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la vigoureuse résistance protége la retraite de toute l'armée ennemie. Les Français éprouvent une très-grande perte; le général Oudinot est blessé.

18. Une seconde armée russe, commandée par Buxhowden, fait sa jonction avec celle de Kutusow, à Wischau (six lieues est de Brunn, Moravie ). Kutusow prend le commandement en chef de l'armée alliée.

19. Occupation de Brunn, capitale de la Moravie. Cette place trèsforte, bien armée, remplie de munitions de guerre, a été précipitamment évacuée la veille.

Napoléon établit son quartier - général à Wischau. — L'armée française n'a passé le Rhin qu'à la fin de septembre, et déja de belles provinces autrichiennes, ainsi que la capitale, sont en son pouvoir. Cependant sa position est des plus hasardeuses. Entraînée par l'ardeur du succès, elle s'est si témérairement engagée, qu'elle n'a de salut que dans une prompte et complète victoire. Arrivée, en courant, au centre de la Moravie, elle s'y trouve à plus de deux cents lieues des frontières de la France. Elle n'a sur ses derrières ni magasins, ni réserves, ni places fortes pour points d'appui. Sa ligne d'opération, d'une longueur démesurée, est exposée dans un espace de plus de quatre-vingt-dix lieues de pays ennemi. La Bohême s'insurge, et se dispose à couper les communications par la gauche. Les belliqueux Hongrois sont en masse sur la droite, L'archiduc Charles, déja dans leur pays, donne encore la main à Kutusow, et n'est point suivi par Masséna, que retient en Italie l'approche d'une flotte anglo-russe; l'archiduc marche sur Vienne, dont il n'est aujourd'hui qu'à cinquante lieues, et dont la nombreuse population se met en fermentation. La Prusse a secrètement accédé à la coalition (V. 1er octobre, 3 novembre ). Son ministre Haugwitz apporte à Napoléon l'ultimatum, dont le rejet doit aussitôt amener la déclaration officielle de guerre (V. 4 décembre). Toutes les probabilités se décident contre l'armée française qui, sans des prodiges immédiats de bravoure et de science militaire, ne saurait échapper aux nombreux ennemis qui l'enveloppent.

24. Occupation de Trieste, par une division de l'armée de Mas

séna.

24, 25. Un corps d'environ huit mille hommes aux ordres d'un prince de Rohan, émigré français et général autrichien, chassé du Tyrol par le maréchal Ney, essaie de gagner les lagunes de Venise. Atteint par le général Régnier, près de Bassano sur la Brenta, ce

corps essuie une perte considérable; le reste se rend, par capitulation, au général Gouvion-Saint-Cyr, qui réunit sous son commandement une division de l'armée d'Italie et les troupes retirées de Naples, conformément au traité du 21 septembre.

28. Jonction à Klagenfurth de l'armée d'Italie, et des troupes de la grande armée.

Décembre 2. Victoire d'AusterLITZ (village à deux lieues S. de Brunn en Moravie).

Les trois empereurs sont avec leurs troupes.-L'armée russe, renforcée d'un second corps (V. 18 novembre), compte près de soixantedix mille combattants éffectifs. L'armée autrichienne n'a guère que vingt-cinq mille soldats. L'armée française n'excède pas quatre-vingt mille hommes sur le champ de bataille. L'artillerie est formidable des deux côtés. La cavalerie ennemie a l'avantage du nombre.

Les alliés desiraient gagner du temps, afin de se trouver plus en mesure par l'arrivée d'un troisième corps russe qui n'est plus qu'à huit journées de marche. Mais les manœuvres de Napoléon les mettent dans la nécessité d'accepter un engagement général. L'encombrement de leurs troupes aux abords d'Olmutz, résultat de la rapidité extraordinaire des événements, occasionne une telle rareté de vivres, que le général en chef Kutusow s'est vu contraint de précipiter les mouvements offensifs qu'il préparait. Sa détermination entre, à son insu, dans le plan de Napoléon, qui, depuis trois jours, fait replier son avant-garde, pour combattre sur le terrain même qu'il a reconnu et choisi. Les hésitations de Kutusow ont laissé échapper un temps précieux et des circonstances extrêmement favorables. N'ayant pas attaqué, lorsque les forces des Français étaient éparses, il devait continuer sa retraite, à l'effet de les engager plus avant encore, en se portant, soit en Hongrie, pour opérer sa jonction avec l'archiduc Charles, soit en Bohême, afin de communiquer avec la Prusse, dont l'armée était sur pied et en mesure d'agir; il devait temporiser jusqu'à la coopération simultanée et assez prochaine de tous les membres de la coalition: il rendrait alors impossible la retraite, sur le Rhin, de l'armée française. Au contraire, il se décide à risquer les chances d'une action générale, lorsque les forces respectives deviennent àpeu-près égales.

