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de l'un et de l'autre sexe et de tout âge (V. 27 juillet 1794), sous le prétexte de conspiration; d'avoir fait juger en trois ou quatre heures, jusqu'à soixante, quatre-vingts personnes; d'avoir fait encombrer des charrettes, préparées dès le matin, de victimes dont les qualités n'étaient point désignées, et contre lesquelles les jugements signés en blanc ne contenaient aucunes dispositions ; d'avoir composé le jury de jurés à lui affidés, etc., etc. Les interrogatoires se bornaient à demander à l'accusé son nom, son état, et à lui dire : « As-tu con«< naissance d'une conspiration? » La négative, sans discussion, était suivie de ces mots : « Tu n'as plus la parole; gendarmes, faites votre devoir.» L'accusé était sur-le-champ emmené. Le jugement se prononçait en masse; et les chariots qui attendaient les condamnés, les trainaient à l'instant au lieu du supplice. -- Le fils fut jugé pour le père, le père pour le fils, de très-jeunes gens pour leurs frères plus âgés; des conformités de nom firent périr un accusé pour un autre ; et si l'erreur était reconnue, le président, sans la rectifier, répondait: Qu'importe aujourd'hui ou demain? » — Collot-d'Herbois lui-même, désapprouvant une liste de cent cinquante-cinq personnes, que Fouquier voulait faire juger à-la-fois, lui dit : « Que vous restera-t-il « donc, quand vous aurez démoralisé le supplice? » Et les cent cin- 、 quante-cinq prisonniers firent ce qu'on appelait trois fournées.

Fouquier est arrêté depuis la réformation du tribunal révolutionnaire, depuis le 9 août 1794. Mais on n'ose pas d'abord instruire son procès. Lorsque enfin on le traduit en jugement, on affecte les formes les plus lentes, comme pour contraster avec la rapidité de celles qu'il avait si souvent employées. Les procédures se prolongent pendant dix-neuf jours; deux cents témoins sont entendus à sa charge, et deux cents à sa décharge.— Ce grand acte de justice n'a pu s'obtenir qu'après une lutte de six mois, entre le parti du féroce Barrère et le parti un peu moins exécrable de Tallien.

16. Traité de paix et d'alliance cntre la France et les ProvincesUnies. — Cession de tout le territoire batave sur la rive gauche de l'Escaut-occidental, ainsi que sur les deux rives de la Meuse, au sud de Vanloo, et y compris cette place. Les Provinces-Unies paient à la France pour l'indemniser des frais de la guerre, cent millions de florins, argent courant de Hollande.

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20.-28. Journée du 1 PRAIRIAL et ses suites.

Toujours avide de domination, toujours altérée de sang, la faction des jacobins renouvelle ses efforts. Parmi ses chefs, les uns, Barrère, Collot-d'Herbois, Amar, Vadier, Billaud dit de Varennes, etc.,

ne siégent plus à la convention depuis le 1er avril (journée du 12 germinal); d'autres, tel que Fouché dit de Nantes, Sieyes (exabbé, ex-constituant, directeur en 1799, consul provisoire en 1799), Merlin dit de Douai (directeur en 1797, 98, '99), etc., etc., affectent d'approuver la chûte de Robespierre, et dissimulent leurs projets de vengeance. Dangereux Protées, ils ont dépouillé la robe dn tigre, et se couvrent de la peau du serpent. Mais, sous quelque forme qu'ils paraissent, il leur faut des victimes, de nombreuses victimes. S'ils eurent d'abord l'élan de la cruauté, ils en ont aujourd'hui l'arrière-pensée. Objets de l'indignation générale, ils sont peu-à-peu délaissés par ces divers partis de républicains qui n'ont pas, comme le parti jacobin, entièrement abjuré tout sentiment de justice et d'humanité. Il importe donc aux terroristes de faire avancer leurs corps de réserve, l'abjecte populace des faubourgs de Paris, et d'employer à cet effet le plus terrible des mobiles, la disette. Mais les véritables chefs de l'insurrection épieront dans l'ombre l'apparition du succès, laissant à d'imprudents lieutenants tous les dangers de l'action, et réservant à eux-mêmes une retraite jusque dans le parti qu'ils font attaquer, dans le cas où ce parti l'emporterait.

