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sacerdoce du moyen âge surchargea les cérémonies du culte, dans le dessein d'asservir les peuples, en étouffant les lumières; s'il voyait des prêtres ineptes, lorsqu'ils ne sont pas factieux, oser déclarer l'esprit humain révolutionnaire, et prôner les absurdités cléricales.

15. Premières hostilités. Napoléon entre en Belgique. - Ayant réorganisé son ancienne armée, et reformé son matériel avec une dextérité, une célérité admirables ( V. le 12), il a su dérober à ses ennemis les mouvements des divisions qui la composent. Les forces qu'il rassemble vers un même point, et qu'il dirige en personne, s'élèvent à cent vingt mille hommes. Pourvues de trois cent cinquante bouches à feu, elles s'avancent en trois colonnes, de Maubeuge, Beaumont, Philippeville, pour déboucher par Marchiennes, Charleroi et Châtelet. Après quelques affaires d'avant-postes avec les Prussiens, la majeure partie des troupes est, le soir, à la gauche de la Sambre. Le quartier-général français s'établit à Charleroi; celui des Prussiens est à Namur, celui des Anglais à Bruxelles.

Les effets de cette attaque inopinée sont peu considérables, à cause des informations données la veille aux Prussiens par un transfuge, le général Bourmont, chef d'état-major du quatrième corps. Ce général est un ex-vendéen; mais vendéen de la petite ou seconde Vendée, qui ne présenta point de guerrier qu'on pût comparer à d'Elbée, Lescure, la Roche-Jacquelin, Cathelineau, Charette, Stofflet (V. 18 janvier 1800).

Le sort de la France semble tenir aux chances d'une bataille. Que de bons Français ne savent, à cet instant, s'ils doivent desirer le triomphe ou la défaite de Napoléon! Si la fortune le seconde, il redevient despote. Si la victoire trahit sa brave armée, qui garantira la France du sort de la Pologne, de l'Allemagne, de l'Italie? Les vertus du roi réintégré, ses intentions constitutionnelles et les assurances des princes de son sang, appuyées de ce serment solennel du 16 mars, seront-elles des garanties suffisantes contre ce parti faussement royaliste, déplorablement ennemi de la masse de ses concitoyens, parti qui viendra s'emparer du pouvoir et procéder à de violentes injustices, à de sanglantes exécutions? La politique étran gère conservera-t-elle quelques egards envers un prince infortuné ? D'incomplets résultats, des succès balancés qui retiendraient au-delà des frontières les bataillons confédérés, et qui donneraient à l'opinion des Français le temps de s'arrêter à quelques principes salutaires, de rappeler eux-mêmes la famille des Bourbons, de réclamer la Charte; voilà ce qu'il pourrait y avoir de plus favorable.

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16. Batailles de Ligny, sous Fleurus, et des Quatre-Bras ( une lieue sud de Genappe. Napoléon, avec environ soixante-seize mille hommes et deux cent quarante canons, attaque quatre-vingtdix mille Prussiens commandés par Blucher, les force à se retirer après un engagement de quatre heures, et leur cause une perte d'an moins vingt-deux mille hommes. En même temps, le maréchal Ney, conduisant trente mille hommes, avec quatre-vingts bouches à fen, se porte sur la gauche, contre l'avant-garde de l'armée anglaise sous Wellington, et la pousse impétueusement. La perte des Anglais, y compris les auxiliaires, est évaluée à sept ou huit mille hommes. Le duc de Brunswick-Oels est tué, ainsi qu'un lieutenantgénéral et un assez grand nombre d'officiers. La perte des Français, dans ces deux actions séparées, est estimée de treize à quatorze mille hommes.

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A l'entrée de cette campagne, Napoléon demeure fidèle à son caractère. Numériquement plus faible, comme au début de ses opérations en 1813, il risque tout, dans l'espoir de regagner, par une 'soudaine victoire, l'opinion des Français, et d'écraser les ennemis.

18. BATAILLE DE WATERLOO, ou DE MONT-SAINT-JEAN, livrée a l'entrée de la forêt de Soignies, dans la direction de Genappe à Bruxelles. Waterloo, quartier-général de Wellington, chef de l'armée britannique, est à quatre lieues sud de Bruxelles. Ce poste est retranché d'une manière formidable.

