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France, datée de Nuremberg le 6 janvier 1645, sur le sujet de la paix générale; traduite en françois (1) :

<< Monsieur...

... Il est très certain, que si jamais aucun prince forme le dessein d'une monarchie universelle dans la chrétienté, il en cherchera le fondement dans l'Empire et dans l'oppression des États d'icelui; lesquels par la réserve de la moitié de la Majesté et de l'autorité du saint Empire tempèrent et retiennent les mouvements dereglez et violents d'un Empire absolu; et si ce chef-d'œuvre était entrepris et réussissait à la sérénissime maison d'Autriche les autres couronnes chrétiennes auront beaucoup à souffrir. Elles le peuvent assez connaître par l'état de leurs armées dont les Allemands font la plus grande partie dedans et dehors la Germanie... c'est pourquoi la plus forte digue que l'on puisse apporter à ce déluge, c'est la protection réelle de cette aristocratie, laquelle étant bien rétablie aura le droit et la force d'empêcher qu'on ne puisse entreprendre une guerre ni faire une paix étrangère, sans le consentement des États, lesquels demeureront en ce cas considérables aux voisins et un autre contrepoids à la puissance qui est formidable à tous : aussi est-il vrai, que c'est à cet obstacle qu'on en a toujours voulu... On ne manque d'insinuer qu'on ne nous (le cercle de Franconie et les autres princes allemands) appelle à ce sénat de toute l'Europe, que pour y mettre de la confusion... et pour rien ne vous cacher à l'œil et à l'oreille de ce qui se dit et qui se fait, pour en considérer et pénétrer la vraye fin, on remarque bien qu'ès-actions qui ne décident rien, et n'engagent la France par aucun préjugé, elle n'épargne personne et hausse la langue

(1) Op. cit., I, p. 325.

contre tous également; mais on ne voit pas qu'en ce grand progrès qu'elle a fait sur le Rhin, elle ait fait à la maison Palatine la moindre des gràces promises par tant de traitez...»

A la paix, le nombre des États souverains de l'Empire passa de 900 à 355. Ceux-ci furent rendus souverains et presque indépendants de l'Empereur (1). L'Empire devient de plus en plus pour lui la femme sans dot. L'Allemagne fut arrêtée ainsi vers son unité nationale, déjà si redoutable à ses voisins. « Lors de la conclusion des traités de Westphalie, dit une Instruction, ceux qui y eurent la principale part regardèrent, comme un point essentiel à l'Equilibre et à la balance de l'Europe, les privilèges et les droits que l'on procura aux princes et États de l'Empire et qui fixant les droits de la cour de Vienne, empêcheraient à jamais que le corps germanique et cette Cour, qui ne pourraient agir que sur des intérêts communs, ne formassent un seul corps, qui serait en effet devenu formidable à toutes les puissances de l'Europe » (2).

Pays-Bas. Dès l'année 1635, la France avait fait avec les Provinces Unies un traité par lequel les deux puissances convenaient du partage, qu'elles feraient entre elles de tous les Pays-Bas, après qu'elles en auraient entièrement chassé les Espagnols. Le Brabant, Malines et Anvers devaient demeurer à la République, tout le reste devait être le partage des Français. Mazarin, plus tard, en 1646, voulut persuader aux Espagnols de céder les

(1) Ils pouvaient s'allier à des puissances, pourvu que ce ne fût «ni contre l'Empereur, ni contre l'Empire ».

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(2) Instruct. du duc de Richelieu. 1725. Recueil, Autriche, t. I, p. 208.

Pays-Bas en échange de la Catalogne et du Roussillon (1). «L'air de satisfaction avec lequel il s'expliquait (de ce projet), dit le P. Bougeant, fait juger qu'il était engoué de sa beauté... (Mais) les plénipotentiaires français représentèrent au cardinal... qu'il blesserait également les Provinces-Unies, les Anglais, les Catalans et les Portugais, sans compter beaucoup d'autres États, auxquels un si notable accroissement pour la France donnerait de la jalousie » (2). De ce côté, rien ne pût être décidé avant le traité des Pyrénées de 1659, qui donna à la France l'Artois, une partie de la Flandre, du Hainaut et du Luxembourg.

En 1647, le roi d'Espagne offrit la paix à la Hollande ; et nous trouvons, à ce sujet, le « Discours d'un personnage désintéressé sur la Paix qui se traite entre le roi d'Espagne et les Etats-Généraux des Provinces-Unies (3).

