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L'Autriche demande : la dissolution du duché de Varsovie et l'annexion de ses provinces à la Prusse, à l'Autriche et à la Russie; Dantzick à la Prusse; les villes de Hambourg et de Lubeck indépendantes; la dissolution de la confédération du Rhin; la cession à l'Autriche de l'Illyrie; la Hollande indépendante; le trône d'Espagne rendu à Ferdinand VII.

Un pareil ultimatum devait être entièrement accepté ou rejeté dans toutes ses prétentions. S'arrêter à un troisième parti, à un terme moyen, concéder certaines demandes, repousser les autres, c'était courir à la guerre avec tous les désavantages du système des concessions; c'était défendre par les armes, contre l'Europe coalisée, l'établissement impérial, après avoir montré que cet établissement pouvait être amoindri; c'était ainsi dissiper le prestige de notre gloire, et laisser soupçonner à tous les peuples que nous nous étions assimilés, que d'un moment à l'autre, dans une occasion prochaine, nous les rendrions à leurs anciens maîtres. Napoléon semait ainsi la désaffection, réveillait les antagonismes nationaux, et se préparait l'abandon sur les champs de bataille. Ce fut pourtant ce terme moyen qu'adopta l'empereur. Sa réponse n'arriva qu'après le 10 août; le congrès était rompu; elle fut cependant communiquée aux plénipotentiaires, qui la déclarèrent insuffisante. On était sur la pente des concessions; on les épuisa jusqu'au bout. Une nouvelle note de l'empereur fait connaître qu'il accepte l'ultimatum, avec cette seule réserve que jusqu'à la signature de la paix maritime avec l'Angleterre, les villes anséatiques et la Hollande seront occupées par l'armée française. Il n'était plus temps. La cessation de l'armistice était dénoncée; les hostilités allaient reprendre, et l'Autriche publia sa déclaration de guerre. Par ses démarches insidieuses elles'était dégagée du traité de 1812; par ses intrigues elle avait mené l'incident du congrès de Prague, de manière que la France pouvait être accusée d'avoir refusé la paix et replongé le continent dans les malheurs d'une conflagration générale.

Les gouvernements qui ont succédé à l'établissement de 1804 ne nous ont pas habitués, dans ces trente dernières années, à une politique extérieure assez digne, assez ferme, assez nationale, pour que nous ayons le courage de condamner cette politique si différente des derniers jours de l'empire, alors que Napoléon, menacé par toute l'Europe, se montrait si jaloux de l'honneur de la France: préférant, à la déchéance de notre gloire militaire, un appel suprême à la force des armes. Mais nous ne saurions nous empêcher de présenter ici quelques réflexions qui pourront être appliquées également aux événcments qui vont suivre.

A force de grandir la France, d'étendre son territoire, de développer sa puissance, d'élever son nom et d'exagérer ses forces, Napoléon s'était trouvé conduit peu à peu à perdre le sentiment de notre véritable caractère, à lui substituer celui d'un caractère tout factice et sans profondeur. A son tour, la France de Napoléon, avec ses quarante-deux millions de citoyens, nous allions dire de sujets, s'était façonnée à l'image de ce vaste esprit, incomplet cependant, puisque l'idée sociale et démocratique n'y trouvait pas sa place. Et dans cette France nouvelle, la France ancienne, son individualité, sa vieille nationalité, avaient fini par disparaître. Le peuple qui régnait autrefois sur le monde par la pensée philosophique, par l'initiative de l'intelligence, avait été remplacé par le peuple qui domine le monde avec les armes. Or, Napoléon avait un beau rôle à remplir au milieu des adversités de sa défaite et devant l'éclipse soudaine de son étoile. Sa France à lui, la grande nation qui datait de 1804, était battue en brèche par les coalisés. Comme elle manifestait exclusivement sa force par la conquête, la haine des rois voulait l'affaiblir par des réductions de territoire; et ils croyaient rester les maîtres du monde, en nous arrachant quelques provinces annexées, en brisant le faisceau de notre protectorat du Rhin, en replaçant un Bourbon sur le trône d'Es

pagne. Retrouver la lettre perdue de notre véritable caractère national; comprendre que la France, derrière le Rhin, dépouillée en partie de ses conquêtes, serait encore l'effroi des trônes, à la condition de redevenir le flambeau des peuples; sacrifier alors à la nécessité, accepter l'affaiblissement matériel dont nos ennemis se faisaient un triomphe, pour reprendre l'empire de cette puissance morale dont ils avaient perdu le souvenir; donner un autre terrain à la lutte et la transporter dans le domaine de l'idée; se proclamer l'empereur de la révolution et susciter contre la coalition des aristocraties liguées pour l'asservissement des nations, la coalition des démocraties unies pour la perte des rois : tel était ce rôle. Ce changement de front déjouait et tournait tous les calculs de nos ennemis. Et l'Europe que Napoléon leur eût ainsi abandonnée, c'était pour eux la chemise de Nessus: le feu des principes révolutionnaires, caché dans ses plis, les eût tous dévorés avant dix années.

CHAPITRE XVI.

Reprise des hostilités.

taille de Dresde.

La ligne de l'Elbe.

Moreau au camp des alliés. Ba

Mort de Moreau. Échecs subis par les généraux fran

çais. Défection de la Bavière.

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Les trois journées de Leipsick.

trophe du pont de Leipsick; mort de Poniatowski.

française. Bataille de Hanau. La ligne du Rhin.

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· Situation de l'Italie.

Catas

Retraite de l'armée

Désastres au-delà des

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« L'Autriche médiatrice rendait toute conciliation impossible; mais l'Autriche en se déclarant en état de guerre, nous met tous dans une position plus vraie et plus simple. L'Europe est ainsi plus près de la paix, car il y a une complication de moins. Eh bien! puisque les alliés fondent tant d'espérances sur les chances des combats, rien n'empêche de négocier en sc battant. Écrivez à M. de Metternich que je propose dès aujourd'hui d'ouvrir un congrès dans une ville frontière qu'on neutralisera. >>

Telles sont les paroles que Napoléon a adressées à M. de Bassano, en recevant la déclaration de guerre de l'Autriche.

Le ministre français écrit donc à M. de Metternich, pour lui communiquer les intentions de Napoléon. Mais la note de

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