Wellington présente quatre-vingt-dix mille hommes de troupes anglaises, hollandaises et belges, hanovriennes ou brunswickoises. Napoléon ne réunit sur le champ de bataille qu'environ soixanteneuf mille hommes et deux cent quarante bouches à feu. Il a détaché à sa droite, et de l'autre côté de la Dyle, le général Grouchy, avec trente-cinq mille hommes et cent huit pièces de canon, afin de tenir en échec l'armée prussienne, mal assurée dans ses mouvements depuis sa défaite de l'avant-veille. En outre, huit mille hommes sont laissés en arrière, pour la sûreté des parcs de réserve. Napoléon prend l'offensive vers onze heures. Les attaques se prolongent jusqu'à sept heures du soir, qu'il ordonne une charge désespérée de cavalerie et des corps d'élite d'infanterie, que doivent soutenir trente pièces. Cette charge exécutée avec fureur est reçue avec fermeté. Presqu'au même instant, le corps prussien de Bulow, fort de trente mille hommes, attaque le flanc droit des assaillants. Ce corps est vivement repoussé et fortement endommagé, mais il est bientôt secouru par trente mille autres Prussiens qu'amène le général en chef

Blucher. Moins timide alors, Wellington attaque lui-même sur toute sa ligne. Les trente pièces destinées à protéger la dernière charge des Français, ont épuisé leurs munitions; et, au crépuscule, Blucher tombant sur leurs rangs, y porte le désordre. Les plus braves cèdent; toutes les armes se mêlent; les soldats se pressent, s'enfoncent les uns les autres, en se précipitant à travers champs, sur les bords du Thuy, ruisseau fangeux qui passe à Genappe. L'ennemi n'a que l'embarras de la poursuite, pour se rendre maître de tout le matériel.

La perte des Français en tués, blessés non enlevés ou prisonniers, s'élève à la moitié des combattants. Les troupes de Grouchy, qui n'ont pris aucune part à l'action, seront les seules qui repasseront en ordre la frontière belge. - La perte des alliés est immense aussi. Wellington déclare sept cents officiers anglais ou hanovriens tués ou blessés, d'où on peut évaluer quinze mille hommes hors de combat. En outre, les corps hollandais et belges, sous le commandement immédiat du prince d'Orange ( lui-même fortement blessé), éprouvent un vide de quatre mille hommes. De quelques réticences dont fasse usage Blucher, étonné, sans doute, d'un triomphe qu'il partage, et auquel il n'avait pas le droit de s'attendre (V. 14, 18 octobre, 16 novembre 1806; 29 janvier, 10, 11, 14 février 1814), on est fondé à ne pas réduire la perte des Prussiens au-dessous de quinze mille hommes. Ce qui donne un total de trente-quatre mille alliés restés sur le champ de bataille, ou que leurs blessures en auront éloignés; total égal au total des pertes de l'armée française. Mais leur victoire est des plus complètes. Conservant leur ensemble, et pouvant se recruter, ils présentent la force des masses jointe à la force numérique, à un nombre actuellement huit ou dix fois plus grand que celui que les Français pourront, les jours suivants, réunir en corps.

Dès ce jour on peut sonder la profondeur de l'abîme que Bonaparte a rouvert sous la France, en y reparaissant. Il aimera, cette fois-ci encore, à rejeter sa défaite sur des causes indépendantes de lui-même. Cet esprit superbe, comme le satan de Milton, n'avouera jamais une faute; il ne saurait admettre que la tactique de ses adversaires puisse l'emporter une seule fois sur son génie; il essaiera d'accréditer que les dissensions politiques ont détrempé le moral de l'armée, dissous l'énergie des plus braves, obscurci les facultés de tous. Plus l'allégation de ce chef d'armée serait fondée, plus il serait inconsidéré de vouloir exécuter avec des guerriers dont les

