Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

son autorité dans les mains d'un prêtre, et son royaume sous la protection de la Vierge. Il semble ne trouver d'autre tort à ce prince que d'avoir été placé entre Henri IV et Louis XIV. -François 1" accepte, en 1516, un concordat inutile, onéreux, flétrissant, des mains d'un pontife dépravé qui donne aux Italiens des bénédictions et de mauvais exemples. La mention que fait Hénault de cette transaction, se borne à trois mots (an 1517): Traité avec Rome. Deux femmes de la famille de ce pape, deux Médecis, sont Reines de France. Hénault dit de Catherine, dont les débordements et les cruautés effacent l'histoire ou le roman de Frédégonde: Femme d'un génie vaste et d'une magnificence qu'elle porta jusqu'à l'excès. La seule réflexion que cet écrivain si prôné se permette sur Marie, autre méchante femme sortie de la même famille, se réduit à ceci : « Princesse dont la fin fut digne de pitié, mais ⚫ d'un esprit trop au-dessous de son ambition, et qui ne fut « peut-être pas assez surprise ni assez affligée de la mort funeste ⚫ d'un de nos plus grands Rois. » Le précis chronologique d'Hénault abonde en puérilités; par exemple (an 1318): Bulle de Jean XXII, qui déclare la Sainte-Chapelle exempte de la juridiction épiscopale. ( An 1601) Etablissement des religieux pénitents, dits Picpus. (An 1607) Le duc d'Epernon entre en carrosse dans le Louvre, sous prétexte d'incommodité. (An 1669) On accorde à M. de Guise la permission d'avoir un carreau à la messe du Roi, comme monsieur son père l'avait eu. - Cependant Hénault, pourrait-on le croire? vivait dans l'intimité de Montesquieu, à cette même époque où des objets dignes de l'attention des hommes remplaçaient déja ces ignobles frivolités de cour, sujet éternel de mille et mille volumes. L'abrégé d'Hénault, ouvrage sec et décharné, ne peut servir qu'à la recherche d'un fait, à la vérification d'une date; et les faits sont très-souvent présentés sous un faux jour; les dates sont assez souvent fautives. Ce n'est, à proprement parler, qu'un recueil d'étiquettes placées suivant l'ordre chronologique; ses indications sont tout au plus propres à l'usage auquel sont destinées les bornes milliaires, dont l'exacte position fait le seul mérite.

De nos jours, audacieuse à dénaturer les évènements et les réputations, l'hypocrisie vient contrefaire l'histoire. Une personne à laquelle des efforts soutenus pendant trois quarts de siècle, ne produisent qu'une pâle et maigre célébrité; qui a plus écrit que n'ont écrit Scudéri et Baculard, l'un et l'autre ; qui aimerait à confondre tous les genres, comme elle essaya de toutes les doctrines; après avoir échoué dans de bizarres essais d'éducation particulière, s'offrit pour l'instruction du genre humain. Obscurément mêlée à nos troubles politiques, dès leur naissance, elle y prit du goût pour les sentiments équivoques, et de la prédilection pour les systêmes confus. Se jetant, bientôt après, dans la basse littérature, toute chargée de romans, mais dont, heureusement, la frêle contexture atténue le danger, et poursuivant sa mission vagabonde, elle écrit, avec une stérile abondance, des compositions morales, philosophiques, religieuses, ascétiques même, destinées à toutes les conditions. Parvenue à sa première vieillesse, elle a généreusement fait présent aux lecteurs superficiels, d'une vingtaine de volumes biographiques, travestissant à tel point les faits les plus avérés, que les évènements comme les personnages en sont rendus méconnaissables. Pour elle, aucune réputation n'est sacrée; elle n'en laisse aucune intacte. En écrivant deux gros in-8° sur notre Henri IV, elle a pu lui dérober cette grace, cette aménité, ce charme, cette simplicité, cette bonhomie qui le distingue de tous les grands hommes; elle n'a su inspirer qu'un respect glacial, une triste admiration. Enfin, elle se délecte, dans sa caducité, par des compilations dont le décousu, les infidélités et les commentaires forment des tableaux-modèles bien dignes de plaire à ces gens qui regretteraient le noble temps des ruelles, les triomphes des courtisans-valets, et les succès des filous de bonne compagnie.

Il est temps de considérer le passé sous de plus dignes aspects. Des historiens ont paru, qui, recherchant les causes des révolutions, indiquent ainsi les moyens de s'en garantir. A la vérité, les plus recommandables, Hume, Robertson, Muller, appartiennent à l'Écosse, à la Suisse; mais resterions-nous, par vanité nationale, dans la fausse route où s'engagèrent nos

écrivains? Dirait-on que le talent de la composition historique manque à nos auteurs? Cependant c'est d'un Français, de Rollin, que l'Italie reçut la première histoire de Rome écrite par les modernes. Les annales du Bas-Empire furent l'œuvre de deux Français péniblement laborieux. Un refugié, RapinToyras, mit les Anglais sur les traces de leurs propres fureurs. Robertson, dans son introduction à l'histoire de CharlesQuint, dit de Voltaire : « Je l'ai suivi comme un guide dans « mes recherches; et il m'a indiqué non-seulement les faits sur - lesquels il était important de s'arrêter, mais encore les con⚫ séquences qu'il fallait en tirer..... Je vois en lui un historien « savant et profond. » Enfin, c'est à l'un de nos compatriotes, Lévêque, qu'est due la connaissance des antiquités de ce vaste empire qui n'est moderne et européen que depuis un siècle.

