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« ne peut manquer d'en recueillir bientôt les fruits les plus amers. » L'indignation est commune à tous les partis dans ce pays; et, par l'unanimité et la force de ce sentiment, la nation la plus jalouse de la liberté signale la distance immense qui se trouve entre l'impatience du joug et la férocité.

L'envoyé non reconnu, mais toléré, de la république française à Londres, Chauvelin reçoit l'injonction de se retirer. - Le ministère anglais s'arrête après cette démarche, afin de laisser à la convention l'initiative de la déclaration de guerre. Pitt, qui le dirige, espère que la lutte des factions, affaiblissant la France, délivrera pour longtemps l'Angleterre de sa rivalité. Le cabinet britannique n'a fait aucune tentative en faveur de Louis XVI, dont il affecte de déplorer le malheur; et les démonstrations de ses regrets se manifesteront plus hautement, afin de mieux couvrir la honte de son inaction. — Il est remarquable que Cromwell ayant établi son protectorat, Louis XIV recut, avec la plus grande distinction, ses ambassadeurs, et envoya féliciter son altesse. Si la conduite de Mazarin fut un prodige de lâcheté, la politique de Pitt est un tissu de perfidies.

28.Déclaration de Monsieur (Louis XVIII donnée à Hamm), en Westphalie, par laquelle, en prenant le titre de régent de France, il reconnaît son neveu, fils de Louis XVI, Roi, sous le nom de Louis XVII, et institue le comte d'Artois, son frère, lieutenantgénéral du royaume.

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31. Décret qui réunit le comté de Nice à la France.

Février 1er. Finances publiques. Décret portant création de huit cents millions d'assignats.—La circulation pourra s'élever à la somme de trois milliards cent millions.. Suivant le rapport fait à la convention, les assignats créés et émis jusqu'à ce jour se portent à trois milliards cent millions, dont six cent quatre-vingt-deux millions ont été brûlés.

La convention déclare la guerre à l'Angleterre et à la Hollande.-Brissot, ancien espion diplomatique, entraîne l'unanimité de cette résolution. Il prononce un long discours, dans lequel, par une odieuse et dangerense fiction, séparant les peuples de leurs gouvernements, il insiste sur la nécessité de venger les outrages faits aux droits de l'homme.- En adoptant sans délibération ce parti violent et téméraire, on remplit les desirs du ministre anglais qui, sous les dehors de la neutralité, jugeait que les factieux maîtres de la France ne pourraient rester long-temps dans les bornes de la modération. La France est sans finances, sans armes et presque sans armées. Ses

forces navales ne consistent qu'en soixante-six vaisseaux de ligne, quatre-vingt-seize frégates ou corvettes, etc. (V. 31 octobre 1791), le tout en assez bon état; mais l'émigration a enlevé presque tous les officiers de la marine royale. - La marine anglaise est forte de cent cinquante-huit vaisseaux de ligne, vingt-deux vaisseaux de cinquante, cent vingt-cinq frégates, cent huit cutters. La Hollande a cent vaisseaux de guerre, de différentes grandeurs. La marine marchande française était, en 1790, d'environ cinq mille cinq cents navires, dont le port s'évaluait à six cent mille tonneaux.

4. Les habitants de Lyon ferment le club des jacobins établi dans cette ville, et font des dispositions pour résister à l'oppression des émissaires de la convention (P. 29 mai ).

La convention nomme le général Beurnonville ministre de la guerre, en remplacement de Pache.

17. Irruption de l'avant-garde de Dumouriez en Hollande.

24. Décret ordonnant une levée de trois cent mille hommes. L'empressement des jeunes Français, enthousiastes de la liberté et de l'égalité, à se rendre sous les drapeaux, est d'autant plus grand, qu'on a exagéré davantage les succès accidentels des armes de la république. On ne vit jamais un gouvernement porter à un si haut degré le mensonge et la forfanterie. Une dépêche, répandue sous le nom d'un chef d'armée, avait annoncé que les Autrichiens avaient perdu près de quinze cents hommes, dans un engagement qui n'avait amené d'autre malheur que la blessure d'un tambour français. Cet évènement est facétieusement célébré dans le quatrain suivant:

Quand d'Autrichiens morts on compte plus d'un mille,
Nous ne perdons qu'un doigt, encore le petit:

Hola! monsieur de Beurnonville!