dispositions, comme citoyens, ne seraient pas en sa faveur, une entreprise aussi audacieuse que celle de venir à bout, en un seul jour, de deux formidables armées. La situation morale des lieutenants du général en chef est, sans contredit, un élément de son plan de campagne, sur-tout dans les temps de troubles civils. C'est de même une vaine excuse que de rejeter le désastre de la journée sur la terreur panique dont les soldats auraient été saisis, en entendant crier nous sommes trahis; comme si des cris isolés avaient pu dominer les détonations de quatre cents bouches à feu, comme si des signes d'hésitation avaient pu s'apercevoir au milieu de ces épais nuages de fumée qui couvraient la plaine. Au même instant où les vétérans de la victoire chargent avec une vigueur extraordinaire, quelques paroles de défection les entraîneraient-elles en arrière, les transformeraient-elles tout-à-coup en de lâches soldats? Non, cela n'est pas croyable, et jamais on ne calomnia plus outrageusement les soldats français. Les derniers efforts attestent leur dévouement. Ils n'ont que très-bravement combattu pour cette cause et pour l'auteur de ce désastre inoui. Ses injurieuses allégations n'obtiendront pas un jour, une heure de créance. De quelque apologie dont il vienne recouvrir sa conduite, personne n'hésite à jeter sur sa tête les grandes fautes de la journée. Pourrait-on se dissimuler qu'il n'ait commis une faute très-grave, en s'obstinant, pendant plusieurs heures, dans le refus de croire ce qu'on lui annonça du mouvement des Prussiens ( mouvement confirmé par des lettres interceptées de l'état – major prussien, lesquelles font positivement mention de leur marche). Enfin il adhère à la certitude que Grouchy n'arrive point, et que c'est Bulow qui débouche sur son flanc. Aussitôt il s'écrie en pâlissant, Tout est perdu, et sa fuite accélérée aggrave tous les malheurs de ce jour. Les armées françaises ne furent, depuis 1793,, mises en pleine déroute que deux fois; après le passage de la Bérézina (V. 28 novembre 1812), à Leipsick (V. 18 octobre 1813). L'auteur de l'un et de l'autre désastre, qui est-ce? Qui délaissa ses vaillantes troupes à Smorgony (V. 5 décembre 1812), les livrant aux frimas, sans chevaux, sans canons, sans subsistances et sans vêtements ? qui les abandonna de nouveau, à Hanau (V. 2 novembre 1813), en donnant le signal de sauve qui peut? Celui-là même qui donne aujourd'hui, pour la troisième fois, le spectacle d'un général refusant de partager le sort auquel il dévoue ses soldats. Non, les braves de tous les jours n'ont pas dégénéré dans cette dernière rencontre, leur valeur a été barbarement sacrifiée, et l'outrage ne saurait les atteindre. Wellington

parlera plus honorablement à nos soldats, que Bonaparte pour lequel ils viennent de verser leur sang, d'excéder leurs forces, de porter leur intrépidité au dernier degré du possible. Le général ennemi donne des éloges à leur bravoure et à leur persévérance. « Je ne dis "pas cela pour en retirer quelque mérite personnel; car, la victoire « doit être attribuée à la supériorité des forces physiques des Anglais « et à leur constance invincible ». L'intrépidité de nos soldats n'a été que trop réelle! Leur confiance et leur dévouement n'ont eu que trop d'étendue! Pendant huit heures, ils se sont acharnés sur des batteries, dont les décharges si rapides à mitraille ou à boulets, qu'aucune volonté individuelle ui collective ne saurait affronter, les forcent enfin de s'éloigner. Les moins valeureux se retirent en frémissant; et leur chef en délire a juré de les faire exterminer tous jusqu'au dernier, plutôt que d'ordonner le signal de la retraite. Ces braves cèdent à la mécanique irrésistible des batailles, mécanique que le général ennemi emploie au moment décisif. Napoléon s'est obstiné sur les retranchements anglais, voulant emporter de vive force ce point inexpugnable que ses manœuvres n'ont pas rendu inutile. Aucune disposition n'a été prise en cas de revers. L'humiliation de la défaite retombe donc tout entière sur le présomptueux capitaine qui prétend clore sa campagne, trois jours après l'avoir ouverte. La principale cause de la perte de cette journée est, sans contredit, l'arrivée inopinée des Prussiens sur la droite engagée des Français, ainsi que l'absence du corps d'armée de Grouchy. Si le général en chef eût prescrit à son lieutenant de marcher sur Wavres, en côtoyant la rive gauche de la Dyle, cette cause était enlevée.

Quant aux reproches jetés avec emportement sur ce même Grouchy, détaché avec l'aile droite, et sur le maréchal Ney, conduisant l'aile gauche, ceux qui s'adressent au premier, semblent incontestables, s'il a reçu l'ordre de rejoindre; et, dans le cas contraire, ses hésitations, la lenteur de sa marche ce jour et le précédent, son défaut de sagacité ou de détermination en ne se portant pas vers les points où il entendait le canon, une canonnade terrible, tout cela repousse - Mais, en dernier résultat, les méprises du lieutenant retombent sur le généralissime qui l'investit de cette pleine confiance. que doit seul obtenir un militaire capable de la grande guerre. Macdonald, Gouvion, ne sont pas à la disposition de Napoléon, et le fardeau de ce commandement important est tombé sur Grouchy. Ainsi, quelle que soit la fâcheuse influence de deux ou trois circonstances, Napoléon ne doit s'en prendre qu'à lui-même, de ce que

ses excuses.

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