Le maréchal Lannes, ayant sous lui le général Suchet, commande la gauche; le maréchal Soult dirige la droite; le maréchal Bernadotte fait le centre; le maréchal Davoust se tient en observation sur la gauche de l'ennemi; le maréchal Murat, avec sa cavalerie et vingt

quatre pièces d'artillerie légère, appuie la droite du maréchal Lannes; le général Oudinot forme la réserve avec dix bataillons de grenadiers, que flanquent dix bataillons de la garde, sous le général Junot; cette réserve est pourvue de quarante pièces de canon.

L'action, engagée au lever du soleil, se prolonge jusqu'à la nuit. Les Russes, foudroyés par les batteries françaises, éprouvent en tués, en noyés dans un lac dont la glace s'est brisée, en blessés ou en prisonniers, une perte qu'on ne saurait évaluer à moins de trente mille hommes; on compte quinze de leurs généraux pris ou restés sur le champ de bataille; le général en chef Kutusow reçoit plusieurs blessures; il abandonne cent cinquante canons. Les Français n'ont à regretter qu'un seul général de division et deux colonels. Leur perte paraît avoir été de dix mille hommes. A. Austerlitz, des masses de nos cuirassiers chargent, pour la première fois, sur des batteries. Un mouvement hardi, très-rapidement exécuté, et très-courageusement soutenu, pendant neuf heures, par le corps du maréchal Soult, est la seule cause décisive du résultat de la bataille. Le général Rapp, à la tête des grenadiers à cheval de la garde impériale française, enfonce un régiment d'élite de la garde impériale russe, et fait prisonnier le prince Repnin, l'un des colonels; ce fait d'armes se distingue dans le beau tableau de Gérard. Le général Gardanne, chargeant avec une division de dragons, a complété la déroute de l'ennemi.

Là, se termine, après moins de deux mois, cette campagne merveilleuse, ouverte à une distance de cent cinquante lieues; elle finit par une des plus belles victoires que présentent les annales des peuples modernes. L'Autriche, dont l'histoire militaire se compose d'éclatants revers et de succès obscurs, n'avait jamais été aussi humiliée par les Musulmans ou les Suédois. Impuissante dans tous les temps à se sauver elle-même, elle a eu recours, une seconde fois, à la bravoure des Slaves; mais le génie de Sobieski n'est point descendu dans Kutusow. La présomption et les fautes multipliées de ce chef ennemi, ne sachant ni se retirer, ni attaquer à-propos; l'exquise habileté de Napoléon sachant, en peu de jours, réparer les écarts de sa prudence depuis l'ouverture de la campagne, et conjurer les funestes effets de sa témérité; et plus que tout cela, l'indomptable valeur des soldats, opèrent ce miracle, qui seul pouvait sauver l'armée française.

4. Le ministre Haugwitz, envoyé de Berlin au quartier - général des alliés, se rend à celui de Napoléon, et le félicite de sa victoire.

Le vainqueur d'Austerlitz ne se méprend point sur les sentiments du cabinet prussien: « Voilà, dit-il, un compliment dont la fortune a changé l'adresse (V. 1er octobre, 3, 19 novembre).

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4-6. L'empereur d'Allemagne, François II, visite Napoléon à son bivouac, et lui demande la paix.- Un armistice est accordé. Les Russes sont tenus d'évacuer les états de leur allié, et de se retirer à travers les monts Krapacks, a journées d'étape, suivant un ordre déterminé, en trois colonnes.

Ainsi finit cette guerre de la troisième coalition, et la neuvième campagne de Bonaparte (car on doit appeler campagne, une suite non interrompue d'opérations dans un but déterminé; dès que ce but est atteint, la campagne est révolue). Jusqu'à ce jour, tous les plans de cet homme extraordinaire ont un caractère particulier d'audace réfléchie, qui doit le faire regarder comme le premier capitaine du siècle, et l'égal des plus célèbres guerriers de tous les siècles.