Le petit doigt n'a pas tout dit.

25. Prise de Bréda par le célèbre d'Arçon, de l'armée de Du

mouriez.

25-26. Mouvements populaires à Paris, pillage des épiciers. 28. Finances publiques. Un rapport de l'ex-capucin Chabot établit le capital de la dette à huit milliards trente-quatre millions; le total des intérêts perpétuels et viagers à trois cent soixante-huit millions. L'actif, qui se compose des biens ecclésiastiques, des biens des émigrés, colléges, hôpitaux, des anciens domaines et des fôrets nationales, ainsi que de la valeur des cloches et de l'argenterie des églises, est évalué à neuf milliards cent soixante-dix-huit millions.

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Mars 1er. Situation militaire. La France a huit armées. Du Nord, Dumouriez; des Ardennes, Valence; de la Moselle, Beurnonville; du Bas-Rhin, Custine; des Alpes, Kellermann; d'Italie, Biron ; des Pyrénées, Servan; des côtes, Labourdonnaye.

7. Prise de Gertruydemberg par le général d' Arçon. — Ici finissent après vingt jours, les succès de Dumouriez sur le territoire Hollandais.

La convention déclare la guerre à l'Espagne.

8. Décret ordonnant la vente des biens qui forment les dotations des colléges, bourses et autres établissements d'instruction publique. 9. Décret envoyant dans tous les départements des commissaires pris dans la convention, lesquels, investis de pouvoirs illimités, rassembleront des forces suffisantes pour dissiper les ennemis.

PREMIÈRE COALItion contre la FRANCE. Cette coalition rassemble l'Autriche, la Prusse, l'empire d'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Hollande, l'Espagne, le Portugal, les Deux-Siciles, l'État ecclésiastique, et le roi de Sardaigne.

10, 11. Loi révolutionnaire.—Création du tribunal extraordinaire révolutionnaire.

Depuis quelque temps, on aperçoit dans Paris des symptômes d'une crise populaire. Les hommes hideux du 10 août, du 2 septembre, reparaissent. On propose dans les clubs de se défaire d'une partie des députés, tels que Lanjuinais, Boissy-d'Anglas, Porcher (pairs de 1814); on y insiste sur la nécessité d'un grand mouvement. Le duc d'Orléans, qui s'est ignominieusement masqué sous le nom d'Égalité, tient avec ses affidés, les Genlis, les Laclos, des conférences nocturnes; ou plutôt il préside à des orgies révolutionnaires. -Le 10, dans une séance de nuit, les galeries étant pleines de sansculottes armés, un orateur qui leur est bien assorti par son air ignoble, Cambacérés, monte à la tribune et s'écrie : « Il s'agit de sauver la chose publique; il faut des moyens actifs et généraux.... Tous les pouvoirs vous ont été confiés, vous devez les exercer Tous; il ne doit y avoir aucune séparation entre le corps qui délibère et ce« lui qui fait exécuter; il ne faut pas suivre les principes ordinaires.

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Je demande que, SÉANCE TENANTE, on forme un tribunal révolution

naire, et un nouveau ministère.......... Oui, ajoute Danton, il *faut tout décréter sans désemparer; et que demain, nos commissaires partent de tous côtés; que la France entière se lève, coure « aux armes, marche à l'ennemi; que la Hollande soit envahie; que « la Belgique soit libre; que le commerce de l'Angleterre soit ruiné;

« que nos armes, par-tout victorieuses, apportent aux peuples la « délivrance et le bonheur, et que le monde soit vengé. »

Conformément aux propositions de Cambacérés et de Danton, le décret suivant est rendu dans cette nuit même.-IL SERA ÉTABLI A PARIS UN TRIBUNAL CRIMINEL - EXTRAORDINAIRE - RÉVOLUTIONNAIRE, pour juger les conspirateurs et les contre- révolutionnaires. Les membres du jury sont choisis par la convention. Les juges, l'accusateur public et ses deux substituts, sont aussi nommés par elle, ά la pluralité relative des suffrages.-Une commission de six membres de la convention est chargée de l'examen préparatoire des pièces et de la haute surveillance sur les procédures.Le tribunal prononcera sur la validité de la récusation des jurés qui pourrait être faite par les accusés. La déclaration des jurés sera rendue à la pluralité absolue des suffrages. - Les juges ne peuvent rendre de jugement, s'ils ne sont au nombre de trois. — Les jugements seront exécutés, sans recours au tribunal de cassation. -Les biens des condamnés seront acquis au profit de la république. 12. Loi révolutionnaire.— Établissement de comités de surveillance dans les sections de Paris.