[ocr errors]

Des principales contrées de l'Europe, la France est sans doute celle qui présente le plus grand nombre d'hommes éminents. Les Français ont réussi en toutes choses, et, trop souvent, sans autres moyens que des efforts individuels, sans autre appui que les dons d'une heureuse nature; rarement les institutions favorisaient-elles leurs tentatives. Aujourd'hui que la nation aime à connaître ce qu'elle fut, afin d'éviter ce qu'elle ne doit plus être, et pressentir ce qu'elle peut devenir; vous, scrutateurs opiniâtres de la haute antiquité, daignez descendre jusqu'à la France, vous y établir; et, négligeant enfin vos héros babyloniens, mèdes, grecs et romains, parleznous un peu des nôtres. Pourquoi nous présenter toujours Epaminondas et Décius ? Voici Catinat et d'Assas. Bayard à Brescia vaut bien Scipion à Carthagène. Le combat des Thermopyles est beau; mais la submersion du Vengeur est sublime. Montrez-nous donc que nous eûmes d'éclatants intervalles de gloire, et de très-rares moments de prospérité; que cet éclat, ce bonheur, furent dus à nos grands hommes, et presque eux seuls; que tout ce qui nous échappa, nous échappa parce que nos institutions étaient vicieuses; parce que, disposant de nos destinées, nos chefs furent trop souvent le jouet de leur propre inconsidération.

à

En aucun temps la France ne fut dépourvue de génies su

périeurs, d'ames généreuses, de talents distingués. Cette terre favorisée produisait avec luxuriance, et sans cesse, les plus beaux jets de la nature; mais, si tant d'hommes éminents ne se voyaient pas rejetés dans l'inaction, ils restaient isolés ou circonscrits de telle manière que la nation n'éprouvait pas, de leurs travaux divisés, les effets permanents qu'elle en eût retirés, alors que leur action se fût simultanément dirigée vers un seul but, celui de la prospérité générale. Ainsi, des feux que ne réunit pas un foyer concentrique, ne distribuent, dans leurs rayons divergents, qu'une chaleur sans intensité. Tandis que l'Angleterre, par exemple, dont les annales offrent un bien moindre nombre d'hommes supérieurs, a vu leurs efforts, constamment dirigés vers un même résultat, être couronnés d'un succès complet.

L'esprit de la nation anglaise s'étant porté, depuis trois siècles, sur un seul objet, elle le possède la mer est devenue son domaine. En France, au contraire, que d'oscillations, que de contradictions, que de méprises dans notre politique, dans nos armements, dans notre législation, à dater de la paix de Nimègue (1678), terme des prospérités de Louis XIV! Dèslors le sang et l'or des Français ont été versés à grands flots, non pour l'intérêt réel de la France, mais pour imposer aux Anglais un culte qu'ils réprouvaient; pour renverser le roi Guillaume, qui avait mécontenté Louis XIV, en refusant la main de sa fille naturelle; pour l'agrandissement spécial de la maison de Bourbon; pour satisfaire les préjugés d'une huguenote convertie, et les passions d'un jésuite atrabilaire; pour détrôner l'héritière de Hapsbourg, dont on avait si solennellement garanti les droits; pour venger des sarcasmes d'un Roi bel-esprit, la fille d'un boucher, favorite à Versailles. Le génie des Français a produit; le gouvernement anglais a récolté. Les monarques, ou plutôt les courtisans du Louvre et de l'OEil-de-Bœuf, ont dissipé, détruit les plus beaux germes de la nature.

S'étonnera-t-on qu'une nation, engagée dans de fausses routes, durant des siècles, soit susceptible de s'égarer, lorsque les rênes du gouvernement viennent à se détendre? Notre

[ocr errors]

révolution n'a fait que jeter dans de nouvelles déviations cette nation jusque-là si mal dirigée. C'est ce qu'il convient de lui dire, pour l'amener à la connaissance de ce qui peut constituer, établir sa véritable prospérité. Eh! comment le faire, si, au lieu de signaler dans sa propre histoire les écueils qu'elle doit éviter, on l'entretient encore des institutions de Sparte et de Rome ?

C'est nos annales mêmes qu'il convient de dérouler. On y verra que la fausse splendeur de certaines époques, de plusieurs règnes cités avec emphase, fit le malheur de la France. Assez long-temps on nous a présenté le faste de la grandeur comme le signe de la félicité publique. Les Rois qui ruinèrent leurs peuples sont ceux-là mêmes qui recevaient les plus grands éloges. Les actes de leur administration les plus funestes à leurs états excitaient l'enthousiasme, étaient célébrés pardessus tous les autres.

Grand Roi, cesse de vaincre, on je cesse d'écrire.

Encor, si ta valeur, à tout vaincre obstinée,
Nous laissait pour le moins respirer une anuée!

Est-il dans l'univers une plage lointaine

Où ta valeur, grand Roi, ne te puisse porter?

Je t'attends, dans deux ans, aux bords de l'Hellespont.

Qui ne sent point l'effet de tes soins généreux?
L'univers, sous ton règne, a-t-il des malheureux ?

(BOILEAU.)

Le Roi, dont le jugement est une règle toujours sûre... Sous lui, la France a appris à se connaître....... Si les Français peuvent tout, c'est que leur Roi est par-tout leur capitaine..... Jamais on n'a fait la guerre avec une force « plus inévitable..... Après que le Roi est privé de ces deux « grands chefs (Turenne, Condé), on le voit concevoir de plus grands desseins, exécuter de plus grandes choses, s'élever au-dessus de lui-même, surpasser et l'espérance des siens,

[ocr errors]

« ZurückWeiter »