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patrie, prefque àccable fous les traits que la fuperftition a fait lancer contre vous dans les lieux où vous deviez trouver un azyle affuré, on vous a vu errant fur la face de la terre. Semblable à Socrate, vous avez fupporté courageufement les infortunes auxquelles vous avez été exposé par la malignité des hommes corrompus. Votre vertu ne vous a point aban donné:& je prévois que la génération future vous rendra la méme justice, qu'on a rendue dans tous les fiècles à cet ancien Philofophe, que Poracle de Delphes a dit étre le plus fage des Grecs.

Je fonde cette prédiction fur la pureté de vos intentions, dont je fuis

fi convaincu que dans

l'occafion je

n'hésiterois pas à dire de vous ce

que Bloffius dit autrefois en parlant de l'un des Gracches: s'il m'avoit

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» commandé de mettre le feu au Ca» pitole, je lui aurois obéi, parce

9 qu'il ne l'auroit jamais commandé fi ce n'eût été pour l'utilité pu"blique".

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puiffiez-vous jouir longtems, dans la retraite que vous vous êtes choifie, de cette tranquillité philofophique, après laquelle vous avez toujours af

piré! En lifant cet Ouvrage de Platon, souvenez- vous quelquefois de moi, & me croyez principalement occupé à fuivre dans l'éducation de mes enfans les excellentes directions que vous m'avez données dans votre Emile.

Je fuis de tout mon cœur tout à vous

MARC MICHEL REY.

d Amfterdam le

1 May 1769.

· pas,

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LES Loix font l'ouvrage de la vieilleffe de Platon. On n'y trouvera peut-être du moins par-tout, cette élévation de génie, ce feu, cette beauté d'imagination, qui brillent dans la plupart de fes Dialogues, principalement dans fa République. La nature du fujet, le perfonnage de Légiflateur, & le caractere des Interlocuteurs, qui font trois vieillards, ne demandent rien de femblable. Mais en récompense on y verra plus de bon fens, des vues plus folides, des réflexions plus juftes & plus exactes. Laiffant de côté ce qui peut paroître plus beau, plus parfait en spéculation, Platon s'attache à ce qui eft plus pratique, plus proportionné à la foibleffe humaine. Auffi ne jette-t-il qu'un mot en paffant fur cette Cité parfaite, dont il a tracé le plan dans fa Répu

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blique. Ce n'eft point à un pareil plan qu'il affortit fes loix, mais à un genre de gouvernement, qui, quoique moins accompli felon lui, mene les hommes à la vertu par une voye plus douce & plus efficace. Car c'est la vertu, & la vertu feule, qu'il fe propofe pour fondement de fa Politique; il l'embraffe toute entiere; & il blâme les Légifla teurs de Crete & de Lacédémone, de ne l'avoir envifagée qu'en partie. On pourroit définir fon traité des Loix, l'art de rendre un Eta heureux, non par l'abondance, les richeffes, la gloire des armes, l'étendue de la domination mais par la pratique du bien & l'éloigne ment du mal.

TELLE eft l'idée générale de cet ouvrage, que je ne prétends pas être, à beaucoup près, exempt de toute tache, ni comparable à aucun égard aux loix de

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