14. Loi révolutionnaire rendue sur le rapport de Fouché dit de Nantes, qui prescrit des mesures contre ceux qui aideraient à soustraire les biens des émigrés.

Garat (V. 23 janvier) remplace Roland au ministère de l'intérieur (V. 15 août).

15. Guerre de la Vendée. Prise de Chollet par les royalistes; deux paysans, Cathelineau, Stofflet, les commandent.

18. Bataille de Nerwinde ( près de Tirlemont ). Dumouriez est défait par le prince de Cobourg. — Généraux français, le duc de Chartres (Orléans), Valence, Miranda.- Généraux Autrichiens, l'archiduc Charles, Clairfait.-Quatre mille Français tués ou blessés, trois mille pris avec le matériel; déroute complète. Dumouriez rejette les causes de ce désastre sur l'insubordination de Miranda, et sur les cabales des jacobins. Miranda accuse le général en chef d'avoir trahi la république. Il paraît que le défaut de discipline chez les Français, et la tactique supérieure de leurs ennemis, sont les grandes causes de ce résultat.

Loi révolutionnaire rendue sur la proposition de Charlier, qui ordonne l'exécution, dans les vingt-quatre heures, de tout individu convaincu d'être émigré ou prêtre sujet à la déportation.

19. Loi révolutionnaire rendue sur le rapport de Cambacérés.

Ceux qui sont ou qui seront prévenus d'avoir pris part à des révoltes contre-révolutionnaires, qui ont ou qui auraient lieu à l'époque du recrutement, sont hors la loi; en conséquence, ils ne peuvent profiter des décrets concernant la procédure criminelle et l'institution des jurés. Le fait demeure constant par un procès-verbal revêtu de deux signatures, ou bien d'une seule, confirmée par un témoin, ou par la déposition orale de deux témoins.-Les prêtres, les ci-devant nobles, les émigrés, les agents et domestiques de toutes ces personnes, subiront la peine de mort avec confiscation des biens.

23. Contre-déclaration de guerre de l'Espagne à la république française (V. 7 mars).

Réunion à la France de l'évéché de Bále, autrement du pays

Porentrui.

de

25. Loi révolutionnaire instituant un comité de défense générale et de salut public. Vingt-cinq membres sont aussitôt nommés: Guyton-Morveau, Robespierre, Sieyes, Condorcet, Barrère, Quinette, Cambacérés, Jean Debry, Treilhard, Sillery-Genlis, etc. - Bientôt ce comité se divisera en deux comités : de sûreté générale, de salut public (V. 6 avril).

26. Loi révolutionnaire prescrivant le désarmement des nobles et des prêtres, sur tous les points de la France.

27. Loi révolutionnaire rendue sur le rapport de Treilhard, qui met hors de la loi les aristocrates et les ennemis de la révolution. Proclamation de Dumouriez annonçant à son armée qu'il va marcher sur Paris, pour renverser la convention, et rétablir la royauté constitutionnelle.

28. Loi révolutionnaire concernant les émigrés, rendue sur le rapport de Treilhard. — Les émigrés sont bannis à perpétuité ; ils sont morts civilement, leurs biens sont acquis à la république ; l'infraction du bannissement sera puni de mort. Leurs successions, échues ou à échoir, seront recueillies par l'état, pendant cinquante années (Cette disposition sera révoquée le 29 décembre 1810). 29. Loi révolutionnaire qui ordonne, dans les villes au-dessus de trois mille ames, d'afficher à l'extérieur des maisons, les noms, âge et professions de ceux qui les habitent.

31. Dumouriez négocie en secret avec les Autrichiens. Il leur livre Bréda et Gertruydemberg, comme des gages de la sincérité de son projet d'attaquer la convention et le gouvernement républicain.

Avril 1o. Les conventionnels Camus, Quinette, Lamarque, Bancal, et le ministre de la guerre Beurnonville, envoyés pour arrêter le

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