« ... Comme la chrétienté est toute balancée par ces deux grandes puissances de France et d'Autriche dont toutes les autres parties dépendent, regardez qu'en vous attachant à celle d'Espagne, vous épousez ses intérêts et rejettez celle de France qui rallie à soi tous les protestants dont la Confédération et l'amitié vous est bien plus assurée que toute autre. Si vous faites état de la proximité de ce qui reste des Pays-Bas au roi d'Espagne avec les vôtres pour en estre assistez au besoin et pour mettre barre entre vous et la France qui menaçoit, direz-vous,

(4) Il voulait « tout le territoire de l'ancien royaume d'Austrasie ». C'eut été pour Paris, alors vrai cœur de la France, « un boulevard inexpugnable ». (Instructions de Mazarin aux plénipotentiaires fran

çais).

(2) Hist. du tr. de Westphalie, II, 475.

(3) Négociations secrètes.,. IV, 302. - De là date l'indépendance des Pays-Bas

de vous empiéter. Quant à l'assistance par la proximité, elle est trop plus commode et en main de la part de la France. Et pour la défiance d'être empietez de ce côté là, quelle assurance avez-vous que vous ne le serez pas plutôt du côté de l'Espagne, vu les grandes apparences qui vous en sont représentées....? »

Voici la contre partie, elle est plus judicieuse :

Réflexions qui ferment la bouche à ceux qui haïssent la paix, 1647 (1).

« ...

Comme de sages princes, qui cherchent la paix, nos Régents (Hollande) accomodent tout, pour être juste et tenir la balance... Notre État, et l'on peut dire toute la chrétienté est intéressée à ce que la France et l'Espagne ne deviennent pas trop puissantes... S'il arrivait cependant qu'il se fit une alliance entre la France et l'Espagne contre nous, ils auraient compté sans leur hôte, ce serait amour de (femme) (2) feu de paille... il nous serait encore plus aisé à nous d'en faire une contre eux avec l'Angleterre, la Suède, le Danemarck et dans l'Allemagne, où les puissances s'allieraient d'elles-mêmes, car la raison naturelle fait voir qu'on doit s'opposer à toute puissance trop grande et formidable, elles nous aideraient donc car elles. auraient à courir la même fortune après nous... Que la France seule continue la guerre contre l'Espagne, elle aura ou plus d'avantage, ou plus de désavantage; dans le dernier cas, c'est alors qu'elle recherchera encore plus notre amitié, et si elle en tire quelque avantage, c'est ce qui doit nous engager à établir l'Équilibre et en concluant donner le temps à l'Espagne de respirer... Quelques-uns s'émancipent de dire que les Espagnols et les Impériaux

(1) Op. cit.. IV, 405, 406.

(2) L'expression originale est plus caractéristique et moins honnête.

sont déjà bien avancés et que nous devrions continuer la guerre pour tenir la balance droite. Le contraire est vrai... >>

Dans la guerre de trente ans, la religion a été quelquefois un moyen, jamais le but (1); le but véritable fut de balancer les forces en Europe. « Cet Equilibre et cette sainte justice, disaient les plénipotentiaires, étaient les premières bases des Etats ;... les premiers points sur lesquels, après de nombreuses luttes, et beaucoup de sang répandu, ils s'étaient enfin accordés; aussi ils avaient entière confiance que la postérité ne laisserait pas périr leurs précieux travaux » (2).

Trois grands États se trouvaient en présence (3): La Suède. l'Empire, la France.

La première reçut comme indemnité l'ile de Rugen, Wismar, la Poméranie occidentale avec Stettin. L'article X du traité d'Osnabrug stipulait ensuite: «... 3° L'Empereur du consentement de tout l'Empire cède aussi... à la sérénissime reine de Suède... en fief perpétuel et immédiat de l'Empire, l'archevêché de Bremen et de l'évêché de Verden, avec la ville et le bailliage de Vilshuzen, et tout le droit qui avait appartenu aux derniers archevêques de Bremen sur le chapitre et le diocèze de Hambourg »(4).

Cette disposition est remarquable. Elle permet d'abord à la Suède d'intervenir dans les affaires de l'Empire, et

(1) Charvériat, Histoire de la guerre de Trente ans.

(2) Ganesco, Diplomatie et nationalité, p. 16. Je n'ai trouvé trace de ce protocole, ni dans les deux ouvrages du P. Bougeant, ni dans les Négociations secrètes, ni dans Dumont.

(3) On saft que l'Espagne se retira au dernier moment, et continua la lutte.

(4) Bougeant, op. cit., III, 598.

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