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10. Mort de la princesse ÉLISABETH, sœur de Louis XVI. · Elle comparaît avec un air plein de douceur et de dignité, que ne sauraient altérer les outrageantes et grossières expressions de l'interrogatoire. On assure qu'elle a répondu au président du tribunal : « Si « mon frère eût été un tyran, ni vous ni moi ne serions à la place « que nous occupons en ce moment. » Sa condamnation étonne d'autant plus, que ses vertus semblent en avoir imposé aux plus grands scélérats, qui n'ont jamais demandé sa mort. On affecte de la conduire au supplice sans aucune distinction, en l'associant, sur le fatal tombereau, à vingt-quatre autres victimes. Plusieurs femmes de la cour sont de ce nombre. L'une d'elles, quoique enceinte, a refusé de se soustraire, par sa déclaration, au sort commun. Élisabeth fait avertir les juges, et la sauve. Exécutée la dernière, elle porte sur l'échafaud, couvert de sang et de cadavres, cette angélique sérénité qui ne l'a pas abandonnée un seul instant de sa vie.

11. Incendie de Bédouin (trois lieues Est de Carpentras).—Le représentant Maignet surpasse, dans le département de Vaucluse, les cruautés exercées à Lyon par Fouché dit de Nantes (V. 12 octobre 1793), et par Barras à Toulon ('V. 19 décembre 1793). Ce monstre est plus féroce encore que Jourdan-Coupe-Téte, qu'il a remplacé (V. 16 octobre 1791, et 19 mars 1792).

Un arbre de la liberté a été coupé, pendant la nuit, à Bédouin, boarg de cinq cents maisons, l'un des plus florissants et des plus industrieux du département. Il paraît constant que Maignet lui-même en a donné l'ordre. Aussitôt les autorités constituées, les nobles, les parents d'émigrés, les prêtres, les gens suspects, sont enfermés dans Bedouin, qui est tout entier cousumé par les flammes; afin, dit Maignet, de détruire jusqu'au nom de ce lieu infâme. — Il obtient l'établissement à Orange, d'une commission populaire pour juger les ennemis de la révolution qui seront trouvés dans les départements environnants. L'instruction, adressée par le comité de salut public, porte: « La peine due à ce crime ( un arbre de la liberté coupé) est la mort; les preuves acquises pour la condamnation sont tous les renseignements, de quelque nature qu'ils soient, qui peuvent con« vaincre un homme raisonnable et ami de la liberté, etc. » Signé, Carnot, Barrère, Billaud dit de Varennes.- La commission d'Orange fera périr quinze mille personnes, en deux mois. Le rapport accuse ce nombre. Au cri d'horreur qui s'élève, le comité de salut public répond qu'il est satisfait de la conduite de Maignet, et la convention nationale approuve la réponse du comité de salut public.

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Loi révolutionnaire qui condamne tous les prêtres insermentés, infirmes et sexagénaires, à la réclusion dans le chef-lieu de leur département.

15. Finances publiques.

Suivant le rapport du comité des finan

ces, il y a en circulation six milliards d'assignats.

18. Victoire de Turcoing (Nord). — Pichegru, général en chef (absent); Moreau, commandant; Souham, Macdonald, généraux de division; soixante-dix mille Français. - Armées alliées, quatrevingt-dix mille hommes; l'empereur François II, le duc d'Yorck, présents; le prince de Cobourg, général en chef; l'archiduc Charles, Clairfait.-Soixante canons pris, et trois mille tués, blessés ou prisonniers. Cette journée amène la délivrance de la France, et prépare la seconde conquête de la Belgique.

22. Les Anglais appelés en Corse, par Pascal Paoli, y opèrent un débarquement ( V. 26 mai 1793, 19 juin 1794 ).

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26. Décret. La convention entraînée par Barrère, qui reproche au gouvernement britannique de nombreux actes de perfidie, enjoint de ne faire aucun prisonnier anglais ou hanovrien.—Les militaires français refuseront toujours d'exécuter cet ordre (V. 30 décembre).

