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nom, se trouvaient réunis cinq à six cents forçats, vagabonds ou bandits des provinces méridionales, assassins d'Arles ou d'Avignon, avec des brigands accourus des provinces limitrophes d'Italie.

31. Finances publiques.· Décret portant création de trois cents millions d'assignats.- Total, émis à ce jour, deux mille deux cents millions.

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Août 3. 9. Péthion, maire de Paris, accuse, à la barre de l'assemblée nationale, Louis XVI de conspirer contre le peuple; il demande l'abolition de la royauté. Des fédérés, jacobins amenés des différents points de la France, font une troisième fois la même demande (V. 17, 23 juillet). Ils obtiennent les honneurs de la séance. -La garde nationale, dont la masse, amie de l'ordre, manifeste l'intention de défendre le gouvernement, est insultée, divisée; ses chefs sort accusés ou destitués. Il se forme un comité d'insurrection, qui prépare l'attaque du château des Tuileries. - Des assassinats se commettent impunément, et en grand nombre, dans l'intérieur des maisons comme dans les lieux publics.

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Decret, émis à la majorité de quatre cent six voix contre deux cent vingt-quatre, portant qu'il n'y a pas lieu de mettre la Fayette en accusation (V. 28 juin). Ce résultat prouve que les constitutionnels sont les plus forts dans l'assemblée quand, par hasard, ils montrent de l'énergie.

9. Des rumeurs sinistres, des mouvements extraordinaires dans plusieurs quartiers de Paris, la contenance des anarchistes, sont des indices d'un grand complot près d'éclater. L'assemblée mande à sa barre le procureur-syndic du département de Paris, Roederer. Après avoir rendu compte des mesures prises pour prévenir une insurrection annoncée pour la nuit prochaine, il se repose si faiblement sur leur efficacité, qu'il termine aiusi : « La tranquillité publique sera⚫t-elle maintenue? Je l'ignore; personne ne saurait en répondre. . Quant à l'arrivée des goo fédérés, je n'en ai aucune connaissance. » Sur ces renseignements, l'assemblée passe au grand ordre du jour. - Le maire Péthion se présente, et rend compte des dispositions faites pour la tranquillité de la capitale, et celle du Roi. Il déclare que la force publique étant divisée d'opinion, il est difficile de la requérir contre le peuple; il croit plus convenable d'employer les armes de la raison et de la confiance.

La séance est levée à sept heures du soir. A peine les députés sont-ils retirés, que les troubles s'accroissent d'une manière effrayante.

Cependant le Roi, sans cesse menacé depuis la journée du 20 juin,

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n'a pu se résoudre à tenter les hasards de la fuite; il attend sa destinée. La cour a voué aux constitutionnels une animosité trop profonde, pour consentir à recevoir leur secours. Les avis de Malesherbes, de Lally; les offres d'exécution faites par la RochefoucaultLiancourt, par la Fayette (V. 20 juin), n'ont pu trouver ni accès, ni grace dans des ames encore moins glacées d'épouvante à la vue des sinistres préparatifs de la faction régicide, que nourries de soupçons et de défiances contre ceux qu'on vit en 1789 dans le parti du tiersétat.

10. JOURNÉE DU 10 AOUT. — L'insurrection a été préparée si hautetnent, que les autorités constituées en ont connaissance depuis plusieurs jours. Le comité de surveillance de l'assemblée nationale en est instruit, et pourrait aisément la prévenir ou la dissoudre. Aucune disposition ne sera faite dans ce but.

Au milieu de la nuit du 9 au ro, l'alarme se répand dans tous les quartiers de Paris; le tocsin donne le signal aux sans - culottes. Dès le point du jour, la place du Carrousel se remplit de la populace des faubourgs et de ces brigands appelés Marseillais. Des canons sont braqués sur le château des Tuileries. Louis XVI a pour sa défense au-dehors quelques compagnies de grenadiers de la garde nationale, bien disposées, mais laissées à elles-mêmes, sans ordres déterminés, sans indication d'un point de ralliement, et remplies de méfiance. Plusieurs de ces grenadiers se sont réunis, ont accouru par une impulsion volontaire. Derrière eux, se rangent cinq ou six cents Suisses. Les ministres n'ont pas osé faire arriver à Paris la moitié de ce corps étranger caserné à Courbevoie (une lieue et demie de Paris, seulement). Les appartements sont occupés par environ quatre cents royalistes, qui ont dédaigné de se faire inscrire dans la garde nationale, et qui, joints à elle, eussent été de quelque secours; mais qui, séparés d'elle avec affectation, l'indisposent. « Pourquoi, se dit-on, les rassembler de la sorte? s'ils voulaient défendre la constitution, ils viendraient dans nos rangs, ils porteraient l'uniforme national; mais ils détestent la révolution, la bourgeoisie; ils nous mé- prisent. .

