Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

«

couronne. Il était donné à Louis XVIII d'accomplir les desseins de son frère. Mais, quel affreux intervalle! Puissions-nous pressentir le bonheur destiné à la France, par une ferme adhésion aux principes de la Charte! Que l'ambition d'un ministère dépravé, ou l'inflexible orgueil des rejetons de la vieille aristocratie, ou l'égarement de quelques sophistes à théories générales, ne viennent pas s'opposer au développement de ces institutions dont la Charte a si bien tracé les linéaments.

La Charte, malgré ses imperfections, et même quelques discordances de détail, malgré quelques réticences, malgré des commentaires indiscrets, malgré les explications inconsidérées du chancelier Dambray, la Charte se popularisera de plus en plus, parce qu'en annonçant le dessein de fermer le cercle des révolutions, elle rétracte les doctrines contre-révolutionnaires, efface les prétentions émanees de l'ancien régime; prétentions et doctrines en horreur à la nation qui, depuis vingt-cinq ans, ne cesse de réclamer les droits du citoyen, l'égalité politique.

Formation des chambres législatives.- Désignées par le roi, elles se constituent immédiatement. La chambre des pairs se compose de cent cinquante-quatre pairs nommés à vie, savoir: quatre-vingtsix sénateurs, plusieurs maréchaux et généraux, trois prélats ecclesiastiques, les ducs et pairs reconnus sous Louis XVI, et quelques nobles de l'ancien régime, qui jouissent de la faveur des princes réintégrés.

6. Adresse de la chambre des députés au roi, sanctionnant le vœu des Français. Votre majesté a senti qu'elle imprimerait aux lois de la France un caractère plus irrévocable, << en sanctionnant le vœu des Français. C'est, en effet, en accueillant « les principales dispositions présentées par les différents corps de « l'état, c'est en écoutant tous les vœux, que votre majesté a formé <«< cette Charte constitutionnelle qui, par le concours de toutes les « volontés, raffermit à-la-fois les bases du trône et de la liberté publique... En vertu de cette Charte, la noblesse ne se

"

« présentera désormais aux regards du peuple, qu'entourée de témoi« gnages d'honneur et de gloire que ne pourront plus altérer les « souvenirs de la féodalité. Les principes de la liberté civile se trou« vent établis sur l'indépendance du pouvoir judiciaire et la conser«vation du jury, précieuse garantie DE TOUS LES DROITS...... Aussi « avons-nous l'intime confiance que l'assentiment des Français don« nera à cette Charte tutélaire un caractère TOUT-A-FAIT NATIONAL..."

Juillet 12. Rapport sur la situation du royaume, présenté aux chambres, par le ministre de l'intérieur.

L'abbé de Montesquiou développe, avec une affectation_très-soignée, les erreurs, les abus, les injustices qui ont eu lieu dans les diverses parties de l'administration, sous le régime impérial; il en exagère les fàcheuses conséquences pour la France actuelle, tandis qu'il glisse, avec une légèreté remarquable, sur les merveilleux progrès manifestés depuis douze ans. Cet exposé est une amère censure, une diatribe inconsidérée de tout ce qui se fit. Cependant il est trop avéré par les relevés statistiques que la pópulation de la France s'est considérablement accrue, depuis l'établissement du gouvernement consulaire. Les hommes les moins indulgents pour le despote découronné ne sauraient ne pas reconnaître que le sort des classes inférieures' ne soit devenu plus supportable, et que, dans les campagnes sur-tout, elles n'aient acquis un peu d'aisance; que l'industrie, l'agriculture, n'aient pris un essor extraordinaire, obtenu d'étonnants succès; qu'on n'ait administré avec intelligence, avec une activité surprenante; qu'on n'ait entrepris beaucoup de travaux utiles; perfectionné, exécuté sur une grande échelle, des essais timidement ou passagèrement faits sous le régime antérieur à la révolution; qu'on n'ait favorisé tous les produits nationaux sur lesquels la guerre maritime n'exerçait pas une compression irrésistible. Sous ce rapport, Napoléon a droit à la reconnaissance; mais sous ce rapport seulement. Car il avait trop bien senti la nécessité d'offrir un dédommagement à la nation qu'il privait de tant d'autres avantages, sur laquelle il répandait des flots de calamités. Ayant prévu que, pour l'entraîner, il ne suffirait pas de la magie des victoires, il ajouta le prestige d'un grand perfectionnement en toutes choses. Ses nombreux bienfaits déguisaient fort habilement ses aberrations et ses iniquités politiques. Il est trop constant que la condition de l'indi- vidu placé hors du cercle politique et des mesures rigoureuses que prescrivait l'ambitieuse fureur du chef de l'état, s'est améliorée au point d'étonner, en 1814, les observateurs étrangers qui avaient vu en 1789 la misère de nos paysans dans presque toutes les provinces. Les Français sont peut-être excusables de s'être laissés décevoir sur les intentions générales du gouvernement impérial, par la possession des avantages qu'ils en recevaient. Le bien qui s'échappe de la main d'un méchant homme, n'en est pas moins un bien.

