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fait un pompeux éloge du gouvernement démocratique, de la liberté, de l'égalité....« Oui, mes très-chers frères, soyez bons chrétiens et « vous serez d'excellents démocrates.... ( siate buoni cristiani e sa« rete ottimi democratici )..... Les vertus morales rendent bons démocrates..... Les premiers chrétiens étaient animés de l'esprit « de démocratie..... Dieu favorisa les travaux de Caton d'Utique et des illustres républicains de Rome...... ( L'évêque d'Imola aurait dû dire le contraire de ceci; car, à moins que d'être très-ignorant de l'histoire du paganisme, on sait que Caton se poignarda, parce qu'il n'avait pu préserver cette république du joug de César.) — Bonaparte, bouleversant les gouvernements de l'Italie et les remplaçant par des républiques informes et malfaisantes, trouve ainsi des auxiliaires parmi les prêtres romains. Il n'est pas douteux que cette homélie du prélat d' Imola sert autant, en 1798, les projets subversifs des démagogues français en Italie, que la présence à Paris, en 1804, de ce même prélat devenu chef de l'église, pour y sacrer ce même Bonaparte, devenu Napoléon, sera utile à l'établissement du despotisme impérial.

28. Des émeutes ont eu lieu à Rome, les jours précédents.—L'ambassadeur de la république française, Joseph Bonaparte, est insulté, dans le palais de l'ambassade, par les troupes pontificales, et le général Duphot est tué à ses côtés. La légation française sort de Rome et de l'état ecclésiastique.

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1798.

Janvier 4. Systéme continental.—Le directoire fait saisir au même instant, sur tous les points de la France, toutes les marchandises anglaises. Il déclare de bonne prise, les navires qui en seraient chargés.

5. Finances publiques. - Loi portant ouverture d'un emprunt de quatre-vingts millions, pour subvenir aux frais des préparatifs d'une descente en Angleterre. - Depuis deux mois, tous les chantiers de nos ports sont dans une grande activité. L'emprunt ne se remplira pas.

28. Invasion de la Suisse. -Irruption des troupes françaises dans le pays de Vaud, sous prétexte de rétablir la tranquillité troublée en Suisse par l'insurrection des Vaudois contre le gouvernement de Berne, insurrection fomentée par la France. Le directoire motive son intervention sur de très-anciens traités du temps de Charles IX,

lesquels rendent la France garante des droits du peuple vaudois. Les vrais motifs de l'agression sont le desir de révolutionner des voisins paisibles; le ressentiment de l'asyle accordé à des proscrits français, émigrés ou fructidorisés; le dessein de ravir le trésor de Berne, et d'imposer de fortes contributions sur ces pays, où de grands capitaux se refugièrent dès les premiers troubles de la France.

Traité de réunion de Mulhouse (Haut-Rhin ), ville libre et confédérée de la Suisse, au territoire français.

Février 10. Le général Berthier, accouru pour venger l'assassinat de Duphot (V. 28 décembre) et s'opposer à la cour papale que des engagements secrets unissent à la cour de Naples, campe sous les murs de Rome et occupe le château Saint-Ange.

11. Louis XVIII quitte le séjour de Blanckembourg ( duché de Brunswick), où il vit, sous le nom de comte de Lille, depuis que la politique autrichienne l'a contraint de se séparer des émigrés formant le corps de Condé (V. 18 juillet 1796 ). Ce prince se rend en Russie, où Paul fer lui donne asyle.

15. Le peuple de Rome rejette l'autorité du pape (V. 28 décembre 1797). Les troupes françaises qui occupent le château Saint-Ange (V. 10 janvier), favorisent l'insurrection. Le général Berthier reconnaît, au nom de la France, la république romaine.

20. Pie VI, dont le trône vient de s'écrouler (V. le 15), quitte Rome, et se retire dans un couvent de Sienne.

Mars 1er. Congrès de Radstadt. La députation de l'empire (V. 9 décembre 1797), reconnaît la rive gauche du Rhin pour limite de la république française.

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2. Invasion de la Suisse. Combat et prise de Fribourg. pation de Soleure et de Morat. Deux bataillons, de la Côte-d'Or et de l'Yonne, se regardant comme les descendants des Bourguignons vaincus en 1476 dans ce dernier lieu, détruisent le monument ossuaire élevé par les Suisses.

