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12, 13, 15, 16, 17, 26, 27 décembre ). Suite des débats à la convention nationale. La discussion entamée le 26 décembre se prolonge jusqu'au 7 janvier; on ajourne la délibération au 14.

Acharnés à sa perte, les conventionnels les plus sanguinaires ne cessent de demander sa prompte condamnation. La soif du crime les dévore; il leur faut le sang d'un Roi. Il est d'autres députés, enthousiastes de république, mais dont l'ame ne se ferme pas entièrement à la pitié, qui présentent des considérations politiques, proposent des délais, insistent pour l'observation des formes judiciaires, sauvegardes de la justice et de l'humanité. Il suffit que leurs opinions décèlent quelque modération, pour qu'ils soient interrompus, bafoués ainsi que ces huit ou dix hommes de bien, inébranlables dans les saines doctrines, qui déploient un courage à toute épreuve, en faveur du monarque abattu. Malheur à celui qui hésite, qui réfléchit et ne se déclare pas avec véhémence! Son nom est à l'instant porté sur des tablettes de mort qu'on étale à ses yeux; en vain voudra-t-il plus tard, faire valoir sa complicité dans les journées qui préparèrent la chute du trône, en détruisant le prestige de la royauté. Il ne sera point fait grace à ceux qui n'opinent pas pour la mort, et la mort immédiate de Louis XVI. Ils sont poursuivis des vociférations de ces tueurs soudoyés qui remplissent les tribunes, qui obstruent les avenues de la salle, et qui savent si promptement exécuter leurs propres sentences. Ou la sienne ou la tienne, dit-on des tribunes à un orateur, par une affreuse allusion à la tête de Louis XVI.

Depuis l'ouverture du procès, ce qu'il y a de plus atroce parmi les motionnaires du club des jacobins, assiége la barre; ce qu'il y a de plus révoltant en théories politiques, est exprimé à découvert dans les adresses qu'envoient les comités révolutionnaires; tout se dispose dans cette enceinte pour assurer l'arrêt de mort. Au-dehors, Robespierre, Collot-d'Herbois, Saint-Just, Barrère, Danton, Tallien, Péthion, tiennent à leurs ordres ces bêtes féroces, qu'une infernale prévoyance attira dans Paris pour la journée du 10 août, ramas exécrable de forçats, de malfaiteurs, de contrebandiers, d'étrangers vagabonds. Ils se sont assurés du maire Chambon, du commandant-général Santerre ( brasseur du faubourg Saint-Antoine), du ministre de la justice Garat ( le rhéteur ). Aucun de ces moyens, que le génie du crime sait inventer, n'est négligé pour épouvanter, pour abattre cette immense population de Paris. La gendarmerie a été dissoute; l'état-major de la garde nationale, supprimé; les compagnies d'élite ont été réformées. Les administrateurs du département

qui avaient essayé de prévenir la catastrophe du 10 août, ont tous, à l'exception du procureur-syndic Roederer,' déposé leurs fonctions (V. 23 juillet 1792); les prisons se peuplent; des assassinats combinés se multiplient, et leurs auteurs ne sont pas recherchés. Les habitants de toute condition sont frappés de stupeur, leur activité morale est anéantie; environnés de périls et d'horreurs, ils semblent avoir perdu l'idée de l'avenir; leurs facultés restent suspendues; le sentiment est comme desséché : personne ne sait à quelle époque il vit, quel est le maître du jour, quel attentat se prépare, quel est ce tumulte qui fait retentir les airs, ce que présagent ces cris sinistres qui les déchirent. Une sombre affliction est par-tout répandue; le courage de l'opposition aux méchants ne se rencontre nulle part. La démence convulsionnaire de quelques brigands fait seul un effrayant contraste avec cette torpeur universelle : car les plébéiens des derniers rangs eux-mêmes, ont perdu leur effervescence; ils cèdent en silence, et machinalement à l'impulsion de ceux qui les conduisent, de ceux qu'ils sont habitués à voir leurs chefs dans les insurrections, de ces monstres dont ils ne pénètrent pas les noirs desseins, quoique la consommation du régicide ait été si hautement.annoncée. Tant il est aisé de prolonger l'égarement d'un peuple qui, retiré inopinément de l'indolente servitude dans laquelle il croupissait, a été porté du premier élan aux excès de la licence! - Tel est le sombre tableau qu'offre Paris, depuis le commencement des débats de cette odieuse procédure, et qu'il offrira jusqu'au dernier jour de Louis XVI. — D'ailleurs, quel espoir pourrait rester aux bons? quelle crainte ressentiraient les méchants dans une ville où quatre-vingt mille gardes nationaux bien armés et disciplinés ont cédé à six mille fédérés vomis par les provinces (V. 20 juin 1792)? Des vrais habitants de Paris, dont le très-grand nombre compâtit aux royales infortunes, les uns sont abattus par la terreur; les autres, étourdis par la foudroyante rapidité des évènements, ou abusés par leurs illusions; et Louis XVI, le meilleur des rois, est laissé à lui-même, à lui seul. 13. Le peuple de Rome massacre Basseville, secrétaire de légation de la république française, et incendie le bâtiment de l'académie française de peinture.