Le tocsin rassemble, au milieu de la nuit, des milliers de compagnons-ouvriers: se dirigeant vers les Tuileries, ils placent aux premiers rangs des femmes et des enfants, afin qu'à cette vue les troupes, envoyées pour arrêter leur marche, hésitent à les combattre. Ils pénètrent dans la salle de la convention, en brisant les portes : ils demandent à grands cris, du pain, la liberté des patriotes, et la constitution de 1793 (V. 27 juin 1793). Des militaires essaient de s'opposer à leurs excès ; ils sont repoussés à coups de feu. Un député, Féraud, est tué, dans la tribune, en cherchant à garantir le président, Boissy-d'Anglas, dont la fermeté est inébranlable. La tête de Féraud, placée sur une pique, devient le signal du triomphe des partisans de Barrère. Ils délibèrent entre eux, et proclament, tumultuairement, des lois de sang et de pillage. — Enfin, à minuit, après dix heures passées dans cet effroi, les troupes des sections paraissent, dispersent les assassins, et délivrent la majorité de la convention qui a eu l'étonnant courage de rester sur les bancs, en suivant l'exemple du président.

Les troubles continuent pendant deux jours. Les factieux amènent des canons aux Tuileries; ils sont repoussés. Le faubourg SaintAntoine est désarmé. — Quelques scélérats obscurs sont exécutés. La convention décrète d'accusation trente de ses membres qui se sont

le plus indiscrètement prononcés pour le retour du régime de la terreur. Treize de ces jacobins endurcis subissent le jugement du tribunal; mais, sans attendre l'exécution, s'étant procuré, dans leur prison, un couteau, ils se le prêtent l'un à l'autre, et ceux qui survivent paraissent seuls sur l'échafaud. Il n'y a plus en France que des républicains enthousiastes et des jacobins endurcis qui soient doués de ce courage individuel qui fait attaquer la vie de son ennemi, ou décider de sa vie propre.

Dans ces huit jours, les révolutions du 28 juillet 1794 (10 thermidor) et 1er avril 1795 ( 12 germinal), ont reçu leur complément. Le gouvernement est enlevé aux complices de Robespierre. Cependant les appréhensions d'un pas fait vers la royauté détourneront la majorité de la convention des voies de l'équité, et l'empêcheront d'accorder toute la satisfaction que réclame l'humanité si affreusement outragée. Tandis que des ouvriers du faubourg Saint-Antoine sont mis à mort, ceux qui les égarèrent restent impunis; et la convention, craignant d'exercer trop libéralement la distribution de la justice, retient dans son sein plusieurs membres infâmes des comités du salut public, de sûreté générale.

30. Décret rendu sur le rapport de Lanjuinais (pair de 1814), autorisant la célébration des cultes dans les édifices qui y étaient origi

nairement destinés.

31. Sur le rapport de Porcher de Richebourg (pair de 1814), Décret qui supprime le tribunal criminel extraordinaire, créé le 10 mars 1793, modifié le 9 août 1794, et plus connu sous le nom de tribunal

révolutionnaire.

Juin 7. Prise de Luxembourg, seule place des Pays-Bas autrichiens non soumise. Elle capitule après un siége de huit mois. La capitulation, conduite par le général en chef Jourdan, est signée par le général de division Hatry. La garnison, forte encore de 12,000 hommes, et commandée par le maréchal Bender, sort libre, à l'exception de quatre cents émigrés ou transfuges français.—On trouve dans cette place, outre huit cents bouches à feu, une quantité très-considérable d'ornements d'église, d'argenterie, qui y ont été transportés des contrées catholiques voisines, comme dans un asyle impéné, trable.

8. LOUIS-CHARLES DE FRANCE, en naissant duc de Normandie, puis Dauphin, et destiné an trône, sous le nom de Louis XVII, meurt à l'âge de dix ans, deux mois, douze jours. Il était renfermé dans la tour du Temple depuis le mois d'août 1792. Sa fin peut

avoir été produite par les mauvais traitements dont on n'a cessé de l'accabler pendant ses deux dernières années. Néanmoins, si l'on observe, 1° que c'est depuis la chûte de Robespierre (27 juillet 1794), qu'on l'a isolé de sa sœur et qu'on a redoublé de rigueurs ; 2° qu'il est mort lorsque l'expédition pour Quiberon se disposait avec un appareil formidable, avec la plus grande ostentation, dans les ports anglais; 3° que le célèbre médecin Desault, qui l'a soigné dans les premiers temps de sa maladie déclarée, meurt subitement; on doit croire que la mort de l'héritier de Louis XVI, d'un enfant sur lequel les ennemis de la royauté ne peuvent diriger les traits de la calomnie pour en éloigner l'opinion générale, a été accélérée par les combinaisons de ces hommes qui ont, à ce jour même, la direction des affaires publiques. Au reste, le défaut d'air et d'exercice, dans un âge si tendre, est un poison lent dont l'action suffisait pour amener le résultat tant souhaité, et sans doute si bien prévu par les chefs de la faction régnante. On sait dans quel état fut trouvé, en 1764, l'infortuné prince Iwan de Russie.