Mais l'abbé-ministre, cédant à des idées systématiques, à des préventions féodales, à l'influence des souvenirs, ou bien au desir de

faire reluire sa faconde, ne craint pas de déduire aux représentants de la nation un exposé très-fautif, comme s'il pouvait leur dérober la connaissance des faits dont ils furent les témoins, ou voiler les objets qu'ils ont sans cesse sous les yeux.

[ocr errors]

Ce que l'abbé-ministre devrait énoncer dans son exposé, c'est que, depuis trois mois, plusieurs choses sont doubles dans ce singulier royaume, à peine recomposé. Il y a deux armées : l'ancienne qui se réveille du réveil d'Épiménide, toute composée d'officiers, dont à peine deux mille continuèrent de servir sous les drapeaux du corps valeureux de Condé, jusqu'au jour où la politique étrangère les éloigna des champs de bataille; la nouvelle armée, composée d'une multitude de généraux, d'officiers, de soldats, qui triompherent de l'Europe, jusqu'au jour où ils se virent trahis par la démence de leur chef. Il y a deux marines : l'ancienne, la nouvelle. Il y a deux noblesses incompatibles. Illy a deux décorations rivales, de couleur de feu le cordon de Saint-Louis, se portant de droite à gauche; le cordon de la légion-d'honneur, passant de gauche à droite. Il existe même deux clergés, car on aperçoit cette petite église, formée d'évêques récalcitrants et de leurs adhérents et de leurs pénitentes. La petite église s'oppose clandestinement aux arrangements susceptibles de ramener en France le véritable sentiment religieux, et réclame le retour d'une foule d'abus, d'une foule de fondations parasites, et sur-tout la renaissance de la prééminence ecclésiastique. On commence aussi à discerner que plusieurs personnages, appelés au conseil de la royauté, recèlent des idées contraires aux dispositions de la Charte; et, avant la fin de l'année, leur duplicité se reconnaîtra aux ravages de leur influence. Il ne manque plus que l'établissement bien déterminé d'un gouvernement occulte, tel que celui qui pesait par intervalles sur l'infortuné Louis XVI, pour que toutes choses soient doubles. Buffon, admirant l'œuvre de la création, y reconnaît la simplicité du dessein et la magnificence de l'exécution. On peut assurer en voyant l'édifice qu'essaient de construire les ministres de Louis XVIII, qu'il y a confusion dans le plan, mesquinerie et incohérence dans les détails.

A dater de l'expulsion de Napoléon, l'esprit de parti, s'opposant à l'évidence, prétendra qu'aucun bien n'a pu s'opérer depuis la convocation des états-généraux, attendu que la révolution n'est qu'une longue rebellion, et que des rebelles ne peuvent ni amener ni laisser arriver aucun avantage. Cependant il faut bien convenir que les lois sur la primogéniture, le mépris général pour le commerce, les

moines, les maisons religieuses, que, sur-tout, l'humiliation dans laquelle vivait le paysan, que toutes ces causes contraires au bienêtre et à l'accroissement de la population ont été entraînées dans le tourbillon révolutionnaire, et remplacées bientôt par des causes directement favorables. L'émigration de la noblesse et d'une partie du clergé fut plus que compensée par l'effet du transfert de leurs propriétés entre les mains d'un grand nombre de familles de prolétaires. L'aisance nouvelle de ceux-ci multiplia les mariages; les malheurs même de la guerre, en hâtant les liens légaux ou illégitimes, lui fournirent des ressources pour réparer les brèches qu'elle faisait à la population; et enfin, l'influence de la vaccine fut sensible dès les premières années de son introduction.