14. PROCÈS DE LOUIS XVI (V. 7 novembre, 3, 15, 16, 17, 26, 27 décembre 1792; 1er janvier). bats à la convention nationale; jugement.

6, 11, 12, 13,

Suite des dé

La convention décrète que les questions sur le jugement de Louis XVI seront posées dans l'ordre suivant : Louis est-il coupable?

-

Le jugement sera-t-il soumis à la sanction du peuple? sera la peine? (V. l'art suivant).

Quelle

15. PROCÈS DE LOUIS XVI (V. 7 novembre, 3, 6, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 26, 27 décembre 1792; 1er, 14 janvier). Suite des débats à la convention nationale; jugement.

L'appel nominal s'ouvre sur la première question : Louis est-il coupable de conspiration contre la liberté, et d'attentats contre la súreté générale de l'état? OUI OU NON. - De sept cent dix-neuf membres présents, six cent quatre-vingt-trois votent pour l'affirmative.

L'appel nominal a lieu de nouveau sur la deuxième question : Le jugement qui sera rendu sur Louis sera-t-il soumis à la sanction du peuple réuni dans ses assemblées primaires? Oui ou Non. semblée se compose de sept cent quarante-neuf membres :

Absents par maladie..

Dito par commission.

Refusant de voter..

Admettant l'appel au peuple dans des cas spécifiés....
Votant l'appel au peuple, sans conditions...
Refusant tout appel au peuple...

L'as

9

20

6

4

286

424

749

Entre tous, l'artificieux Barrère est celui qui contribue le plus à décider cette majorité. Faisant froidement l'énumération des dangers d'une convocation générale, il montre à cette foule de conventionnels, aussi crédules que lâches, les discordes de l'intérieur et la conjuration des rois, qui durera aussi long-temps que vivra le dernier Roi de France, Barrère représente Louis XVI comme une victime qu'on est forcé d'immoler à la concorde (V. l'art. suiv.).

16, 17, 18. PROCÈS DE LOUIS XVI (V. 7 novembre, 3, 6, 11, 12, 15, 16, 17, 26, 27 décembre 1792; 1er, 14, 15 janvier). Suite des débats à la convention nationale; jugement.

Le troisième appel nominal va s'ouvrir. Les hommes du 2 septembre sont accourus armés de sabres et de bâtons. Altérés du sang que leur promettent les jacobins, ils occupent toutes les avenues de la salle; ils y attendent les députés, applaudissant ceux qui leur sourient, et poursuivant, de cris féroces et de gestes menaçants, ceux qui, dans les séances précédentes, parlèrent de clémence. - Ce troisième appel nominal, commencé le soir du 16, à huit heures, se prolonge vingt-quatre heures sans interruption. La troisième question est posée ainsi : Quelle peine Louis a-t-il encourue?