21. Finances publiques. Décret établissant, pour les paiements et recettes d'assignats, une échelle de proportion, calculée sur le grès de leur émission, ou de leur rentrée au trésor public.

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23. Combat naval à la proximité de Port-Louis (Morbihan), entre douze vaisseaux français, et dix vaisseaux anglais. Les premiers, commandés par le vice-amiral Villaret-Joyeuse, perdent deux vaisseaux, le Tigre et l'Alexandre. Le Formidable saute en l'air par un accident étranger au combat. L'action n'a duré que quatre heures.

24. Guerre de la Vendée. — Charrette, soumis depuis le traité de la Jaunais (15 février), reprend les armes, suivant la promesse qu'il en a faite à un aide-de-camp de Monsieur, comte d'Artois, envoyé près de lui pour le décider. Charrette rassemble 12,000 hommes à Belleville (quinze 1. N.-O. de Fontenay-le-Comte ).

29 Expedition de Quiberon. Les Anglais débarquent sur la plage de Carnac (entre le golfe du Morbihan et la presqu'île de Quiberon) un corps d'émigrés, ayant pour chef d'Hervilly. Ce corps, réuni aux chouans, conduits par un prétendu royaliste, nommé Puisaye, s'empare, le lendemain, du bourg d'Auray.

Juillet 4. Expédition de Quiberon. La convention nationale, instruite du débarquement à Quiberon (27 juin), décrète la suspension de toute radiation d'émigrés des listes d'inscription. C'est une particularité singulièrement remarquable, que, pendant tout le cours de la révolution, pendant plus de trente ans, les efforts des

royalistes (à l'exception des Vendéens) n'aient servi qu'à l'affaiblissement de leur parti et n'aient amené que la confusion de leurs espérances. Leur conduite ne fut jamais qu'un tissu de fautes commises par l'orgueil en dépit des plus simples notions du bon sens.

4. Expédition de Quiberon. Les deux chefs royalistes, d'Hervilly, Puisaye, après huit jours passés à débattre le plan d'attaque, s'em. parent du chétif village de Lomaria ou Quiberon, et du ètes-petit fort Penthièvre.

5. Expédition de Quiberon.- Le poste de Carnac (V. 72 juin), menacé par un corps de républicains, est abandonné par les émigrés qui se resserrent et s'établissent dans la presqu'île de Quiberon; se mettant par-là, sous la protection des forts et sous le feu de l'escadre anglaise, au lieu de s'avancer en Bretagne pour donner la main aux autres bandes royalistes et marcher ensuite sur les républicains. Cette faute est décisive.

16, 17. Expédition de Quiberon. Dans la nuit du 15 au 16, les émigrés attaquent les républicains postés à Sainte-Barbe, au débouché de la presqu'île; repoussés jusqu'au fort Penthièvre; d'Hervilly est mortellement blessé. On a cru que, jaloux de se réserver l'honneur de l'action, ce chef avait fait retarder le débarquement d'une 2o division d'émigrés, mouillée, depuis plusieurs jours, dans la baie; division commandée par le jeune comte de Sombreuil. Le débarquement a lieu, le lendemain, mais en désordre; et les jours suivants, le défaut de vivres augmente l'indiscipline.

21. CATASTROPHE DE QUIBERon.

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Les corps émigrés débarqués sur cette plage se composent, en grande partie, de soldats et de marins français, prisonniers en Angleterre, et qui retiennent toute la ferveur des premières idées républicaines. Entrer dans les rangs royalistes n'est, pour ces prisonniers, que se ménager l'occasion de les abandonner dès qu'ils toucheront le sol français. -Leur complot formé, des transfuges en instruisent Hoche, général des plus habiles. des plus actifs et des plus braves.-Le fort Penthièvre tombe en son pouvoir; la garnison en est égorgée; les émigrés sont cernés; leur camp est enlevé; très peu d'entre eux ont le temps de parvenir jusqu'aux vaisseaux anglais; et Sombreuil, qui, par un sentiment héroïque de l'exemple qu'il doit à ceux dont il a le commandement, a dédaigné de se sauver, est obligé de mettre bas les armes. Tout leur corps est fait prisonnier, y compris les chouans et les Anglais, faisant en tout environ 10,000 individus avec les femmes et les enfants. Dans le même temps, d'autres chouans essaient en vain de livrer

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