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A cinq heures, le Roi passe en revue les troupes, assigne les postes; il semble avoir le dessein de se défendre. Passagère et trop fugitive résolution! - A huit heures et demie, Roederer, procureur-syndic du département, paraît dans les cours, s'adressant aux gardes nationaux, et leur rappelant les lois relatives aux devoirs des citoyens-soldats, en cas d'émeute; il les avertit à l'amiable de ménager le peuple. « Vous

▾ ne serez pas assaillants, à Dieu ne plaise (leur dit-il)! vous ne se- rez que sur la défensive. » L'incertitude augmente donc dans leurs esprits, tandis qu'ils voient les canonniers séduits vider la charge des pièces. Ensuite Roederer, entrant dans la pièce où les ministres délibèrent, invite de la manière la plus forte, d'un ton même impératif, la famille royale à se réfugier dans la salle de l'assemblée nationale. A ce dernier point de la crise, il ne restait plus qu'à s'abandonner au naufrage, ou qu'à se sauver par une soudaine impulsion. Louis, écoutant le funeste conseil du procureur-syndic, s'empresse de le suivre et d'aller se remettre en étage, à la grande satisfaction de celui qui semble ne l'avoir donné, qu'afin de livrer toute la famille aux ennemis de la royauté (V. 24, 25). Ainsi s'abîme lui-même ce descendant de Henri IV, doué de toute sa bonté, mais privé de ses qualités guerrières et de sa royale fermeté.

Les augustes fugitifs, conduits par Ræderer et ses dignes collègues du département, traversent le jardin sans obstacle jusque auprès des Feuillants, au milieu de deux haies formées par les grenadiers nationaux, restés fidèles, et par un détachement des gardes suisses. Arrivés à l'escalier de la terrasse, la populace qui se presse sur ce point, refuse le passage. Pendant plus d'un quart-d'heure, on entend ces cris terribles Nous ne voulons plus de tyrans. La mort! la mort ! A bas MADAME VETO! Le département obtient enfin le passage et la faculté pour le Roi de se rendre dans la salle de l'assemblée nationale, à condition que son escorte n'entrera pas. Parvenu dans l'enceinte, Louis XVI dit : « Je suis venu pour épargner un grand crime; je pense que je ne saurais être plus en * sûreté qu'au milieu des représentants de la nation. » Le président Vergniaud répond : « Vous pouvez compter, sire, sur la fermeté de « l'assemblée nationale; ses membres ont juré de mourir en soute⚫nant les droits du peuple et les autorités constituées. »

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La retraite du Roi a déconcerté ses défenseurs, enhardi les assaillants. A neuf heures, les sans-culottes tirent à boulets : les Suisses les repoussent et s'emparent de leurs canons; mais on n'a point d'ordres, il n'y a point de chef. On ne retire aucun fruit de ce premier avantage, quoique la terreur ait gagné les membres de la majorité de l'assemblée. A ce moment même le roi s'entend demander des ordres qui préviennent la marche des Suisses de Courbevoie, qui défendent aux Suisses du château de continuer leur feu. Louis promet tout, signe tout, expédie tout. Alors les fuyards reviennent; le château est de nouveau investi: les Suisses succombent, accablés

par le nombre; tout ce qui paraît attaché au Roi est égorgé, et le massacre dure jusqu'à deux heures, dans les appartements, sur la terrasse, dans les cours, et sur la place du Carrousel. Pendant ce temps, les petits bâtiments adjacents aux Tuileries s'embrasent; neuf cent toises sont en feu, et les Marseillais tirent sur les pompiers: l'intérieur du château est au pillage.

