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étudiée ; sa vue éteint l'enthousiasme que créa l'illusion d'une perspective éloignée. Il aperçoit très-bien que bientôt il ne sera plus remarqué; qu'il peut être délaissé comme Moreau, ou proscrit comme Pichegru, ou empoisonné comme Hoche. Enfin les directeurs lui donnent l'ordre de partir de Paris sur-le-champ, lui déclarant qu'il est libre de donner sa démission, de reprendre la toge et de rentrer dans la foule. Il dissimule, obéit; et, s'abandonnant au destin, il s'élance vers ces régions où règne le dogme du fatalisme. Juin 10 13. Expédition d'Égypte. Prise de Malte.

La flotte de Toulon (V. 19 mai) paraît devant Malte. Augmentée en mer des divisions parties de Civita- Vecchia, de Gênes et de Bastia, elle a réuni soixante-douze bâtiments de guerre, quatre cents bâtiments de transport, montés par dix mille gens de mer, et ayant à bord trente-six mille hommes de troupes réglées. On remarque parmi les officiers - généraux, Menou, Berthier, Desaix, Kléber, Régnier, Dammartin, Caffarelly-Dufalga, Murat, Lannes, Davoust, Belliard; parmi les officiers-supérieurs, Junot; Marmont; parmi les non-militaires, Berthollet, chimiste; Desgenettes, Larrey, médecins; Thouin, Geoffroi, Delille, naturalistes; Conté, Champy, physiciens; Monge, Fourrier, Costaz, Girard, mathématiciens; Parseval-Grandmaison, Redouté, Denon, Lepeyre, cultivant les lettres ou les beaux-arts.—Les Français prennent terre sur plusieurs points de l'ile. Les troupes de l'ordre, retranchées dans des fortifications inexpugnables, pourraient défier les armées de toute l'Europe. Mais l'effet de la surprise, la mollesse et l'inexpérience des chevaliers, la connivence de quelques-uns d'entre eux, l'insurrection fomentée parmi les habitants, toutes ces causes rendent la défense presque nulle. L'ordre se soumet à une honteuse capitulation, et livre deux vaisseaux, une frégate, quatre galères, douze cents bouches à feu, avec une prodigieuse quantité de munitions, et le trésor de l'ordre évalué à trois millions. La prise de possession de cette forteresse est une très-grande faute. Les directeurs, bourgeoisement ennemis de toute institution héraldique, n'y voient que la satisfaction d'anéantir subitement un ordre au gouvernement duquel les Maltais étaient habitués, et qui faisait la force morale de ce poste important. En le leur conservant, on pouvait les rendre des alliés fidèles de la France. Alors, en neutralité avec les Anglais, qui sans leur secours n'auraient pu ni attaquer, ni bloquer leur port, ils auraient reçu les renforts destinés pour l'Égypte. Bonaparte ayant réglé l'administration de l'île, et laissé quatre mille hommes pour sa défense, se rembarque. - Toute la flotte est en

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pleine mer le 20 juin. Admirable activité qui fera le salut de l'expédition! Juillet 1.-3. Expédition d'Égypte. Malte prise (V. 10 juin), la flotte française a cinglé vers l'Égypte. Elle se présente devant Alexandrie. Kléber, commandant l'avant-garde de l'armée, qui a pris le nom d'armée d'Orient, entre de vive force dans cette place importante.

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21. Bataille des Pyramides livrée par Bonaparte, général en chef de l'armée d'Orient, entre les villages d'Embabeh et de Gizeh, près du Nil en vue des Pyramides, et à une lieue O. du Caire. Français, dit Bonaparte, songez que, du haut de ces monuments, quarante « siècles ont les yeux fixés sur vous. » — Les Beys qui gouvernent l'Égypte, ayant Mourad Bey et Ibrahim-Bey à leur tête, fondent impétueusement avec six mille Mameloucks sur les troupes françaises. Ils sont mis en déroute, laissant sur le champ de bataille deux mille hommes, trente canons, quatre cents chameaux chargés. — Les vainqueurs entrent le lendemain 22 au Caire. Leur perte a été presque nulle.-Mourad-Bey s'échappe vers la haute Égypte ; Ibrahim-Bey se jette dans l'isthme de Suèz.-Dès ce moment, le gouvernement des Mameloucks est renversé, et la conquête de la basse Égypte assurée! Août 1, 2. Bataille navale d'Aboukir, livrée dans la baie de ce nom, à neuf 1. E. d'Alexandrie.

