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et nommés par lui, sont responsables. La guerre ne peut être décidée que par le corps législatif, sur la proposition du directoire. Les traités ne sont valables qu'après avoir été ratifiés par le corps lė- . gislatif. Il y a des administrations municipales; une administration centrale par département, etc.

Les monstrueuses illégalités du gouvernement révolutionnaire commencèrent à être improuvées de ses enthousiastes, lorsque beaucoup d'entre eux devinrent ses victimes. Le très-grand nombre des Français, appréciant enfin toute l'iniquité de l'arbitraire, réclament une constitution qui porte elle-même des moyens de stabilité, et qui fasse rentrer le gouvernement dans les voies de la civilisation. Les meneurs de la populace, les Barrère, les Merlin dit de-Douai, l'ont excitée (V. 1er avril et 20 mai) à demander la constitution anarchique de 1793 (V. 27 juin 1793). A ces cris universels, quoique divers, de constitution, la convention a répondu par la création d'une commission chargée d'en préparer les dispositions. Mais les jacobins, redoutant l'influence des délais, se sont soulevés deux fois. Terrassés deux fois, leurs efforts démontrent la nécessité d'un code social moins démocratique que celui dont, avec de malfaisantes intentions, ils exigent la mise en exercice. Plus ils pressentent qu'on veut leur arracher ce moyen de désorganisation, plus ils l'invoquent.

D'un autre côté, la convention s'aperçoit, de plus en plus, que la France est fatiguée de sa domination. Dans l'impossibilité de capter les suffrages, cette méprisable assemblée les dictera. Elle envisage, avec effroi, le moment où elle déposera ce pouvoir qui fait la sûreté d'un grand nombre de ses membres chargés de crimes; pouvoir qu'elle ne saurait retenir plus long-temps. Alors, sous prétexte d'assurer au peuple la garantie de l'acte constitutionnel, et de conserver les traditions républicaines, les conventionnels voudront se retrouver en majorité dans le nouveau corps législatif; ils violeront tous les principes de souveraineté du peuple, de liberté d'élections, afin d'assurer leur amnistie. Ils changeront les formes de l'autorité, mais ils en garderont les rênes. Les assemblées primaires, convoquées pour l'acceptation de la constitution (V. 22 août), l'ont accueillie à la presque unanimité, tant les Français attendent avec impatience un autre ordre de choses. Mais la loi du 13 fructidor (V. 30 août) étant reçue par-tout avec indignation, la convention, qui ne consentira jamais à se dessaisir du pouvoir, interprète, en faveur de cette loi, et comme une conséquence nécessaire, tous les suffrages donnés à l'ensemble de la constitution; attendu, dit-elle,

que cette loi du 13 fructidor en fait partie. La nation soutiendra que l'insertion de cet article est subreptice; et la journée du 13 vendémiaire (V. 4 octobre) sera le résultat de ce dernier attentat d'une perverse assemblée.

La première assemblée, la constituante,' ayant donné une constitution, s'était séparée avant d'en avoir fait l'essai. — L'assemblée lé– gislative avait détruit la monarchie, et livré la personne du Roi à des juges - bourreaux réunis en convention. La convention proclame d'abord une théorie démagogique (V. 27 juin 1793 ); mais elle s'abstient de la mettre en activité, afin de retenir sa dictature; et, jetant un troisième acte constitutionnel sur la France, comme un nouveau brandon de discorde, elle s'éloignera au milieu des imprécations d'un peuple auquel tout mode de gouvernement semblera meilleur que le régime qu'elle emporte dans sa lâche fuite.

En effet, si la convention a donné une constitution à la France, elle n'a pu la mettre dans une position à suivre régulièrement cette constitution; elle n'a pas fait revivre le crédit public, elle n'a pas ranimé le commerce, anéanti par les plus scandaleux trafics, ainsi que par la guerre; elle n'a pas rétabli l'harmonie, rappelé la confiance, éteint les haines et la soif de la vengeance, aussi vives que jamais. Ayant passé la plus grande partie du temps de son existence dans l'infamie de l'asservissement au tyran Robespierre, elle finit sous la pernicieuse influence de Tallien, Barras, Merlin dit de Douai, Sieyes, etc., etc.; et le terrorisme plane une seconde fois sur toutes les têtes. Les nouveaux tyrans seront moins atroces, moins sanguinaires; mais ils seront plus insidieusement malfaisants.

