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rait les titre et rang d'impératrice-reine conronnée; que son douaire était fixé à une rente annuelle de deux millions de franes (1), payable

par

le trésor de l'Etat, et que toutes les dispositions qui pourraient être faites par Napoléon, en faveur de Joséphine, sur les fonds de la liste civile, seraient obligatoires pour ses successeurs. Afin de couronner l'oeuvre, des adresses furent votées, l'une à l'empereur et l'autre à l'impératrice. Le sénat, avec sa bassesse accoutumée, disait dans la première: «La puissance » la plus étendue, la gloire la plus éclatante, » l'admiration de la postérité la plus reculée, » ne pourront payer, Sire, le sacrifice de vos » affections les plus chères; l'éternel amour du

peuple Français, et le sentiment profond de » tout ce que vous faites pour lui, pourront » seuls consoler le coeur de Votre Majesté. »

Le lien civil étant rompu par l'autorité souveraine, il restait, pour calmer les scrupules de la cour de Vienne, à dissoudre le lien spirituel, En conséquence l'archi-chancelier, après en avoir reçu l'autorisation de Napoléon et de Joséphine, présenta requête au tribunal diocé

(1) Napoléon avait ajouté une rente annuelle d'un million, payable sur la liste civile, à celle que portait le sénatusconsulte.

sain de l'officialité de Paris, qui, tout aussi complaisant que le sénat, déclara la nullité du mariage, sentence qui fut confirmée par l'officialité métropolitaine, sans que l'un et l'autre tribunal fissent connaître les motifs de leur jugement. On annonça seulement qu'on s'était conformé aux décrets des conciles et aux usages de l'église gallicane (1).

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(1) M. le comte de Firmas-Périés, auteur d'un écrit qui a pour titre Bigamie de Napoléon Buonaparte, prétend qu'à l'époque du sacre, Joséphine eut des scrupules sur la validité de son second mariage, qui avait été béni par un prêtre jureur. Selon ce même auteur, le pape, consulté, aurait répondu que ce n'était pas sans doute par prédilection qu'elle avait choisi un tel ecclésiastique, qu'elle avait pris le seul qu'elle eût trouvé, et que, nécessité faisant loi, le mariage était valide. Joséphine aurait répliqué, qu'en ce cas Sa Sainteté serait scule chargée du péché, s'il y en avait un. Le pape, après avoir réfléchi un moment, aurait dit : « Pour plus grande sûreté, je vous ferai >> donner une bénédiction conditionnelle, comme il est d'usage » pour les baptêmes, lorsqu'on ignore ou qu'on doute s'il y a >> cu un baptême antécédent. » Napoléon alors aurait déclaré qu'il ne consentirait jamais à une seconde bénédiction. « Ce » serait avouer aux yeux de toute l'Europe, aurait-il poursuivi, » que j'ai vécu jusqu'à ce jour en concubinage avec l'impéra» trice; un tel soupçon lui serait injurieux je l'aime, je la » respecte trop pour y donner licu. » Le pape aurait répondu avec humeur : « Rien n'est plus difficile que de vous satisfaire : » je vais vous dispenser des témoins et des autres formalités » prescrites par le saint concile de Trente; le cardinal Fesch,

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Lorsque toutes les négociations, que toutes les discussions relatives aux conventions matrimoniales furent terminées, Napoléon annonça au sénat, par un message en date du 27 février 1810, qu'il avait choisi pour épouse l'archi-duchesse Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche. Comme ce n'était jamais son intérêt que Buonaparte avait en vue, il disait dans ce message: « Nous avons voulu contri» buer éminemment au bonheur de la présente » génération. Les ennemis du continent ont » fondé leurs prospérités sur ses dissensions et » son déchirement; ils ne pourront plus alimen» ter la guerre, en nous supposant des projets » incompatibles avec les liens et les devoirs de

» grand aumônier de la cour, va sur-le-champ et sans témoins » vous donner la bénédiction nuptiale. » Personne n'insistant plus, Napoléon et Joséphine auraient passé, avec le cardinal Fesch, dans la chapelle (ou peut-être dans une pièce voisine ), et, après la cérémonie, ils seraient revenus rejoindre le pape; tout se serait fait verbalement, et il n'aurait pas été expédié de bulle ni dressé aucun acte.

Nous avouerons qu'il nous paraît difficile de croire aux scrupules tardifs sur lesquels toute cette histoire repose. Une chose peut cependant la rendre vraisemblable jusqu'à un certain point, c'est que le bruit courut que, la veille du sacre, le pape avait donné la bénédiction nuptiale à Napoléon et à Joséphine.

parenté que nous venous de contracter avec » la maison impériale, régnant en Autriche. » Le sénat parut enchanté de cette communication, et fit de grands remercîments à NapoJéon. Cependant nombre de ses membres, principalement ceux qui avaient trempé dans les crimes de la révolution, furent très mécontents. On prétendait qu'une des conditions du mariage était la destitution de tous les régicides; mais la cour de Vienne n'était pas dans le cas de dicter des lois de ce genre. Les révolutionnaires soutinrent aussi que toute alliance avec l'Autriche était contraire aux intérêts de Napoléon; elle l'était sans doute à l'intérêt de son ambition, en le forçant, du moins pendant quelques années, à des ménagements envers cette puissance; mais s'il avait été assez sage pour se contenter des états immenses qui composaient son empire, cette même alliance aurait empêché qu'il ne se formât de nouvelles ligues contre lui.

Brau

Le mariage de Napoléon et de Marie-Louise fut célébré à Vienne le 11 mars 1810. Peu de jours après, cette princesse partit pour nau, ville que son auguste père venait d'être forcé de céder, et près de laquelle la remise devait être faite. Celle qui n'est plus aujourd'hui que la veuve Murat, mais qui alors était

reine de Naples, du moins de fait, s'était aussi rendue à Braunau par ordre de Napoléon, pour accompagner l'auguste épouse pendant le voyage. Marie-Louise fut reçue avec les plus grands honneurs, ou plutôt comme leur souveraine, par tous les princes de la confédération du Rhin dont elle traversa les états. Les hommages extérieurs ne pouvaient être moindres en France, où il n'y avait d'autre volonté que celle de Buonaparte. Quant à ceux qui partent du coeur, ils furent peu vifs, lorsque la jeune princesse eut quitté les départements formés dans l'Alsace et la Lorraine, où d'anciens souvenirs s'étaient réveillés; et à mesure qu'elle approcha de la capitale, on put remarquer plus de curiosité que de témoignages de contentement de la part de la foule rassemblée pour la voir.

Une tente avait été dressée aux environs de Soissons, pour la première entrevue des deux époux. Cependant le fils du juge d'Ajaccio eut assez de pudeur pour dispenser la fille des Césars de l'aborder avec ces marques de profond respect que lui prescrivait l'étiquette. Napoléon alla au-devant de son épouse, à la distance de quatorze lieues. Il voulait, diton, garder l'incognito; mais l'écuyer l'ayant reconnu, fit arrêter les chevaux, cria; l'empereur! et ouvrit la voiture dans laquelle Buona

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