Juin 1er. Combat naval dans l'Océan, à cent lieues environ des côtes de France, entre la flotte française de vingt-cinq vaisseaux, dont trois à trois ponts, commandée par le vice-amiral VillaretJoyeuse, et la flotte anglaise de vingt-sept vaisseaux, dont neuf à trois ponts, aux ordres du vice-amiral Howe. L'action est continue de sept heures du matin à six du soir; Jean-Bon Saint-André, commissaire conventionnel, en ordonnant précipitamment la retraite, est la principale cause du désastre des Français. Six de leurs vaisseaux sont pris; deux (le Vengeur et le Jacobin) engloutis ; le Vengeur, par la résolution unanime de l'équipage, qui refuse d'amener, et qui, après avoir cloué le pavillon et déchargé la batterie basse, déja à fleur d'eau, s'enfonce aux cris de Vive la république, la liberté. Barrère aura l'impudence d'annoncer à la tribune, que les six vaisseaux pris sont à la poursuite de l'ennemi.-Il n'y a pas un vaisseau anglais qui n'ait éprouvé des avaries considérables; deux sont désemparés et mis hors de service; leur amiral établit le nombre de ses tués ou blessés à mille.

A la suite de ce combat, un convoi très-considérable de bâtiments marchands, chargés de grains et venant des États-Unis, entre dans les ports de France et prévient la famine, ou plutôt les craintes excessives de la famine, qu'il était du plus grand intérêt des tyrans

Robespierre, Carnot, Barrère, etc., d'éloigner, afin de ne pas exposer leur pouvoir.

8. Féte en l'honneur de l'Étre-Supréme (V. 7, 10 novembre 1793,

7 mai 1794 ). — Robespierre, élevé sur une estrade qui s'appuie au bâtiment des Tuileries, du côté du jardin, entouré de la convention, remplit les fonctions de grand-prêtre du nouveau culte de la raison. Un gros bouquet est le signe de sa dignité pontificale. Il prononce un long discours métaphysique; puis, met le feu à deux mannequins représentant l'Athéisme et le Fanatisme : voilà la fête !

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10. Lois révolutionnaires. -- La convention décrète de nouvelles dispositions destinées à accélérer les jugements du tribunal révolutionnaire ( V. 11 mars, 29 octobre 1793). — L'accusé sera interrogé à l'audience; la formalité de l'interrogatoire secret qui précède, est supprimée comme superflue. La loi donne pour défenseurs aux patriotes calomniés, des jurés patriotes; elle n'en accorde point aux CONSPIRATEURS. - La preuve pour condamner les ennemis du peuple, est toute espèce de document, soit matériel, soit moral, soit verbal ou écrit, qui peut naturellement obtenir l'assentiment de tout esprit juste et raisonnable.- La règle des jugements est la conscience des juges, éclairée par l'amour de la patrie; leur but, le triomphe de la république et la ruine de ses ennemis; la procédure, les moyens simples que le bon sens indique pour parvenir à la connaissance de la vérité, dans les formes que la loi détermine.-S'il existe des preuves matérielles ou morales, indépendamment de la preuve testimoniale, il ne sera point entendu de témoins. La peine portée contre tous les délits spécifiés, est la mort. Le rapporteur de ce décret, Couthon a traité d'absurde, d'immorale, d'impolitique, l'institution des defenseurs officieux.

16. Première bataille de Fleurus ( cinq lieues ouest de Namur ). -L'armée de Sambre-et-Meuse est forte de quatre-vingt mille combattants; Jourdan, général en chef; Marceau, Lefebvre, Championnet, Kléber, généraux de division. L'armée austro-hollandaise compte environ cent mille hommes; le prince de Cobourg, généralissime; le prince d'Orange, l'archiduc Charles, Latour, Beaulien, généraux. L'action reste indécise; les pertes sont à-peuprès égales de part et d'autre. Les deux armées reprennent leurs positions.

17. Prise d'Ypres, après un siége de douze jours. La garnison, forte de six mille homines, est prisonnière de guerre. On y trouve beaucoup de munitions, de grands magasins. Le général Moreau

commande les troupes de siége; le général Songis dirige l'artillerie; le chef de bataillon Dejean, le génie.

19. Finances publiques. Décret portant création de douze cent cinq millions d'assignats,

Une consulte générale s'assemble à Corte; elle a pour président Pascal Paoli (V. 26 mai 1793 ); pour secrétaire, Charles-AndréPozzo di Borgo (ex-député à l'assemblée législative, général au service de la Russie, et ambassadeur à Paris, 1815–18). On offre au roi d'Angleterre, le titre de roi de Corse; il l'accepte, et l'union de la Corse à la Grande-Bretagne est effectuée. — Paoli qui a réclamé la présence des Anglais pour soutenir le pouvoir dont il s'est emparé (V. 22 mai), voit ses espérances déçues. Il est réduit à accepter une pension alimentaire des auxiliaires qui l'ont dépossédé.