Cependant cette dernière constitution, en consacrant le principe d'une autorité indépendante, dans son action, de la représentation nationale, prépare des institutions monarchiques; elle rend aux esprits fatigués des sophismes de l'anarchie, les souvenirs de quelques bons principes émis par l'assemblée constituante: souvenirs destinés à servir de palladium aux Français, dans les temps d'une autre adversité. 25-26. Rassemblements tumultueux, à Paris, au sujet du décret du 13 fructidor (V. 30 août). La convention déclare que, si elle

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n'est point respectée, elle se réunira dans une autre ville.

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Octobre 1er. Bourse de Paris. Le louis d'or coûte douze cents francs en assignats.

Décret portant que tous les pays conquis en-deçà du Rhin, ainsi que la Belgique, l'état de Liége et le Luxembourg, sont réunis au territoire de la république.

2. Une escadre anglaise débarque, à l'Ile-Dieu ( à trois lieues des côtes de la Vendée), Monsieur, comte d'Artois, sept à huit mille émigrés, et quatre mille anglais (V. 26 août, 17 novembre).

4. Décrets qui rapportent, 1o l'affreuse loi du 17 septembre 1793 sur les suspects, loi dont Merlin dit de Douai fit le rapport; 2o la loi du 9 avril dernier, relative au désarmement des terroristes. 5. JOURNÉE DU 13 vendémiaire.

Les Français sortaient enfin de cet engourdissement dans lequel un régime de terreur, semblable à la baguette de Circé, les avait plongés et retenus trois ans entiers. Rendus à leur impétuosité naturelle, à leur caractère primitif, par les évènements des 1er avril et 20 mai (journées du 12 germinal, du 1er prairial), ils exhalent la plus violente haine contre toute espèce de tyrannie. Les assemblées primaires, appelées à l'élection des candidats à la nouvelle législature, s'indignent de ce que les auteurs de la constitution, voulant garder l'autorité dont ils firent un si détestable usage, ont déterminé que les deux tiers des membres des deux conseils, seront pris dans le sein même de la convention (V. 30 août ). L'opposition se manifeste plus énergiquement encore à Paris, où l'on est plus fatigué de la domination de ce ramas d'êtres malfaisants. Des quarante-huit sections, quatre ou cinq sont livrées aux séides de Robespierre, à ses plus assidus courtisans, aux Merlin, aux Carnot. Toutes les autres repoussent l'oppression sous quelque forme qu'elle se déguise; elles s'excitent et s'appellent aux armes. Mais depuis la dernière insurrection (20 mai), qui montra l'audace renaissante du jacobinisme, des camps sont établis aux abords de Paris; des batteries défendent les avenues des Tuileries; la convention se garde comme le dey d'Alger. Ces précautions dirigées contre les instruments abjects des fauteurs du terrorisme, contre la populace des faubourgs, vont servir contre ces nombreux citoyens, la force et l'espoir de l'immense population que renferme la capitale ; et le rebut de la classe des prolétaires, ces sans-culottes dégueņillés, ces hommes du 10 août, ces massacreurs de septembre, formeront, dans cette conjoncture, la réserve de la convention; ceux-là mêmes qu'elle redoutait naguère, seront son appui.

Lanjuinais (ex constituant, pair de 1814), qu'on retrouve toujours, lorsqu'il devient dangereux d'invoquer les principes, ou de défendre les opprimés, se récrie vainement et répand l'opprobre sur cette cause qui emploie d'aussi vils instruments. Sa'voix se perd dans les clameurs de ces législateurs-assassins, qui ne peuvent trouver

que dans de nouveaux forfaits l'impunité de tous leurs forfaits. En même temps, les sections, hors d'état de réunir promptement de puissants moyens d'attaque, se flattent d'en imposer par leur masse. Vingt-cinq mille hommes prennent poste, et couvrent les principaux quartiers.