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La flotte française, de un vaisseau de cent vingt (l'Orient), trois de quatre-vingts, neuf de soixante-quatorze, et de quatre frégates, armée de onze cent quatre-vingt-six canons, a partie de ses équipages à terre; il est resté à bord environ sept mille marins. flotte anglaise de treize vaisseaux de soixante-quatorze, et un de cinquante, en tout onze cent cinquante-six canons, est montée par huit mille hommes, et commandée par Nelson.

Averti de l'approche de la flotte ennemie, Brucys préfère le combat le moins avantageux, en s'embossant dans une rade foraine, dont la côte ne lui assure d'autre protection qu'un îlot, sur lequel il ne place même que deux mortiers. Sa ligne mal décrite, trop éloignée de la terre, laisse encore de trop grands intervalles entre les vaisseaux. S'il restait sous voiles, ce qui pouvait lui donner des chances plus avantageuses (puisqu'il avait eu un mois pour la combinaison de son embossage); s'il savait tirer parti de sa position dans des eaux dont il est maître, et combiner sa ligne de défense avec la côte, sa flotte serait invincible; ou, du moins, elle offrirait le premier exemple d'une flotte embossée et bien défendue par des batteries de terre, qui voit rompre sa ligne.

L'ennemi, plus fort déja par les mauvaises dispositions de l'amiral français, commence l'attaque à cinq heures et demie du soir, et tandis que cinq de ses bâtiments passent entre la terre et la ligne, deux autres coupent la ligne vers le centre, et six la prolongent endehors. Dès-lors la division du milieu et celle de droite, mises entre deux feux, soutiennent un combat très-inégal, que le secours de l'arrière-garde pourrait seul rétablir. Cependant cette division de gauche, où le contre-amiral Villeneuve a son pavillon, reste immobile sur ses ancres. Le désastre des Français commence au milieu de la nuit, par l'explosion de l'Orient, vaisseau amiral. L'action s'arrête. Elle se rengage, et dure jusqu'à trois heures du matin. -Neuf vaisseaux sont pris, une frégate est coulée bas par l'ennemi; un vaisseau et une frégate sont brûlés par les équipages; deux vaisseaux et deux frégates seulement parviennent à s'échapper avec les contre-amiraux Villeneuve et Decrès; celui-ci, commandant l'escadre légère, s'est tenu en observation.

Tel est le résultat de ce combat de mer, le plus malheureux de tous ceux qu'a essuyés la France dans les deux guerres de la révolution; désastre inouï dans les annales de la marine moderne, et auprès duquel les actions de la Hogue et du 1er juin 1794 sont de légers échecs. Le dévouement des Français est digne d'eux: mais que peut l'intrépidité mal dirigée contre une tactique supérieure?

La flotte anglaise, très - maltraitée elle-même, n'est en état d'ap pareiller que quinze jours après l'action: six de ses vaisseaux sont mis hors de service. On évalue sa perte à mille tués ou blessés.

Sans doute les fautes graves commises par l'amiral français sont les causes efficaces de ce désastre: mais Bonaparte rejette avec un empressement trop marqué, sur la mémoire de Brueys, des torts dont lui-même, Bonaparte, est répréhensible: il prétend avoir donné l'ordre positif de se retirer à Corfou, immédiatement après le débarquement de tous les objets appartenant à l'armée de terre, si l'on reconnaissait ne pouvoir, faute d'eau, entrer dans le vieux port d'Alexandrie. Bonaparte ajoute ou fait dire que, Brueys ayant fait

sonder les passes, il en résulta que les gros bâtiments étaient sus

ceptibles d'entrer, quoique avec des précautions, et que, malgré cette certitude, la flotte resta au mouillage d'Aboukir; mais il existe des documents qui prouvent que le général en chef a prescrit à l'amiral de ne pas abandonner la côte d'Égypte, dans la crainte qu'il n'arrive des bâtiments de Constantinople; car il importe de tenir éloigné tout na

vire qui démentirait l'assurance donnée aux Égyptiens par les procla mations de l'armée envahissante, que la France agit de concert avec le sultan, précaution nécessaire tout le temps qu'on ignorera au serrail l'invasion de l'Égypte. L'ordre donné à Bruey's porte d'envoyer à Corfou une frégate seulement, pour y prendre des approvisionnements qui s'y trouvent prêts. Bonaparte, sachant que les Anglais ne sont supérieurs, ni en nombre de vaisseaux, ni en nombre de canons, qu'ils ont des bâtiments d'un échantillon plus faible, des pièces d'un moindre calibre, Bonaparte se persuade, avec Brueys, qu'ils ne viendront pas, de quelque temps, présenter le combat. Cette assurance inspire une sécurité qui conduit à la perte de la flotte française. Les fautes grossières de Brueys, l'inconcevable témérité de Nelson, l'immobilité de Villeneuve, ont fait le reste. César fit brûler les vaisseaux qui transportèrent ses légions sur le sol des Bretons indomptés; Cortès, après avoir mis le pied sur le continent américain, fit brûler aussi sa fiotte, pour mettre ses soldats dans la nécessité de vaincre. Les soldats de Bonaparte se dévouent avec joie à la même destinée; mais ils ne la doivent pas à sa résolution; et ce désastre, disposé par ses fausses mesures, empêchera l'arrivée des renforts.