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5. Invasion de la Suisse. Prise de Berne, par capitulation, après plusieurs engagements meurtriers avec les Suisses. - Brune, général - La prise de ce chef-lieu du canton prédominant, entraîne la soumission de la Suisse presque entière.

en chef.

Avril 13. Le général Bernadotte, ambassadeur de la république à Vienne, est assailli, dans son hôtel, par une foule mécontente d'y voir arboré le drapeau tricolore, surmonté du bonnet rouge, et portant les mots, liberté, égalité. L'ordre lui en avait été donné par le directoire. Ce fait, interprété comme une innovation dans les

usages diplomatiques, conduit à des explications qui se terminent par le départ de l'ambassadeur, malgré les démarches conciliantes et les humbles excuses des ministres impériaux. Le public suppose, d'abord, que c'est une machination du directoire, afin d'amener la guerre; fort mécontent de se voir écarté du centre des affaires, en France, et rejeté dans la diplomatie, Bernadotte sait y trouver un motif de se rendre à Paris, et de mettre fin à cet honorable bannissement que le directoire inflige aux généraux qui lui portent ombrage; car c'était ainsi qu'on avait essayé d'éloigner Pichegru avant la catastrophe du 18 fructidor, en le commissionnant ambassadeur à Stockholm, et qu'on avait éloigné Pérignon, Aubert-Dubayet, Truguet. Cette conjecture acquiert de la consistance par le refus de l'exambassadeur à Vienne, de se rendre à La Haye, lorsque, répondant à sa lettre de nomination, transmise par le citoyen Charles-Maurice Talleyrand, ministre des relations extérieures, il s'exprime en ces termes: Depuis long-temps, mes vœux et mon peu de penchant • pour la carrière diplomatique vous sont connus.... .... Il m'est doux « de croire que le peuple français sera instruit de l'exacte vérité..... - Vous avez justement senti que la réputation d'un homme qui avait « contribué à placer sur le piédestal la statue de la liberté, était une • propriété nationale. »>

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26. Traité de réunion de Genève à la France.

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Mai 1. La Hollande se donne une nouvelle constitution, sous le

titre de république batave une et indivisible.

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9. Saint-Domingue. Les troupes anglaises finissent d'évacuer les postes qu'elles occupaient dans la partie occidentale, conformément à la convention faite avec le général noir Toussaint-Louverture, commandant en chef les forces de la colonie. A cette occasion, Toussaint accorde une amnistie à un très-grand nombre de colons blancs. Le premier débarquement des Anglais avait eu lieu le 18 septembre 1793 (V. à cette date); et, depuis cette époque, le cabinet de Londres n'eut d'autre vue, en portant des forces à SaintDomingue, que d'accélérer la destruction de cette colonie, objet de

toute son envie.

11. Le gouvernement, redoutant l'esprit de sagesse d'un grand nombre de députés nouvellement nommés, obtient une loi qui casse les élections de plusieurs départements.

19. DÉPART DE L'EXPÉDITION D'ÉGYPTE.

Une flotte de trente-une voiles de guerre, dont un vaisseau de cent vingt, trois de quatre-vingt, neuf de soixante-quatorze,

frégates et deux bricks armés, appareille de Toulon, sous les ordres du vice-amiral Brueys. Elle convoie environ cent quarante bâtiments de transport. On compte à bord dix-neuf mille hommes de débarquement, deux mille employés d'administration, un nombre trèsconsidérable d'artistes et savants de toutes classes, et en outre, une immense quantité de munitions et d'objets propres à une expédition militaire. Le général Bonaparte commande en chef.-Le directoire a fait préparer dans tous les ports de la Méditerranée des armements qui se réuniront en mer à celui de Toulon. La conquête de l'Égypte est le but de ces grands efforts.

