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nicieuse qui prescrirait de s'énoncer avec indulgence sur les délits politiques, et de sourire au scandale. L'écrivain qui se tait quand il doit blâmer, n'est pas seulement inutile, il est malfaisant. S'il inculpe à tort, lui-même il mérite la censure. Si ses jugements ne s'appuient que sur des documents incertains, si ses témoignages réprobatifs ne dérivent que de ses conjectures, qu'on le voue au mépris! Mais s'il n'avance que des faits avérés, si l'expérience a justifié ses inductions, alors il aura montré et qu'il fut conduit par le plus noble des sentiments, l'amour de son pays, et qu'il ne négligea point le premier de ses devoirs, la recherche de la vérité; et, malgré toute l'irritation des passions ou des préjugés qu'il aura mécontentés, il obtiendra l'approbation des gens de bien, pour avoir entrepris d'offrir à ses concitoyens une esquisse réduite, mais exacte, de l'un des plus vastes et des plus intéressants tableaux que puisse offrir la galerie des siècles. Fontenelle disait qu'il se garderait d'ouvrir la main si elie renfermait des vérités. Il s'adressait alors à une nation vaine, dans la servitude. Ce n'est pas ainsi qu'on traitera désormais les Français, fiers d'obéir à des institutions qui laissent en jeu leurs facultés

morales.

DE

L'HISTOIRE DE FRANCE,

DEPUIS LA PREMIÈRE CONVOCATION DES NOTABLES
JUSQU'AU DÉPART DES TROUPES ÉTRANGÈRES.

1787-1818.

1787.

PREMIÈRE PÉRIODE.- Gouvernement de Louis XVI.

Lorsque deux factions divisent un empire,
Chacun prend au hasard la meilleure ou la pire,
Suivant l'occasion ou la nécessité. (CORNEILLE.)

JANVIER

ANVIER 11. Traité de navigation et de commerce, entre la France et la Russie, signé à Pétersbourg. Il est conclu pour douze années. Février 13. Mort du comte de Vergennes, ministre des affaires étrangères, distingué par de rares talents comme négociateur. Le traité de commerce qu'il conclut l'année précédente, entre la France et l'Angleterre, fut alors, et reste encore l'objet de beaucoup de controverses; mais il serait injuste de ne pas avouer qu'il excita vivement l'industrie nationale, en lui présentant des objets d'imitation jusque alors inconnus. La France en a recueilli l'effet le plus désirable, le perfectionnement par la rivalité. Il est incontestable qu'entre deux peuples dont les moyens de transactions et les rapports politiques sont à-peu-près égaux (et telle était, en 1786, la position de la France et de l'Angleterre), la liberté de correspondre dans leurs ventes et dans leurs achats doit amener, de part et d'autre, une vive émula

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tion, l'emploi plus varié et plus productif des capitaux. Les résultats pourraient se faire attendre; la souffrance du moins actif, être immédiate mais enfin il y gagnerait toujours, en acquérant la connaissance et le développement de ses moyens. Le comte de Montmorin devient ministre des affaires étrangères.

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22. Ouverture de la première assemblée des notables. Convocation dont il n'y avait pas eu d'exemple depuis 1626, que le cardinal de Richelieu les réunit, afin d'accroître son crédit. Ces assemblées n'avaient d'autre attribution que celle de dire au Roi leur avis sur les questions que les ministres jugeaient à propos de leur adresser. La démarche de Louis XVI est le premier hommage rendu dans le dix-huitième siècle au principe de la publicité en fait d'administration.

Les princes, le haut clergé, la haute noblesse, des conseillers du Roi, les députés des parlements et des pays d'états, ainsi que les chefs de quelques grandes municipalités, sont réunis à Versailles, au nombre de cent trente-sept membres, pour indiquer les moyens d'améliorer les revenus de l'état et d'assurer leur libération entière. Il leur est exposé que le déficit est de cent quarante millions, y compris les remboursements échus, et les dépenses extraordinaires et passagères (V. 25 mai).

Avril 29-30. Le contrôleur général Calonne est renvoyé. La cour ne présentait pas un homme plus immoral et plus frivole à-la-fois. Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse (puis de Sens, puis cardinal), est nommé chef du conseil des finances. En même temps, François de Lamoignon devient garde-des-sceaux; le comte de Brienne, frère de l'archevêque, a le département de la guerre; le comte de la Luzerne, celui de la marine; le comte de Montmorin reste aux affaires étrangères, et le baron de Breteuil à la maison du Roi et à l'intérieur.

Mai 25. L'assemblée des notables (V. 22 février), qui a montré beaucoup d'opposition à tous les plans proposés par le ministre des finances Calonne, se sépare, après avoir arrêté six articles principaux: 1o emprunt de six millions de rentes viagères; 2o établissement d'assemblées provinciales pour la répartition égale des impôts; 3o suppression de la corvée; 4° suppression d'un grand nombre de droits sur les traites et gabelles; 5o reculement des barrières fiscales aux frontières; 6o établissement d'un conseil des finances. Le Roi adopte ces six articles. Il donne l'exemple des sacrifices, en opérant dans sa maison des réformes considérables.

Le marquis, lieutenant-général, de la Fayette, membre de cette assemblée, a proposé la suppression des lettres de cachet et des prisons d'état; il a demandé l'état civil des protestants, et la convocation d'une assemblée des députés de la nation.

Juin 17. Déclaration du Roi, confirmative d'un arrêt rendu en septembre 1774, qui accorde la liberté du commerce des grains.

22. Déclaration du Roi, portant création d'assemblées provinciales, chargées de procéder à l'égale répartition des impôts (V. 25 mai).

27. Déclaration du Roi, qui convertit l'obligation de la corvée pour la confection ou l'entretien des routes, en une prestation en argent. Les assemblées provinciales seront, à mesure de leur formation (V. 22 juin), chargées de tout ce qui tient à ces objets.

Juillet 6. Le parlement de Paris délibère sur deux édits bursaux, qui lui sont transmis avec injonction de les enregistrer. L'un porte établissement d'un droit de timbre sur les provisions, brevets, commissions d'offices quelconques, et sur les actes civils; l'autre remplace les vingtièmes par une subvention territoriale'de quatre-vingt millions. Le parlement supplie le Roi de lui faire communiquer les états des recettes et dépenses. Son vœu ne sera pas accueilli. Alors entraîné par l'opinion publique, et dans la vue d'entraver la marche du gouvernement, ce corps se déclare incompétent pour vérifier de semblables édits, en ajoutant qu'aux seuls représentants de la nation appartient le droit d'accorder les subsides. Il sollicite la convocation des états-généraux.

Août 1er. Brienne ( V. 24 avril ) est nommé principal ministre.

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6. Séance royale au parlement de Paris, mandé à Versailles; autrement Lit de justice où le Roi fait enregistrer les deux édits concernant les nouveaux impôts (V. 6 juillet ). — Assemblé le lendemain à Paris, le parlement déclare nulle et illégale la transcription faite sur ses registres.

9. Le Roi, desirant alléger les dépenses de l'état, a fait de grandes réformes dans ses maisons civile et militaire. Il ordonne la démolition ou la vente des châteaux de Choisy, la Muette, Madrid, Vincennes, Blois, ainsi que la vente de toutes les maisons qu'il possède à Paris, et qui n'entrent point dans le plan d'isolement du Louvre.

10. Plainte au parlement de Paris, sur les abus d'autorité et les prodigalités de l'ex-contrôleur-général Calonne (V. 20 avril). Cette plainte est reçue avec permission d'informer.

14-15. Arrêt du conseil du Roi, qui évoque la plainte portée au

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