22. Une escadre de trois frégates et une corvette, sortie de Rochefort, portant onze cent cinquante hommes sous les ordres du général Humbert, aborde à Killala, dans le comté de Mayo, province de Connaught, sur la côte S.-O. de l'Irlande.

Septembre 5. Loi portant établissement d'une conscription militaire, d'après le rapport du général Jourdan. Elle comprend tous les Français de 20 à 25 ans. Les conscrits sont divisés en cinq classes, suivant leur âge. Des lois particulières doivent fixer le nombre de conscrits à mettre en activité de service.

8. Le général Humbert, qui, depuis son débarquement en Irlande (V 22 août), avec onze cent cinquante hommes seulement, a tenu en échec, pendant seize jours, les forces anglaises, est défait et pris avec huit cent quarante hommes, à Ballinamack, par le lord Cornwallis, commandant vingt-cinq mille hommes de troupes réglées, soutenues par près de cent pièces d'artillerie. Tel est l'aveu des relations anglaises. - Cornwallis est ce même général qui capitula à New-Yorck, en 1778, si peu honorablement, quoique à la tête de dix mille soldats bien retranchés, et n'ayant en face que des milices américaines, avec quelques centaines de Français, conduits par le maréchal-de-camp Saint-Simon.

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12. Déclaration de guerre de la Porte à la France. Alliance offensive de la Porte avec la Grande - Bretagne et la Russie. 24. Loi qui met en activité deux cent mille conscrits.

Octobre 7. Bataille de Sedyman (haute Égypte). - Mourad-Bey, en fuite après la bataille des Pyramides (V. 21 juillet), se trouve campé avec un corps de quatre mille Mameloucks et de sept mille Arabes fantassins. Il est attaqué par le général Desaix, conduisant deux mille hommes d'infanterie, défait et jeté dans le désert avec les débris de sa cavalerie; son artillerie est prise; les Arabes se dispersent. Cette action, très-remarquable, est surtout glorieuse pour le général Friant, l'adjudant-général Donzelot, et le capitaine, depuis général, Rapp.

12. 20. Combats de mer. huit frégates ou corvettes, sortie de Brest le 16 septembre, avec des troupes destinées à soutenir en Irlande l'expédition du général Humbert (V. 22 août, 8 septembre), est rencontrée par des forces anglaises qui s'emparent de sept bâtiments.

Une escadre d'un vaisseau de ligne,

Novembre 1er. Situation militaire.-Le directoire, menacé en Allemagne et en Italie, augmente ses forces. Il dispose un plan d'offensive, d'après lequel Jourdan, son plus zélé champion, est investi du commandement de la principale armée, nommée armée du Danube, quoiqu'elle n'occupe encore que l'embouchure du Mein. Jourdan a sous ses ordres Masséna, chef de l'armée d'Helvétie, et Bernadotte, chef d'un corps d'observation. Joubert est envoyé dans le Milanais. Championnet conduit les troupes destinées à agir dans le midi de l'Italie. Brune est au Texel. Moreau, que sa dénonciation de Pichegru (V. 4 septembre 1797) n'a pu réhabiliter dans l'esprit des directeurs, reste en inactivité. Hoche a péri, sa mort a été attribuée au poison (V. 18 septembre 1797). Bonaparte est éloigné. Tant ce gouvernement, aussi présomptueux qu'oppresseur et lâche, est loin de supposer que le sort de la guerre dépende des talents de ces généraux, dont il se priva parce qu'il redoutait leur influence!

21. Une armée napolitaine, commandée par l'autrichien Mack, attaque les avant-postes français sur la frontière des états romains.

Décembre 5. Combat de Civita-Castellana (dix lieues N.-E. de Rome). Le général Mack, à la tête de quarante mille soldats napolitains, fait attaquer la droite de l'armée française, aux ordres de Championnet. Cette aile droite compte à peine six mille hommes. Mais par les habiles dispositions de Macdonald, qui la conduit, autant que par la vigoureuse intrépidité des troupes, l'ennemi est

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