Le 5 au matin, quelques-uns de leurs bataillons s'avancent pour dissoudre la convention. Barras, l'ordonnateur des massacres de Toulon (V. 19 décembre 1793), commande pour elle. L'adjoint de Barras est Bonaparte, ce corse fugitif d'Ajaccio où sa voix parricide avait appelé la discorde et la mort, et qui figura aussi parmi les assiégeants de Toulon. Là, ses chefs ayant remarqué la froide cruauté de son naturel, bien plus que son talent dans l'arme de l'artillerie, l'avaient, après la chûte de Robespierre, fait rejeter dans les cadres de l'infanterie ; il devait y languir dans une stérile inactivité. A la vue d'une autre guerre civile, alors qu'il faut un exterminateur inaccessible à la pitié, Bonaparte accourt; il rappelle à Barras avec quel plaisir il répand le sang français; il est accueilli, et son canon qui foudroie la multitude sur les degrés de l'église Saint-Roch, vient apprendre aux Parisiens ce nom étranger que pendant vingt ans ils admireront, ils encenseront, et que, pendant des siècles, leurs descendants chargeront d'imprécations. On eroit que deux mille personnes ont péri dans cette journée, dont les suites seront, au contraire, fort peu sanglantes. Car, désormais, la fourberie remplacera la cruauté. On n'oserait relever les échafauds. La tyrannie ne peut plus marcher précédée de licteurs farouches; elle s'annoncera par d'insidieuses promesses, et s'exercera désormais par des sbires de police, silencieux comme les muets du grand-seigneur. Le parti victorieux craindrait d'exposer son triomphe en se vengeant au grand jour. Aussi les conseils de guerre, institués pour sévir contre les chefs des sections, ne jugeront-ils que des contumaces.

Le 13 vendémiaire est le dernier acte d'insurrection auquel des masses prendront part. Dorénavant, les crises politiques, qui transformeront le gouvernement, ne seront plus que des débats intérieurs entre les autorités législatives et le pouvoir exécutif. L'intervention des troupes soldées sera seule employée ( V. 18 fructidor ou 4 septembre 1797; 18 brumaire ou 9 novembre 1799), et la nation engourdie ne disputera jamais le droit du vainqueur. L'expérience a trop bien démontré aux chefs des partis, que si l'on peut mouvoir les masses, il est difficile de les diriger, de les contenir, de les arrêter; que le peuple est une arme terrible, qui souvent éclate dans

la main qui en fait usage. Aussí-bien les Français sont affaissés; leurs sentiments ont perdu toute élasticité : furieux dans les premiers paroxismes de leur ivresse, ils resteront pendant vingt années dans un état de léthargie politique. Il faudra les coups de foudre inattendus de 1814 et de 1815 pour les réveiller, leur rendre le sentiment de leur dégradation morale, et leur donner cette salutaire impatience d'obtenir enfin des garanties politiques en état d'assurer leur bonheur.

18. Le général autrichien Wurmser attaque, près de Manheim, un camp retranché des Français, le force, et fait prisonnier le général Oudinot.

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24. Traité de Saint-Pétersbourg, qui détermine le troisième et dernier partage de la Pologne entre la Russie, l'Autriche et la

Prusse.

Loi révolutionnaire excluant jusqu'à la paix, des fonctions publiques, les parents des émigrés, et ceux qui auraient signé des arrêtés liberticides dans les assemblées primaires ou électorales.

25. Décret de formation de l'Institut des sciences et des arts.

26. La convention nationale termine sa session par un décret d'amnistie pour tous les délits révolutionnaires qui ne sont pas compliqués de vol ou d'assassinat; amnistie non applicable aussi aux prêtres déportés, ou sujets à la déportation, comme aux émigrés rentrés ou non rentrés.

Le dernier acte des oppresseurs de la France sanctionne donc une multitude de crimes publics, et d'iniquités nationales. Mais, enfin, ils se dépouillent de leur funeste pouvoir; ils ferment leur antre horrible, ces hommes abjects autant que féroces, cannibales avec le titre de représentants de la nation, objets de l'exécration du monde, scélérats parvenus au dernier terme de la rage et de la démence législatives. Là, une poignée de vils factieux parlaient au nom du peuple français; ils transformaient en loi le cri de la fureur; les efforts convulsifs de leur délire s'appelaient raison et sagesse. Elle se sépare enfin, cette assemblée qui, par la plus monstrueuse cumulation de pouvoirs, a détruit toute espèce de liberté; elle se sépare après les avoir gardés, dans ses odieuses mains, trois ans entiers. Elle fait place à un gouvernement informe, sans doute, mais qui présente, du moins, les ébauches d'un systême constitutionnel. Jusque ici, tout a eu un caractère excessif: la grandeur était gigantesque; le stoïcisme de la vertu, impassible; les victimes insultaient avec un froid dédain aux bourreaux, et le crime dédaignait les remords.

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