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France. En le nommant, l'assemblée se détermine précisément, parce qu'il déplait à Bonaparte, dont il a constamment désapprouvé le despotisme, dont il a même en partie rédigé l'acte de déchéance (V. 2 avril 1814 ). Le premier de ces motifs porte aussi à la viceprésidence, Lafayette, Dupont (de l'Eure), le général Grenier, Flaugergues. On n'a pu faire admettre aucun des ministres, des conseillers d'état, de ces farouches ou perfides Omars de tribune, si jaloux de faire exécuter les terribles volontés du maître et de faire du sabre l'emblème de la loi. Cette première circonstance caractérise l'esprit de l'assemblée pour toute la session. Où seraient les ressources de la France, si autour de Lanjuinais ne s'étaient rangés des hommes étrangers à ce lâche égoïsme qui, à chaque vicissitude, a signalé d'une manière flétrissante la presque universalité des Français auxquels une fortune ou une éducation supérieure imposaient le devoir de s'avancer. Ces hommes ne fuient pas, ils braveront tous les périls pour servir la patrie. Leur dévouement est d'autant plus digne d'éloges, qu'à côté d'eux siégent d'odieux jacobins : Garat, Garnier dit de Saintes, Garreau, Félix Lepelletier, Merlin dit de Douai, rapporteur de l'exécrable loi des suspects (17 septembre 1793), Barrère dont le nom se trouve écrit sur presque toutes les pages honteuses ou sanglantes de la révolution.-Napoléon dit, avec cette plénitude de fourberie qui semble lui avoir été léguée par Mahomet et Robespierre: «.. . Aujourd'hui s'accomplit le desir le plus puis

<< sant de mon cœur ; je viens commencer la monarchie constitution« nelle.. . . . . J'ambitionne de voir la France jouir de toute La liberté de la presse est

« la liberté possible.....

«< inhérente à la constitution actuelle..

<«< la patrie triomphera ».

La cause sainte de

8. Acte signé à Vienne, qui fixe la constitution fédérative de l'Allemagne. Les princes souverains et les villes libres d'Allemagne, en comprenant l'empereur d'Autriche, les rois de Prusse, de Danemark et des Pays-Bas, établissent entre eux une confédération perpétuelle pour le maintien de la sûreté, de l'indépendance et de l'inviolabilité des états admis à la confédération; laquelle se compose de tous les pays qui, en 1792, appartenaient à l'empire. Tous les membres sont égaux en droits; leur nombre est de trente-deux. Les affaires de la confédération sont confiées à une diète présidée par le représentant de l'Autriche. La diète est permanente, ou ne peut pas s'ajourner à plus de quatre mois. Elle siége à Francfort-sur-leLorsque la guerre est déclarée par la confédération, aucun

Mein.

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membre ne peut négocier avec l'ennemi commun, sans le consentement de tous. Il ne peut non plus contracter aucun engagement particulier, au préjudice d'un autre confédéré.

9. ACTE DÉFINITIF DU CONGRÈS DE VIENNE.

Il a pour but de compléter les transactions du traité de Paris du 30 mai 1814, en y joignant quelques dispositions jugées utiles au repos de l'Europe.

Cette assemblée, qui devait être une arche de salut pour tous les états, a été un gouffre cù plusieurs d'entre eux se sont vus jetés comme des victimes du sort. En 1813, les grands souverains alliés, desirant amener la réunion de tous les peuples contre la France, avaient hautement promis la réparation de toutes les injustices commises par son chef, et la restitution de chaque territoire à l'ancien possesseur. Mais, dès que la trompette de la victoire a retenti, leurs conseillers n'ont plus entendu la voix de l'équité. Imitant celui qu'ils renversèrent, ils ne s'arrêtent dans le cours de leurs spoliations, qu'au moment où, voyant le débarquement en Provence de ce même homme, et l'aggression du roi de Naples, Joachim Murat, il leur paraît nécessaire de rallier à la grande cause toutes les opinions. Ces occurrences, jointes à l'impossibilité d'obtenir des peuples épuisés les sacrifices que demanderaient deux campagnes, mettent un terme aux dispositions de ces arbitres si peu équitables. On ne sait où se seraient arrêtés les démembrements de territoire et les injustices politiques, sans ces considérations d'urgence. L'Europe allait succomber tout-à-fait, sous l'ambition de plusieurs, après avoir été soustraite à l'oppression d'un seul.

