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Α

MONSIEUR

JEAN JAQUES ROUSSEAU.

ON fera auffi Surpris de voir un Livre qui vous est dédié, qu'on le feroit en trouvant une Dédicace à la téte de quelqu'un de vos ouvrages. L'on fait que vous aimez auffi peu à étre loué qu'à flater les autres; mais le langage que je me propose de tenir dans celle-ci n'eft pas celui de l'adulation; il en eft un qui y eft quelquefois admis, je veux parler du langa

ge dicté par l'eftime & la reconnoiffance. Vous m'avez appris à aimer la vertu, par vos Difcours & par vos Ecrits; votre exemple m'anime à la fuivre, lors même qu'elle paroît la plus dure à pratiquer. F'ai cherché longtems à vous témoigner publiquement les fentimens que cette double obligation a fait naître chez moi pour vous. La traduction des Loix de Platon m'en fournit une occafion fort naturelle. Ce Livre eft digne de vous étre offert, il est tout-à-fait conforme à votre goût. Son Auteur n'a eu en vue que le bonheur du genre bumain, & que de former des Ci

toyens vertueux. Socrate, c'est tout dire, parle par sa plume: Socrate, disje, qui fut condamné à boire une coupe de cigue, pour avoir travaillé à éclairer les Athéniens fur leurs véritables devoirs, & à ne s'écarter jamais des régles de la probité.

Par quelle fatalité arrive-t-il que ceux qui fuivent fon cxemple, s'attirent presque toujours la haine de leurs Contemporains? Comme Socrate vous avez tâché de répandre par-tout des principes de vertu ; quelle en a été la récompenfe? Peu s'en eft fallu que vous n'ayez été obligé d'avaler la coupe de cigue. Exilé de votre

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