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DE BUONAPARTE.

QUATRIÈME PARTIE.

CHAPITRE Ier.

Descente des Anglais dans l'île de Walcheren. - Divorce et second mariage de Napoléon. - Réunion de la Hollande, des villes anséatiques et du Valais.

L'ANGLETERRE, pour faire diversion en faveur de l'Autriche, son alliée, ou plutôt pour rendre moins dures les conditions de la paix auxquelles cette puissance serait forcée de souscrire, avait mis en mer une flotte portant une armée de dix-huit mille hommes, qui avait débarqué vers la fin de juillet, dans l'île de Walcheren. L'expédition devait s'emparer des vaisseaux français mouillés dans le port d'Au

détruire les chantiers et arsenaux de ce port, et rendre la navigation de l'Escaut impraticable pour des vaisseaux de guerre.

Buonap.

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A la première nouvelle de la descente opérée par les Anglais, les gardes nationales des départements voisins furent mises en marche; et bientôt on requit celles de la moitié de la France. Les ministres de Napoléon avaient plus d'un motif en pressant la levée d'une armée pour la défense des côtes : non-seulement ils avaient à redouter, en cas de revers, le courroux de leur maître; mais comme il était alors attaqué d'une maladie grave, ils craignaient, s'il venait à mourir, que les Anglais ne secondassent les mouvements qui pourraient se faire en faveur du Souverain légitime. Mais la lenteur de l'ennemi fut presque égale à leur activité. Tout ce qu'il put faire, fut de s'emparer de Flessingue, dont il détruisit les ouvrages. A la fin de décembre, il se rembarqua après avoir perdu un grand nombre d'hommes, emportés par les maladies qu'occasionnent, principalement en automne, les marais de l'île de Walcheren.

Napoléon, de retour dans sa capitale, après la paix de Presbourg, voulut y jouir du spectaele de sa puissance et de la dépendance où il tenait les princes allemands auxquels il avait confére le titre de roi, et dont il avait agrandi les états. Ils furent mandés à sa cour; et le 3 décembre, ils assistèrent au Te Deum qui

fut chanté pour l'anniversaire de son couronnement. Le lendemain, il les rassembla de nouveau dans une fête que la ville de Paris lui donnait, et où, seul, il parut couvert. Il était vêtu à l'espagnole, et un énorme panache de plumes blanches ombrageait son chapeau. Les deux rois de Saxe et de Wurtemberg (1), placés à côté de lui, étaient en uniforme, et ils eurent constamment la tête découverte. On les plaignit d'être réduits à pousser si loin la reconnaissance ou l'humilité.

Au sortir de la métropole, le triomphaleur s'était rendu au corps législatif pour en faire l'ouverture. « Depuis votre dernière session, » avait-il dit aux députés, j'ai soumis l'Arragon » et la Castille, et chassé de Madrid le gouver»nement fallacieux formé par l'Angleterre. Je » marchais sur Gadix et Lisbonne, lorsque j'ai » dû revenir sur mes pas, et planter mes aigles » sur les remparts de Vienne (2). Trois mois

(1) Le roi de Bavière n'était pas encore arrivé à Paris.

(2) Geci fait allusion à un passage fameux d'un discours que Buonaparte adressa au corps législatif, le 25 octobre 1808. En voici l'extrait :

« Une partie de mon armée marche contre celles que l'An>> gleterre a formées ou débarquées dans les Espagues. C'est un » bienfait particulier de cette providence qui a constamment

» ont vu naître et terminer cette quatrième » guerre punique.....

» Le génie de la France a conduit l'armée an» glaise ; elle a terminé ses destins dans les ma» rais pestilentiels de l'île de Walcheren... » Peuple Français ! tout ce qui voudra s'oppo» ser à vous, sera vaincu et soumis. Votre » grandeur s'accroîtra de toute la haine de vos » ennemis. Vous avez devant vous de longues » années de gloire et de prospérité à parcourir. » Vous avez la force et l'énergie de l'Hercule » des anciens. J'ai réuni la Toscane à l'em» pire; ses peuples en sont dignes par la dou» ceur de leur caractère, par l'attachement que » nous ont toujours montré leurs ancêtres, et » par les services qu'ils ont rendus à la civilisa» tion européenne.

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» protégé nos armes que les passions aient assez aveuglé les >> conseils anglais pour qu'ils renoncent à la protection des » mers, et présentent enfin leur armée sur le continent.

>> Je pars dans peu de jours pour me mettre moi-même à la >> tête de mon armée, et, avec l'aide de Dieu, couronner dans » Madrid le roi des Espagnes, et planter mes aigles sur les » forts de Lisbonne.

» L'empereur de Russie et moi, nous nous sommes vus à » Erfurt. . . . . . . N ous sommes d'accord et invariablement » unis pour la paix comme pour la guerre. »

» La Hollande, placée entre l'Angleterre et la » France, en est également froissée ; cependant » elle est le débouché des principales ARTÈRES » de mon empire; des changements devien» dront nécessaires; la sûreté de mes frontiè»res, et l'intérêt bien entendu des deux pays, » les exigent impérieusement.

» Mon allié, l'empereur de Russie, a réuni à » son vaste empire la Finlande, la Moldavie, la » Valachie, et un district de la Gallicie. Je ne » suis jaloux de rien de ce qui peut arriver de ” bien à cet empire. Mes sentiments pour son » illustre souverain sont d'accord avec ma po»litique.

» Lorsque je me montrerai au-delà des Py»rénées, le léopard épouvanté cherchera l'O»céan pour éviter la honte, la défaite et la » mort. Le triomphe de mes armes sera le » triomphe du génie du bien sur celui du mal, » de la modération, de l'ordre, de la morale, » sur la guerre civile, l'anarchie et les passions » malfaisantes...... »

Si les recueils les plus authentiques ne renfermaient pas ce discours, la postérité pourrait le considérer comme une fiction propre à caractériser l'insolence, la présomption et l'orgueil en délire. Cependant nous y avons entendu applaudir; et, pour en fournir la

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