Toute

16. Ordonnance du roi, concernant la garde nationale. garde nationale est sédentaire et non mobile. La garde urbaine est distinguée de la garde rurale. - Tous les officiers seront à la nomination du roi. Il y aura des inspecteurs-généraux et un inspecteur particulier dans chaque département. Cette ordonnance, contraire à la nature des institutions primitives des gardes nationales constitutionnelles, offre un amalgame étrange du régime militaire avec le régime administratif. Elle conserve presque toutes les dispositions faites dans l'intérêt du pouvoir absolu, par le sénatus-consulte du 24 septembre 1805, et le décret du 12 novembre 1806.

er

20. Traité de paix entre la France et l'Espagne, signé à Paris. - Les deux états rentrent dans tous les rapports existants au i janvier 1792. Les propriétés des Français en Espagne, des Espagnols en France, seront rendues.

Août 7. Bulle du pape Pie VII, portant le rétablissement de l'ordre des Jésuites.

Le saint-père déclare, qu'intercédé par l'empereur Paul de Russie et le roi Ferdinand de Naples (le premier, d'une communion hétérodoxe et trop bien connu par le désordre, comme le second par la faiblesse de toutes idées politiques ou législatives), de rétablir cette société dans leurs états, et ayant gracieusement accédé à leurs humbles prières, par ses brefs du 7 mars 1801 et du 30 juin 1804, il répand aujourd'hui sur l'univers ce bienfait si judicieusement apprécié par les esprits éclairés. Le monde catho

«

[ocr errors]

lique demande, d'une voix unanime, le rétablissement de la compagnie de Jésus, et nous recevons chaque jour, à cet effet, de - pressantes supplications DES ARCHEVÊQUES ET ÉVÊQUES......

«

«

La fin de ce bref manifeste, sans équivoque, les impérissables pré

a

tentions de la papauté. « Nous ordonnons que les présentes lettres soient invariablement observées, suivant leur forme et teneur, « dans tous les temps à venir; qu'elles obtiennent leur plein et entier effet; qu'elles ne soient jamais soumises au jugement ou à la révision d'aucun juge, QUELLE QUe soit l'autorité dont il se tTROUVE .... Si quelqu'un essayait d'enfeindre quelque partie de cette ordonnance, ou de s'y opposer par une AUDACIEUSE « TÉMÉRITÉ, qu'il sache que, par-là, il encourra l'indignation du << Dieu tout-puissant, et des saints apôtres Pierre et Paul. »

<< INVESTI.:

[ocr errors]

Ne croirait-on pas entendre Hildebrand imposant ses absolues volontés à l'Europe? Cependant le pontife qui menace ainsi, de l'enfer des ultra-montains, les gouvernements qui refuseront d'admettre les jésuites, est ce même évêque républicain d'Imola, panégyriste des Brutus et de Caton d'Utique (V. 25 décembre 1797). Cette bulle annonce aux contrées catholiques la reprise d'un système tout-à-fait contraire à l'esprit qui devrait appartenir au chef de la catholicité, d'un système perturbateur, incompatible avec l'esprit des temps, et menaçant pour la tranquillité des états (V. 2 janvier 1816).

[ocr errors]

Le parlement de Paris, en bannissant les jésuites, avait déclaré par son arrêt du 6 août 1762, leur institut« inadmissible, par sa «< nature, dans tout état policé, comme contraire au droit naturel, attentatoire à toute autorité spirituelle et temporelle, et tendant à introduire dans l'église et dans les états, sous le voile spécieux d'un institut religieux, non un ordre qui aspire véritablement et uniquement à la perfection évangélique, mais plutôt un corps politique dont l'essence consiste dans une activité continuelle pour parvenir, par toutes sortes de voies directes ou indirectes, sourdes « ou publiques, d'abord à une indépendance absolue, et successive⚫ment à l'usurpation de toute autorité » (V. 23 juin 1804).

ex

[ocr errors]
[ocr errors]

"

21. Ordonnance du roi portant que toutes les inscriptions sur les listes d'émigrés, et encore subsistantes, à défaut d'élimination, de radiation, etc. (V. 24 avril 1802), sont abolies, à compter du jour de la publication de la Charte constitutionnelle ( 4 juin).

Septembre 18. Proclamation de Christophe, chef des noirs de Saint-Domingue, sous le nom et le titre de Henri Ier, roi de Haïti. — Il déclare qu'il s'opposera à toutes les tentatives de la France sur ses états, et qu'il ne consentira jamais à des traités qui compromettraient l'honneur, la liberté et l'indépendance du peuple de

Haïti.

23. Lois de finances. Budgets de 1814 et de 1815.

« ZurückWeiter »