Les travaux du congrès devaient embrasser une masse immense d'intérêts. Deux routes s'ouvraient, celle d'une justice pleine et entière, et celle d'une haute politique. Loin de procéder au nom des intérêts prédominants de l'Europe, considérée dans son ensemble et dans un détachement absolu des intérêts privés; plus loin encore d'appliquer à tous les cas les principes de l'équité, les chefs du congrès ont préféré de s'engager dans des voies obliques, détournées, incertaines. En se glorifiant au parlement d'avoir défait l'ouvrage de Bonaparte, le lord Castlereagh devait convenir qu'il en avait repris la trame. Des états asservis ont redemandé leur indépendance aux représentants de cette terre classique de la liberté, on leur répond qu'ils garderont leurs fers, ou qu'ils en porteront d'autres; comme si la sécurité de tous devait résulter de la souffrance de quelques pe tits membres de la société européenne. Aurait-on dû mettre en oubli

que l'indulgence n'était que de la justice, à l'égard de plusieurs états d'un ordre inférieur qui, satellites du grand empire, furent entraînés dans son tourbillon? L'Autriche, la Prusse, la Russie, ne favorisèrent-elles pas les usurpations de la France, quand un avantage momentané les y invitait? Et voici la part qu'elles se font aujourd'hui, dans la distribution des dépouilles.

La Russie daigne se contenter de l'acquisition du duché de Warsovie. Elle consent à s'arrêter à la Silésie, position qui lui paraît assez avantageuse pour étendre les filets de sa politique sur tout l'occident.

D'après la doctrine de la légitimité héréditaire, proclamée au congrès avec une componction si édifiante par des politiques chrétiens de différentes communions, la Prusse n'aurait à réclamer que ce qu'elle possédait avant sa défaite d'Iéna. Encore cette puissance ne s'est-elle gonflée depuis cent ans, c'est-à-dire depuis qu'elle existe, que d'usurpations. Mais il lui revient onze millions d'ames pour se mettre à côté des grandes puissances; elle s'empare donc de la moitié de la Saxe retrouvant, de la Pologne, tout ce qui ne convient pas à la Russie; de la Westphalie et de la Franconie, tout ce qui n'est pas à la convenance de l'Autriche, et qui peut être enlevé aux petits souverains ou aux seigneurs féodaux de l'ancien empire germanique sans exciter de dangereux mouvements; la Prusse, en outre, passe le Rhin et s'etablit sur la rive gauche, dans une longueur de soixantedix lieues, sur une largeur moyenne de quinze lienes.

L'Autriche, ignominieusement défaite toutes les fois qu'elle s'est aventurée sur un champ de bataille, perdant des provinces à chaque traité; l'Autriche, qu'aucun mouvement d'honneur n'entraîna dans l'alliance de la Russie; que l'avarice conduisit encore dans cette conjoncture extrême; qui fût restée fidèle à Napoléon, ou du moins neutre, s'il lui eût rétrocédé les provinces illyriennes; l'Autriche, qui ne fit volte face qu'après avoir épuisé les artifices de la politique expectante; l'Autriche, enfin, qui, arrivée la dernière sur l'arène, ne s'y est distinguée que par la violation de la capitulation de Dresde (F. 11 novembre 1813), retrouve, par les décisions du congrès, ce qu'elle a perdu par le traité de Campo-Formio (17 octobre 1797). A la réserve des Pays-Bas, elle ressaisit tous les territoires auxquels elle a renoncé par les traités de Lunéville (9 février 1801); de Presbourg (26 décembre 1805); de Vienne (14 octobre 1809). L'Autriche réunit donc tous les états vénitiens sur les deux rives de l'Adriatique, avec Raguse ( non compris les Sept-Iles ), les vallées de la Valteline,

de Bormio et de Chiavenna, le royaume d'Italie, et cette partie des états du saint-père située sur la rive gauche du Pô. Ainsi les spoliations de la France impériale deviennent des titres de possession pour l'empire autrichien. En outre des acquisitions particulières du chef de cette maison, deux branches collatérales se rétablissent, à Florence, à Modène. Ce ne sera qu'après une longue résistance qu'il abandonnera la reversion des états de Parme (V. 19 juin 1817 ).

Le souverain du stérile Hanovre s'empare de Hildesheim, Goslar, de l'Oost-Frise entière, de Lingen, d'une partie de Munster, pour se faire une consistance territoriale. Ce possesseur d'un million deux cent mille têtes humaines arbore le titre de roi; titre qui reste aussi au prince auquel on laisse, autour de Dresde, un million de têtes semblables.