A l'assemblée, les députés jacobins, revenus de leurs terreurs, et désormais tout-puissants dans les délibérations, montrent un visage tranquille; ils discutent avec calme, tandis que les adhérents de la minorité sont hués, insultés dans la salle, assaillis et maltraités audehors. Sur l'observation dérisoire d'un membre, qu'aux termes de la constitution, l'assemblée ne peut délibérer en présence du Roi, on l'a placé, ainsi que sa famille, dans une loge de journaliste, où il est contraint de dévorer les plus indignes outrages dont jamais Roi ait été abreuvé. Des hommes hideux, couverts de haillons, teints de sang, noircis de fumée, se succèdent continuellement à la barre. Encouragés par les hurlements des tribunes, par les sourires des députés jacobins, ils demandent, ordonnent la déchéance du Roi. Un décret, rendu EN SA PRÉSENCE, le suspend de ses fonctions, et indique une convention nationale « qui prononcera sur les mesures nécessaires « pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté « et de l'égalité. L'assemblée nommera un gouverneur pour le prince royal. Le Roi et sa famille demeureront dans l'enceinte du corps « législatif, jusqu'à ce que le calme soit rétabli. Le département leur « fera préparer un logement au Luxembourg. Le paiement de la liste «< civile est suspendu. Tout fonctionnaire civil ou militaire qui, « dans ces jours d'alarmes, abandonnera son poste, est déclaré in« fâme et traître à la patrie. » Le projet de ce décret est l'ouvrage d'une commission extraordinaire, dont Vergniaud est le rapporteur.-Toutes ces dispositions sont votées par deux cent quatre-vingt-quatre députés, les seuls présents; c'est-à-dire, par un peu plus des deux cinquièmes de l'assemblée, qui se compose de sept cent quarantecinq membres (ce nombre de deux cent quatre-vingt-quatre députés présents est constaté par le scrutin, qui s'effectue aussitôt après pour la nomination des ministres, le bureau proclamant que la majorité absolue est de cent quarante-trois voix.)

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, Le massacre continue dans plusieurs quartiers de Paris. La nuit seule vient mettre fin à tant d'atrocités. — On croit qu'il y a cinq mille victimes de cette journée, la dernière du pouvoir royal.

Au 10 août, en effet, s'est terminée la bataille contre la monarchie;

bataille mal entamée le 20 juin. La journée du 10 août amènera les massacres des premiers jours de septembre. Les conjurés étaient cependant loin d'avoir les moyens du succès, s'ils avaient rencontré quelques-uns de ces obstables qu'on pouvait si facilement leur opposer. Si Louis XVI avait tiré l'épée, il aurait vaincu; ou périssant, il aurait péri en Roi sur la brèche de son palais. Il n'y a, parmi tous les monarques dépossédés de nos jours, qu'un souverain, un seul qui ait pris cette résolution, et qui n'ait quitté le trône qu'avec la vie. Mais il n'a pas régné en Europe; c'est Tippoo-Saëb (V. 4 mai 1799).

11. Lois révolutionnaires. — Formation d'un conseil exécutif, composé de six ininistres : Roland dit de la Plátière, Clavières, Servan, Danton, Monge, Lebrun (de Genève); Grouvelle (homme de lettres) est secrétaire de ce conseil. Convocation au 16 août, des assemblées primaires pour le choix des électeurs qui nommeront des députés à une convention nationale. Toute distinction entre les citoyens actifs et les citoyens non actifs (V. 3 septembre 1791), est abolie. Les assemblées électorales se composeront de tous les Français âgés de vingt-un ans, vivant de leur revenu ou du produit de leur travail, et n'étant point en état de domesticité. Il suffira, pour être éligible comme électeur et comme député, d'être âgé de vingt-cinq ans. Les assemblées primaires sont invitées à revêtir leurs représentants d'une confiance illimitée. — Suspension des comités des quarante-huit sections et de tous les juges-de-paix à Paris. — Licenciement de l'étatmajor de la gendarmerie. - Nomination de Santerre (brasseur du faubourg Saint-Antoine) au commandement de la garde nationale parisienne.

L'agitation continue; la populace renverse et brise les statues des Rois, et même celle de Henri IV. Les factieux triomphent complètement; Péthion domine la commune sans partage.

Toutes les mesures extrêmes qui doivent résulter de la journée du 10 août, se succéderont avec rapidité. Les proscriptions judiciaires commencent; les visites domiciliaires deviendront très-fréquentes; des commissaires parcourront les départements, afin de s'y concerter avec les sociétés populaires, conformément à l'instruction du ministre de la justice Danton. Dorénavant, ces sociétés affiliées au club des jacobins de Paris, seront reconnues comme parties intégrantes du gouvernement.

13. Reclusion au Temple, du Roi et de la famille royale. La commune de Paris eu a la garde et la responsabilité.

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