A son début, on le voit s'élancer des montagnes de Gênes aux Alpes-Juliennes. Il n'a que vingt-six ans, et ses premiers pas sont les victoires de Montenotte, de Millésimo (avril 1796), qui désunissent l'armée autrichienne et l'armée piémontaise.

Seconde campagne.— Le général autrichien Wurmser évacue l'Alsace, accourt au secours du Tyrol; vaincu à Castiglione (août 1796), il rentre, avec les restes informes de son armée, dans les défilés de ce même Tyrol.

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Troisième campagne. Wurmser complètement battu à Bassano (8 septembre 1796), se renferme à Mantoue avec les débris de la deuxième armée portée en Italie par l'Autriche, depuis le commencement de cette guerre de la première la coalition.

Quatrième campagne. - Par l'effet de la journée d'Arcole (15 novembre 1796), le général Alvinzy est rejeté au-delà de la Brenta avec ce qui échappe de la troisième armée impériale.

La cinquième campagne commence neuf mois seulement après la première. Les affaires de Rivoli et de la Favorite (1er janvier 1797) amènent la destruction de la quatrième armée autrichienne, et la reddition de Mantoue.

Sixième campagne. Après le traité de Tolentino ( février 1797) Bonaparte défait, dans une suite d'engagements, l'archiduc Charles, accouru des bords du Rhin; et le renversant impétueusement sur le Tagliamento, l'Isonzo, les Alpes-Juliennes, la Drave, la Save et la Muehr, jusqu'à trente lieues de Vienne, il dicte la paix à l'Autriche,

stupéfaite de voir les Français en possession de Trieste, de l'Istrie, "de la Carniole, de la Carinthie, de la Styrie, et des confins de l'Autriche antérieure.

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Septième campagne. L'expédition d'Égypte à laquelle se rattache celle de Syrie, témoigne que le génie de ce général, réduit à faire une guerre de conservation, avait su se ployer à cette nécessité. On doit pourtant lui reprocher son obstination devant Acre; mais César fut battu à Dyrracchium, Turenne à Marienthal.

La huitième campagne commence à Dijon. Les grandes Alpes sont escaladées par une armée entière, elles voient nos soldats colporter les canons, les affûts, les munitions. Les vallées septentrionales du Piémont sont envahies avec la rapidité des torrents qui s'y précipitent. Mélas, l'inepte Mélas éprouve, à Marengo, une de ces défaites ignominieuses que le destin semble tenir en réserve pour les armées autrichiennes. Dans ce seul jour (14 juin 1800), l'Italie est reconquise; sans que ni la Belgique, ni les départements réunis aient été menacés, et pendant qu'une arinée, fortement établie et savamment dirigée par l'inexpugnable Moreau, manœuvre sur le haut Danube.

Enfin, cette neuvième campagne (d'Austerlitz), qui transporte, en soixante jours, cent cinquante mille Français, des montagnes Noires aux monts Krapacks, des sources du Danube aux glaciers d'où jaillit la Vistule; cette campagne offre une telle suite de triomphes inattendus et cependant si bien concertés, qu'elle semble obscurcir la gloire des plus illustres capitaines.

Si le vainqueur, si l'heureux Bonaparte s'arrête ici, son nom sera le premier nom de la guerre. Mais, après avoir conçu, achevé cette campagne, il pourra croire que rien désormais ne lui est impossible. Trop certain de la fortune, il n'en redoutera pas les caprices. Assis sur le trône de France, qu'il aura si prodigieusement exhaussě, ce Louis XIV parvenu, qui est lui-même son Turenne et son Louvois, aspirera à la monarchie universelle. Si le fils de Louis XIII hérita des grands résultats qu'amenèrent Henri IV, et Richelieu, èt Mazarin, et les guerres civiles qui aiguisent les courages, qui produisent les beaux génies; le fils d'un Corse ignoré n'est-il pas déja le seul légataire d'une révolution qui lui transmet un pouvoir sans bornes. Car toutes les résistances ont été brisées dans l'intérieur. Cette révolution a mis au jour une foule d'hommes supérieurs, telle qu'on n'en vit jamais d'aussi nombreuse dans les sciences ou les arts divers dont peut s'aider un gouvernement. Ces hommes transcendants par

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