Les princes d'Orange, stathouders de la Hollande en 1792, ou simples magistrats d'une république fédérative, en y réunissant la Belgique, l'évêché de Liége, le duché de Luxembourg, tous pays dont ils s'arrogent la souveraineté, mettront au jour le royaume des Pays-Bas, où cinq millions d'habitants seront contraints d'obéir à un souverain créé par la politique anglaise.

Les princes de Savoie qui, pour se former un état de quelque importance en Italie et pour atteindre la royauté, prodiguèrent pendant trois siècles tous les artifices d'une politique plus cauteleuse encore que celle des papes; qui, depuis vingt-cinq ans, n'avaient su que se refugier dans les sauvages rochers de la Sardaigne, ou dans des cloîtres; ces princes, si bien rentrés dans la vie privée pour laquelle ils paraissaient si bien faits, reparaissent sur la scène du monde et viennent fouler une des riches contrées de l'Italie. Ils recouvrent leurs domaines embellis, vivifiés par l'industrie française, élevés en civilisation, dégagés de dettes, soumis à des formes régulières d'administration, épurés des assassins et des empoisonneurs, et voient de plus la république de Gênes courbée sous leur joug.

Les souverains de Munich et de Stuttgard, devenus rois par la grace de Napoléon (V. 1er janvier 1806) et au prix du sang français, reçoivent, avec la confirmation de leurs titres, des augmentations de territoires et de paysans.

L'ancien marquis de Bade reste ce qu'il a été fait par la France, grand - duc, et ne voit ni augmenter ni réduire son aggrégation d'hommes.

Des deux princes de Hesse, l'un, qui gouverne à Cassel, dispose à son gré de ses feudataires; il administre son pays comme un culti

vateur exploite sa ferme, pour son plaisir et son avantage; l'autre, établi à Darmstadt, acquiert quelques lienes quarrées dont le produit est utile à son indigence.

Les petits ducs d'Oldembourg, de Mecklembourg, de Weimar, prennent le titre de grands-ducs.

Quatorze autres princes, y compris celui de Lippe-Dettmold, qui règne sur deux mille cinq cents habitants à figure humaine, forment ce qu'on pourrait appeler la basse classe des souverains allemands.

Enfin, les puissances prépondérantes au congrès de Vienne permettent à quatre des cinquante- une villes libres que comptait jadis l'Allemagne, de reprendre leur individualité politique; mais Francfort, Brême, Hambourg, Lubeck, ne sont plus que des atômes; et cette concession de l'indépendance ne servira qu'à flatter la vanité de leurs bourgeois, dont la plupart ont acquis leur fortune en trafiquant des cendres de l'Europe, embrasée par une guerre de vingt-trois années.

En résumé, on a beaucoup parlé au congrès de Vienne de justice, d'honneur et de légitimité, et l'on s'y est partagé les peuples comme de vils troupeaux, d'après des convenances mutuelles. N'est-ce pas un hommage dérisoire à la légitimité, que le démembrement de la Saxe? Et n'est-ce pas aussi un outrage à la majesté royale, que l'existence de ce royaume microscopique qui finit auprès des murs de Dresde, auprès desquels il commence ? Le souverain de Berlin et de Koenigsberg avait trois fois autant de population et huit fois plus de territoire, qu'il n'était encore pour l'Europe, comme pour Louis XIV, que le marquis de Brandebourg. Mais, depuis le premier partage de la Pologne, en 1773, le goût de la convenance n'a plus fait regarder les états que comme des agglomérations fortuites, et n'existant que sous le bon plaisir de la force.

L'Angleterre, dont l'avidité maritime a été comblée bien au-delà des vastes espérances qu'elle avait pu concevoir, ne devait point se présenter au partage du continent. Mais quelle destinée auraient donc tous ses princes? ne resteraient-ils pas d'obscurs patriciens dans leur ile, si l'un d'eux ne portait une couronne royale en Allemagne, dans cette terre classique des rois subalternes? Peu satisfaite néanmoins de cet honneur, l'Angleterre réclame impérieusement l'intérêt des sommes qu'elle a prêtées pour nourrir des guerres qui lui ont valu le monopole de l'univers. Sous le modeste titre de protectrice de la république des îles Ioniennes, elle jette l'ancre à l'issue de l'Adriatique et à l'entrée de la mer Égée; elle prend poste sur la

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