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26. Deuxième bataille de Fleurus (V. au 16).- L'action dure quinze heures. Perte des Français, sept mille morts ou blessés ; des alliés, dix mille tués ou blessés, et trois mille prisonniers. — Un aérostat élevé à une assez grande hauteur, mais retenu, y facilite la connaissance des positions de l'ennemi. — Cette victoire ouvre une seconde fois la Belgique aux armées françaises.

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Juillet 1. État des prisons de Paris: onze mille quatre cents détenus. Prise d'Ostende par le général Pichegru. - La garnison anglaise effrayée à l'approche des premiers Français, évacue la place sans tirer un seul coup de canon, et s'embarque à la hâte, abandonnant' des magasins considérables.

Prise de Mons par le général Ferrand de l'armée de Sambre-et-Meuse. L'occupation d'Ostende et de Mons dégage nos frontières, et permet d'assiéger Condé, Valenciennes, le Quesnoy, et Landrecies, places prises les 13 juin, 28 juillet, 11 septembre 1793, 30 avril 1794

2. Occupation de Tournay, par l'armée du Nord. Pichegru. 4. Décret. La convention déclare que toutes les troupes des tyrans coalisés, qui forment les garnisons des places de la frontière du nord, tombées en leur pouvoir, et qui ne se rendront pas dans les vingt-quatre heures de la sommation qui leur en sera faite, ne seront admises à aucune capitulation, et seront passées au fil de l'épée. 6. Occupation de Gand par l'armée du Nord. — Pichegru.

10. Occupation de Bruxelles. On y trouve des magasins trèsconsidérables. Les armées du Nord (Pichegru) et de Sambre-etMeuse (Jourdan), y font leur jonction.

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11. Loi révolutionnaire qui réunit au domaine national l'actif des hôpitaux, maisons de secours, de pauvres, etc.

16. Reprise de Landrecies (V. 30 avril ).

17. Prise du château de Namur par l'armée de Sambre-et-Meuse. - Jourdan,

18. Prise de Neuport par l'armée du Nord (Pichegru), qui y trouve beaucoup de munitions et d'artillerie.

27. Prise d'Anvers, par Pichegru; de Liége, par Jourdan.

27 28. JOURNÉES DES 9 ET 10 THERMIDOR.

Depuis que, sur la proposition de Barrère (10 octobre 1793), le gouvernement révolutionnaire a été proclamé; tous les décrets sont rendus par environ deux cents membres de la convention, qui votent en se conformant toujours aux volontés des membres du comité de salut public. Ce comité, dont les renouvellements n'ont, depuis sa formation, été que partiels, est composé, et l'a été presque continuellement de Robespierre, Saint-Just, Couthon, Barrère, Collotd'Herbois, Billaud dit de Varennes, Prieur dit de la Marne, Carnot (directeur en 95, 96, 97), Lindet. Le comité de sûreté générale qui agit dans l'intérieur, directement sur les individus, est ordinairement influencé par Cambacérès et Merlin dit de Douai, praticiens très-versés dans les subtilités de la jurisprudence, et qui en ont fait le plus détestable emploi. L'énumération des atroces mesures mises en œuvre par cette vingtaine de conventionnels défie la mémoire de l'homme.

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Tant qu'il ne s'est agi que d'atteindre le but auquel aspirent également les moteurs des divers partis dans la convention, et hors de la convention, c'est-à-dire le massacre des citoyens honnêtes, paisibles, et l'envahissement du pouvoir ou des fortunes, ils restent unis. Mais dès que Robespierre entreprend de se réserver la suprême autorité, la division commence. Au 31 mai 1793, les girondins conduits par Brissot et Vergniaud sont renversés par Danton et Robespierre.-Ce Danton, dont l'aspect hideux et cynique annonce la noirceur de l'ame, est écrasé à son tour (V. 5 avril 1794) par un rival qui porte dans la vengeance une imperturbabilité d'hypocrisie qu'on ne vit jamais en France, aux plus profonds scélérats.

Aussitôt le territoire se couvre de prisons et d'échafauds; et cependant, de tous les points, on charrie des victimes à Paris. Se remplissant et se vidant sans cesse par les exécutions, la Conciergerie est l'image du tonneau des Danaïdes transfusant du sang humain. On comptait à Paris, sous l'ancien régime, quatre ou cinq prisons; les jacobins en ont ouvert trente- deur. Chaque comité révolutionnaire a en outre un cachot provisoire; la commune a aussi sa chambre

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