La paix continentale a refoulé dans l'intérieur trois cent mille soldats, dont les habitudes belliqueuses pourraient offrir des dangers à ce gouvernement inepte autant qu'immoral. Pichegru est déporté (V. 4 septembre 1797). Moreau a lui-même terni sa renommée (V. ib.). Hoche, miraculeusement échappé des côtes d'Irlande, est inopinément frappé par la mort (V. 18 septembre 1797). Jourdan n'a rien de brillant, il se montre franc démocrate et sans ambition personnelle; sa mesure politique est bien connue du directoire qui n'en redoute aucune agression. Sous des dehors aussi républicains Bernadotte, au contraire, ambitionne la célébrité; et le sentiment exalté de l'honneur de sa patrie peut lui faire chercher les moyens d'améliorer ses destinées. Le directoire le craint, le flatte, et veut l'éloigner; mais le Béarnais, plein de sagacité, sait éluder cette amorce (V. 13 avril). L'intrépide Masséna n'est que soldat. Les généraux qui paraissent après ceux-ci, n'ont pas encore assez de gloire, assez de popularité pour faire ombrage au directoire. Mais le grand homme du jour, le chef entreprenant de l'armée d'Italie, celui qui provoqua le 18 fructidor (V. 4 septembre 1797); celui qui le soutint ; celui qui a bouleversé les gouvernements de l'Italie; celui qui, par de nombreux actes politiques, a décelé une haute, une vaste ambition, Bonaparte paraît très-dangereux au voisinage du Luxembourg, quoique le citoyen Talleyrand ait ingénieusement ou ingénuement dit (V. 10 décembre 1797): «Tout en lui est l'ouvrage de cet amour «< insatiable de la patrie et de l'humanité.... Il nous faudra le sol« liciter un jour, pour l'arracher aux douceurs de sa studieuse re« traite. »> Bonaparte, général, a fait un éclatant apprentissage de la domination politique, en traitant d'égal à égal avec des têtes couronnées, en leur dictant des lois comme leur souverain. Se soumettrait-il à se ranger simple citoyen sous le niveau de la loi, ou voudrait-il servir la puissance d'un gouvernement qu'il méprise ? Une ex

pédition outre-mer délivrera de la présence de ce jeune César les cinq directeurs de la France. Le directoire lui a proposé la descente en Angleterre; mais l'habile capitaine a bientôt reconnu que cette expédi tion est insensée. Le souvenir de l'expédition de Bantry-Bay (V. 24 décembre 1796) ne saurait lui sourire. A la vérité, Hoche put échapper; aussi le directoire lancera-t-il Bonaparte sur un rivage plus reculé, sur cette terre d'Afrique où la peste exerce de périodiques ravages. Qu'importe le sacrifice de cinquante-mille Français, lorsqu'il s'agit de conserver la constitution de l'an III? Que fait l'avenir de la France à ces cinq rois de cinq ans ? à ces furieux proconsuls de la convention, Barras, Rewbell ? à cet autre conventionnel, fabricateur et grand-prêtre d'une religion sans dogmes et sans rites (la theophilanthropie), Réveillère-Lepaux? à ce membre du comité de sûreté générale, raporteur de l'infâme loi des suspects, Merlin dit de Douai? à ce myrmidon littéraire, ambitieux de toutes réputations, tout gonflé de théories raisonneuses, François dit de Neufchateau ? Périsse la France pour le maintien des cinq directeurs de la république une, indivisible, impérissable!

L'Égypte fut le théâtre de la gloire d'Alexandre, de César. Le Corse, qu'on appelle déja le héros de la grande nation, et qui est plein des grands souvenirs de l'histoire, se flatte de surpasser les deux héros de l'antiquité, et de devenir le monument le plus colossal du pays des merveilles. Flatté de la comparaison dont on caresse son orgueil, il se promet, outre le laurier du conquérant, la palme du législateur, et le sceptre d'un fondateur d'empire.

L'idée d'établir une colonie sur les bords du Nil, occupa jadis le cabinet de Versailles. On espère, en 1798, y trouver la compensation de nos pertes commerciales dans la presqu'ile du Gange et aux Antilles; aboutir à l'Inde par la mer Rouge, et fortifier Tippoo-Saëb, implacable ennemi de l'usurpation anglaise. La possession de l'Égypte sera pour la France le levier à l'aide duquel elle remuera le systême commercial des quatre parties du monde.

Cependant l'espoir d'envahir le suprême pouvoir, en France même, s'est insinué dans l'ame de Bonaparte. Nommé chef de l'aventureuse expédition d'Égypte, il met peu d'empressement à ses préparatifs. On le devine. Plus il demande de moyens, plus on lui en accorde. Pour déterminer son exil, on épuiserait la France. Il voit aussi tout cela; et à chaque concession, il suscite un nouveau délai. Il espère vaguement que s'il tarde à s'éloigner, la nation l'élevera sur le pavois. Mais en vain se montre-t-il aux Parisiens avec une simplicité

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