Un grand nombre de députés motivent leur opinion; quelques-uns prononcent des discours assez étendus. Sieyes affecte, au contraire, la brièveté en disant : La mort sans phrases. Barrère s'écrie: L'arbre de la liberté ne peut croître qu'arrosé du sang humain. Philippe Égalité (duc d'Orléans) s'exprime ainsi : « Fidèle à mes devoirs, et con« vaincu que tous ceux qui ont attenté ou attenteront par la suite à la * souveraineté du peuple, méritent la mort, je prononce la mort de « LOUIS. » Des cris d'horreur se font entendre, même des tribunes, et de ses complices qu'épouvantent la fermeté de sa voix et l'impassibilité de sa contenance.

L'appel nominal dure vingt-cinq heures. Le président Vergniaud proclame le résultat du scrutin :

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- Pour la détention et le bannisasement immédiat, ou pour la

« réclusion; et quelques uns y

« ont ajouté la peine de mort con

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ditionnelle, si le territoire était

« envahi...........

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Pour la mort avec sursis,

soit après l'expulsion des Bour

bons, soit à la paix, soit à la ra«tification de la constitution...

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pour

la mort......
pour la mort, en demandant
a une discussion sur le point de sa-
« voir s'il conviendrait ou non à
« l'intérêt public qu'elle fût ou
« non différée, et en déclarant
« leur vœu indépendant de cette
demande.....

286

46

361

26/

Ainsi, pour la mort sans condition..... 387.

334

387

« Je déclare, au nom de la convention nationale, que la peine qu'elle prononce contre Louis Capet est celle de mort. »>

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Le plus profond silence règne pendant cette proclamation. Les députés les plus déterminés à la perte de Louis XVI sont en extase à la vue de leur succès; ceux qui désiraient le sauver, en prolongeant son agonie, sont frappés de stupeur; les auditeurs des tribunes conçoivent à peine qu'ils entendent la sentence d'un roi.

On remet à la séance prochaine la discussion sur la question du sursis à l'exécution du décret de mort, et l'on se sépare à onze heures, dans la nuit du 17 au 18, au milieu des huées des tribunes que mécontente ce renvoi.

L'assemblée se trouvant de nouveau formée, le 18 vers midi, ua membre fait observer qu'il y a eu erreur dans le libellé du décret de mort, il en demande la rectification. Plusieurs autres députés affirment que le relevé de l'appel nominal et son résultat sont fautifs. Ces réclamations paraissent aux votants pour la peine capitale, des prétextes afin d'éluder le résultat déja proclamé; ils inculpent les secrétaires qui sont du parti girondin; ils s'opposent à tout recensement, se faisant soutenir par les hideux prolétaires dont ils ont rempli les galeries ainsi que les avenues de la salle; mais c'est en vain.

Le troisième appel nominal est recommencé ce même jour. Chaque membre est interpellé de déclarer si son suffrage a été fidèlement rapporté. Le résultat de cette seconde opération, proclamé par le président, offre de légères différences avec le résultat de la première opération; mais ces différences ne portent nullement sur le point essentiel, sur le total des votes pour LA MORT SANS CONDITION, lequel total comprend, outre les trois cent soixante-un votes portés sur le tableau

n° 1 ( V. pag. 175-178), les vingt-six votes portés sur le tableuu no 2

(V. pag. 178, 179); et ces vingt-six votes sont pour la mort avec l'amendement présenté d'abord par Mailhe. Il est évident que cet amen. dement n'en est pas un; car il est présenté en termes trop dubitatifs, et Mailhe, interpellé là-dessus, après la clôture de l'appel nominal, le 17 vers neuf heures du soir, immédiatement avant la première proclamation du résultat, désavoue expressément l'intention de faire un amendement. Ainsi ces vingt-six votes du tableau no 2, doivent étre ajoutés aux trois cent soixante-un votes, pour la mort sans observations, portés au tableau no 1, et c'est positivement ainsi qu'ils ont été compris par le bureau, dans la vérification opérée le 18.

Sans doute l'énoncé de quelques votes du parti modéré, aura été peu fidèlement inscrit sur le registre, et il est bien à présumer que

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