francfort. Des illuminations, des concerts et d'autres réjouissances publiques remplirent le reste de la journée. Napoléon, du balcon de son palais, présenta deux fois son épouse à la foule, qui ne lui témoigna que de l'indifférence. Le lendemain, ce fut pis encore: une sorte d'improbation éclata dans la capitale, et elle se répandit bientôt dans les provinces. L'infortunée Marie-Louise fut représentée sous les

traits les plus odieux. On l'accusait principalement d'être hautaine et méchante, imputations que toute sa conduite a démenties. C'était, selon toute apparence, une manoeuvre d'un ministre qui s'était montré des plus contraires au mariage de Napoléon avec une archi-duchesse, et qui craignait, avec tous ses amis, que Marie-Louise ne parvînt à se concilier la faveur publique, et à les faire éloigner de tous les emplois.

Napoléon ne tarda pas à s'occuper des changements qu'il se proposait de faire éprouver à la Hollande. Louis, son frère, qu'il lui avait donné pour roi, était d'un caractère entièrement opposé au sien. Ne voulant point sacrifier à un système extravagant, le pays sur lequel il régnait, et à qui le commerce maritime est aussi nécessaire que l'agriculture l'est aux autres états, il ne faisait point exécuter à la rigueur les prohibitions ordonnées par Napoléon. Ce dernier l'ayant mandé à Paris, à l'époque de son mariage avec Marie-Louise, le traita de la manière la plus dure, et porta l'oubli de toutes les convenances jusqu'à l'appeler contrebandier. Louis, intimidé, consentit à signer un traité par lequel le territoire que la Hollande possédait sur la rive gauche du Rhin, Buonap.

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ou plutôt du Wahal, fut cédé à la France (1). Napoléon s'empressa de visiter cette nouvelle acquisition. Vers la fin du premier mois de son mariage, il partit de Compiègne, emmenant avec lui sa jeune épouse. C'était moins pour ne pas s'en séparer que pour la montrer à des peuples qui avaient obéi si long-temps aux princes de la Maison d'Autriche, et qui en regrettaient encore le gouvernement. Napoléon visita Middlebourg et Flessingue, où il commanda divers ouvrages pour la défense de cette place. Il se rendit aussi à Bréda, où, en présence de Marie-Louise, de Jérôme son frère et de la princesse de Wurtemberg sa femme, d'Eugène, vice-roi d'Italie, de plusieurs de ses ministres et de ses grands officiers, et de tous les fonctionnaires publics du pays, et notamment du clergé protestant, il se livra contre le clergé catholique, à toute la fougue, à toute la fureur de son caractère, qui le portait si souvent à des actes que la démence seule pourrait faire excuser (2).

Le retour de Napoléon à Paris fut signalé

(1) La plus grande partie de ce territoire forma le département des Bouches-du-Rhin.

(2) Voyez le Recueil de pièces officielles publié par M. Schoell, tom. iv, pag. 247.

par la disgrâce de Fouché, duc d'Otrante, à qui le ministère de la police générale fut enlevé pour être remis à un homme plus servilement dévoué aux intérêts de son maître, à Savary, duc de Rovigo. Le public n'avait point à se plaindre de Fouché; mais l'année précédente, tandis que Buonaparte était malade au château de Schoenbrunn, près de Vienne, il avait voulu organiser, sans en avoir reçu l'ordre, la garde nationale parisienne. En ce moment, il jouissait d'une telle influence à Paris et dans les départements, que, si Napoléon fût venu à mourir, ce ministre eût, selon toute apparence, tenu entre ses mains la destinée de la France; et on peut présumer que ce n'eût été ni en faveur de la famille de Buonaparte, ni en faveur du Souverain légitime, qu'il eût disposé de l'empire. Quoi qu'il en soit, durant le voyage, dont nous venons de rendre compte, un homme intimément lié avec Fouché avait passé en Angleterre, et s'était présenté aux ministres du roi Georges, pour tenter de connaître les conditions auxquelles on voudrait faire la paix. Comme cet agent n'avait point de pouvoir véritable, il ne fut pas écouté. Buonaparte ayant été instruit de cette mission, demanda en plein conseil à son mi

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nistre, ce que cet homme était allé faire en Angleterre. La réponse fut l'équivalent d'un aveu, et Napoléon reprit tranquillement : <«< Ainsi vous faites la guerre et la paix sans » ma participation. » Le lendemain, Fouché fut nommé gouverneur des états romains qui avaient été réunis à l'empire français. C'était un exil dans lequel la haine de Fouché contre le sacerdoce aurait pu être utile à son maître, s'il ne l'avait pas poussée si loin, que cette destination fut bientôt changée contre le gouvernement des provinces Illyriennes.

Le traité par lequel Napoléon s'était fait céder les possessions hollandaises situées sur la rive gauche du Rhin, n'était que le prélude de l'envahissement complet de la Hollande. Louis avait été également forcé, tant par promesses que par menaces, à consentir à l'occupation de ses états par une armée française, et à l'introduction d'une troupe nombreuse de douaniers. Il avait été stipulé, toutefois, que les troupes françaises ne pourraient entrer dans la ville d'Amsterdam; mais, dès le 29 juin, Louis apprit que cette condition allait être violée. Réduit à cette extrémité, il prit un parti qui, s'il ne pouvait sauver la Hollaude, lui conservait l'honneur à lui-même.

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